D'une grande violence psychologique. Nié par son père, juif... Il a difficile d'être dans la relation.
A lire pour voir le côté humain qu'il reste à développer.
Chantal
Commenter  J’apprécie         10
En classe, tu n’interviens jamais, te gardant bien de montrer que tu comprends sans effort ce que les autres peinent à assimiler, que, sitôt commencés, les cours te lassent tant ils sont prévisibles. Alors qu’il serait facile de briller, tu auras la sagesse, tout au long de ton parcours scolaire, d’écarter la tentation égotique de te mettre en avant.
Élie, sachez que vous ne serez jamais français. Vos capacités d’imitation sont certes remarquables, mais vous ne trompez personne, en un mot, vous n’êtes pas crédible en Gaulois et je ne parle pas que de votre bobine… Il vous manquera toujours des ancêtres tourangeaux ou poitevins, l’enracinement dans un terroir, une gentilhommière, dans la campagne de Langeais par exemple, et, dissimulées dans une boîte en argent ouvragé, nouées d’une faveur rose, les lettres d’amour à une aïeule écrites par son fiancé mort à la guerre.
Crever ainsi t’était parfaitement égal : incapable de nouer des relations vraies avec les autres, contraint de vivre dans la superficialité des sentiments, tu pensais avoir épuisé toutes les émotions possibles ; tu avais lu beaucoup de livres et la chair de tes conquêtes d’un soir, lors de vos brèves étreintes, était, chaque fois, un peu plus triste hélas !
Tu n’as aucun goût pour la possession, les femmes ne sont pas toutes pour toi des proies éventuelles et l’acte sexuel t’apparaissait alors comme le patinage artistique à la télévision : un exercice parfois ridicule, avec ses apprêts clinquants et vulgaires, ses figures imposées ennuyeuses, son programme libre convenu et répétitif, ses commentaires superfétatoires et bruyants.
Tu aimais côtoyer ces femmes fanées obstinément offertes, ces hommes tristes et vaincus, tous ces êtres broyés, à la dérive, qui, pour ne pas sombrer, s’accrochaient à quelques souvenirs magnifiés, à des mensonges dérisoires ou à des rêves extravagants…
Un spectacle prodigieux, drôle et grinçant. Denis Lavant... habité!