Un soir de Noël, autour d'une table où les gobelets d'un punch bien tassé n'y restent pas bien longtemps posés, des aventuriers trinquent à l'homme qui affronte la piste, au-delà de la fenêtre recouverte d'une épaisse couche de givre. Et justement, un puissant Toc donné sur la porte de la cabane amène un homme prudemment armé et recru de fatigue. Mais l'honnêteté prime-t-elle toujours sur tout dans ces contrées glacées du Grand Nord ?
Avec cette première nouvelle, le froid s'engouffre déjà dans l'esprit du lecteur. Dialogues et narration instillent simplement mais efficacement les températures vertigineusement basses mais aussi la chaleur humaine indispensable en cette nuit glaciale.
Dans ces textes relativement brefs, tout est pourtant immensément puissant. le fouet claque, les traîneaux s'ébranlent, la viande d'orignal manque alors que les tentes en peau du même élan pointent vers le ciel dans les campements indiens, des coups de feu déchirent le silence et les larmes ne tombent pas mais gèlent sur les joues.
Des hommes triment sur un filon qui les mènera peut-être à la fortune et, le soir, trouvent le réconfort autour d'un feu en attendant de rentrer riches chez eux. Des raquettes crissent sur la neige et une jeune indienne du camp voisin, la fille du chef, vient dire adieu à l'un d'entre eux. Elle doit être offerte en sacrifice afin que le gibier revienne.
Les coutumes qui régissent la vie des uns et des autres semblent tellement barbares…
La colère contre les Blancs ou la rage d'un amoureux éconduit par la tribu voisine affichent les grandes difficultés de l'homme à se satisfaire de vivre simplement, en harmonie. le froid ne pétrifie pas la haine, ni le ressentiment et laisse, même ici, couler la violence et le sang.
La femme de cran, c'est Passuk, une petite femme en apparence. Mais je vous laisse lire son histoire pour définir la véritable grandeur de son amour. Son coeur brûle, même dans le froid le plus mordant.
Plus ou moins durs, plus ou moins poignants, ces cinq petits textes laissent parler le froid, la nature, l'homme, la beauté ou la cruauté des sentiments.
Jack London n'a pas besoin de s'étendre pour en donner toute la mesure.
Et tout se termine un jour. Dans la neige, un petit tas de bois à portée de sa main toute flétrie, un vieil homme aveugle écoute le démontage des tentes, l'arrimage sur les traîneaux, l'excitation des chiens avant la piste. La tribu part, dans l'espoir de trouver le gibier qui fera taire les ventres tiraillés par la faim. Lui reste là, n'a plus qu'à attendre
La Loi de la vie, « seul face à la cruauté des derniers instants. »
Les mots de l'auteur, donnés au vieillard, renvoient la sagesse des années et la force cruelle des coutumes de la tribu. Métaphore d'une « feuille de l'an passé qui tient à peine à la branche », le vieux Koskoosh se raccroche quand même à l'ultime chaleur de ce feu qu'il alimente, morceau de bois après morceau de bois. Un feu éphémère, comme sa vie, toutes vies.
Son esprit a encore la force de projeter quelques moments passés.