Rafael Alberti, c'est d'abord l'auteur de « A galopar ». Cet hymne des républicains espagnols exilés après la Guerre civile (la fameuse Retirada), fut composé par Paco Ibañez sur un poème d'Alberti :
« A galopar, a galopar, Hasta enterrarlos en el mar… »
Traduction : « Au grand galop, au grand galop, Jusqu'à les enterrer sous la mer… »
Pour les non-initiés « les », ce sont les nationalistes, les franquistes, les fascistes et d'une façon générale, tous les opposants à la démocratie (ça commence à faire du monde).
Voilà qui situe assez bien le poète : on voit qu'il est plutôt du côté d'
Aragon ou d'
Eluard que d'autres poètes plus contestables. Marxiste dans l'âme, il ne met pas toujours la politique dans ses textes : ses premiers recueils comme celui-ci « Mariñero in terra » (« Marin à terre) sont plutôt classiques et d'inspiration lyrique. Suivra une période surréaliste, ponctuée par son recueil majeur « Sobre los angeles » («
Sur les anges »), puis après 1939 et l'exil une oeuvre à la fois profonde et combattante, classique et moderne, populaire et recherchée.
El mar. La mar.
El mar. La mar.
El mar. ¡Sólo la mar!
¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?
¿Por qué me desenterraste
del mar?
En sueños la marejada
me tira del corazón;
se lo quisiera llevar.
Padre, ¿por qué me trajiste
acá?
La mer. La mer
La mer. La mer.
Rien que la mer !
Pourquoi m'avoir emmené, père,
A la ville ?
Pourquoi m'avoir arraché, père,
A la mer ?
La houle, dans mes songes,
Me tire par le coeur
Comme pour l'entraîner ;
O père, pourquoi donc m'avoir
Emmené ?
Ce poème, ainsi que quelques autres, vous pourrez le retrouver en citations.
Rafael Alberti, poète andalou, comme
Luis de Gongora,
Antonio Machado et
Federico Garcia Lorca, est une des grandes voix de la poésie espagnole. Pour le découvrir encore mieux, écoutez-le adapté par Paco Ibañez : voici la présentation du double CD qui lui est consacré :
« Double CD témoignage du concert au théâtre Alcalá de Madrid en 1991, avec
Rafael Alberti,
le dernier représentant des poètes de la "Génération de '27", né en 1902 et ami de
Federico García Lorca.l historique à deux voix dont le résultat est une poésie unique, unique, indivisible.
Récital historique à deux voix dont le résultat est une poésie unique, unique, indivisible.
Paco Ibáñez et
Rafael Alberti symbolisent des milliers et des milliers de vies, celles de toutes les générations qui se sont battues, qui ont tout donné, qui ont tout sacrifié pour leurs idées.
Ils représentent tous ces gens. Sa poésie rend hommage à son passage dans l'histoire. A sa dignité.
« A galopar » reste dans les mémoires comme symbole de résistance contre tous les pouvoirs dictatoriaux ».
Indispensable pour les amoureux de la poésie espagnole, ou pour les inconditionnels de Paco Ibañez (en principe ce sont les mêmes !)