Un homme dangereux

Aujourd'hui je vais évoquer Un homme dangereux enquête déroutante dans le monde de la psychiatrie d'Alexandre Kauffmann. le journaliste quadragénaire est le fils de Jean-Paul Kauffmann journaliste longtemps otage au Liban dans les années 1980 et le frère de l'historien Grégoire Kauffmann qui a récemment raconté de l'intérieur cette histoire à hauteur de ses yeux d'adolescent dans L'enlèvement.
Un homme dangereux est l'un des personnages que croise le journaliste et sur lequel il tente de mener une enquête approfondie jusqu'à le voir et brièvement discuter avec lui. L'intention d'Alexandre Kauffmann est de pénétrer le milieu de la psychiatrie fermée et en particulier les UMD (unité pour malades difficiles) dans lesquelles sont enfermés les patients les plus violents. A travers cette immersion sur plusieurs mois, en particulier à Albi et à Cadillac l'auteur raconte ses rencontres, ses peurs et ses angoisses, ses surprises. le récit n'est pas sensationnaliste même si quelques descriptions des faits accomplis par certains des malades font frémir. le texte est facile à lire avec ses brefs chapitres reprenant des reportages déjà publiés dans la presse écrite. Parmi la population des UMD de nombreux schizophrènes sont recensés. La question en filigrane de ce voyage au sein de la folie est celle du jugement des fous en cas de commission d'un homicide. le principe de l'irresponsabilité pénale est souvent mal compris par les familles des victimes. D'ailleurs suite aux actes commis par Romain Dupuy à Pau (assassinat de deux infirmières) les politiques se sont saisis du sujet et ont fait évoluer la loi. Les éléments apportés dans l'ouvrage sont nuancés et aident à bien appréhender les tenants et les aboutissants. le journaliste s'intéresse particulièrement à Bosco Gonda (un pseudonyme) dont le nom et les actes sont régulièrement évoqués sur son chemin d'un établissement à l'autre. Malgré l'injonction du médecin chef de l'UMD d'Albi de ne pas chercher à connaitre l'histoire en détail des patients il veut le localiser et réunit des témoignages pour comprendre la trajectoire de ce congolais d'origine qui se retrouve enfermé en UMD. Il faut noter que ces structures sont plutôt privilégiées au sein de la psychiatrie en déshérence : davantage de moyens, d'encadrement et de personnels soignants pour un nombre restreint de malades. Les médecins laissent beaucoup de liberté à Kauffmann qui peut déambuler dans les unités (mais toujours avec son DATI, qui une fois est renversé par mégarde et provoque une fausse alerte), la seule consigne est d'éviter d'évoquer les antécédents médicaux et criminels pour ne pas qu'ils perturbent le malade en revenant à la surface. Il est cependant à noter que certains malades à l'inverse se vantent de leurs crimes (souvent odieux, parfois cannibales) avec une distanciation et un émoussement des émotions impressionnant.
Un homme dangereux est une sorte de thriller entre aujourd'hui (le temps de l'enquête) et hier (le temps des actes délictueux à l'origine des enfermements) avec un suspens et des rebondissements autour du personnage inquiétant de Bosco Gonda. C'est également un état des lieux circonstancié de la psychiatrie et un timide espoir avec les malades qui se stabilisent et peuvent réintégrer des services classiques avant un possible retour à la vie civile.
Voilà, je vous ai donc parlé d'Un homme dangereux d'Alexandre Kauffmann paru aux éditions Goutte d'Or.
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Comme en écho au livre d'Ixchel Delaporte lu il y a peu, Alexandre Kauffmann s'est livré a une investigation en milieu psychiatrique dans "Un homme dangereux" édité aux éditions Goutte d'Or. Il est aussi question de "Cadillac", l'établissement psychiatrique en région Bordelaise dans lequel Ixchel Delaporte s'est rendu dans son livre. Mais pas uniquement, car le journaliste se penche ici sur un service en particulier, l'UMD (unité pour malades difficiles). Un service de soins dans lequel les patients et les patientes sont considérés comme les plus dangereux, pour eux et pour les autres. En général ces services prennent en charge les patients qui peuvent décompenser facilement et sont souvent plus dotés en personnels que les autres unités. C'est d'ailleurs pour cela, comme le relève l'auteur, que la contention y est plus rare, car paradoxalement même si les patients sont à risque les effectifs sont assez nombreux pour les prendre en charge contrairement aux autres unités de soins. Alexandre Kauffmann passe dans plusieurs UMD en France et retrace le parcours de certains patients en anonymisant leurs noms. Notamment un homme qui l'intrigue de plus en plus. Il cherche à comprendre comment ces unités ont vu le jour et comment les patients arrivent dans ces unités. Il découvre un environnement avec des règles précises, mais aussi des patients en souffrance qui font parfois des allers et retours en prison. Au fil des rencontres, l'auteur pose la question de l'irresponsabilité pénale, un sujet qui revient et qu'il avait déjà traité avant le livre pour Libération. Sans tomber dans le sensationnalisme et en donnant à voir une institution psychiatrique à bout de souffle, le journaliste écrit un livre de non-fiction à lire.
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