Le serpent autour de l'étoile

Simon Giordani est un profileur parisien nommé par le tribunal de Rennes pour enquêter sur un infanticide.

Présenté ainsi, on peut penser que ce roman va ressembler à un épisode de l'une de ces séries policières françaises pleines de clichés et de bons sentiments.

Et bien pas du tout !

Ce qui semblait débuter comme une histoire policière presque banale, prend très vite des aspects inquiétants, s'écartant des sentiers battus du polar pour rejoindre les sombres chemins du fantastique.

Les deux atouts majeurs de ce roman très réussi sont qu'il se déroule en France de nos jours, donc dans un environnement qui nous est familier, au contraire de la majorité des "thrillers fantastiques" situés dans les pays anglosaxons.

Et c'est surtout, la qualité de l'écriture de Dumé Antoni que l'on remarque,il sait habilement entretenir et faire monter le suspense, mêlant des éléments d'une enquête policière classique à des aspects surnaturels qui déstabilisent autant le personnage principal que le lecteur.

Jusqu'aux dernières lignes, l'ambiance de mystère est maintenue, un auteur et un roman qui méritent grandement l'attention des amateurs.

Deuxième livre de cet auteur. Deuxième plaisir de lecture.
Un roman fantastique qui surprend, parce que, telle qu'elle est écrite, l'histoire est terriblement dérangeante. D'abord à cause du meurtre horrible d'un petit enfant, meurtre inexplicable et inexpliqué, ensuite à cause du ton et de l'attitude du narrateur. Simon, criminologue de son état, a été mandaté par la procureure de Rennes pour étudier cette sombre affaire et lui apporter son expertise. Mais tout ce qu'il fait et exprime l'est d'une manière étonnamment calme, détachée, la parant d'un caractère aussi envoûtant et inquiétant que les événements auxquels il se trouve mêlé : une secte satanique dont le symbole donne son titre au roman, des créatures monstrueuses à la fois oniriques et réelles, et mille autres éléments angoissants.
Ici, pas de surenchère, pas de grands éclats, ni de scènes de blockbuster horrifique. Toute la richesse de l'histoire repose sur ce calme, cette lente avancée de celui qui, malgré sa peur et sa raison qui vacille, veut résoudre rationnellement ces mystères, sans chercher à foncer dans le tas. On mange tranquillement avec lui, on voyage à ses côtés et va à la rencontre de chacun, on interroge témoins et acteurs annexes de ce meurtre avec lui, où chaque pas soulève autant de questions qu'il donne d'indices. Quelle en est la réalité ? Quelle en est la part chimérique ? Quel est ce chien monstrueux qui, né d'un rêve, existe dans notre monde ? Simon va jusqu'à douter de sa raison autant que de ce qu'il vit, dans lequel le temps et ses perceptions paraissent tout déformer.
Un plaisir lu en trois soirées, avec une double fin qui est un régal – même si, comme souvent dans le fantastique – aucune vraie réponse n'est apportée, mais ce n'est pas le propos. J'ai un peu grincé des dents sur un argumentaire juridique avec la réfutation d'un élément de preuve, mais parvenu à cette deuxième fin, ce fut pour me dire que tout cela n'avait rien d'illogique, bien au contraire : j'aurais dû m'interroger à ce moment et non dans les chapitres suivants pour être sur la piste.
Un quasiment « cinq étoiles » vraiment mérité, car chaque page tournée donne envie d'arriver à la dernière ligne et de comprendre l'incompréhensible. Et, tant pis, je me répète, mais cette fin en virevolte après la fin est un délice, comme ce petit chocolat ou cette goutte d'Armagnac que l'on s'offre avec le café et qui sublime le goût resté en bouche.

"... Tout commence avec Estelle qui est retrouvée nue dans son jardin de la banlieue Rennaise devant une poubelle en feu. Dans le brasier, son fils Jordan qu'elle a assassiné un peu plutôt. Elle ne renie pas le meurtre devant la procureure et le juge mais elle soutient que Jordan n'est pas son fils. La magistrate pour éclaircir cette sombre affaire va faire appel à Simon. le criminologue, détective privé va mener une enquête pour savoir si Estelle à eu des hallucinations, si elle était sous l'emprise de drogue lors du meurtre de son enfant? Ou peut-être est-elle atteinte d'une maladie mentale ? Tout au long du roman on va suivre Simon dans une enquête palpitante, menée tambour battant. Il va être confronté à des phénomènes inexplicables. L'onirique rejoins la réalité à moins que ce ne soit l'inverse. A moins que se ne soit Satan en personne qui tienne les ficelles du monde ? ..." http://luniversdulfin.over-blog.com/2020/10/le-serpent-autour-de-l-etoile-plib2021.html

J'ai découvert la plume de Dumé avec ce Serpent autour de l'étoile, et le moins que l'on puisse dire est qu'il sait écrire. Moi qui ait du mal avec certains styles dépourvus d'élégance, j'ai accroché dès les premières pages, et ce d'autant plus que le rythme de ce roman est plutôt soutenu. On a parfois l'impression de lire un thriller, impression sans doute renforcée par le fait que l'auteur connait visiblement bien l'univers judiciaire. Cependant, la trame de l'histoire permet longtemps le doute : va-t-on finir par découvrir une explication rationnelle à ce qu'il se passe ? Ou va-t-on basculer dans l'horreur la plus absolue ? Bien entendu, je me garderai bien de le révéler ici, mais je vous laisse un indice à travers cette jolie phrase tirée du roman : "Un pan entier de la réalité s'était détaché du temps et de l'espace". Je recommande vivement ce brillant ouvrage.
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