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EAN : 9782226328762
310 pages
Albin Michel (17/08/2016)
3.4/5   20 notes
Résumé :
Il y a très peu de vrais morts :
Les cimetières sont remplis de fraudeurs
Et nos têtes sont pleines de fantômes.

1938. Embauché dans une librairie de livres anciens où se pressent les écrivains de l’entre-deux guerres, Lucien apprend avec la même passion les règles du métier, jusqu’à l’art de la contrefaçon, et celles de l’amour fou. Il s’est épris de Laura, étudiante en physique au Collège de France qui fait auprès de Frédéric Joliot-Cu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais été enthousiasmée et fort intéressée par le précédent roman de cet auteur-traducteur et libraire d'ancien, "Haute-couture" ( cf . voir ma chronique).
Dans cette nouvelle fiction, nous retrouvons le style très riche de Jean-Yves Lacroix, d'autres thématiques (mais le monde des livres anciens y est présent, une nouvelle fois), et des questionnements, toujours foisonnants. Tour à tour roman d'apprentissage d'un jeune homme dans une période troublée de notre pays, roman "historique" (ou du moins qui décrit en détails l'état des individus lors de la montée du nazisme, et de l'antisémitisme, les personnalités gouvernementales, l'occupation allemande, en France, avec les interdictions de tout poil, dont celles qui annexaient la vie culturelle, etc), s'ajoutent à cela , la description de deux mondes professionnels: l'univers de la recherche scientifique [ la physique] au Collège de France et le monde des libraires de livres anciens....

Qualificatif choisi dans les lignes précédentes: "FOISONNANT". Roman qui mêle et réunit l'histoire individuelle et L'Histoire , tout court.... avec beaucoup de brio...Un jeune homme, Lucien, apprenti libraire fait ses armes chez un libraire d'ancien, rue de Tournon ,Edouard Mesens, personnalité attachante, et atypique, "résistant" à sa manière , féru de poésie, fabriquant des faux-papiers, ...Cela n'empêche pas notre narrateur (-auteur?) d'égratigner tout ce petit monde de collectionneurs, courtiers, marchands, libraires (les vrais, les "purs"...),qu'il connaît si bien !
Une très belle histoire d'amour entre Lucien et Laura , chercheuse en physique au Collège de France, sous la houlette de Joliot-Curie..., .

En parallèle du parcours de nos deux amoureux, Il y a la Grande Histoire, avec ses bouffons et les mensonges, entretenus :
"A travers Joliot-Curie, ce jour-là, comme à chaque cérémonie patriotique qui lui était donné de suivre, Lucien avait le sentiment bouffon qu'un peuple se dédouanait de ses manquements à l'histoire immédiate. de la manière la plus sale qui soit; en glorifiant les victimes, au nom de leur sens bien connu du sacrifice. le silence s'imposait aux morts, sans ménagement. le pays retaillait sa légende à grands coups de ciseaux: La France occupée découvrait ses héros." (p. 307)

Un très fort moment de lecture, offrant toute une mosaïque d'émotions: de la joie, de la fantaisie, du romantisme aux horreurs de tout conflit, de toute guerre, aux compromissions des politiques....
Echantillons du meilleur, du juste au lâche, au traître , rassemblant les visages multiples de l'espèce humaine !!!

Roman d'apprentissage de Lucien, qui recherche un sens, un but à sa jeune existence , dans cette période historique de fortes turbulences....

Chut !!! Je ne piperai mot de la chute...

Même si parfois les phrases sont longues, avec un vocabulaire généreux, et des termes spécifiques [ dont le domaine de la recherche scientifique]...que l'on rencontre peu fréquemment, il faut dépasser cela...
car au final, nous apprenons beaucoup, et le rythme s'en trouve d'autant plus original...et très soutenu.

Un livre très étonnant... à ne pas manquer, à mon humble avis !!
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Passionnant ! J'ai adoré ! Une histoire dans laquelle on entre direct pour ne plus lâcher le livre tant qu'il n'est pas fini. L'histoire de Lucien et de Laura est tout bonnement passionnante. On est à l'aube de la seconde guerre mondiale et la petite histoire de ces deux jeunes protagonistes va se mêler à la grande histoire et ça me plait beaucoup car j'apprends toujours quelques choses. le milieu du livre, de la librairie et en particulier des vieux livres est vraiment bien dépeint et c'est un plaisir supplémentaire dans la lecture. le milieu de la science y est aussi pas mal décrit et cela donne le titre du livre. Il y avait donc tout pour me plaire et je dois dire que ça m'a vraiment captivée, l'histoire est superbe et c'est très bien documentée tant sur la recherche et le métier du livre que sur la période de l'occupation. C'est impressionnant de voir comment tout est maîtrisé, tout s'imbrique bien pour le plus grand plaisir du lecteur qui se régale à découvrir la plume subtile et précise de l'auteur.

Les personnages sont attachants car ils ne sont pas parfaits, ils ont leur part d'ombre, ils sont humains. J'ai aimé suivre le chemin de vie de Lucien dans sa carrière dans le milieu du livre et dans sa vie amoureuse et personnelle, il en est de même pour Laura avec son univers de sciences et son travail de laborantine auprès du couple Curie. En parallèle de leur histoire commune, on suit l'histoire de tout un peuple, tout un pays et on voit se dessiner deux camps ceux qui subissent et ceux qui font subir. En effet, certains s'accommodent de l'occupation quand les autres sont pour l'occupation car elle leur profite. L'auteur a beaucoup approfondit les choix auxquels sont confrontés les civils, il y a parfois des choix impossibles, difficiles et certains sont émouvants. On sent qu'il y a eu de la recherche et de la documentation et j'y suis très sensible.

Ce sont là des portraits d'hommes et de femmes, le constat d'un pays sous occupation, ce que j'ai apprécié également c'est le fait que cette période historique est traitée différemment et ne sombre pas dans le dramatique larmoyant, il y a tout de même quelques touches d'humour. J'ai pu aussi apprendre quelques faits sur l'occupation. L'écriture est ciselée et le roman se lit facilement. J'ai passé un très bon moment de lecture.

VERDICT

Si vous aimez les romans historiques, les romans d'amour, les sciences ou tout ça à la fois, vous devez absolument le lire.
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Nous sommes en 1938, Lucien, un jeune homme de 16 ans élevé dans le culte communiste devient apprenti-librairie aux « Corps intermédiaires », une librairie spécialisée qui appartient à un certain Edouard Mesens. C'est dans ce paradis de livres qu'il rencontre (ou plutôt voit) pour la première fois Laura, une italienne de 19 ans… Elle est étudiante en physique au collège de France et est aussi aide laborantine auprès des Curie. C'est là que la « pechblende » apparait ! Ce matériau, objet de travail de l'équipe de Laura sur la « scission nucléaire » (et donc sur la bombe atomique)…



Dans ce roman, on suit Lucien. On le voit évoluer dans le milieu des livres : découvertes, apprentissage chez un relieur nommé la Taupe. Et on le voit s'épanouir en amour ! Mais on suit aussi le pays tout entier, les réactions des uns et autres face à l'occupation et ce qui suit : ceux « pour », ceux « contre », ceux qui deviennent des victimes, ceux qui deviennent acteurs…

Pechblende est un roman sur la seconde guerre mondiale (et sur l'avant-guerre) qui met en avant la vie des civils (par les protagonistes de l'histoire), leurs choix et les actions qu'ils mènent pour survivre et/ou protester contre l'occupant et la guerre : résistance, faux papiers, refus de s'engager…



C'est un roman que j'ai globalement apprécié, notamment car il est question du milieu des livres pendant cette période de l'Histoire (les librairies qui ferment car leurs propriétaires sont juifs, la liste Otto…) et que l'auteur nous dépeint une image des civils pendant cette période (ils doivent vivre malgré tout ce qui se produit autour d'eux, ils doivent faire de durs choix…). le côté « scientifique »/« physique » m'a un peu moins plu (ce n'est que mon avis personnel), cependant le fait qu'il soit mis en parallèle avec le milieu des livres est quelque chose de vraiment original : on se retrouve avec, d'un côté Lucien (les livres) et Laura (la physique), tout ceci relié (par l'amour) !

Cependant, je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages, et j'ai eu du mal à rentrer dans le livre et à bien comprendre certains faits à des moments précis dans le roman. Bien que différents thèmes comme l'amour et l'aventure soient présents dans le roman, je n'ai pas été emportée dans cette histoire.

Malgré mon ressenti mitigé, « Pechblende » reste un roman très intéressant grâce auquel le lecteur apprend de nombreuses choses. Jean-Yves Lacroix a aussi fait un énorme travail de recherche, et son écriture est vraiment agréable à lire.
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Lucien, sosie d'un Rimbaud adolescent, est embauché comme apprenti par Edouard Mesens, patron de la librairie à l'enseigne « Les corps intermédiaires ». Auprès de ce « despote éclairé », le jeune affidé, plutôt doué, va apprendre les rouages du métier. Il va aussi découvrir l'amour dans les bras de Laura, une jeune et piquante italienne venue étudier la physique et qui participe aux travaux de Frédéric Joliot -Curie, professeur au Collège de France .
Mais c'est, bientôt à d'autres jeux moins sensuels, beaucoup plus dangereux et cruels qu'il sera confronté, la guerre venue.
J'ai retrouvé avec plaisir un passage que je connais bien celui, de l'évacuation de « l'eau lourde » en provenance de Norvège pour le mettre à l ‘abri de la convoitise des Allemands (pages 123-125).
Or cette évacuation a été initiée par Raoul Dautry alors Ministre de l'Armement après accord d'Edouard Daladier , président du Conseil. Il put ainsi envoyer une mission en Norvège pour récupérer le stock d'eau lourde et, en pleine débâcle, organiser sa mise en sécurité en Angleterre, cette précieuse matière voyagea en compagnie du Général de Gaulle le 16 juin 1940.
Raoul Dautry fut maire de Lourmarin et repose près d'Albert Camus !

J'ai eu quelque difficulté à entrer dans la lecture, puis, l'alchimie des mots, du style, la prégnance de l'histoire ont opéré.
J'ai aussi apprécié le vocabulaire foisonnant, érudit où se mêlent les termes techniques, ceux de l'art de la reliure, ceux de la physique …, mais où se cachent, malicieusement aussi des expressions argotiques !


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Jean Yves Lacroix est libraire ,spécialisé dans les livres anciens, son échoppe s'appelle « la Palourde » Après des récits , son premier roman paraît en 2013 sous le nom de « Haute Epoque » , et Guy Debord (théoricien révolutionnaire) en est le personnage principal.
Ici, le roman se passe en 38, et toujours dans le milieu fermé des livres anciens.
Lucien est un jeune homme élevé dans le culte du communisme, son père a officiellement été tué par un anarchiste.
Après de belles études, il entre comme apprenti-libraire chez un patron bienveillant qui n'a aucun secret pour lui.
Mais vient la guerre, la méfiance s'installe, même entre « amis », les juifs sont pourchassés, et leurs commerces sont des prises intéressantes et lucratives ; d'où une période trouble où le monde de l'Art devient aussi un monde perverti par des escrocs en tous genres.
Parallèlement Lucien tombe amoureux d'une jeune physicienne du Collège de France ; voilà l'apparition de le Pechblende(pierre de malheur) qui est un minerai radioactif.
A cette époque, on comprend aisément de quels malheurs la scission de l'atome et l'uranium seront responsables.
S'installe l'Occupation, Lucien , plutôt veule ne sait où tourner jusqu'à ce qu'il apprenne les véritables circonstances de la mort de son père.

C'est un roman bien écrit, exigeant, bien articulé, et pourtant de lecture facile. L'approche de la guerre qui révèle les vieux renards et les jeunes loups est bien observée.
Je verrais bien ce roman dans les premières listes des Prix à venir.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
"Je ne travaille qu'avec les libraires, pas avec les marchands, tu devrais le savoir depuis le temps. "
Précisément: Lucien avait le sentiment de ne plus côtoyer que des maîtres de sagesse. Des vioques, à perte de vue, des vioques: des ancêtres, des croulants, des fripés, et pas l'ombre d'une femme. A bien y regarder, la bibliophilie se révélait un sport copié de la chasse au marcassin: presque entièrement masculin. (p. 60)
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Rue de Tournon, l'esprit de résistance s'emparait à son tour de la librairie. (...)
Aux yeux de tous les initiés, -Les Corps intermédiaires- passaient désormais pour le point de convergence des écrivains réfractaires, le nec plus ultra de la poésie du refus. Dès la publication de la première Liste Otto, il est vrai, Edouard Mesens avait pris la décision de surseoir à la parution de ses bulletins périodiques tant que les auteurs juifs en seraient légalement proscrits. (p. 169)
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la vérité, Lucien, c'est que tu te donnes tous les jours des raisons de ne rien faire, de ne pas bouger, de risquer le moins possible; Des raisons révolutionnaires , certes, puisque tu te dis communiste, mais des mensonges tout de même; Les plus beaux sont toujours ceux que l'on sert à soi-même. (p; 225)
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A travers Joliot-Curie, ce jour-là, comme à chaque cérémonie patriotique qui lui était donné de suivre, Lucien avait le sentiment bouffon qu'un peuple se dédouanait de ses manquements à l'histoire immédiate. De la manière la plus sale qui soit; en glorifiant les victimes, au nom de leur sens bien connu du sacrifice. Le silence s'imposait aux morts, sans ménagement. Le pays retaillait sa légende à grands coups de ciseaux: La France occupée découvrait ses héros. (p. 307)
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Place Louis-Lépine, devant les perroquets, Laura raconta l'histoire de ce roi qui les collectionnait par milliers, ainsi que des nestors, des mainates, des cacatoès , et toutes sortes de parleurs.
Le monarque se faisait une spécialité d'enseigner aux oiseaux l'art de la répartie. Il corsait ses leçons de quelques éléments d'un parler fort vulgaire et, quand avaient lieu d'importances tractations, il faisait disposer sur la table la gloriette où nichaient ses champions. Aux moments de grande tension, il pouvait compter sur la volaille et ses saillies ordurières pour déstabiliser l'adversaire et arracher des traités léonins.
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