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EAN : 9782330037253
208 pages
Actes Sud (22/10/2014)
4.05/5   32 notes
Résumé :
Sous l'égide de Nietzsche ("La vie n'est qu'une variété de la mort, une variété fort rare."), ce recueil de nouvelles publié en Corse en 2001 confronte quelques humains à leur insupportable trivialité, avec une ironie mâtinée d'authentique désespoir. Des professeurs plus intéressés par leur libido ou leur carrière que par leur mission éducative aux indépendantistes armés plus stupides que militants, les personnages s'agitent en une affligeante tentative de tromper l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ferrari Jérôme - «Variétés de la mort», publié en 2001 chez Albiana, réédité en 2014 chez Babel (ISBN 978-2-330-03725-3) - recueil de neuf nouvelles.

Une lecture salissante, avilissante, même si la quatrième de couverture prétend que l'intention de l'auteur consiste à «dénoncer» ceci ou cela, ce qui est bien difficile à croire, mais bon… Je n'avais acquis ce livre qu'en raison de mes précédentes lectures du "Sermon sur la chute de Rome" (publié en 2012) puis "Un dieu un animal" (publié en 2009) qui m'avaient relativement plu.

Selon la page de garde de l'éditeur, il s'agirait ici du tout premier recueil publié par Jérôme Ferrari, des textes écrits donc avant 2001, alors que l'auteur (né en 1968) avait à peine trente ans, voire moins. Qu'un auteur de cet âge se délecte de représentations aussi morbides, salaces et nihilistes (dégradants pour la gent féminine, confinée entre «pétasse» et «putasse») a déjà de quoi étonner, qu'il prenne la peine de formuler "ça" (pas d'autre mot possible) en mobilisant ses indéniables talents d'écriture littéraire surprend davantage, mais qu'un petit éditeur puis un éditeur connu prennent la peine de publier ce torrent d'ordures dépasse l'entendement, sauf à soupçonner l'éditeur connu de vouloir à tout prix vendre du Ferrari.

Il se trouve que – pendant cette lecture – j'étais occupé à revoir de près une partie de mon fonds d'étude sur Proust. Toute personne connaissant un tant soit peu la "Recherche" sait combien Proust y descend sans concession aucune dans les turpitudes, noirceurs et dépravations de l'être humain, mais avec au moins deux différences par rapport à nos contemporains se vautrant dans la fange :
- d'abord la présentation chez Proust d'êtres d'une prodigieuse humanité (Françoise bien sûr, mais aussi ce portrait de la grand-mère du narrateur, et de sa mort – l'une des pages les plus bouleversantes de Proust – devant laquelle cessent les singeries mondaines du Guermantes),
- ensuite le recours au tact, à l'élégance du sous-entendu, à la métaphore allusive, bref, ce qu'il était usuel de nommer "pudeur" il n'y a pas si longtemps, avant que ce terme ne perde tout contenu par le biais de la «ringardisation» systématique.

A la différence des Houellebecq et Despentes se complaisant dans les égouts et immondices, il est toutefois possible de créditer Jérôme Ferrari d'une montée vers une certaine rédemption, le «Sermon sur la chute de Rome» étant fort éloigné du cloaque ici présenté : tout espoir n'est donc pas perdu.

De même qu'il me semble inutile de publier « les mémoires d'un jeune Don Juan » d'Apollinaire, il me paraît tout autant regrettable de lire ce recueil putride de Ferrari. Tant qu'à faire, le lecteur en viendrait presque à préférer Modiano, c'est tout dire.
Lectrice, passe ton chemin…
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Le roman de Jérôme Ferrari sur Heisenberg, Le Principe, m'a intéressé, aussi ai-je lu ce recueil de nouvelles , Variétés de la mort. Les récits courts se répondent, et les personnages reviennent d'une nouvelle à l'autre dans d'autres rôles ou à d'autres moments de leur destin, mais avec le même nom. C'est une sorte de roman fait d'un ensemble de récits agencés ensemble avec habileté. L'armature philosophique est très nettement dessinée et influe sur la lecture : plus qu'à Nietzsche, souvent cité, on pensera à Cioran, dont le sens de l'absurde de toute existence ne s'accompagne d'aucun retournement positif. A la différence d'autres oeuvres littéraires à inspiration philosophique, Sartre, Camus et autres, les récits de Ferrari n'ont aucune ambition démonstrative pesante. Oui, le pessimisme philosophique est à la source des histoires, mais il rejoint d'autres inspirations moins théoriques : en particulier, l'émergence de la Corse comme espace littéraire et social. Ce pessimisme, d'ailleurs, est l'occasion de récits d'un cynisme réjouissant et d'un humour noir irrésistible. Je ne conçois pas que l'on trouve cette lecture "avilissante", à moins de se trouver soi-même pur et sans tache : dans ce livre, il s'agit de rire de soi, pas de s'admirer. J'ai parfois trouvé que le style n'était pas à la hauteur de l'entreprise, mais c'est peut-être le souvenir de Cioran qui déforme mon jugement.
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Difficile de dresser un portrait plus noir de l’âme humaine où le désir d’illusion côtoie la concupiscence et la cruauté en se drapant dans le mensonge. Seule l’écriture semble une échappatoire acceptable bien que dérisoire, en ceci qu’elle permet de sortir du chaos — « elle met en forme » — et permet de ne pas rester emprisonné dans son ego.
Livre qui comporte neuf nouvelles d’un cynisme parfois outrancier flirtant avec la trivialité et la vulgarité pour montrer que rien ne peut sauver l’homme de sa vacuité. Les personnages, l’auteur y compris, réapparaissent dans plusieurs nouvelles et on comprend peu à peu ce qui avait été précédemment laissé dans l’ombre et ne pouvait supporter qu’un éclairage cru, mais progressif.
Un humour grinçant et un beau moment de lecture malgré tout. J’ai envie de dire qu’il y a peut-être bien une poétique de la merde…

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Dans l'exercice de mon nouveau métier de bourreau, il [ le petit garçon que le narrateur était]m'accompagne constamment, il m'emplit de compassion et c'est ainsi que cohabitent en moi la haine absolue et la compassion universelle. Quelque chose en moi ne tolère pas le sentimentalisme imbécile et quelque chose en moi, simultanément, abhorre la violence animale. Et c'est comme si, concentré de tous les aspects virtuels de l'humanité, j'étais moi-même tous le hommes, ou le seul homme de la terre. (p.273; "Pas de nostalgie")
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(...) malgré mes efforts, je sus que j'étais malade et entrain de mourir parce que j'avais perdu mon sol natal.
Ruth fut mon sol natal. Le point fixe de l'univers à partir duquel je pouvais m'élever et fleurir et m'épanouir. J'avais cru que c'était une prison et je payais mon contresens. Sans doute un sol natal est-il contraignant et étouffant comme peut l'être une étreinte mais je n'ai pas vu qu'il était aussi, parce que contraignant, avant tout- vital. (p.85, "Un sol natal")
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Comme vous le savez, les touristes sont unanimement haïs dans tous les pays qui ont le malheur de dépendre de leur argent. (p.21)
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il se mettait en colère, jurait que les nobles comportements avaient encore leur place dans ce monde sans repères et désespérément calme. Il remuait avec feu le passé le plus sanglant de son île, jurant que la mort n'était que le décor de la noblesse. (p.131- "Colomba")
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Curieusement, comme tout le monde, je ne veux pas mourir. Dans ces conditions, il faut bien agir. Je ne pense pas que l'écriture soit une activité moins fondamentalement dérisoire que les autres. Mais elle présente quelques avantages significatifs. D'abord, elle met en forme ; nous n'avons aucun besoin de sexe, de loisirs, de réflexion ou d'informations - mais nous avons un besoin vital de formes. Transformer un magma putrescent en mots, c'est créer ce que le monde ne nous donnera jamais : un ordre.

p. 27
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Videos de Jérôme Ferrari (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Ferrari
Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012, est à l'honneur de cette nouvelle séance du cycle « En lisant, en écrivant ».
Qui est Jérôme Ferrari ? Professeur de philosophie, Jérôme Ferrari obtient en 2012 le prix Goncourt pour le Sermon sur la chute de Rome, saga familiale inspirée par une phrase de saint Augustin : « le monde est comme l'homme, il naît, il grandit, il meurt.» Son dernier roman, À son image (2018), se penche, à travers l'histoire d'une photographe de guerre, sur le pouvoir évocateur – mais aussi l'impuissance – de la photographie.
En savoir plus sur les Masterclasses – En lisant, en écrivant : https://www.bnf.fr/fr/master-classes-litteraires
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