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Lucien d'Azay (Traducteur)
EAN : 9782251452890
340 pages
Les Belles Lettres (18/03/2022)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Licornes, dragons, griffons : la vie des hommes du Moyen Âge, de l’An Mille à la Renaissance, est peuplée de quantité de créatures fabuleuses, mais aussi réelles et redoutées. Les saints Pères du désert, les moines et des prédicateurs dignes de foi assuraient que des bêtes féroces et des créatures monstrueuses et hybrides envahissaient la terre. Et comme ces chimères étaient envisagées à la lumière de la Création, elles suscitaient des interrogations fondamentales. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Dans cet essai richement illustré avec des reproductions d'enluminures ou de tableaux, des photographies d'objets précieux ou de monuments sculptés, etc., on a affaire à une étude des animaux en général (réels ou non), depuis leur création par Dieu (après tout au Moyen-Age, la Bible est le livre de référence) jusqu'aux dangers qu'ils représentaient pour les hommes de l'époque, en passant par les preuves de leur existence (cornes de licorne, ongles de griffon et autres écailles de dragon qu'on pouvait trouver chez les marchands ou dans les collections) ou les cartes extraordinaires rédigées pour montrer le monde et leurs occupants.

Le livre est sans doute destiné à un public d'amateurs éclairés cherchant à approfondir leurs connaissances : le texte en lui-même est tout à fait abordable, mais l'auteur adopte une approche "scientifique" en évoquant les différents points de vue possibles et en émaillant son texte de nombreuses références aux ouvrages ayant servi à ses recherches. Par exemple, les animaux nommés par Adam occupe tout un chapitre : c'est intéressant en soi, mais y consacrer une cinquantaine de pages pour évoquer les différentes sources ou les variations d'interprétation semble exagéré à la dilettante que je suis…
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Utiles ou dangereux,
Fantastiques ou réels,
Exotiques ou domestiques,
Créatures divines de l'Eden perdu,
Synonymes de rédemption ou châtiments,
Porteurs de signification théologique complexe,
Exorcisants la peur,
Justifiants la foi,les animaux, au Moyen Âge, ont toujours été pensés en fonction de leur relation à l'homme. 

Leur présence est très dense, comme le montre ce magnifique livre de Chiara Frugoni, splendide tant dans la forme que dans le contenu : dans les presque quatre cents pages brillantes, les textes qui témoignent de l'investigation curieuse, animée et toujours vive de l'historienne, sont accompagnés de de splendides photos, des reproductions de manuscrits, de cartes, de sculptures, de peintures et de tapisseries capables de vous laisser sans voix. 
C'est une habitude avec cette auteure, la passion du détail ou plutôt des détails. Comme elle l'a déjà démontré, dans l'ouvrage consacré aux fresques de la Basilique Saint François D'Assise, chez le même éditeur, sa connaissance sans faille des textes alliée à une précision hors pair de la description, de la recherche du détail caché, des sens voulus par les sculpteurs, peintres, enlumineurs, etc... Rien ne lui échappe, pour notre plus grand plaisir car on se prend au jeu.

Le travail d'édition est une nouvelle fois exceptionnel de la part des éditions Les Belles Lettres.
Chiara Frugoni décide de remonter le temps jusqu'à la Genèse pour revenir au Moyen Âge pour expliquer la place des animaux. Car il faut bien leur donner un nom, et déjà à ce moment là du livre : le double récit de la Création, on sent bien que nous allons aller de découvertes en découvertes.

Au fil des pages, des titres de chapitres, l'auteure invite le lecteur à courir de paragraphes en paragraphes, pour découvrir les secrets cachés derrière la présence de licornes, griffons, centaures,... Inévitablement, cependant, l'image attire notre attention : c'est une osmose parfaite, celle entre documents et essais, capable de nous engager dans un chemin qui est tout sauf acquis. En fait, la surprise est immédiate : des bêtes fantastiques côtoient des bêtes réelles même dans la Bible ! Adam est appelé à donner un nom à tous les animaux créés par Dieu : "Un exemple de compétition iconographique entre la scène de Dieu qui crée les animaux et celle d'Adam qui les nomme nous est fourni par les mosaïques qui recouvrent entièrement la première coupole au sud-ouest de l'atrium de la basilique Saint-Marc à Venise."

Mention spéciale pour le chapitre sur les fascinantes Mappae Mundi
Ces cartes du monde qui recouvrent ou pavent les églises et les palais, ou qui enluminent de précieux manuscrits. Ce sont des cartes qui, en plus d'offrir la représentation caractéristique en "T" du monde, recoupent divers épisodes bibliques et historiques, dans lesquels apparaissent de nombreux animaux. 

Chiara Frugoni se concentre en particulier sur la carte d'Ebstorf (gigantesque mappa mundi, composée de trente peaux de chèvre cousues ensemble, retrouvée en 1830 dans l'ancien monastère bénédictin d'Ebstorf, aujourd'hui canonicat protestant féminin de la Basse-Saxe, la plus grande mappa mundi qui nous soit parvenue 3,57 mètres de diamètre), où les différents animaux sont représentés à côté de leur sort. Les plus grands dangers sont, à juste titre, concentrés sur les continents les moins explorés. Là, des présences étranges, voire semi-humaines, font leur apparition, qui suscitent sûrement un sourire chez le lecteur d'aujourd'hui.

Jugez plutôt :
"Une encyclopédie figurée

Tout autour de la carte, les bords sont remplis de textes, tirés presque exclusivement des Étymologies d'Isidore de Séville, qui fournissent des renseignements impossibles à placer à l'intérieur, étant donné la profusion des images ; de fait, sur la mappemonde, les légendes sont très brèves : même les plus détaillées ne forment guère plus de quelques lignes.

Ainsi découvrons-nous des épisodes bibliques, accompagnés de leur représentation respective, tels que l'arche de Noé par exemple, ou la tour de Babel, les peuples de Gog et Magog cités dans l'Apocalypse, Adam et Ève tentés par le serpent ou bien seulement évoqués par leur nom à côté d'un signe symbolique de lieu, comme Ninive, la ville qui allait être détruite par la colère divine. Mais on y voit aussi le tragique destin de Sodome et Gomorrhe et de ses habitants, ou encore Mambré, où trois anges apparurent à Abraham près d'un grand chêne, les tombes des trois patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, les miracles de Moïse devant Pharaon. Ces événements de l'histoire sacrée se mêlent aux histoires de dieux et de demi-dieux païens comme Bacchus et Hercule, aux aventures des Argonautes, y compris la conquête de la Toison d'or, à l'histoire d'Andromède enchaînée nue sur un rocher et sauvée par Persée. La carte ne manque pas de fournir aussi de plaisantes curiosités. En Scythie, il existe par exemple une fontaine qui a la propriété de faire changer de sexe : l'homme qui s'y plonge en ressort femme.
De célèbres monuments tels que le labyrinthe de Cnossos, le colosse de Rhodes, les colonnes d'Hercule et le phare d'Alexandrie s'insinuent parmi les représentations de villes antiques et médiévales, d'églises et de monastères (dont sont mentionnés les fondateurs et les successeurs). Les voyages et les exploits d'Alexandre le Grand occupent une place importante et proviennent tous du Roman qui le concerne. le Macédonien rencontre et combat les griffons, les Amazones, les Cynocéphales, les Panotéens et les Hippopodes à pieds de cheval, les Ichtyophages qui ne mangent que du poisson ; il enferme dans l'enceinte d'une muraille infranchissable les peuples anthropophages de Gog et Magog ; descend, à bord d'une espèce de bateau aux fenêtres de verre, conçu par les brillants artisans de l'île de Mioporen, dans les profondeurs de la mer ; triomphe du souverain perse Darius et du roi indien Poros, honore le premier avec une tombe appropriée à son rang, et interroge les arbres du soleil et de la lune, près du paradis terrestre, qui lui prophétisent sa mort prochaine.
Les nombreuses bêtes, dangereuses pour la plupart, réelles ou imaginaires, dont sont évoqués les habitudes et les comportements fabuleux, y jouent un rôle très particulier.
Les Saintes Écritures, la mythologie, des informations relatives à la faune transmise par les bestiaires et par les auteurs antiques, mais aussi des renseignements sur la géographie et l'histoire des événements de l'humanité, tout s'amalgame sur le tableau synoptique du savoir médiéval où se mêlent aussi des époques différentes : Adam et Ève sont tentés par le serpent tandis que la colombe rejoint l'arche de Noé solidement encastrée dans le mont Ararat, et le Christ, au centre de la carte, ressuscite à Jérusalem"

La carte d'Ebstorf est juste splendide et l'analyse qui en est faite est un régal, de descriptions dont seule Chiara Frugoni en avait le secret (l'auteure est décédée le 9 avril dernier)

Et que dire des nombreux animaux dangereux dans la réalité ?
Le loup, l'ours, le sanglier se reproduisent au haut Moyen Âge, tandis que plus tard les panthères , les lions et les tigres , souvent interprétés de manière allégorique, prennent plus de place.
Parmi les nombreuses curiosités, impossible de ne pas rouler des yeux devant les procès d'animaux ! On dirait un conte à la Orwell, celui que nous présente Chiara Frugoni : des sangliers et des cochons jugés devant la foule de leurs semblables et de leurs maîtres, pour observer les accusés presque toujours mis à mort dans d'atroces souffrances. Mais c'était la réalité : grotesque, lugubre, violent, à l'image de tout ce que l'homme ne pouvait dominer, comprendre ou expliquer.

Dans ce parcours iconographique et textuel, Chiara Frugoni nous accompagne à la découverte d'une relation chaotique, loin de la pleine fraternité que seul saint François semble apporter.
Et aujourd'hui ? Que pourrait-on écrire sur le lien homme-animal ? Comme toujours, l'art et l'histoire aident à réfléchir sur le passé, mais ils sont aussi un pont précieux pour comprendre plus profondément les vices, les qualités et le potentiel de qui nous sommes.
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Nous voyageons dans ce livre a travers le monde selon le moyen age occidental. Un parcours agréable a travers des illustration magnifiques et colorées qui appuient les arguments de l'autrice. le tout dans un format très agréable.

Le titre de cet ouvrage est quelque peu trompeur (du moins celui la traduction française). En effet le thème de ce livre est plutôt la perception des animaux (fantastiques ou réels) au moyen age. Nous découvrons en grande partie des animaux lointains voir mythiques et les légendes qui leur sont associés. Seulement un chapitre à la fin du livre traite du rapport entre les animaux et les humains dans la vie de tous les jours.

Cependant ce livre nous apprends beaucoup de chose non seulement sur la perception des animaux, mais aussi celle du monde.
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Ce titre m'a interpellé lors d'une Masse Critique organisée par Babelio; m'intéressant en ce moment au Moyen Âge dans le cadre de recherches, il tombait à point nommé ! Et c'est justement ce que l'on vient chercher avec ce genre d'ouvrage : un contenu spécialisé pouvant répondre à nos questions. Traité avec minutie, le sujet développé ici s'adresse donc à un public restreint.

Les animaux occupent une place spécifique dans les oeuvres qui nous sont restées du Moyen Âge; ainsi les tapisseries, ornements d'églises, enluminures et autres tableaux les représentent de manière plus ou moins diverses (l'imagerie de cet ouvrage nous permet de constater la ressemblance frappante entre certaines créations) avec pour point commun celui de raconter: raconter leurs histoires, leurs légendes, des faits réels comme mythiques, mettant en garde, protégeant, ou servant encore de bestiaire.

Spécialiste d'histoire médiévale, Chiara Frugoni apporte son expertise en analysant avec concision chacune des oeuvres qu'elle choisit de présenter, s'attardant, dans le contexte, sur le récit biblique de la Création, point d'orgue de la pensée de l'époque. Analyse d'oeuvres plutôt que traité sur les relations médiévales de l'homme à l'animal comme je me l'étais imaginé, je n'ai pas forcément trouvé ce que je cherchais dans ces pages; ceci dit elles sont à même de nous apprendre des éléments étonnants et j'ai savouré avec passion certains passages – notamment celui sur les licornes, qui m'a fasciné – et ai contemplé avec intérêt les nombreuses illustrations parsemant ce livre.

L'étude que propose l'autrice satisfera sans aucun doute le lectorat concerné, la richesse de son investigation est admirable.
Lien : https://bessiesbazaar.wordpr..
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Un ouvrage à l'iconographie riche et remarquable. Cependant le titre est trompeur. Il ne s'agit pas d'une analyse du vécu des hommes du moyen-âge au contact des animaux mais d'un catalogue de créatures fantastiques présentes dans l'iconographie chrétienne du moyen-âge. L'ouvrage est très descriptif et pêche par manque de synthèse selon moi. Il en devient rébarbatif d'autant que les analyses et les explications symboliques sont trop succinctes ou répétitives, surtout quand un lecteur, comme c'est mon cas, ne maîtrise pas bien le récit biblique. le livre demeure intéressant pour la découverte de documents iconographiques dont je n'avais jamais entendus parler.
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critiques presse (3)
NonFiction
27 septembre 2022
Grâce à cette exploration de la relation entre l’homme et l’animal au Moyen Âge, on comprend mieux les modes de pensée de l’époque, notamment quand il s’agit de penser l’inconnu, dans une quête de sens jamais satisfaite.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
24 août 2022
Paru en Italie en 2018, Vivre avec les animaux au Moyen Age, dont une impeccable traduction, magnifiquement illustrée, sort en France peu après la disparition de son autrice, le démontre une fois de plus.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
28 juin 2022
La médiéviste italienne Chiara Frugoni analyse les liens complexes qu’hommes et femmes entretiennent avec les animaux.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Au paradis perdu qu’était devenue la terre pour les descendants d’Adam et Eve, les animaux – pour nous imaginaires – étaient eux aussi menaçants : personne ne doutait de leur existence, certifiée par la Bible, par quantité de textes antiques dignes de foi et par des récits de voyage.
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Où vivaient les nombreux animaux dangereux et menaçants que nous avons rencontrés au fil des pages et que citent un si grand nombre de textes dignes de foi ? C’est ce que se chargeaient de montrer les mappæ mundi en parchemin, de grandes cartes géographiques exposées dans les églises ou dans les monastères, ou bien d’un format plus réduit sur les pages d’un codex (ou même étendues sur des pavements en mosaïque). Elles permettaient de faire des voyages imaginaires ; l’espace représenté était rempli de dessins où abondaient les détails tirés du répertoire géographique, historique, religieux et de la mythologie païenne ; les édifices, les villes, les animaux et les plantes y étaient accompagnés de légendes. Les véritables fauves et les bêtes imaginaires, tout aussi féroces, vivaient surtout en Asie et en Afrique, dans des lieux très éloignés.
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La suprématie d’Adam sur tous les êtres vivants appartenait à un passé irrémédiablement perdu, bien différent de la réalité à laquelle l’homme était contraint de faire face au Moyen Âge, étant donné l’inadéquation des armes à sa disposition pour se défendre contre les animaux ou les attaquer. Dominateur pacifique dans le jardin de l’Éden, l’homme, après la transgression, entretient un rapport beaucoup plus compliqué avec la faune qui l’entoure.
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Le premier et le second chapitres de la Genèse sont en effet deux exposés entièrement différents l’un de l’autre – Dieu n’y agit pas de la même manière –, et même si, au Moyen Âge, ils ont été lus à la suite comme un unique récit, il est bon de noter leurs points de divergences car les exégètes et les artistes médiévaux accentuèrent tantôt le premier récit, tantôt le second, offrant ainsi diverses interprétations.
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Au Moyen Âge, en revanche, les hommes entretenaient des rapports très intenses avec les animaux dont ils dépendaient presque entièrement pour se nourrir et pour recevoir de l’aide ; les animaux étaient présents à domicile, dans les étables et les enclos, mais aussi dans les rues des villes, et, comme une menace, dans les vastes étendues et les forêts épaisses.
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Videos de Chiara Frugoni (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chiara Frugoni
Jusqu’à fin septembre, l’intégralité des fresques de Giotto sont présentées en l’église Saint Pierre du Lac à Montigny-le-Bretonneux. Sous forme de 28 panneaux photographiques le visiteur est invité à découvrir la vie de Saint-François d’Assise. Un chef d’oeuvre de la peinture italienne ouvert à tous.
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