STREPSIADÈS.
: Iou ! Iou ! O souverain Zeus, quelle chose à n’en pas finir que les nuits ! Le jour ne viendra donc pas ? Et il y a déjà longtemps que j’ai entendu le coq ; et mes esclaves dorment encore. Cela ne serait pas arrivé autrefois. Maudite sois-tu, ô guerre, pour toutes sortes de raisons, mais surtout parce qu’il ne m’est pas permis de châtier mes esclaves ! Et ce bon jeune homme, qui ne se réveille pas de la nuit ! Non, il pète, empaqueté dans ses cinq couvertures. Eh bien, si bon nous semble, ronflons dans notre enveloppe. Mais je ne puis dormir, malheureux, rongé par la dépense, l’écurie et les dettes de ce fils qui est là. Ce bien peigné monte à cheval, conduit un char et ne rêve que chevaux. Et moi, je ne vis pas, quand je vois la lune ramener les vingt jours ; car les échéances approchent. Enfant, allume la lampe, et apporte mon registre, pour que, l’ayant en main, je lise à combien de gens je dois, et que je suppute les intérêts. Voyons, que dois-je ? Douze mines à Pasias. Pourquoi douze mines à Pasias ? Pourquoi ai-je fait cet emprunt ? Parce que j’ai acheté Coppatias. Malheureux que je suis, pourquoi n’ai-je pas eu plutôt l’œil fendu par une pierre !
L'ENFANT : Pourquoi donc m'as-tu mis au monde, pauvre mère ?
LE CHŒUR : Pour avoir l'ennui de te nourrir.
LES GUÊPES.
ARISTOPHANE – Peut-on rire de tout ? (France Culture, Nouveaux Chemins, 2013)
Émission de radio « Nouveaux Chemins » diffusée le 19 mars 2013, sur France Culture dans le cadre d’une semaine intitulée « Éloge de la parodie ». Adèle an Reeth recevait Ghislaine Jay-Robert, maître de conférence en langue et littérature grecques à l’Université de Perpignan.