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EAN : 9782365690560
432 pages
Editions Les Escales (22/08/2013)
3.49/5   65 notes
Résumé :
« En Russie, j'ai aimé et j'ai tué. Et j'ai découvert que, des deux, c'est l'amour qui est le plus terrible. »

Avec ses bonnes manières oxfordiennes et son costume en tweed, Roman Lambert arrive à Moscou en 1995 tel un explorateur victorien en safari, déterminé à profiter de la jungle moscovite postsoviétique. D'origine anglaise, est-ce le sang russe de sa mère qui le rend aussitôt apte à toutes les démesures ?

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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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La Russie des années 90: de quoi mettre à l'envers la basilique de Basile le Bienheureux!

Quand le très sélect et très britannique Roman Lambert commence à mourir d'ennui dans son smoking de bonne société londonienne, l'occasion de partir travailler à Moscou, dans la Russie post soviétique, apparait comme une aubaine "merveilleusement exotique".

Une double chance puisqu'il parle russe, assez pour se retrouver immédiatement plongé dans les délires, débordements et excès d'une société sans repère après la chute du communisme. Son vernis de jeune occidental aisé, séduisant et conquérant, son emploi dans une société de communication l'entraine en vie dissolue, dans un monde interlope où fêtes, alcools, sexe, argent, drogue et capitalisme sauvage sont devenus les piliers d'un pays à la dérive.

La vision de la Russie post-pérestroïka que décrypte Owen Matthews est passionnante: peu de romans ( à ma connaissance) ont trouvé leur place dans cet entre-deux incertain, ce flou étatique qui a manqué renvoyer le pays vers ses heures les plus noires. Un microcosme de nouveaux riches suçait un Etat en déconfiture et se partagait le gâteau, avec la bénédiction de Eltsine, quand la population vivait d'expédients et se battait au quotidien pour conserver sa dignité.
On a peu compris dans nos certitudes d'occidentaux angéliques combien a été difficile ce passage sociétal vers un semblant de démocratie, et combien une grande partie la population a souffert et regretté l'ère communiste.

L'auteur nous accompagne en découverte et compréhension avec une subtile utilisation du sarcasme et de l'ironie qui donne du piment au propos. Il dézingue notre vision du pays et de l'identité slave si éloignée de nos décodeurs sociaux. La plume est fluide, piquante, crue, la lecture en est joyeuse. Si la description des fêtes débridées et de la fange des nuits moscovites m'a fait risquer l'overdose, l'auteur a su au bon moment faire rebondir la narration en forme de thriller et accompagner son personnage vers une prise de conscience pour justifier l'irréparable.

Une peinture vivante et cruelle d'un pays attachant et souvent incompréhensible, où la fin justifie toujours les moyens.
Un plaisir de lecture.






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Années 90. Fin de l'union soviétique. Roman Lambert, de père anglais et de mère russe, s'ennuie à Londres et décide de s'aventurer dans la jungle moscovite. Moscou, capitale d'un empire déchu, où règne la corruption, le fatalisme et le non-sens. le peuple russe bercé d'illusion depuis des décennies se confronte aux réalités d'un monde impitoyable et désenchanté où l'argent est roi. le personnage principal découvre cet univers dans lequel il est un privilégié. Il explore les milieux branchés de Moscou et profite de ses orgies, de son luxe, de ses excès, ... Il réussit professionnellement, tombe amoureux d'une fille russe, ... mais va brusquement et violemment tout perdre. Par ce roman, l'auteur tente de nous dévoiler sa perception de l'âme russe. Il a lui-même été un expatrié anglais d'origine russe à Moscou ce qui renforce sa vision de la Russie des années 90. Il est simplement dommage que l'intensité du récit apparaisse seulement dans ses dernières pages.
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Drôle d'impression en lisant ce roman : l'action se déroule principalement au moment de l'élection de Boris Eltsine et de la dissolution de l'Union Soviétique début des années 90.

On ressent la fin de cette époque comme une période post-apocalyptique, presque en dehors de la réalité avec d'une part le commun des futurs-ex soviétiques qui apparait complètement paumé , n'ayant plus les repères qui ont dicté leur existence ni la manne étatique qui même si la vie n'était pas brillante , au moins avait un sens et le quotidien était assuré.

Cette vision crue est à mille lieux de ce que j'ai pu moi-même imaginer, la fin du communisme représentant à mes yeux naïfs plutôt le début de la liberté pour le peuple russe ...

L'autre versant, c'est celui dans lequel évolue notre héros, Roman Lambert, un jeune anglais, russe par sa mère et qui a décidé de travailler à Moscou et de faire émerger cette moitié russe en rejetant son éducation anglaise .

Milieu perverti, corrompu avec tout ce qu'il y a de plus vil chez l'homme: la recherche de l'argent facile, la corruption,la drogue, l'alcool et les filles, souvent très jeunes, arrivant de la campagne et à qui on promet une vie meilleure et qui deviennent des prostituées .

Mais n'est pas slave qui veut , même avec une partie de ses gènes russes, Roman Lambert reste un étranger et un homme finalement médiocre .

Récit sans faux-fuyant d'une intégration ratée inspirée de l'expérience même d'Owen Matthews.

J'ai hâte de lire Les Enfants de Staline du même auteur !
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Roman Lambert, né d'une mère russe et d'un père anglais, a le prénom russe de son grand-père et qu'il faut prononcer en insistant sur la seconde syllabe.
Avec une envie de changement radical, il décide de partir travailler à Moscou dès que l'occasion se présente. Avec sa mère russe elle-même et étant russophile lui-même, il avait un destin tout programmé pour aller dans cet immense et froid pays.

Dans les années 1990, on ne peut pas dire que la ville de Moscou est la plus accueillante qu'il soit. Et pourtant, Roman va y trouver sa place, avec les Occidentaux, mais aussi avec les Russes, qui l'initieront à leurs loisirs et plaisirs qui semblent plus que répandus là-bas.
Roman se sent à sa place là-bas, dans ce Moscou décadent, et il va d'excès en excès, mais cela semble plus que normal pour se fondre dans le moule. En tant que « bon » sujet de sa Majesté pourtant il paraît parfois assez loin de cet « esprit Russe », dont il se revendique pourtant.
Il a vision assez noire de la vie, et de sa vie à Moscou. Pourtant il aime cette ville, cela se ressent dans ce récit. Il y est à sa place, et cherche à y rester.

Quant au meurtre dont on parle dans le résumé, si vous lisez ce livre simplement pour y voir un côté « policier », passez votre chemin.
Le meurtre arrive, mais il germe petit à petit, lentement dans l'esprit de Roman. Ce n'est pas le moment le plus spectaculaire du roman, mais le pays et la ville ont tellement changé Roman que le meurtre ne semble être qu'une étape de plus.
« En Russie, j'ai aimé et j'ai tué. Et j'ai découvert que, des deux, c'est l'amour qui est le plus terrible. »
L'amour il va le trouver, en la personne de Sonia, une jeune Russe qui va changer sa vie. Mais leur relation est autant créatrice que destructrice. Sonia est un joli portrait d'une jeune femme Russe, un peu perdue parfois, mais tellement dure et lucide.
Le passage dans lequel elle explique à Roman ce qu'est l'esprit Russe est tout simplement magnifique. C'est ce que j'ai préféré dans ce roman.

Même si je ne connais pas beaucoup la Russie ni les Russes, j'ai aimé me plonger dans ce Moscou, celui de Roman, qu'il nous décrit peut-être de façon biaisée puisqu'il est un oeil extérieur, occidental qui plus est, mais c'est aussi un récit prenant de la vie de ce jeune homme.
Quant à la Babylone présente dans le titre, je ne sais pas si cela annonce la chute de Roman ou de ce Moscou des années 1990, mais on ne peut être que pris au piège dans cette ville.

Je me demande comment j'aurais survécu dans cette ville à la place de Roman…
Je ne sais pas si j'aurai été assez forte, cette ville et ce pays semblant vraiment retourner les gens et les changer radicalement.

En tous cas j'ai très envie de découvrir « Les enfants de Staline » premier roman d'Owen MATTHEWS. J'ai vraiment été séduite et envoûtée par cette histoire, et sa plume.
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Un roman déprimant dans le cadre du Moscou décadent des années Eltsine. Découverte du capitalisme sauvage, argent sale et excès en tous genre d'une faune opportuniste et sans scrupule, d'une part, masses populaires décontenancées par la perte de tous leurs repères d'autre part. Ce roman, inspiré de scènes vécues, n'est qu'une vision partiale, mais on sent que ce qui y est décrit comporte une part de réalité, et il s'en dégage un point de vue pessimiste qui me rappelle American psycho de Bret Easton Ellis en plus triste, car plus plausible. le livre est bon, bien écrit et facile à lire, même si j'ai détesté ce que j'y ai lu.
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critiques presse (1)
Lexpress
02 octobre 2013
Owen Matthews décrit avec un savant mélange d'adrénaline et de lucidité une jungle urbaine semée d'embûches.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait quelque chose d'horriblement triste à Moscou. La tristesse des vies foutues, des possibilités gâchées, du temps perdu. À la sortie des stations de métro, les babouchkas restaient debout des heures entières dans la chaleur de l'été pour vendre un paquet de Marlboro ou quelques gousses d'ail qu'elles avaient elles-mêmes mises en conserves.../... Des hommes sans âge qui offraient leurs services comme taxis illicites au volant de Volga cabossées se révélaient être des géologues ou des colonels à la retraite. Alexeï, l'homme à tout faire de Publicitas, qui changeait les cartouches des imprimantes et ramassait des pelletées de vieux journaux sur nos tables et nos fauteuils, était un pédiatre en exercice qui travaillait au noir chez nous pour arrondir ses fins de mois.
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Moscou adore le simulacre. Autrefois, le vaste monde était un lieu interdit, hostile et inaccessible : désormais, le monde est ici, à notre porte. En une soirée, chacun peut en faire le tour sans quitter le centre-ville. Prendre l'apéritif dans un faux bistro parisien ; dîner géorgien sur la fausse terrasse en bois d'une fausse villa de Tbilissi; siroter un café dans une fausse pizzeria romaine chauffée par un four à bois. Je connais un restaurant chinois qui peut accueillir deux cents clients dans un décor copié sur le Petit Trianon de Versailles : le propriétaire se vante d'a avoir investi cinquante millions de dollars. Si vous voulez du russe pur jus, vous n'aurez qu'à dîner dans une fausse isba dont les fenêtres donnent sur une petite cour ou vous pourrez admirer une vraie vache, une chèvre, des poulets et des canards sous un ciel bleu éclairé aux halogènes. Le resto est au troisième étage d'un immeuble : on y fait monter la vache par l’ascenseur de service tous les soirs. ...
P 365
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"Si vous lisez ces mots, c'est que la pétasse est tombée"
Inscription figurant au dos de la veste d'un motard moscovite

(Tête du chapitre 2)
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- [...] Laisse-moi t'expliquer. Vous, les anglais, vous vivez dans un pays très construit. Construit, je veux dire, pas avec des maisons, mais avec des systèmes. Des lois. Des traditions. Tu m'as dit que ton lycée existait depuis cinq cents ans. Et ton université, depuis neuf cents ans. Tu sais que ces bâtiments seront encore debout pour tes enfants et tes petits-enfants, et fonctionneront de la même façon qu'aujourd'hui. Et si, quand tu te balades à Londres, quelqu'un te donne un coup sur la tête et te vole ton portefeuille, tu sais que tu contacteras la police, qui t’emmènera à l'hôpital, cherchera le voleur et te rendra ce qui t'appartient si elle le retrouve. Tu sais que les flics n’essaieront pas de te soutirer un pot-de-vin et qu'ils ne viendront pas chez toi pour te voler encore plus de fric. C'est pareil avec ta maison de famille : ton père l'a achetée, et tu sais qu'un jour elle sera à toi. Les autorités ne peuvent pas débarquer chez toi et te la prendre. Tu places ton argent à la banque, assorti d'un petit rendement sur dix ans, et tu vas te coucher en sachant que ton argent est en sécurité : tu ne crains pas que la banque n'existe plus à ton réveil ni que ton argent soit envolé. Tu vois où je veux en venir ?

[...]

- Ici, nous n'avons pas de lois, reprit-il. Et pas de droits. Nous n'avons pas de justice, pas de propriété privée et pas de gouvernement pour nous protéger. Nous avons les svoi lyoudi - les " gens de chez nous ". Les seuls en qui nous ayons confiance. Même s'ils sont faibles et malhonnêtes - parce que nous aussi, parfois, nous sommes faibles et malhonnêtes. Mais quoi qu'il arrive, on soutient les gens de notre cercle.
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Les Russes ont besoin de gigantisme pour se sentir importants. L'immensité de leur pays trouve son pendant dans l'immensité improbable - et le plus souvent absurde - de leurs réalisations architecturales. Comme les Américains, ils arborent leur grossièreté avec fierté. Et comme les Américains, rien ne leur fait honte. Leurs maillots de bain minuscules et leurs ventres de buveurs de bière, leurs survêtements en nylon et leurs fourrures insolentes, leurs montres grosses comme le Ritz. Je leur envie souvent cette liberté, cette capacité à ignorer le bon goût. N'y voyez nulle condescendance de ma part : j'admire sincèrement le sans-gêne bravache qu'ils sont capables d'exprimer en toutes circonstances.
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Videos de Owen Matthews (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Owen Matthews
Owen Matthews - Moscou babylone .Owen Matthews vous présente son ouvrage "Moscou babylone" aux Editions les Escales. Traduit de l'anglais par Karine Reignier-Guerre. http://www.mollat.com/livres/matthews-owen-moscou-babylone-9782365690560.html Notes de Musique : Russia's most beautiful tunes - 10 Vniz Po Volge
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