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EAN : 9782494297005
144 pages
Le Félin (20/01/2023)
4/5   3 notes
Résumé :
En 1939, Marian Anderson rentre d’une tournée triomphale en Europe, où elle a été acclamée de Londres à Paris et d’Helsinki à Leningrad. Toscanini a parlé d’une voix « comme on en entend qu’une par siècle », et la rumeur dit que Staline aurait assisté en cachette au récital donné à Moscou par cette Américaine noire. Pourtant, le droit de chanter dans la seule salle de Washington assez vaste pour l’accueillir, Constitution Hall, lui est refusé : son règle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Marian Anderson... Une âme imprégnée de musique qui évoquait pour moi les Droits Civiques.

Marian Anderson possédait la voix et le chant quand Martin Luther King usait des discours, de la foi et du pacifisme, quand Malcolm X revendiquait une colère et des actes et une action sociale. Tous trois, pour ne citer qu'eux, pour défendre, donner une voix aux êtres de couleur si niés sur le sol américain.

Marian Anderson, c'est l'émotion qui saisit en regardant la photo célèbre de cette foule dense et impressionnante massée devant le monument Lincoln, attendant la prestation de la cantatrice, puisque que les portes de Constitution Hall sont restées fermées devant elle. Cette foule rassemblée qui ne peut que forcer l'admiration. Cet élan de ces hommes, femmes et enfants qui convergent vers une reconnaissance d'une identité et de ses droits, vers le lieu même où quelques décennies plus tard Martin Luther King prononcera son discours. Discours qui aurait du d'ailleurs avoir en ouverture la voix chantée de cette Dame si elle n'avait pas été empêchée de se rendre sur le lieux en raison d'une trop grand liesse, de trop de foule empêchant la voiture de circuler. Et la boucle se ferme...

Marian Anderson, petit fille au début du vingtième siècle, a connu les affres et les humiliations des gens de couleur. Tombée en admiration, pour ne pas dire en amour, d'un violon dans une vitrine d'un prêteur sur gages, violon qui lui était apparu comme un ami véritable qu'il pourrait être, violon qui la guide vers le chant, vers la musique qui se chante, vers une passion pour cet art. Refusée dans une école de musique à cause de la couleur de sa peau, elle parviendra cependant à inscrire son nom dans les mémoires comme l'une des plus grandes cantatrices, une femme célébrée sur tous les continents, à défaut de l'être véritablement sur le sol qui l'a vue naître.

Pour autant, ce qui frappe dans cette évocation de Marian Anderson, c'est qu'elle n'a jamais souhaité prendre réellement parti politiquement pour son peuple. Parler de lui en le chantant, le représenter, oui, mais ne pas s'engager sur la scène des luttes réellement. Marian Anderson est plus patriote que vraiment un défenseur engagé de la cause des gens de couleurs aux Etats-Unis. Pour autant, involontairement, les discriminations dont elle sera victime en feront pourtant une icône de la cause.


Un récit qui raconte rapidement la vie de cette grande Dame, un peu trop rapidement pour moi - d'où mes seulement trois étoiles - un récit qui pour parler des Droits Civiques à travers le parcours de la cantatrice n'en reprend que les grands faits, les grandes lignes, restant dans la généralité là où il y aurait eu sans doute beaucoup plus à dire et de façon beaucoup plus calquée aux outrages et difficultés rencontrés par cette artiste. Mais l'auteur de ce livre voulait certainement mettre en avant davantage le parcours musical de Marian Anderson, disons pour justifier mon plaisir de lecture déçu que les Droits Civiques qu'on ne peut oublier dans ces années et avec la personnalité même de la cantatrice sont juste effleurés.

Un récit qui n'en est pas moins une évocation ou un renvoi de mémoire, en miroir de cette vie exceptionnelle qu'est celle de Marian Anderson, des années de lutte des Afro-Américains, lutte qui continue toujours et qui n'est point à l'aube de prendre fin. Demeure le reflet des soubresauts de cette Amérique qui ne parvient pas à trouver la paix, toujours à pourchasser tel ou tel pour ses idées politiques, ses convictions et ses origines, la couleur de sa peau.


Plus que tout, reste toujours après cette lecture cette image de la foule massée pour écouter celle qu'on a refusée, cette foule enthousiaste autant que respectueuse, reste cette image qui ouvre le livre de Richard Powers "Le temps où nous chantions" et rien que pour cela, il fallait lire ces quelques pages pour se souvenir à nouveau.

Un grand merci à Babélio et aux éditions du Félin.
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Je remercie toute l'équipe de Babelio qui m'a sélectionnée ainsi que les Editions du Félin qui m'ont envoyé cette incroyable biographie qui se lit comme un roman.
C'est parce que j'ai reçu ce livre que je me suis intéressée à cette femme « de couleur » qui fût l'une des plus grandes contraltos de son époque. Toscanini, venu l'écouter parlera « d' une voix comme on n'en entend qu'une par siècle ».Albert Einstein lui offrira l'hospitalité à chacun de ses passages à Princeton. A Moscou, Staline aurait assisté en cachette à son récital. En 1939, elle bénéficiera du soutien de la first lady Eleanor Roosevelt quand le Constitution Hall de Washington, seule salle assez vaste pour l'accueillir la refusera « white artists only », alors qu'elle venait de faire un triomphe dans les capitales du monde entier.
Revenons donc sur l'histoire de cette personnalité hors norme de la communauté Afro Américaine.
Marian Anderson est née en 1897 à Philadelphie d'une mère ,Anna, institutrice en Virginie, mais dont les diplômes ne sont pas reconnus en Pennsylvanie, et d'un père, John Berkley Anderson, manoeuvre à la gare, elle décèdera en 1993. Devenue veuve à trente-cinq ans, sa mère trimera dans une usine de tabac, une blanchisserie et comme femme de ménage. Marian, quant à elle, récurera les marches extérieures des demeures du quartier pour cinq à dix cents par maison. A l'âge de huit ans, alors qu'elle fait partie du choeur enfantin de son église, elle est repérée. Jusqu'à l'âge de quinze ans, elle se produit dans des cérémonies, des offices religieux, des clubs et sociétés communautaires. Quand elle veut s'inscrire dans une école de musique afin de progresser, on la refuse et elle se heurte pour la première fois à l'obstacle de sa couleur. Elle suit alors Roland Hayes et Billy King sur différentes scènes du pays mais c'est en 1921, que, sous l'impulsion de Boghetti, son professeur, elle s'inscrit au concours organisé par le « Lewisohn Stadium de New York » qu'elle remporte haut la main et qui lui permet de se produire pendant la saison estivale lors de concerts en plein air. le succès est immédiatement au rendez-vous.
Toutefois, la ségrégation sévit toujours, il faut organiser des concerts pour blancs puis pour noirs quand il n'est pas possible de mettre les blancs au parterre et les noirs aux balcons. Les hôtels n'acceptent pas Marian qui doit trouver l'hospitalité chez des membres des congrégations religieuses. L'Amérique est en récession économique et elle se rend rapidement compte, que pour avancer, c'est en Europe, capitale culturelle, qu'elle doit étudier . Elle y fait un triomphe , mais là encore, sa couleur est souvent un frein. Après quatre ans à sillonner l'Europe, son retour est accompagné de concerts également triomphaux, son succès européen l'ayant précédée. Mais là encore, sa couleur ne lui permet pas en 1939 de se produire au Constitution Hall de Washington. Eléanor Roosevelt va prendre fait et cause pour elle et un concert mémorable qui rassemblera 75 000 personnes est organisé en plein air devant le Lincoln Memorial, là où, trente ans plus tard, Martin Luther King prononcera son célèbre « I have a dream ».

Marian Anderson devenue l'icône des droits civiques, chantera lors de l'investiture de Kennedy après avoir ouvert la voie à toute une génération de chanteuses noires. John Fitzgerald Kennedy lui décernera ,quelques jours avant d'être assassiné, la plus haute distinction la « Presidential Medal of Freedom ». Des douzaines d'universités l'élevèrent au rang de Docteur Honoris Causa. Un timbre et une médaille furent frappés à son effigie. En 2016, le président Barak Obama avait décidé de la faire apparaitre sur les nouveaux billets de cinq dollars, l'administration Trump a mis ce projet sous le boisseau.
En plus de raviver le souvenir d'une cantatrice d'exception, c'est toute l'histoire XXème siècle qui est convoquée dans ce livre, la ségrégation et la lutte pour les droits des Afro Américains, la guerre froide, la montée du parti national socialiste d'Hitler en 1930…
C'est en écoutant, pour mon plus grand plaisir, la voix envoutante, chaude et puissante de Marian Anderson que j'ai rédigé cette chronique .
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Aujourd'hui je vous présente la biographie de Marian Anderson, écrite par Didier Combeau et reçue dans le cadre de la masse critique non fiction de Babelio, que je remercie pour la sélection!

Vous connaissiez Nina Simone, Billie Holliday, Joséphine Baker et tant d autres artistes noires mais aviez vous entendu parler de Marian Anderson ? Pour ma part je la découvre totalement via ce petit ouvrage de 130 pages, à la plume fluide et qui se lit vite.

Femme étonnante, toujours digne et humble, dont la seule extravagance consiste à emporter 20 valises pour ses tournées afin de changer de garde robe, elle est issue d un milieu pauvre de Philadelphie et enfant, savonnait des perrons de grandes propriétés. C'est une icône noire, qui représente aussi bien l ascenseur social ou l American dream, les freins de la politique de ségrégation y compris pour se produire dans des salles prestigieuses, mais également l instrumentalisation du gouvernement à la fin de sa vie pour certaines missions, alors qu elle n est pas diplomate mais cantatrice. Très tôt, elle va partir en Europe parfaire son art, mais aussi parfaire son Allemand dont elle a besoin pour comprendre les paroles d opéras grandioses. Elle est également soutenue par l inénarrable Eleanor Roosevelt, qui par ses actions, montre son soutien à son amie en dépit des lois raciales.

Je vous le recommande pour en savoir plus sur cette période, sur cette artiste, et sur les petites victoires obtenues par cette femme qui vivra plus de 100 ans, au parcours extraordinaire, et qui sera une des cantatrices les plus connues (et demandées) de son époque sur chaque continent.
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critiques presse (1)
LaCroix
11 avril 2023
Marian Anderson est devenue l’une des cantatrices les plus importantes de l’histoire américaine. Le spécialiste des États-Unis Didier Combeau raconte ce destin méconnu dans une biographie passionnante.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Comment les Etats-Unis peuvent-ils à la fois se battre sur des théâtres extérieurs contre l'antisémitisme tout en acceptant la condition dans laquelle se trouvent les Noirs à l'intérieur de leurs frontières ? " Il semble assez insensé, fait remarquer la NAACP*, d'être "contre" les bancs publics marqués "juifs" à Berlin, mais "pour" les bancs publics marqués "gens de couleur" à Tallahassee."


NAACP : National Association for the Advancement of Colored People
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"A haïr les gens, on perd beaucoup de temps."

Marian Anderson.



(Epigraphe)
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Philadelphie, la cité de l amour fraternel fondée par les quakers, est l'illustration d'un nouveau terme que l Amérique va bientôt fièrement se forger : un melting pot. Les esclaves libérés du Sud sont venus y rejoindre les commerçants juifs installés de longue date et les immigrés irlandais poussés là par le mildiou. Mais ce sont les petites filles noires qui savonnent les marches.
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