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Benoît Meunier (Traducteur)
EAN : 9782916136288
Les éditions du Sonneur (22/05/2010)
3.82/5   19 notes
Résumé :
En 1936, tandis que la Seconde Guerre mondiale menace, l’écrivain tchèque Karel Capek (1890-1938) entreprend un voyage dans le Nord de l’Europe. Forêts à perte de vue, fjords échancrés, vaches noir et blanc, fermes rouges,myriade d’îles ponctuent sa traversée du Danemark, de la Suède et de la Norvège. Au fil du récit, derrière une naïveté feinte et un lyrisme tempéré, où affleurent une tendre ironie et un humour mordant, se profile le portrait troublant, éblouissant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le récit du voyage réalisé par Karel Capek, en 1936, vers le cap Nord, traversant le Danemark, la Suède et surtout la Norvège est une petite merveille, tant par la richesse des descriptions de la nature nordique que par la qualité des dessins de l'auteur qui illustrent la plupart de ses propos avec les lieux traversés, montagnes, fjords, maisons, églises, animaux.

Les phrases sont longues, très longues parfois et, malgré les nombreux points virgules permettant de reprendre une respiration, elles peuvent lasser le lecteur amateur de texte plus rythmé.

Pourtant, Karel Capek, donne la possibilité de savourer lentement son parcours en direction du cap Nord. Il agrémente son récit de considérations sur la situation politique de l'Europe des années 30, avec des références à la guerre d'Espagne et à la montée du nazisme qui va déferler.

L'auteur ne manque pas d'humour, quelquefois un peu répétitif, veut-il s'assurer que le lecteur ait bien compris son propos? Ainsi sont développées des considérations sur la présence à bord de l'un des bateaux du voyage des membres d'une église évangélique américaine, très envahissants et perturbants de la quiétude dans laquelle il souhaiterait bien sûr découvrir les paysages fascinants qui sont traversés. de même, les dialogues sur l'insubmersibilité des bateaux empruntés écartent un peu le lecteur de l'ambiance majestueuse de la nature que j'aurais personnellement souhaité voir tenir la place quasiment exclusive de ce récit.

C'est quand même un très beau livre dont aussi bien les dessins réalistes de l'auteur que ses évocations de ce Nord mythique donnent le désir d'aller découvrir ces territoires exceptionnels de l'Europe du nord.
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Après avoir chroniqué L'année du jardinier de Karel Čapek, je m'étais promis de découvrir un autre titre de cet auteur tchèque majeur du XXème siècle. Je jetais donc mon dévolu sur un récit de voyage rédigé peu avant la Seconde Guerre Mondiale et le décès de l'écrivain, Voyage vers le Nord.

Le voyage vers le Nord conduit Karel Čapek vers le Danemark, la Suède puis les fjords de Norvège. Il effectue ce voyage seul, et même s'il nous gratifie de quelques rencontres plaisantes, c'est bel et bien la nature et les paysages traversés qui font office de personnage principal du roman et auxquels l'auteur n'hésite pas à s'adresser directement.

Il effectue d'abord un bref passage au Danemark, un pays propère où il fait bon vivre et où les gens se font confiance, décrite (comme toujours) avec le sens de la formule :

"Rien à dire, c'est un tout petit pays, quoi qu'il compte plus de cinq cents îles ; c'est une petite tranche de pain, mais bien beurrée. Loués soient ces troupeaux, ces granges, ces pis gonflés, ces clochers émergeant de la cime des arbres, ces ailes de moulins qui tournent dans une brise fraîche…"

N'oublions pas que ce voyage fut effectué en 1936, et Čapek est conscient de la montée de périls. Rédigeant dès 1924 une critique du communisme, il dénonce également le national-socialisme. Les nazis avaient d'ailleurs couché son nom sur la liste des personnes prioritaires pour la déportation après l'invasion de la Tchécoslovaquie. Sa mort prématurée en 1938 lui a évité cette ultime épreuve. Ainsi, dans ce livre, on trouve quelques allusions à la période troublée traversée par l'Europe.

Au fur et à mesure du récit, en concluant son périple et après avoir observé des gens évoluant dans une nature hostile, il perçoit le péril qui monte et la futilité des luttes en cours :

"Un jour, les hommes comprendront qu'aucune victoire n'en vaut la peine ; et, s'il leur faut vraiment des héros, ils pourraient élire ce petit docteur de Hammerfest qui va d'île en île sur son canot à moteur dans la nuit polaire, là où une femme est en train d'accoucher et un enfant de pleurer. Les tambours de la guerre dussent-ils cesser de battre un jour, il y aura toujours bien assez de place pour les hommes courageux et entiers."

Néanmoins, ces quelques lignes ne doivent pas vous détromper sur la nature première de cet ouvrage ; il s'agit d'un récit de voyage où l'on voit défiler devant nous des montagnes, des glaciers, des lacs… le tout servi par un langage très poétique, très imagé. Une lecture qui nécessite une présence de la part du lecteur, une certaine lenteur pour bien savourer. Ajoutons-y un sens de l'humour très développé (ce qui est très tchèque !), illustré ci-dessous par la façon dont il décrit un groupe appartenant à une congrégation chrétienne, ayant pris place sur le même bateau que lui :

"Ils pratiquent avec ferveur l'amour du prochain et s'exercent notamment sur les gens souffrant du mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les marins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostrophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d'une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu'à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !"

Enfin, si L'année du jardinier était richement illustrée par son frère Josef, c'est Karel lui-même qui nous gratifie ici de très jolis croquis des paysages rencontrés.

Il m'a manqué peut-être dans ce livre une partie du charme que j'avais tant apprécié dans L'année du jardinier. Je vous conseille néanmoins d'aller découvrir ce livre en l'empruntant dans votre bibliothèque.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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En 1936 Karel Capek met le cap vers le nord, destination le Danemark, la Suède et la Norvège. En train ou en bateau, il admire les forêts à perte de vue, s'arrête fasciné dans les fjords "c'est une chose qui ne fait plus partie de ce monde, une chose indescriptible", salue les vaches noires et blanches, et rêve devant les fermes rouges qui semblent si accueillantes :

"Ce n'est rien qu'un petit pont de pierre qui enjambe une rivière paisible ; et pourtant ce pont semble mener de l'autre côté, vous savez, de l'autre côté, là où les soucis et la hâte n'existent plus, et où, probablement, on ne meurt jamais. Ce n'est rien qu'une maisonnette rouge et blanc entre des arbres verts ; mais, ma foi, on se dit qu'on serait heureux si on y vivait ; je sais bien que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas si facile d'être heureux, et que cela ne s'apprend pas, même au paradis ; mais ce pays est ainsi fait que le voyageur y est immédiatement enclin à croire à la paix, à la tranquillité, au calme et aux vertus cardinales." p. 265

Il se laisse peu à peu gagner par la magie de ces lieux en sursis.

"Et j'ai vu des arcs-en-ciel de minuit tendus de rivage en rivage, un coucher de soleil doré et humide se refléter dans la mer par une aube glacée ; j'ai vu les lueurs de l'aurore et du couchant se fondre en un rayonnement palpitant des eaux, le peigne d'argent du soleil caresser la surface étincelante de la mer. Les sentiers brillants des dieux marins se mirent à scintiller furieusement sur les eaux et le jour fut. Bonne nuit, bonne nuit, car c'est le jour, la première heure ; les montagnes se dissimulent derrière un voile de soleil ; au nord, le vaste sund luit d'une blanche clarté, la mer clapote froidement et le dernier passager du bord plonge frileusement dans un nouveau livre." (p. 185)

"Je sais que tout cela ne mérite pas d'être raconté, et que d'autres que moi en ont vu cent fois plus : mais je suis patriote européen et si je ne devais plus jamais rien voir, je dirais jusqu'à ma mort : "J'ai vu la grandeur du monde." Peut-être que notre planète refroidira un jour - ou que nous nous en chargerons, nous les hommes ; nous mettrons alors une telle pagaille qu'il n'y aura même plus de mouettes pour crier au-dessus des mers. Mais, quand bien même nous découperions les uns les autres en petits morceaux nous ne pourrions pas entamer la grandeur du monde. Je sais, ce n'est pas d'un grand réconfort ; nous vivons des heures sombres, et notre coeur est empli d'inquiétude ; mais le monde est grand." p. 199

Son humour illumine le récit, comme dans ces scènes durant lesquels il se retrouve sur un bateau avec un groupe de représentants d'une quelconque Eglise américaine, "cargaison spirituelle" bruyante et omniprésente :

"Ils pratiquent avec ferveur l'amour du prochain et s'exercent notamment sur les gens ouffrant d mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les amrins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostraophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d'une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu'à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !" p. 107

Et pas une goutte d'alcool pour supporter cela, on ne vend pas d'alcool à bord des bateaux norvégiens ! Ses portraits sont toujours savoureux, il apprécie ses rencontres, telle ce capitaine de bateau débonnaire qui garde le cap et sa bonne humeur quoi qu'il arrive !



Karel Capek ne se contente pas d'écrire, il dessine et nous enchante de ses esquisses qui célèbre la beauté du monde...
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Mais que voilà un 'livre de voyage' positivement charmant! Pas niais, pas lourdingue. L'auteur (et son épouse, devine-t-on), a effectué ce périple en train ou en bateau le long des côtes norvégiennes (avec parfois hélas des passagers envahissants), posant sur les paysages et habitants danois, suédois et norvégiens un regard attentif, bienveillant, non dénué d'humour. Mais subtil. En Europe centrale l'époque promet du grave et lourd, on le sent parfois au détour d'une phrase. Les illustrations de l'auteur ajoutent au bonheur de la découverte.

"Difficile de croire que des hommes, des vaches et des chevaux puissent vivre sur une ligne aussi fine. Mais c'est ainsi, le Danemark n'est fait que d'un horizon net, sans accroc; ça leur en fait, du ciel au-dessus de la tête!"

" et le plus étrange, ce jour boréal qu n'en finit pas, et cette nuit blanche qui n'incite pas à aller se coucher, qui fait qu'on ne sait pas s'il fait déjà jour ou encore jour, si les passants sont déjà debout ou toujours debout."

Les glaciers : " D'un simple regard on peut saisir leur méthode de travail (...). Là où ils s'attaquent à un massif digne de ce nom, ils retroussent leurs manches, et les voilà qui broient, qui concassent, qui chantournent et qui affûtent jusqu'à former un amphithéâtre entre les montagnes; telle une moraine, ils traînent et charrient les débris hors de la cuvette et y installent au fond un lac, auquel ils suspendent une cascade, voilà le travail."

(j'ai aimé cette façon de décrire la nature et les paysages, quasi tout du long)

"Il semble que, dans ce monde, les costumes traditionnels et autres particularités ethnologiques n'aient plus d'importance que pour ceux qui peuvent en vivre."

Cette lecture a développé en moi une grande envie de découvrir ces contrées (et il faut dire que les séries nordiques avaient déjà commencé)
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Ce livre attire le regard tant la couverture est belle et mystérieuse. Avec ses pages intercalaires toute noires, et une impression parfaite, ce livre est très beau. Je remercie sincèrement l'ami qui me l'a offert. Je me rends compte qu'il me connaît bien car il m'a touchée sur un sujet que j'adore : les pays nordiques. Là, je peux vous dire que le Danemark, la Suède et la Norvège, vus par Karel Capek en 1936, c'est tout simplement magique. Je me suis laissée emportée par la grâce de ses mots, la franchise de ses croquis. Ses appréciations parfois ironiques et même acides tempèrent l'extase devant des paysages magnifiques à couper le souffle. J'ai eu l'impression de voyager à ses côtés et j'ai adoré. Triste d'être arrivée au bout de cette lecture et devoir atterrir dans ma réalité.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Là-bas, ni lauriers ni oliviers, mais des aulnes, des bouleaux et des saules, des salicaires, de la bruyère, des campanules et des aconits, de la mousse et des fougères; près des torrents, des spirées, dans les bois, des airelles ; jamais aucun Sud brûlant ne sera aussi luxuriant, plantureux, gorgé de sève et de rosée, béni par le dénuement et la beauté, que le pays du soleil de minuit; et tant qu'à partir -- car voyager, ça nest pas rien, que de tracas et de soucis! -- tant qu'à partir, donc, autant que cesoit pour le plus magnifique des paradis; et dis-moi alors si ce n'est pas là ce que tu cherchais. Oui, Dieu merci, j'ai vu ce Nord que je voulais voir, et c'était bon.
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Mais ici on croise aussi des lacs lisses comme des miroirs célestes, et des petits lacs insondables nichés au plus profond des bois, ainsi que des lacs longs et étroits comme des rivières, oui, on croise aussi des rivières, ou älver, lentes et fichées dans les bois noirs, charriant, avec douceur et une sorte d'éternité, des arbres abattus; et les bois se regardent défiler lentement, indéfiniment, irrésistiblement.
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Je sais qu'on ne peut pas les raconter avec des mots; avec des mots, on peut parler d'amour, de fleurs des champs, mais de rochers, c'est plus difficile; est-il possible de décrire avec des mots le profil et la forme d'une montagne?
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Et j'ai vu des arcs-en-ciel de minuit tendus de rivage à rivage, un coucher de soleil doré et humide se refléter dans la mer par une aube glacée; j'ai vu les lueurs de l'aurore et du couchant se fondre en un rayonnement palpitant, le peigne d'argent du soleil caresser la surface étincelante de la mer.
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On parle généralement de silhouettes fantastiques, de pics sauvages, de massifs puissants,etc., mais ça ne va pas; avec de simples mots, on ne peut pas suivre la ligne des crêtes comme avec son pouce, pincer les plus hautes cimes, découvrir joyeusement à tâtons leurs arêtes, leurs failles et leurs faces lisses; avec des mots, on ne peut pas palper les ramifications des montagnes, leur colonne vertébrale saillante, leurs membres puissants, leurs jointures nerveuses, leurs formidables nuques, reins et bassins, épaules et cuisses, genoux et jambes, articulations et muscles; mon Dieu, quelle anatomie, quelle beauté!
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