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EAN : 9782290210468
458 pages
J'ai lu (02/10/2019)
3.76/5   19 notes
Résumé :
À La Nouvelle-Orléans, des dragons hantent les rues inondées après le passage de Katrina ; dans les États esclavagistes du Sud, une mère noire tente de sauver sa fille d’impossibles promesses ; tandis que, dans cette autre réalité, les monstres et les héros créés par l’humanité survivent à la mort de celle-ci, mais pour combien de temps encore, et dans quel but ?Recueil de nouvelles sombres et engagées, Lumières noires donne à voir notre société contemporaine à trav... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (0) Ajouter une critique
Régulièrement primée depuis plusieurs années par les prix les plus prestigieux de la science-fiction américaine, N. K. Jemisin est une autrice à côté de laquelle les amateurs de littératures de l'imaginaire peuvent difficilement passer. Les lecteurs français curieux de découvrir son oeuvre, mais réticents à l'idée de se lancer directement dans une trilogie, ne manqueront pas, par conséquent, d'apprécier l'initiative des éditions J'ai lu qui nous offrent avec « Lumières noires » un recueil de plus d'une vingtaine de nouvelles signées par l'autrice. L'occasion de découvrir la plume de cette dernière, mais aussi les sujets qui lui tiennent à coeur, ainsi que les spécificités de certains de ses univers. L'ouvrage se distingue d'abord et avant tout par son extraordinaire richesse puisque l'autrice est apparemment aussi à l'aise pour écrire de la fantasy que de la science-fiction ou encore du fantastique. C'est cette diversité qui frappe en premier lieu le lecteur, car en dépit d'un nombre conséquent de nouvelles, on ne se lasse jamais de la lecture de ce recueil qui nous entraîne de surprises en surprises. Les amateurs de fantasy devraient trouver leur bonheur avec « Le remplaçant du conteur », nouvelle qui réutilise tous les stéréotypes du genre (princesses, dragon, médiéval-fantastique) pour créer une fable sombre et cruelle admirablement racontée. Mais aussi par « Le narcomencien » qui met en scène un prêtre d'un ordre un peu particulier engagé pour arbitrer un conflit entre deux femmes dans un petit village à priori sans intérêt. Si vous êtes davantage attirés par le post-apo, vous allez également être servis. Dans « Avide de pierre », N. K. Jemisin nous dépeint une Terre en ruine sur laquelle des êtres aux pouvoirs cataclysmiques arpentent ce qui reste de notre monde pour le dévorer, tandis que dans « Major de promotion » ce sont visiblement des IA qui sont à l'origine de la disparition de notre civilisation. Vous aimez aussi les dystopies ? Pas de problème, l'autrice maîtrise également le sujet et nous offre avec « Henosis » et « La danseuse de l'ascenseur » deux textes bouleversants mettant en scène des sociétés de contrôle glaçantes. Les amateurs de fantastique ne seront pas non plus en reste, puisque N. K. Jemisin signe aussi de très beaux textes, certains rendant hommage aux victimes et survivants de l'ouragan Katrina (« Pécheurs, saints, spectres et dragons »), d'autres redonnant une aura de mystère à des lieux à priori tout à fait banals comme le métro (« MétrO ») ou encore un restaurant (« L'alchimista »).

Outre la variété des genres et sous-genres exposée ici, ce qui marque avant tout le lecteur c'est aussi la variété des profils des personnages. Les auteurs femmes et noires ne sont en effet pas légion au sein des littératures de l'imaginaire, et il est donc d'autant plus intéressant et important de lire des textes signés par des écrivains/écrivaines désireux de souligner le manque de diversité des ouvrages de SF ou de fantasy actuels. La plupart des protagonistes mis en avant par N. K. Jemisin sont ainsi des afro-américains, ce qui lui permet d'aborder régulièrement la question du racisme ainsi que le sujet de l'évolution de la place des populations noires aux États-Unis. Dans « La sorcière de la terre rouge », l'autrice met en scène une mère de famille noire aux prises avec une créature magique d'origine irlandaise dans le contexte de la ségrégation raciale aux États-Unis. L'occasion de démontrer que, même dans le surnaturel, les mécanismes de domination qui ont cours dans la réalité perdurent. de même, dans « Grandeur naissante », l'autrice aborde les stratégies d'évitement utilisées par un jeune homme pour se rendre invisible aux yeux de la police en dépit de sa couleur de peau. « Le moteur à effluent » met quant à lui en scène une héroïne originaire d'Haïti, île rebelle résistant depuis des années aux assauts des esclavagistes. Si choisir de parler du racisme n'est pas original en soi, le traitement qu'en propose l'auteur diffère incontestablement de ce dont à l'habitude et permet au lecteur d'appréhender le sujet avec un regard nouveau, indéniablement plus réaliste. Impossible de nier que l'autrice nous parle avant tout de son expérience et de la société américaine d'aujourd'hui, qu'elle place son récit dans un décor de science-fiction ou bien de fantasy : ce n'est pas pour rien que toutes les nouvelles se situent aux États-Unis (et le plus souvent dans la région de la Nouvelle-Orléans). Autre particularité de l'autrice, celle de mette très majoritairement en scène des personnages féminins. Là encore, on pourrait arguer du fait que ce n'est pas nouveau, et c'est vrai. Seulement, l'autrice offre ici aussi un regard neuf. Dans « Les épouses du ciel », N. K. Jemisin met en scène les membres d'une expédition spatiale ayant mal tournée : des membres qui ne se composent que de femmes de confession musulmane, avec chacune une interprétation différente de leur religion commune. Dans le narcomencien, c'est la question de la place sociale accordée aux femmes et celle de la culture du viol qui est évoquée.

Si le racisme et la condition féminine sont deux des thématiques phares de la plupart des nouvelles, l'autrice aborde également bon nombre d'autres sujets. de manière assez inattendue, la cuisine occupe une place centrale dans plusieurs des textes réunis ici. Dans « L'alchimista », N. K. Jemisin nous décrit la rencontre entre une cheffe de cuisine de génie et un étrange visiteur lui soumettant des recettes complexes composées d'ingrédients totalement inconnus et aux effets pour le moins… inattendus. Dans « Cuisine des mémoires », elle imagine cette fois un restaurant capable de vous faire revivre un repas marquant, qu'il s'agisse du dernier repas de Marie-Antoinette ou d'un dîner plus personnel que le client aurait gardé en mémoire. le goût et l'odorat sont ainsi deux des sens que l'autrice stimule le plus régulièrement chez son lecteur, et ce dans quantité de nouvelles qui parviennent efficacement à nous mettre l'eau à la bouche. Autre particularité de l'autrice : celle de mettre en scène des personnages situés en marge de la société, d'où l'importance du thème de la solitude. Dans « MétrO », l'une de mes nouvelles favorites du recueil, le personnage correspond avec l'une de ses amies par téléphone et lui raconte ses problèmes du quotidien, ainsi que ses rencontres de plus en plus récurrentes avec des lignes de métro inexistantes ou disparues depuis longtemps. Dans « Grandeur naissante », le protagoniste est un jeune homme vivant dans la rue, dans « Avide de pierre » l'héroïne est une jeune fille avide de vengeance et totalement déconnectée de la société, tandis que dans « Pécheurs, saints, spectres et dragons – la cité engloutie sous les eaux », l'autrice met en scène quelques uns des habitants de la Nouvelle Orléans qui n'ont pas voulu quitter leur maison et se retrouvent donc isolés au moment de l'arrivée de la tempête. Un mot, pour finir, sur la place du surnaturel dans les textes de l'autrice qui se contente bien souvent de petites touches de magie et non pas de grands effets spectaculaires. Toujours dans « Pécheurs, saints, spectres et dragons », les dragons en question sont ainsi des créatures chétives et peu impressionnantes, bien éloignées de celles des récits de fantasy traditionnels. Même chose dans « Nuage dragon » qui, en dépit de son titre, place une fois encore l'humain au coeur du récit. Dans « Henosis » (encore l'une de mes nouvelles favorites), c'est la construction même du récit qui frappe le lecteur, celui-ci ne comprenant qu'au dernier moment ce que la réalité dépeinte a de monstrueux. N. K. Jemisin se livre d'ailleurs à plusieurs reprises à de petits exercices de style, s'amusant à brouiller la narration ou à multiplier les supports d'expression (mail, appels téléphoniques, conversation sur internet...)

« Lumières noires » est un recueil remarquable qui frappe avant tout par sa richesse et sa diversité, que ce soit en terme de genres exploités, de personnages mis en scène ou de thématiques abordées. N. K. Jemisin est visiblement aussi à l'aise pour écrire de la fantasy que du post-apo, du fantastique ou encore de la dystopie, preuve incontestable de son talent. Si vous aimez les littératures de l'imaginaire et que vous voulez découvrir l'une de ses autrices les plus admirables actuellement, jetez-vous sans plus tarder sur « Lumières noires » !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Une vingtaine de nouvelles oscillant globalement entre le (très) bon et l'excellent, sans le moindre sentiment de redite. Un recueil touchant à tous les genre et sous-genres de la SFFF, faisant fi des étiquettes et mélangeant parfois le tout allègrement, adaptant son style à ses récits, pour former un ensemble follement hétéroclite et pourtant cohérent, et surtout sacrément bon – son prix Locus ne ment pas.

Les textes sont peuplés de femmes, de personnages noir·e·s, de marginaux – des personnages complexes, bien construits dans des mondes souvent sans tendresse pour elleux (mais quelques respirations plus légères sont aussi présentes, dans le traitement ou dans les concepts).
Les univers sont parfois peu évidents à aborder, les informations venant au compte-goutte, mais tout s'éclaire petit à petit et prend sens avec merveille.
Les personnages y font souvent face au racisme, à la ségrégation, à la colonisation, aux violences policières ou à l'abandon des autorités alors que le besoin est grand. Des personnages ayant soif de liberté, de révolte. Des personnages en quête d'identité.

Je pourrais vous parler de chacune de ses nouvelles, dont beaucoup m'ont marqué par ses personnages, son univers ou ses idées. Si l'envie ne manque pas, difficile cependant d'y aborder l'intégralité des textes. Je retiendrai surtout que :

J'ai aimé retrouver les prémisses de l'univers de la Terre Fracturée et les personnages qu'il engendre ; j'ai aimé découvrir l'originalité de celui de Dreamblood, qui donne envie d'une traduction du diptyque dans le futur.
J'ai adoré la fantasy urbaine de Grandeur naissante, et les problématiques liées à un personnage SDF noir, avatar d'une New York vivante – cette nouvelle est d'ailleurs le point de départ de la nouvelle saga romanesque de Jemisin !
J'ai été glacé par la confrontation entre une mère de famille noire un peu sorcière et la Dame Blanche, allégorie de la haine et de la domination blanche sur les personnes noires sous forme de vampire, dans La sorcière de la terre rouge, et j'ai été réchauffé par la filiation touchante entre cette mère et sa fille, entre sacrifice et espoir.
J'ai pataugé dans les rues d'une Nouvelle-Orléans inondée après le passage de l'ouragan Katrina, parmi les petits dragons d'eau, et craignant le monstre nageant sous les eaux, dans Pécheurs, saints, spectres et dragons – la cité engloutie sous les eaux immobiles, qui clôture le recueil.
Et j'en ai aimé tellement d'autres...

Alors le mieux pour vous reste encore de lire Lumières Noires. Vous m'en direz des nouvelles.
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Recueil de nouvelles sombres et engagées, Lumières noires donne à observer notre société à travers le prisme d'une multitude de miroirs déformants cruellement réels, mais à la moralité souvent emphatique. Les textes mettent en scène des femmes issues de différentes ethnicités, des marginaux, des individus désabusés en quête d'identité et à l'existence complexe dans des mondes souvent sans complaisance à leur encontre. Ils sont sans cesse confrontés au cloisonnement, à la xénophobie, à l‘hégémonisme, aux violences policières ou à l'abdication des valeurs de la société.
Plusieurs formes de l'imaginaire sont explorées au gré de ces histoires. du fantastique à la science-fiction, de l'anticipation au post-apocalyptique en passant par la dystopie et même la fantasy. Beaucoup de ces nouvelles ressemblent, à vrai dire, plus à des bribes d'histoires qu'à un récit abouti et cohérent. Des esquisses de roman destinées à introduire un contexte, concevoir un univers de mondes alternatifs ou s'insurger contre un futur sombre, envahi et transformé par la technologie. On a l'impression, à certains moments, de lire du Samuel Beckett revisité par Hunter S. Thompson tant le propos est irrationnel et nébuleux. le message global prôné par NK Jemisin qui se veut empreint de tolérance et de considération pour les prétendus faibles est porté avec une telle emphase, une telle condamnation systématique des peuples occidentaux qu'il en devient discutable. Une posture en faveur des droits des noirs et des minorités présumés opprimés qui enferme les blancs dans un rôle de colonisateur pervers, de criminels sans âme incapables de tolérer la moindre différence. L'auteure dénonce le racisme par de l'intolérance, employant un discours qui, bien qu'elle en fustige la nature chez les autres, se veut des plus moralisateur mais se résume à une apologie de la culture woke. L'Histoire a pourtant démontré que les opprimés n'ont aucuns scrupules à devenir à leur tour les oppresseurs et que, quel que soit l'origine ou la religion, personne ne peut revendiquer le monopole de l'ostracisme et de la souffrance. Cette anthologie, en résumé, s'apparente plus à des pamphlets sociétaux à la psychologie équivoque qu'à une plongée dans l'imaginaire et le merveilleux. Même si de bonnes idées sont présentes et proposent d'intéressantes perspectives, cette constante victimisation des minorités dilue le propos et se révèle plus fastidieuse que captivante. Si le dessein est, sur le fond, respectable, les intrigues sont globalement insignifiantes, pas plus épiques que singulière ou transcendantes. Elles ne font ni rêver ni frémir, ne nourrissent pas l'esprit et n'ont somme toute rien de bien passionnant. Au final, il ne reste qu'un sentiment d'insuffisance, de perte de temps, une forme de déception et surtout un ennui profond.
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NK Jemisin est très connue pour sa trilogie Les Livres de la terre fracturée, publiée elle aussi dans la collection Nouveaux Millénaires, puis récemment en poche toujours chez J'ai Lu. Je n'ai pour le moment pas lu cette trilogie, qui m'impressionnait par la taille des tomes, 450 pages chaque, avec à priori une envie d'enchaîner immédiatement sur le tome suivant^^ Je me suis donc dit qu'un recueil de nouvelles pouvait être une bonne porte d'entrée vers l'oeuvre de l'autrice, pour découvrir son style, voire ses styles, puisqu'elle ratisse assez large dans les sujets et genres de l'imaginaire dans cet ouvrage.
On trouve dans ce recueil 22 nouvelles, et comme souvent, il y en a que j'ai moins aimé que d'autres. Cependant, dans l'ensemble j'ai passé un très bon moment et j'ai compris pourquoi la plume de l'autrice plaisait autant. On est à la fois dans des univers très variés, où elle va souvent à l'essentiel, mais rien d'étonnant dans ce format court. Elle ne sacrifie pour autant ni ses personnages ni le contexte, par le biais du « show don't tell », si à la mode dans les littératures de l'imaginaire. de fait, elle ne pose pas de décor par de longues descriptions, mais par les yeux des protagonistes, ce qui permet de gagner des pages par rapport à certains et se prête particulièrement bien à la nouvelle. Comme je le disais, je découvre l'autrice, et je ne sais donc pas si elle travaille de même dans ses romans.
Dans l'introduction, NK Jemisin raconte son parcours d'autrice débutante, et sa difficulté non seulement en temps que femme, mais aussi en tant qu'afro-américaine, à se faire publier et à se faire une place sur la scène littéraire SFFF américaine. A la lecture de ce préambule, j'ai eu un peu peur que, à l'inverse des mâles blancs dont tous les héros sont des mâles blancs, tous les personnages principaux soient ici des femmes afro-américaines. Non que cela me pose problème, mais j'aurais trouvé dommage de tomber dans un excès, fut-il inverse à celui vu couramment. Et ce n'est pas le cas. On trouve effectivement pas mal de femmes afro-américaine, mais aussi des hommes, et d'une manière générale des êtres humains de tous sexes et origines. Cet équilibre entre les personnages, même si les mâles blancs cisgenres sont sans doute un peu en retrait, cette diversité est très bienvenue, et me fait d'autant plus apprécier le travail de l'autrice.
Au fil des 22 nouvelles de Lumières Noires, NK Jemisin nous fait voyager dans une multitude de mondes de science-fiction majoritairement, mais aussi d'imaginaire en général, aux côtés d'une multitude de personnages très variés. Bien qu'il y ai eu des hauts et des bas dans ma lecture des différentes nouvelles, je l'ai trouvée très intéressante, imaginative, et ce recueil m'a donné envie de découvrir plus avant la bibliographie de l'autrice.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions J'ai Lu. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Il est des écrivains qui vous plaisent sous tous les formats et d'autres non. Personnellement, j'aime beaucoup la poésie de Victor Hugo, mais je n'arrive pas à lire ses romans. Et quand j'ai tenté de lire la trilogie aux trois Hugo de N.K.Jemisin, Les livres de la Terre fracturée, j'ai lâché le premier tome, La cinquième saison, à mi-parcours bien qu'il soit largement cité comme Incontournable récent de la SFFF selon le bilan de Nevertwhere. Pourtant, un certain chroniqueur m'a convaincue de lui donner une seconde chance. C'est chose faite avec son recueil de nouvelles, Lumières noires qui contient de petits bijoux. Décidément, N.K.Jemisin novelliste me séduit nettement plus que N.K.Jemisin romancière. Et ce, qu'elle écrive dans le genre fantastique, dans différentes déclinaisons de la science-fiction ou de la fantasy pure.
Ce recueil compte vingt-deux nouvelles, toutes très différentes les unes des autres. Certaines m'ont laissé de marbre comme Avide de pierre (dans le même univers que sa trilogie) ou MétrO. D'autres semblent des mises en bouche qui laissent le lecteur sur sa faim, des galops d'essai. C'est le cas de Ceux qui restent et qui luttent, Grandeur naissante ou la Fille de Troie. L'alchimista, le narcomancien, Cuisine des mémoires et Pécheurs, saints, spectres et dragons — la cité engloutie sous les eaux immobiles ont chacune à leur façon su me toucher par les émotions qu'elles dégagent. La dernière a visiblement été écrite à vif par l'autrice, qui semble y avoir mis beaucoup de sa propre expérience et de son ressenti, tout comme Major de promotion ou La sorcière de la terre rouge.
Le quatrième de couverture parle de « nouvelles sombres et engagées », et il est vrai que N.K.Jemisin est engagée dans son écriture : femme noire vivant aux États-Unis, nombre de ses nouvelles comme Épouses du ciel, Nuages Dragons ou le moteur à effluents parmi d'autres (y compris des précédentes) parlent de féminisme, de race ou de problème de classe quand ce n'est pas tout à la fois. Mais, elle n'assène jamais de leçon de morale et se contente de proposer une histoire. Au lecteur de réfléchir après coup sur les émotions reçues et de se faire une opinion. En revanche, le qualificatif de nouvelles sombres n'est pas exact. Certes, certaines sont dures ou avec des fins tragiques comme Vigilambule, mais celles optimistes sont nettement plus nombreuses. Et quelques-unes sont franchement amusantes comme le moteur à effluent. Que vous l'aimiez en romancière ou non, ou que vous vouliez avoir un bon aperçu de l'étendue de son talent, le recueil Lumières noires est un bon point de départ.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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critiques presse (1)
eMaginarock
16 décembre 2019
La richesse de ces mondes rend ces textes secondaires intéressants, et le nombre de nouvelles plus abouties – n’oublions pas que cette anthologie dépasse les cinq cents pages – permet à ce recueil de prendre place parmi les meilleures anthologies du moment.
Lire la critique sur le site : eMaginarock
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La France glorieuse avait besoin de l'argent grâce auquel se remettre des guerres napoléoniennes sans fin qui ne lui inspiraient aucun regret. Haïti la parvenue disposait de cet argent, tiré de l'or roux de ses cannes à sucre, mais elle avait besoin de fusils - le monde entier était apparemment désireux d'étrangler dans son berceau le pays nouveau-né. Les États-Unis disposaient de ces fusils, mais avaient besoin de sucre, leur richesse en dépendait. Eux seuls étaient prêts à traiter avec Haïti, qui était pourtant leur pire cauchemar : une nation d'esclaves noirs ayant tué leurs maîtres blancs. Il n'empêchait ; ce badigeon de sang ne rendait pas le sucre haïtien moins suave. Chacun obtenait ainsi ce dont il avait besoin ; les échanges se faisaient en rond, encore et encore, valse gracieuse qui ne virait qu'occasionnellement à la bagarre meurtrière. (106)
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Vidéo de N. K. Jemisin
N.K. Jemisin and Book Riot's Jenn Northington discuss Jemisin's novel The City We Became. This is a spoiler zone! No plot point is off the table from The City We Became!
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