Cet ouvrage brillantissime est je pense accessible à des personnes ayant de solides connaissances musicales, en particulier de la période du début du XXème siècle, l'école viennoise, et surtout du dodécaphonisme. Par ailleurs, la lecture sera plus aisée pour un lecteur habitué à lire des ouvrages philosophiques et hautement intellectuels. Personnellement, j'ai pu m'accrocher quant aux références musicales (avec des différences notables, puisque si je suis très à l'aise avec Mahler, un peu avec Schoenberg, je le suis beaucoup moins avec Berg ou Webern...), mais je n'ai pas les capacités intellectuelles et les connaissances qui m'auraient permis de comprendre le développement de la pensée d'
Adorno. Même si j'ai eu l'impression d'être parfois intelligente en lisant ces lignes, j'ai bien conscience que je n'ai pas dû comprendre grand-chose de ces idées tout de même assez austères. J'ai quand même souri (oui j'ai osé) en découvrant le regard du philosophe viennois sur le très français Carmen de Bizet.
Dans la dernière partie de l'ouvrage, le "finale",
Adorno esquisse les préceptes du futur de la composition musicale qu'il entrevoit après l'entreprise de démolition de la tonalité par Mahler, assumée et prolongée par l'école viennoise, pour tenter une analyse de la musique sérielle et atonale. Là, j'avoue que j'ai carrément décroché. Mais je salue bien bas cette montagne d'intelligence... réservée à d'autres que moi.