Ce court roman est un vrai coup de coeur, une pépite littéraire, un peu hors norme, très sympathique et plaisant à lire, qui semble léger mais renferme en réalité une belle réflexion sur le sujet de l'illusion, du mensonge et de ses conséquences parfois inattendues. Un livre puissant, vaudevillesque, où le marivaudage et les faux semblants sont légion, où pauvres et riches sont caricaturés, et où l'écriture est un personnage à part entière.
L'auteur
Francisco Arenas Farauste, en parfait illusionniste, manie habilement et intelligemment la langue, l'écriture, le roman épistolaire, l'art de la transposition, du semblant, du mensonge. Les coups de théâtre, les retournements de situations, les rebondissements constituent le nerf de ce roman, le moteur étant le pouvoir de l'écriture qui créée l'illusion, qui envoûte, qui vous fait dire et penser ce qu'il veut, qui vous emmène dans ses retranchements, pour parvenir à ses fins. Une simple lettre, bien écrite, peut-elle changer le cours d'une vie ? La réponse se trouve à la dernière page, après moults revirements de situations et de découvertes.
L'histoire se situe au début du XXe siècle, à Paris, lorsque Mathilde dite Mathie, la cinquantaine, riche héritière habitant un hôtel particulier près de l'Opéra Garnier, demeure de son père presque centenaire, le Baron de Barante, reçoit une longue lettre de 15 pages. Cette lettre est un acte de confession, qui se veut explicatif du passé, le support d'un aveu de trahison, de fausseté, de mensonges, un imbroglio de souvenirs.
Il y a une vingtaine d'années, Mathie et le prince Kougloff se sont éperdument aimés, pendant plusieurs mois, une passion absolue, débordante, dévorante, ruineuse, jusqu'au départ soudain du prince qui n'a plus donné signe de vie. Mathie a fait sa vie, s'est mariée, a eu deux enfants, est devenue veuve récemment. C'est alors que la lettre arrive. La lettre raconte les différents mensonges perpétrés par Louis, boulanger-pâtissier provincial, qui a le coup de foudre pour la jeune noble, et qui envisage pour la conquérir et la faire sienne, de se faire passer pour un prince russe, afin de se hisser à son rang social et de mettre toutes les chances de son côté. le préambule est posé.
Comment raconter ce roman sans rien divulgâcher ? Je crois qu'en voulant le résumer, c'est un texte encore plus grand que je ferai. La quatrième de couverture est parfaite comme résumé, tout le reste réside dans l'écriture de l'écrivain, et dans l'art de manier les mots. Ce roman ne se lâche pas, et en lisant le dernier mot, on n'a qu'une envie, reprendre le livre au début, car nous aussi on s'est laissé bernés, et c'est tant mieux.
A lire absolument, vous ne serez pas déçu.
Je remercie vivement les Editions 5 sens et Babelio Masse Critique pour cette merveilleuse découverte.