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Karine Louesdon (Traducteur)José Ruiz-Funes Torres (Traducteur)
EAN : 9782746713291
98 pages
Autrement (30/11/-1)
4/5   2 notes
Résumé :

le moment est crucial. À l'espoir se mêle la crainte, avant l'action. Et l'on reste en suspens, touché de manière inattendue par l'histoire de ce "cancre", inspirée de la vie de l'auteur. Ou par celle du jeune Pedro, l'apprenti pêcheur. Celle de Toni, immobile au fond de la boutique de son père, qui surprend une sinistre conversation avec un fantôme du passé. Ou encore celle de Young Sànchez, le boxeur poids... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sept nouvelles où sept jeunes garçons encore dans l'enfance ou sur le point de devenir adulte rêvent d'un changement. Parfois la réalité se rappelle à eux et ils font face dignement à l'adversité, avec courage et fierté. Parfois l'auteur laisse le texte sans conclusion, ouvert sur la possibilité d'un basculement favorable mais parviendra-t-il à la hauteur du rêve ? La lutte de ces jeunes défavorisés qui supportent et tentent de surmonter de durs handicaps se situe dans les années d'après guerre (les nouvelles sont écrites entre 1955 et 1957), avant que se profile le développement économique mais dans une société qui commence à bouger. Aldecoa les décrit avec une grande sensibilité, dans un style dépouillé et pourtant plein de poésie.

Dans, Entre le ciel et la mer (nouvelle qui donne son titre au recueil)
Pedro, quatorze ans, pêche depuis la plage pour le compte de don Venancio mais son rêve est de pêcher au large comme le fait son père sur une des chaloupes appartenant à don Feliciano
Elle offre le regard d'un enfant qui est en train de devenir un homme et observant le travail de son père rêve d'être enfin un pêcheur comme lui.
p 7 "C'était la troisième fois de la matinée. Les enfants s'approchèrent à nouveau. le bruit de la mer se confondait avec leur voix, qui se mêlait à un cri unanime. Quelques secondes de silence, puis pareil à un grondement ou à un râle d'agonie, le refrain monotone : aaaaou… le filet venait peu à peu jusqu'à la plage rugueuse. Sa douce couleur automnale, brisée par le reflet argenté d'un tout petit poisson ou le vert blême d'une algue prise entre les mailles, scindait l'obscure désolation de la grève ; pas loin, une barque vide, ballottée par les vagues.
Les enfants piétinaient le filet. (…) Pedro les regardait, supérieur et hostile, parce qu'il était presque un homme et qu'il travaillait."

« Aldecoa se moque » et l'auteur aussi quand il nous conte un souvenir de ses années à l'école des frères, école catholique où il ne se sentait pas à sa place et s'évadait de la classe en voyageant à travers la contemplation d'un vieil atlas ou celle d'une mouche qui se pose sur sa main droite, attendant impatiemment la cloche de la récréation. Il avait alors 14 ans.
Don Amedeo, le professeur, estime qu'à cause d'un sourire, pourtant involontaire, Ignacio s'est montré irrévérencieux. Cet incident va retarder la sortie en récréation, Ignacio ayant bien du mal à expliquer pourquoi il a souri. Il ne répond tout d'abord pas et se contente d'observer ses chaussures sales : « L'une d'elles, dont la semelle était décollée à force de confondre pierres et ballon, souriait largement. Elle devait le trouver bien lâche, cet Aldecoa, ce crasseux aux grandes oreilles, ce trouillard. » Et il se remet à sourire, provocateur…

« Chico de Madrid », vivant de la chasse aux rats et aux grenouilles va se laisser séduire passagèrement par le mirage de bonnes « affaires » à faire en ville. Foncièrement honnête il préfère revenir sur les terres qu'il connaît et poursuivre sa chasse… "sa place n'était pas en ville, mais dans ses confins : entre l'appel au large des grands champs et l'entassement stratégique des premiers immeubles.
(...) Non, il ne retournerait plus en ville et il s'amuserait dans ces coins perdus jusqu'à l'appel de l'armée" mais...

Dans « Terre de personne », un jeune soldat va se laisser aller à rêver à des possibilités offertes par une invitation à venir le voir que lui fait un officier. Il s'y rendra et subira une humiliation.

… comme une volute de fumée, …
Andres aime aller goûter en compagnie de Dona Ricarda une voisine qui vit avec son fils Prudencio, dont il aime les histoires qu'elle lui raconte après le goûter : « La tartine de miel et les noix, accompagnées de la chaleur du petit brasero, de l'eau sucrée et des prières susurrées par dona Ricarda avant les histoires, ont un goût d'autrefois, un parfum d'abandon et de tendresse, une tiédeur de giron. Andres se pelotonne sur lui-même.» p 44
Mais elle lui décrit aussi avec force détails comment la mort s'introduit dans les maisons et choisit de s'y arrêter ou de passer son chemin sans se douter de ce que vont provoquer les images qu'elle a fait naître dans l'imaginaire de l'enfant… Il va sans qu'elle le veuille, grandir grâce à elles…

« Un coeur humble et fatigué »
que celui de Toni, enfant au coeur fragile. Il a eu une alerte cardiaque et son père le force à rester confiner dans le magasin d'épices qu'il tient. En voulant ainsi le protéger d'une rechute, il va sans le vouloir lui faire découvrir la guerre. Une visite dans le magasin va faire que Toni qui écoute et voit du fond de la boutique se trouve rattraper par la guerre va en ressentir la douleur et en souffrir, une guerre qui va prendre forme par un visiteur mystérieux qui vient rappeler le passé à son père.
« Toni était en train de comprendre, de saisir ; à l'horizon, il y avait comme un temps, et là-bas, des évènements et des hurlements qui ne faisaient pas partie de sa vie ; aujourd'hui ils revenaient, sinistres, pareils à une meute. p 60

« Young Sanchez »,
c'est Paco, un jeune boxeur qui est dans l'attente de son premier combat en tant que professionnel, dont tout ceux qui l'entourent, famille, voisins espèrent la victoire et le voient déjà devenu champion sous le nom de Young Sanchez. Pour eux tous et en particulier pour son père ce serait un peu leur victoire.

Un grand remerciement à Rafael Chirbes pour cette découverte d'Ignacio Aldecoa qu'il m'a indirectement offerte — parmi bien d'autres dont je vais continuer à profiter — lors de ma lecture de son roman «Crémation».
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Chico de Madrid était un fin pastoureau de mouches, un Job-escargot portant sur son dos son tas de fumier ; à 13 ans, il en savait plus sur la chasse en lisière des villes que tous les traités de cynégétique. Il avait fait son éducation sur les rives du Manzanares, et son apprentissage au fil de ses expériences. Chico de Madrid était bigleux et autodidacte, crasseux et chafouin, grand amateur de mégots, maraudeur aux abords des casernes sans cesse à l'affût d'un reste de rata. Il escaladait les murs et grimpait aux arbres avec agilité, mais jamais il n'avait enfreint la loi. Il possédait un brin d'orgueil et manquait rarement sa cible ; il aurait pu avoir sa propre bande, obtenir un doctorat en friponnerie ou intégrer une amicale de chapardeurs. Or, rien de tout cela ne l'intéressait, car il avait l'âme pure et aventureuse. (Chico de Madrid, p 23)
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