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EAN : 9782366240924
135 pages
Cambourakis (18/06/2014)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Ce deuxième recueil à paraître aux Editions Cambourakis compte six nouvelles (de six à quarante pages chacune environ, dont deux inédites) caractéristiques de l'art de Papadiamandis. On y retrouve ses thèmes de prédilection : une profonde conscience de la fragilité humaine, de la cruauté de l'existence, de la tentation du mal... Une noirceur atténuée tantôt par une douce ironie, tantôt par un élan compassionnel embrassant cette communauté essentiellement démunie. La... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Papadiamantis (1851-1911 ) grand nouvelliste grec, nous livre ici à travers sept nouvelles, des fragments de vie d'une île de l'Egée où d'un quartier d'Athènes.
La solitude inéluctable de l'homme,
L'ombre tutélaire de la religion orthodoxe sur la société grecque de l'époque,
Les drames gravés dans les destins humains, dont la mort brutale d'un enfant ou de plusieurs ,qui ne deviendront jamais des adultes et le deuil infini de leurs proches qui s'en suit,
sont les principaux thèmes de ces récits poignants, où l'homme semble accepter son destin, même mort ( référence au dernier récit, »Le mort voyageur »),sans rechigner .....

Première rencontre avec Papadiamantis considéré comme le fondateur des lettres modernes grecques. Fils d'un modeste prêtre orthodoxe, pendant ses années de jeunesse à Skiathos, il accompagne souvent son père dans ses missions de pope. Il en sortira profondément marqué par cette société rurale, empreinte de religion, traditions et superstitions, subissant pauvreté et souffrance, ce qui influera inévitablement sur son écriture. Une influence notamment très présente dans ce recueil noir, mais intéressant.

“Pleurons tous la petite Acrivoula,
Petite-enfant chérie de Loucaina,
D'algues sera sa robe de mariage,
On lui fera sa dot de coquillages ......”
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« Au milieu des ruines et des décombres d'anciennes habitations, parmi les figuiers et les mûriers aux fruits rouges, sur un rivage escarpé du nord-ouest de l'île, en un lieu désert d'où devait surgir la nuit toute une foule de fantômes, de simulacres d'âmes lasses, d'ombres qui reviennent, dit-on, de la prairie d'asphodèles pour faire entendre dans la solitude leurs vaines lamentations sur leur éphémère séjour d'autrefois en ce bas monde, se dressait encore la petite église de Notre-Dame de Précla. » (p. 101)

Cet extrait est le début d'une des nouvelles qui composent le recueil « Rêverie du quinze août ». Et elle donne le ton ! C'est toute une introduction à l'univers d'Alexandros Papadiamantis, un auteur grec du 19e siècle (quoique certains diront qu'il était à cheval sur le 20e aussi, étant mort en 1911). Il ne raconte pas les aventures cosmopolites des gens des grandes villes comme Athènes ou Constantinople, non. Il s'attarde plutôt au quotidien du petit peuple des îles. C'est un monde difficile, mais sans misérabilisme. Les paysans, bergers, pêcheurs et religieux sont des gens fiers, presque orgeilleux, mais surtout résilient, de la race des survivants. Ce sont ses héros. Après tout, nous sommes au pays des dieux l'Olympe et des héros anciens, même des grands personnages historiques comme Périclès, Léonidas et Alexandre le Grand !

Ces Grecs de Papadiamantis, ils travaillent durement pour une maigre pitance mais ils s'en contentent. de toutes façons, au milieu du 19e siècle, la surocnsommation, connaît pas. Pas besoin de téléphone intelligent, de tablette, de mille et un bidule. Un toit sur la tête et de la nourriture sur la table (ou dans le verger du voisin…). le reste n'est que superflu. Pas besoin d'être riche comme Crésus pour faire l'amour à sa femme, ou bien courtiser les paysanes si l'on n'est pas encore marié, et profiter des petits plaisirs de la vie comme le vin, la musique et la danse. C'est qu'ils peuvent être jouissifs à l'occasion. « On dansait le syrtos et le kalamatianos, on chantait le ‘'Foulard noir'' et le ‘'Moulin de ma tante Condylo''. » (p. 28) C'est presque une ode à la vie.

Mais il ne faut pas croire que ces Grecs trouvent le plaisir à tous les jours. Ils ont des préoccupations ordinaires : se faire ordonner moine dans un monastère, payer ses dettes, chercher le réconfort après les taquineries des camarades de classe, trouver un sens à la vie après la mort d'un enfant, chercher une épouse… Donc, moine, veuve, adolescent téméraire grimpant aux arbres, jeune homme célibataire, vieillard plié par le poids du temps et des regrets. Ce sont eux, les héros de Papadiamantis. le vrai monde.

Dans « Rêverie du quinze août », on découvre un univers, oui. Cette Grèce d'il y a cent-cinquante ans. Ce paysage montagneux, rocailleux, couvert d'arbres, au milieu desquels se trouvent des hameaux. « Aussi courait-elle de vigne en verger, de verger en olivaie. Elle s'acquittait seule, sans trêve ni repos, de tous les travaux des champs qui s'imposaient selon les heures ou les saisons, comme ont l'habitude de le faire les femmes de chez nous : le sulfatage, l'épamprage, la vendange et surtout la cueillette des olives qui occupe plusieurs mois d'automne. » (p. 81) C'est très différent de Santorini et des autres îles enchanteresses de la mer d'Égée.

Je ne l'ai pas écrit en toutes lettres mais, à travers ma description du recueil, il est clair que j'ai beaucoup apprécié m'immerser dans cet ouvrage d'Alexandros Papadiamantis. Évidemment, avec les nouvelles, il faut en prendre et en laisser. Je n'essaierai pas de vous faire croire que je les ai toutes adorées mais, dans l'ensemble, c'était très positif. Surtout, j'aime l'atmosphère qui s'en dégageait. Il s'agit d'une découverte pour moi et je compte bien lire autres choses de cet auteur-poète.
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J'ai lu, il y a plusieurs années, « Les petites filles et la mort » du même auteur. Impression durable d'un texte à la fois tragique, poétique et, paradoxalement, plein d'humanité, alors que des petites filles étaient mises à mort. Un très beau livre.
Avec l'envie d'en découvrir davantage de cet auteur, un classique en Grèce, me voilà avec « Rêverie du quinze août », titre de l'une des sept nouvelles de ce volume.
Instantanés de la vie populaire grecque, avec ses traditions, ses moeurs et coutumes, ses petits évènements dont certains pourraient être observés partout, mais dont la plupart sont très marqués par la religion orthodoxe et ses obligations, par le climat du pays, par son folklore, et par son contexte social de la fin du 19ème siècle.
Toute une nouvelle est consacrée au moine Samuel, sacristain dans une église d'Athènes, qui occupe cette place « tout en se proposant de retourner le plus vite possible au monastère de sa pénitence, mais sans jamais s'y résoudre ». Coïncidence : je retrouve le Mont Athos où le moine Samuel a été formé, alors que je viens de refermer le livre de Christophe Ono-dit-Biot qui m'en a parlé pour la première fois…
Comme dans « Les petites filles… » la mort est très présente dans ces nouvelles. Symptomatique d'une époque où la médecine archaïque et les accidents dans une nature sauvage diminuaient sensiblement les chances d'arriver à un âge convenable pour trépasser.
La langue est belle, pleine de couleurs et d'images. Dépaysante.
Mais, est-ce dû au format des nouvelles, je n'ai pas été séduite autant que par « Les petites filles… » qui installait une prégnance profonde, de plus longue durée.
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Une très bonne initiative de la part des éditions Cambourakis que d'avoir réédité cette séries de 17 nouvelles écrites entre 1888 et 1908 par Alexandre Papadiamantis.

Je connaissais cet auteur pour avoir lu, il y a déjà bien longtemps son roman "Les petites filles et la mort". J'y ai retrouvé une société rude, empreinte de principes et de rigidité tout orthodoxes. Des vies soumises aux préceptes religieux, à la rigueur des rites, où la notion même de liberté intellectuelle n'a aucune place, ou nécessite une transgression périlleuse. de l'enfance à l'âge adulte, les hommes luttent contre la tentation des chemins de traverses, contre la tentation du retrait de la société, les femmes quant à elles n'existent que par leur statut de vierges, épouses et surtout de mères.

Et pourtant ! Ces pages sévères sont traversées de fulgurances sensuelles, d'élans amoureux, d'émerveillements face à la mer et à la nature. Chaque nouvelle nous raconte le moment où le personnage fait un pas de côté.

"Sous le Chêne royal" nous conte l'amour inconsidéré d'un jeune garçon pour cet arbre δρυς qui, il faut le savoir, est féminin en grec. Il s'échappe de la surveillance de ses parents et

"J'étais fourbu, en nage, hors d'haleine. A peine arrivé, je me jetai sur l'herbe, me roulai sur les coquelicots et les fleurs des champs. J'éprouvais cependant un bonheur secret, un plaisir merveilleux. Je rêvais en levant les yeux vers les branches épaisses, j'ouvrais et fermais mes lèvres avec volupté au souffle de la brise qui faisait bruire le feuillage. Des centaines d'oiseaux venaient chercher le repos dans la ramure et entonnaient les chants débridés... La fraîcheur, le parfum et la joie faisaient fondre mon coeur... (...)

Il me sembla que l'arbre - car je conservais dans mon sommeil la notion d'arbre - changeait peu à peu d'apparence, d'état et de forme. A un moment, je crus voir à la racine du chêne deux jambes bien galbées, collées l'une à l'autre, qui ensuite se décollaient peu à peu et finissaient par se séparer. le tronc me parut se remodeler pour prendre la forme d'une taille, d'un ventre, d'une poitrine aux deux seins retroussés avec grâce."

La traduction de René Bouchet fait ressortir le classicisme de la langue utilisée par Papadiamantis, sans tomber dans un style ardu et précieux. Elle rend hommage à celui qui est considéré comme le père de la littérature moderne en Grèce.

Lien : https://meslecturesintantane..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-Pauvres de nous, tout ce que nous sommes capable de faire...c’est de nous attabler pour boire, et nous avons la prétention de résoudre les problèmes les plus graves.
-Aprés tout, la boisson donne des idées, dit Pandelakis.
-Ca dépend de ce qu’on a dans la cervelle, dit Grigorakis.
(Le moine II)
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En cette belle soirée de mai, ils mettaient tous de l’eau dans leur vin, à l’exception de Pandélakis qui ne voulait pas entendre parler d ‘une chose pareille. Il buvait pur même par temps de canicule.
C’est qu’il tenait pour vrai tous les proverbes, le vieux Pandélakis, sauf le distique : « Pendant les mois sans « r », mets de l’eau dans ton verre ». Celui-là, il ne fallait pas lui en parler. Il affirmait même qu’il avait connu autrefois un instituteur porté sur la bouteille qui, pour faire mentir ce dicton, pour en montrer toute l’absurdité, avait imaginé et entrepris d’ajouter le préfixe "re»" aux noms de mois sans « r ». De mai, il avait fait « remets », de juin « rejoins », d’août « regoûte »… Et là s’étaient arrêtées les acrobaties philologiques de l’audacieux maître d’école.
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Il avait montré d’incroyables dispositions à grimper aux arbres. Il escaladait les rochers, les falaises, les sommets, tout ce qui pouvait tenir à distance la médisance, l’insolence et l’envie des autres enfants. Car ils saisissaient le moindre prétexte, ou se passaient tout simplement de prétexte, pour lancer contre lui le terme injurieux qui lui rappelait sa bâtardise.
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Le monastère est la redoute du moine : à lui ensuite d'avoir la volonté de la défendre.
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Est-ce que vous en rencontrez beaucoup, à notre époque, des gens mariés qui soient contents de leur sort?
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