Les trois auteurs, dont deux ne sont pas français de naissance mais qui se retrouvent avec des papiers d'identité qui leur assignent un pays, la France, se proposent, à travers cette conversation transcrite, de définir le rapport que chacun d'eux entretient avec ce pays, son histoire, sa géographie, sa société, sa vie politique, sa culture… Au passage sont ainsi concrètement abordés des problèmes brûlants comme l'immigration et le multiculturalisme, l'intégration et l'assimilation, la laïcité et la citoyenneté…
Échanges à trois voix de trois « français » nés ici et ailleurs. Des parcours passant par l'exil, les déplacements, les engagements et des amitiés fortes.
Contre les mythifications et les mystifications, le choix de la politique contre l'improbable origine « l'idée politique que le monde est en nous, qu'on le trimbale et qu'on l'arpente même sans bouger, tant toute définition de soi suppose une image du monde, bref que nous sommes faits de relations autant, sinon plus, que de racines. »
La recherche perpétuelle des autres et de soi « ma quête ne pourrait aboutir que si elle s'orientait vers ce qui est devant moi, et non plus derrière »
Ils sont passés de pays en pays, ils discutent du passé, du présent et de l'avenir. Les ailes de l'ange de
Walter Benjamin planent sur les auteurs, ils regardent du coté des hier-vaincus et scrutent les possibles demains…
Un livre d'histoires, des fragments colorés, une image ouverte du/au monde. Contre toutes les crispations identitaires, un beau livre, une lecture chaleureuse.
Et comment ne pas citer ce court conte « Par une nuit de givre et de glace, un mendiant se traîne dans les campagnes désertes, qui soudain voit un hameau. Les maisons sont fermées, les habitant s'y sont barricadés pour se protéger du froid. A bout de forces, le mendiant se met à crier : ‘De grâce, par pitié, ouvrez à un pauvre mendiant qui meurt de froid.' Personne ne lui répond mais soudain les portes s'ouvrent et on lâche contre lui les chiens. le mendiant, pour se défendre, se baisse pour saisir quelques pierres et les lancer contre les bêtes, mais les pierres sont collées au sol par le gel. Et le mendiant dit : ‘Étrange époque qui lâche les chiens et colle les pierres !' » ou cette appréciation de la politique de refus construit d'une citoyenneté pour toutes et tous « On les somme de s'intégrer dans une société qui les tient à distance, qui leur demande de se défaire de leur différence d'origine tout en l'amplifiant artificiellement et en lui en rajoutant d'autres, produites et reproduites par les inégalités sociales. »
Trois déplacés
La France d'avant la France
L'arrivée au pays rêvé
Les années de bascule
Rencontres remarquables
Regards politiques
Paysages, goûts et saveurs
Éloge des différences… et des ressemblances
Épilogue. – Six mois après
La postface écrite six mois après, au temps des soulèvements en Tunisie, Égypte et ailleurs se termine par un dernier paragraphe : « Depuis nos Suds et nos Orients, l'événement nous fait signe. A la manière de ce baiser furtif qu'évoquait notre cher disparu,
Daniel Bensaïd : ‘Le passé n'est jamais révolu. On n'est jamais quitte avec lui. Il recèle un peuple de potentialités captives ou endormies, qu'un baiser du présent peut seul réveiller et délivrer‘. »