Le plan déchiqueté

Détective pour une agence tokyoïte, le narrateur doit retrouver la trace de Nemuro Hirochi, un homme d'une trentaine d'années qui s'est purement et simplement volatilisé à quelques pas de son domicile. Dès le départ, la situation est brumeuse. L'homme a disparu depuis 6 mois déjà, les premières investigations ont été menées par le frère de sa femme, un personnage louche et insaisissable. Interrogée, Haru, l'épouse mystérieuse laisse échapper peu d'informations, si ce n'est une boîte d'allumettes retrouvée dans la poche de l'imperméable de son mari. Ce maigre indice conduit le détective dans un bar mal famé où se réunissent des chauffeurs de taxi clandestins. Perdu dans une ville en pleine expansion, s'égarant dans le monde des affaires louches, des magouilles et des voyous, le détective traque sa proie, s'identifie au disparu au point de se perdre lui-même.

Etrange écriture que celle de Kôbô Abé, distanciée, froide, tortueuse, parfaitement adaptée à ce roman qui débute comme un polar pour glisser vers un récit surréaliste où le temps et l'espace se diluent dans une confusion totale. le détective-narrateur déambule dans une ville tentaculaire qui ne cesse de s'étendre; une expansion propice aux spéculations immobilières et financières, aux magouilles, aux pressions. Monde de la nuit, territoire des yakuzas, économie clandestine sont autant de lieux qu'il touche du doigt, qui se dérobent à lui pour mieux le rejeter à la périphérie de cette ville qui ne veut pas de lui et de ses questions. Il en perdra la mémoire, le sens de l'orientation, la raison...
Une lecture difficile, peuplée de personnages mystérieux, à l'intrigue embrouillée, un polar hors-normes qui déboussole mais peut séduire.

J'essaie ... d'enquêter ... sur ce livre, ...
de me positionner ... par rapport à lui ...
mais tous les mots ... tous les signes ...
... se stratifient...
... se statufient ... se subsument ...
... en une méga-police ...
... de la megapolis...
Psychotiques, ... métonymiques, ...
ils glissent ... dans les interstices ... interlopes...
... Ils laissent ... tout en plan ...
... et disparaiss...

No direction own
Les romans de Kobo Abe sont inclassables, ils ne se laissent jamais réduire à un genre. Même si le personnage principal est un détective enquêtant sur une disparition, cela n'en fait pas un roman policier. Les pérégrinations d'un individu dans une ville peuvent-elles nous dévoiler quelque chose sur sa personnalité, et que dire quand celle-ci nous entraîne dans le labyrinthe que forme la ville de Tokyo ? Il n'y a pas qu'un effet labyrinthe dans ce texte, mais aussi un effet miroir, une mise en abyme croisée entre le chercheur et l'objet de sa recherche. Les rencontres avec autrui sont toujours déroutantes, elles débouchent souvent sur de la frustration, de la violence ou une inquiétude qui rendent encore plus opaque la réalité. La perte d'identité devenant même une solution possible à la recherche d'une vérité éclatée.

Roman fascinant qui commence par une enquête policière. Un détective privé est chargé de retrouver un disparu dans l'immensité de la cité moderne. le "plan", c'est celui de Tokyo, où il n'y a ni noms de rues, ni numéros. le privé plonge dans l'enfer de la métropole, erre dans les bas-fonds, dans un univers de sexe avili et de violence. A la chasse, il faut se mettre dans la peau de la proie. Peu à peu le héros perd ses attaches, son identité, il devient une errance dont nul ne peut apercevoir la fin. Sous des dehors de polar, ce roman raconte un voyage initiatique, un progressif dépouillement à la rencontre de soi-même.

Je vais être honnête, je n'ai absolument rien compris à ce roman, je m'attendais à lire une enquête policière, et même si le récit en a la forme, le fond n'est vraiment pas dédié à ce genre. C'est un récit obscur, flou, les personnages ne sont pas vraiment ce qu'ils paraissent. Je me suis ennuyée et je l'ai traîné tel un boulet. Gros bémol pour la traduction : traduit de l'anglais et non du japonais