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EAN : 9782330092344
320 pages
Actes Sud (03/01/2018)
3.86/5   45 notes
Résumé :
En 1629, au large de l'Australie, les quelque deux cent cinquante rescapés du naufrage d'un navire de commerce néerlandais sont victimes du plus grand massacre du XVIIe siècle. De cet épisode sanguinaire Marc Biancarelli s'empare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux interrogeant perpétuellement ses origines.
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Haarlem, 1629. Jeronymus Cornelisz, apothicaire en faillite, a eu la très mauvaise idée d'être l'ami du peintre Torrentius. Lorsque ce dernier est arrêté pour immoralité, satanisme et hérésie, Cornelisz se hâte de quitter la ville dévote de peur, lui aussi, de passer à la question. Nous sommes certes en pleine Renaissance, mais les esprits moyenâgeux sont toujours au pouvoir.

Le bien et le mal, changent de camp aussi souvent que les croyances. Catholiques et Protestants se torturent et se supplicient entre eux, ne trouvant accord que pour torturer et supplicier ensemble les libres penseurs. le fuyard abandonne sa femme syphilitique, étouffe son bébé moribond et s'embarque comme intendant adjoint sur le Batavia pour le compte de la compagnie néerlandaise des Indes Orientales.

Dans sa route pour les Indes, le navire, au bord de la mutinerie, s'abime sur un ilot rocheux au large de Java. Cornelisz, le survivant le plus gradé, va prendre le commandement des naufragés et en donnant libre cours à sa folie paranoïaque laissé son empreinte sanglante dans l'histoire.

Description méthodique de la naissance d'une dictature engendrée par la terreur, combat du bien et du mal entre le ciel et l'eau, Marc Biancarelli nous offre un tableau hyper-réalisme de cette époque troublée. le Monde au XVII è siècle était alors un champ de bataille de territoires et d'idéologies, un bourbier rouge sang formidablement recréé par le romancier.

Rembrandt, Hals, Ruisdael, Vermeer, le clavier de l'écrivain devient la palette d'un peintre flamand, la page blanche un tableau historique et gore qui tente avec courage de comprendre, le chaos et l'harmonie, l'humain et l'inhumain, le clair et l'obscur.

Plongez dans cette lecture organique et viscérale et vous vivrez un épatant voyage en littérature et en Histoire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je connaissais déja le sujet : le naufrage du Batavia en 1629 et ce qui s'ensuivit, j'avais lu deux ouvrages s'y rapportant, celui de Simon Leys, "Les naufragés du Batavia"( Ed.ARLEA 2003 ) et celui de Mike Dash, "L'archipel des hérétiques " (Ed.Libretto 2002 ) . Cela ne m'a pas empêché de goûter la nouvelle mouture dont j'apprécie l'energie,la vitesse du style . Et j'ai pu constater ( avec Anne d'Ornano, parlant de l'oeuvre de Simon Leys, que "l'ouvrage permet de découvrir l'effrayant versant noir de la nature humaine, dominée par la cupidité, la violence et la lutte pour le pouvoir ." J'aime aussi que Marc Biancarelli ait su agrandir le champ d'investigation et nous replonger dans la vie de Haarlem (Provinces Unies, futurs Pays-Bas ) au 17ème siècle, les malheurs de la guerre de Trente ans,les aventures d'un soldat de fortune, Weybbe Hayes, qui deviendra le héros des naufragés et les mésaventures d'un apothicaire peu commun, Jeronymus Cornelisz, futur "capitaine-général" d'un royaume de pacotille où il ne le cédera en rien aux "débordements" d'un Idi Amin Dada .
J'ai apprécié aussi la présentation et le développement des personnages: Pelsaert le subrécargue, Jacobsz le capitaine du bateau,Jan Pillegrom "le gredin à peine sorti de l'enfance", Coupe-pierre, peut-être pas le plus malin des mutins mais le plus roué (!), Wouter Loos qui, exilé sur la Terre Haute, prouvera, in fine, qu'il n'était pas un dieu . Et aussi le gouverneur général des Indes néerlandaises, Jan Pieterszoon Coen,bras inflexible de l'Ordre et surtout du Profit sans oublier les personnages ---secondaires ici mais importants dans le domaine de l'Art--- Johes van der Beeck ditJohannes Torrentius (1589-1644 ) et Franz Hals (1582-1666 ).
Le plus important dans ce livre, c'est qu'il nous montre jusqu'où la soif du pouvoir ("sacra fames" ) peut amener,le Mal dans sa noire et horrible splendeur et je pense à la phrase d'Edmund Burke :"Tout ce qu'il faut pour que le mal triomphe, c'est que les braves gens ne fassent rien " . Et, du Batavia, nous voici plongés dans Auschwitz et autres goulagueries contemporaines !
Un bémol cependant: page 90, j'ai tenté,en vain, d'enrichir mon vocabulaire avec le mot "brouan" dont je pense qu'il se veut un synonyme de "crécelle" mais est inconnu au dictionnaire et, non reconnu, ne vaut rien au scrabble (dixit Google ! . J'ai également bien ri, page 266, en présence d'un "mur détrempé,suintant le paludisme", image forte mais absconse ...pour rester modéré .
Enfin je terminerai par l'épilogue avec son histoire d'amour (oui ! oui !) qui nous prouve que cette histoire de feu, de sang et de mort était finalement une bluette .

























































































































































































































































































































































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Le 4 juin 1629, un navire de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales chargé de trésors, faisant route vers Batavia, s'égare loin du reste de sa flotte. Il s'échoue sur un récif au large de l'ouest australien, où les survivants du naufrage organisent leur survie, pendant qu'un groupe mené par les principaux officiers navigateurs tente, dans une chaloupe, de relier la terre ferme.
Marc Biancarelli s'empare de cet épisode historique pour le faire revivre à travers un récit aussi âpre qu'intense.

Aux conditions matérielles difficiles que doivent affronter les rescapés -notamment le manque d'eau et de nourriture- s'ajoute bientôt une menace née de l'association entre les obscures alliances nouées au cours d'une traversée plombée d'une ambiance de sédition et un isolement pourvoyeur d'impunité. Jeronymus Cornelisz, un apothicaire ayant fait faillite dans d'honteuses circonstances, va saisir cette opportunité.

Cet homme abject et torturé étend bientôt son autorité sur la petite communauté de survivants. A la tête de "la pire armée de scélérats dont on puisse rêver", il se dispense rapidement de tout prétexte légitime pour exercer son pouvoir, exilant sur un autre ilot ceux qui risqueraient de la remettre en cause. Ses sbires s'adonnent alors à une débauche effrénée de violence. Jeronymus, qu'un peintre dépravé a autrefois ouvert à la paresse morale, voit là l'accomplissement de l'oeuvre de sa vie : ouvrir le sombre champ de la barbarie inhérente à l'homme, détachée de toute notion de bien ou de mal. Sans doute les temps se prêtent-ils à ces excès que l'on perpètre à coups de fumeuses justifications morales ou politiques. L'époque est à la torture et aux guerres -religieuses et territoriales-, et le peuple, broyé par la misère, trouve parfois sa survie dans d'infâmes expédients.

L'apothicaire trouvera pourtant quelqu'un pour le contrer. Depuis l'ilot où il a éloigné ses détracteurs, la résistance s'organise sous la houlette de Weybbe Hayes, un ancien soldat traumatisé par la guerre et ce qu'elle l'a amené à commettre. Marc Biancarelli en fait un héros complexe, dont le courage et la droiture se heurtent à sa mésestime de soi. Il peut compter sur l'infaillible soutien des hommes qui l'accompagnent, mais aussi sur celui de la noble Lucrecia qui, restée aux côtés de Jeronymus, révèle une force et une intelligence peu communes.

Interrogeant -sans réel espoir d'obtenir une réponse- sur les mécanismes qui font basculer les hommes dans la sauvagerie, "Massacre des innocents" est un récit halluciné et sanguinaire, porté par un sombre lyrisme se réclamant ouvertement, dans ses clairs obscurs et la dimension épique du chaos qu'il dépeint, de références picturales aux accents baroques et horrifiques.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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En embarquant je savais que ça allait secouer, pas forcément les tempêtes (or il y en a, magistralement décrites) mais mon coeur sensible allait trembler. Il y aurait d'horrifiques détails, quoi. Après Orphelins de Dieu , et Murtoriu, voici ce Massacre des innocents.

1629. le Batavia est en route vers les Indes orientales, bien chargé de marchandises plus ou moins précieuses, et au cours d'une tempête s'échoue et se brise sur des récifs. Il s'agit d'un archipel nommé Houtman Abrolhos, à 60 km des côtes occidentales de l'Australie, des îlots peu accueillants. Certains membres de l'équipage ont pu repartir vers le nord, vers les comptoirs hollandais. En attendant un improbable secours, les quelques centaines de rescapés, formant un groupe hétéroclite, soldats, marins, civils, dont femmes et enfants, auraient pu survivre décemment. Mais c'est compter sans une mutinerie, certaines têtes brûlées violentes s'emparant du pouvoir. Face à eux, réfugiés sous un autre îlot, d'autres tentent de résister, sous la conduite de Weybbe Hayes.

Attention, horribles détails, je l'ai dit, sublimés par l'écriture de Biancarelli, mais tout de même, c'est très dur. Je fais confiance à l'auteur qui a dû bien étudier l'époque, car figurez-vous qu'il s'agit d'une histoire vraie et tous ces détails aux Pays Bas et à Java sont bien rendus. Hayes, Cornelisz, le peintre Torrentius, Pelsaert, et même Lucretia! ont tous existé (ne vous précipitez pas sur wikipedia, qui raconte beaucoup)

Après tant de violences et de plongées dans le Mal, ce fut un bonheur de se retrouver à Delft dans le dernier chapitre, et s'amuser à redécouvrir quelques tableaux de Vermeer insérés dans la narration. J'ai aussi énormément aimé (pages 220 221) l'insertion de la description d'une tableau de Velasquez , La reddition de Breda.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Ce livre est celui d'une histoire familière dont a entendu parlé, que l'on a vu reproduite sur des tableaux mais que l'on ne semble pas vraiment connaître. Il raconte un massacre. Purement et simplement.


Le Batavia navire affrété par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales s'est abimé au large de l'Australie. Quelques deux cent cinquante rescapés rejoignent les ilots des alentours. Débute alors l'horreur, l'indicible, l'indescriptible que Marc Bianarelli va tenter de nous faire partager.


Sous la houlette de Jeronymus Cornelisz la survie va devenir cauchemar. L'homme s'enfonce chaque jour un peu plus loin dans la cruauté et l'abjection.


face à ces horreurs, un homme, un phare va tenter de résister il incarnera l'espoir jusqu'à ce qu'on puisse venir les secourir.

A la lecture de cette histoire, je me pose la même question qu'un des personnages Weybbe Hayes: comment sombre-t-on dans cette barbarie. Un des hommes a certainement répondu avec justesse: nous sommes des barbares. Ils ont justes agit selon leur nature. Lire c'est pages rappelle ce dont l'homme est capable et ne manque pas de vous glacer. cependant vous ne reposerez pas le livre avant de l'avoir terminé car les pages filent sous les doigts.
Un roman très réussi.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Avait-il, dès le voyage aller, comploté et organisé la mutinerie ? Oui. Envisageait-il de s’emparer d’un navire de secours et de se lancer dans une immonde carrière de pirate ? Oui. Avait-il ordonné la mise à mort de toutes les bouches qu’il jugeait inutiles à nourrir ? Hélas oui. Avait-il par la suite livré les rescapés à la folie meurtrière et gratuite de sa bande d’assassins ? Oui encore. Vous êtes-vous rendu coupable de viols multiples et de de l’exécution sordide de douzaines de malheureux ? Mais, oui, certes, et pourquoi pas.
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Mourez Innocents, mourez puisqu'il n'est nulle frontière entre ce que vous êtes et ce que vous fûtes, entre les états de l'être et de la conscience, mourez puisqu'il n'est de souffrance qui ne se perçoive et se réalise sans jouissance à l'équilibre. Mourez puisque vous n'existez que dans l'accomplissement de ce martyre.
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Cornelisz avait été mis à l'écart, sous la tente du cimetière qui avait été son palais. (...) Il les avait reniés, et eux-mêmes, l'avaient chargé tant qu'ils avaient pu, pour se dédouaner, minimiser leurs fautes, ou simplement par lucidité, réalisant à quel point il les avait fourvoyés, précipités dans le chaos.
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Le mal elle l'avait touché de sa propre main, et elle en était désormais entachée, elle en porterait les stigmates à vie, comme ces être des tourbières qui portaient en eux, pour l'éternité, les scarifications d'un lointain sacrifice.
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Il savait l'ivresse, et la jouissance et la nausée, l'enfouissement de la honte. Des barbares nous n'étions peut être que cela, et nous n'avions peut être que la haine, nous n'avions qu'une morbide concupiscence à mettre en commun.
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Videos de Marc Biancarelli (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marc Biancarelli
Marc Biancarelli - Orphelins de Dieu .Marc Biancarelli vous présente son ouvrage "Orphelins de Dieu" aux éditions Actes Sud. Rentrée littéraire 2014. http://www.mollat.com/livres/biancarelli-marcu-orphelins-dieu-9782330035938.html Notes de Musique : Stickfigure/(none given)/05 Spaghetti Western. Free Music Archive.
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