La femme du gardien de zoo est un livre étonnant. de par sa forme d'abord qui rejoint le docu-fiction. Il entremêle en effet des passages romancés avec une narration (très) descriptive et des dialogues inventés (même s'ils s'appuient sur des faits), mais aussi des extraits de journal d'Antonina et d'interviews de Jan Zabinski et des parties où l'auteur nous resitue le contexte historique.
Car oui,
la femme du gardien de zoo, vous le savez sans doute, est une histoire vraie. L'histoire de ces époux responsables d'un zoo qui voient leurs animaux massacrés à l'occasion de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne et de l'éclatement de la seconde guerre mondiale et qui décident d'utiliser le zoo pour aider et cacher des juifs, et autres actes de résistance.
Antonina et Jan sont des gens bons (même si personnellement le zoo me fait horreur et plus encore dans la conception de l'époque) qui aiment et défendent leurs animaux. Ils défendent la conviction de s'acclimater le plus possible à l'habitat naturel de chaque espèce et de leur offrir de l'espace (alors que bien souvent il s'agissait d'étroites cages en ce temps-là). Mais les passages – assez nombreux – où il est fait référence aux animaux me faisaient souvent frémir à cause du traitement qui leur était réservé et l'incongruence avec l'amour des animaux (par exemple faire l'élevage d'animaux pour leur fourrure… mais les animaux, ai-je cru remarquer, sont souvent mal aimés (en deux mots) par les personnes qui disent les aimer).
Du côté nazi toujours sur la question animale, le livre nous apprend – du moins je l'ignorais – que le nazisme ne défendait pas l'hygiénisme racial seulement pour les hommes, mais aussi pour les animaux ! Jusqu'où va la folie des hommes, je m'interroge encore… Ainsi, il est question de recréer des races disparues, telles l'auroch en prenant des caractéristiques de bovins et en les reproduisant jusqu'à obtenir une « race pure ». le dessein de cette opération ne consistait pas à protéger une espèce éteinte en lui redonnant vie, mais de pouvoir en disposer librement ; quitte à s'offrir des parties de chasse et les liquider.
A ce sujet, le pseudo respect des nazis pour les animaux – plus que pour certains hommes – est une légende faite de paradoxes. « (…) alors que les sujets de Mengele subissaient parfois des opérations sans recevoir aucun analgésique, un grand biologiste fut un jour sanctionné car il n'avait pas assez anesthésié des vers pendant une expérience. » A côté de cela, les nazis pouvaient massacrer des animaux lors de parties de chasse cruelles, d'autant plus que le combat pouvait être inégal puisque les animaux encore encagés…
Quand on aime les animaux ce livre n'est donc pas toujours agréable à lire, car même quand il nous est conté des anecdotes charmantes voire rigolotes (exemple du poussin qui campait sur le dos d'un lièvre telle une monture), malheureusement à un moment ou un autre, cela fini mal…
Il y a aussi des moments d'émotions avec le sort réservé aux juifs, mais ils sont assez rares.
Le livre relate par ailleurs des sujets peu traités que j'ignorais totalement, comme les tentatives d'aryanisation des juives via la décoloration, l'apprentissage de coutumes polonaises et de prières catholiques, tout comme l'allongement du prépuce des hommes.
Mais, si le livre n'est pas déplaisant – et pour certains points il reste intéressant – les nombreuses digressions de l'auteur entrecoupent beaucoup le récit et on ne sait plus vraiment si on est dans un livre d'Histoire ou dans une histoire qui nous est contée.
A lire pour connaitre cet acte de résistance assez inédit, mais ce n'est pas une oeuvre indispensable.