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EAN : 9782259316880
272 pages
Plon (24/08/2023)
4.25/5   46 notes
Résumé :
« Il me faut tout savoir, les odeurs, les bruits, et surtout la lumière de Tanger, qui se fraye à l’aube un chemin entre les interstices étroits des persiennes, peu importe la place du soleil. »

Par ces mots débutent les premiers jours de Manelle au Maroc, au début des années 1950. Par ces mots, toujours, Lina découvre les vingt ans de cette grand-mère qui vient de les quitter, emportant l’ailleurs qu’elle gardait secret. Elle décide de prendre un all... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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1953.
Après un drame familial, Manelle quitte la France pour Tanger. Hébergée par des amis de son père qui y tiennent un hôtel, la jeune fille de vingt ans découvre la ville cosmopolite sous mandat du Protectorat français. Tanger la bouillonnante, la grouillante. Tanger des légendes que le conteur transmet avec emphase. Tanger, le soleil, la mer, le sable brûlant. Tanger, ses couleurs et ses odeurs. Mais derrière l'image de carte postale d'une ville où se retrouvent artistes et intellectuels, où cohabitent Français, Marocains et citoyens du monde, Tanger abrite la rébellion d'un peuple qui rêve de liberté. Avec Noor et Tahir, Manelle s'imprègne de la ville, expérimente l'amitié et l'amour…
Quand elle rentre brusquement en France, c'est pour se marier et fonder une famille. Tanger ne sera plus jamais évoquée.
A sa mort, sa petite-fille Lina veut creuser ce secret dont elle soupçonnait l'existence. Avec pour seuls guides, une vieille photo en noir et blanc et le carnet intime de Manelle, Lina se rend à Tanger, sur les traces de sa grand-mère adorée.

Aller autre part pour trouver son autre part…Une formule facile pour un livre subtil et sensuel.
Morgane Az a fait de la belle ouvrage. Une écriture fine et ciselée, très imagée qui fait voyager à Tanger, à travers ses ruelles, ses épices, sa lumière.
Roman du deuil et de la transmission, L'autre part est aussi une ode à la liberté, celle d'un pays et celle des femmes. Eminemment féministe, l'histoire ne se concentre pas uniquement sur Manelle et Lina, mais montre aussi les Marocaines. Celles qui ont lutté pour l'indépendance de leur pays et celles qui aujourd'hui se battent encore pour plus de justice et de liberté.
Un roman poétique et touchant qui se termine avec la révélation des secrets de Manelle dans une scène pudique et touchante.
Gros coup de coeur pour ce premier roman, véritable invitation au voyage dans un Maroc dont les allures de conte des mille et une nuits ne cachent pas pour autant le difficile parcours des femmes dans une société où les hommes font les lois.
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Alors que sa grand-mère adorée, Manelle, vient de mourir, Lina trouve un carnet qu'elle avait déjà vu, enfant, mais pas ouvert, que Manelle a écrit lors de son séjour de quelques mois à Tanger, en 1953, alors qu'elle avait 20 ans. Elle avait aussi découvert une carte postale de Tanger et sa grand-mère avait éludé ses questions. Des lettres d'un certain Tahir, écrites entre 1954 et 1981, lui sont également remises par sa grand-tante. Une soixantaine d'années après Manelle, Lina décide de partir à Tanger, pour mettre ses pas dans ceux de sa grand-mère et découvrir la jeune fille qu'elle a été avant d'être la grand-mère qu'elle a aimée.
Ce premier roman magnifique, construit sur l'alternance des voix de Manelle et de Lina, à la double temporalité, c'est celui de la perte d'un être cher mais aussi celui de l'adieu à l'enfance avec la disparition de la grand-mère qui en était la clef de voûte, qui lui a appris la nature, les odeurs, la peinture. le départ à Tanger, c'est chercher sa grand-mère mais c'est aussi se chercher soi-même. C'est également le regret de ne pas avoir posé les questions et avoir réclamé les réponses avant qu'il soit trop tard.
Tanger, avec ses odeurs, ses couleurs, ses bruits, ses légendes et surtout sa lumière est un personnage à part entière qui permet aux deux femmes de se trouver, de savoir ce qui est important pour elles au-delà des apparences et de la superficialité. Elles rentrent toutes deux en France définitivement changées par cette ville, en laissant une part d'elle-même à Tanger. le titre du roman est d'ailleurs à double sens : L'autre Part, c'est l'ailleurs mais c'est aussi la part de soi-même qu'on laisse derrière soi.
L'auteure fait montre d'une très grande délicatesse dans la narration; elle suggère plus qu'elle ne décrit; sa plume est pleine de poésie, de sensualité, de douce nostalgie et d'une grand force évocatrice : on croirait avoir le goût des abricots murs dans la bouche, on croit être caressé par les rayons du soleil.
L'arrière-plan historique est particulièrement intéressant; nous sommes en 1953, trois ans avant l'indépendance du Maroc qui était sous protectorat français depuis 1912; bien que Tanger eût un statut autonome sous contrôle international, les troubles qui touchaient le reste du Maroc, concernaient aussi Tanger. Dans ce contexte, sont nés les premiers mouvements féministes marocains; les femmes ont combattu auprès des hommes pour la libération de leur pays et pensaient un peu naïvement que cela leur confèrerait un statut égal aux hommes à l'indépendance. Ce roman est un hommage à ce combat féministe pour que la femme puisse accéder à l'éducation, puisse se protéger des violences, puisse choisir sa vie...
Un nombre non négligeable de romans de cette rentrée littéraire ont l'Afrique comme point commun que ce soit "Casablanca Circus" qui a de nombreux thèmes communs avec "L'Autre Part" comme le combat des femmes pour leur liberté, l'opprobre jetée sur les femmes qui ont des relations hors mariage, la violence conjugale..., ou "Une façon d'aimer" qui traite du combat contre le protectorat français et la vie des expatriés qui n'avait pas ou peu de contact avec les autochtones, ou "Les femmes de Bidibidi" sur les violences subies par les femmes ou encore "Ce que je sais de toi" sans parler de ceux que je n'ai pas lus comme "Adieu Tanger". Ils nous donnent à voir un ailleurs et c'est ce que j'aime dans la littérature. A cet égard, cette rentrée littéraire a été riche en plaisir de lecture.
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« Que devient-on quand on nous quitte ? » (p. 12) Au décès de sa grand-mère, Lina se sent perdue. Une carte postale, des lettres, un carnet sont les seules traces de l'année que Manelle a vécue au Maroc. Et le silence au sujet de cette autre part d'elle-même… Sa petite-fille ose enfin lire ses écrits : ils commencent en mai 1953 ; elle avait vingt ans. Après la mort de son petit frère, son père l'avait confiée à un couple d'amis qui tenait un hôtel à Tanger. Pour elle, la ville était comme une page blanche ; une page qui sera restée secrète toute sa vie, mais qu'elle n'aura jamais refermée.

Lina décide de continuer le carnet. Pour cela, elle se rend à « l'autre part » qui n'a jamais quitté Manelle. Elle désire marcher dans les pas de cette dernière, reconstituer son histoire, la comprendre et se rapprocher d'elle. Elle entend sa voix : « Tu peux tout inventer à partir de ça. » (p. 37) Elle tente de faire son deuil en découvrant la jeune fille qu'était Mané et va à la rencontre de ceux qui l'ont aimée. Elle comprend que, malgré sa discrétion au sujet de cet épisode qui l'a construite, sa grand-mère n'a jamais quitté cet endroit. Elle en est partie physiquement, mais une part importante d'elle-même est restée là-bas.

Lorsque j'ai reçu ce livre, j'avais imaginé deux significations possibles à son titre : L'autre part, comme une autre part de soi-même ; L'autre part pour parler de la personne qui s'en va. Je n'avais pas pensé à la troisième, pourtant évidente : L'autre part, cet ailleurs que Manelle a emmené avec elle. Ces trois interprétations de la même expression sont présentes dans ce texte intimiste. A travers le récit de Manelle et les explorations de Lina, l'essence de Tanger nous est livrée : la ville sous protectorat, la naissance de mouvements pour la libération des femmes, les contes de rue, la condition féminine, etc. Deux générations différentes, espacées de plusieurs décennies, relatent le combat des femmes pour leur liberté et les associations qui oeuvrent dans l'ombre.

J'ai beaucoup aimé ce roman imprégné de soif de liberté. Il est empli de contrastes : les silences expriment autant que les paroles et la fougue est décrite avec pudeur. La délicatesse des mots et la portée des actes m'ont beaucoup touchée.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Cette histoire oscille entre secret de famille et évocation de vieux souvenirs d'une jeune fille qui a passé plusieurs mois au Maroc dans les années 50.
Je n'ai été sensible ni au style d'écriture, assez quelconque, ni à l'intrigue très prévisible car on devine le secret de famille dès le début, ni à l'ambiance générale.
Je l'ai lu car c'était dans un cadre professionnel, mais je suis complètement passée à coté.
J'ai trouvé les ficelles trop grosses, le style est parfois lourd et je me suis forcée à aller jusqu'au bout.
Certains passages concernant la condition des femmes et l'indépendance du Maroc auraient pu être beaucoup plus développés.
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Mai 1953. Pour échapper à la douleur de la mort de son frère, Manelle, 20 ans, s'exile dans une famille amie de Tanger pendant plusieurs mois avant de revenir en France et se marier. Très secrète sur cette période, elle avait confié à son journal son quotidien marocain. A sa mort, sa petite fille Lina découvre la belle histoire d'amour contrarié de Manelle. A son tour elle part pour Tanger sur les traces de cette grand-mère tant aimée pour retrouver tous ces instants de bonheur qui l'ont marqué à jamais.
Baignée de poésie, de romantisme et d'émotions, ce magnifique premier roman de Morgane Az est un triple récit (un journal, des lettres jamais ouvertes et un voyage initiatique) en hommage à la lutte des femmes pour leur indépendance et à la force de l'amour.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
- Qu’est-ce que ça veut dire, Manelle, les histoires originelles ? C’est le propre des légendes finalement. Chacun les raconte à sa manière. Les aèdes, déjà, dans la Grèce ancienne, devaient sûrement inventer des oiseaux qui n’existaient pas. Les gens rapportent que Marzouk, enfant, était suivi à son arrivée à Tanger par un grand cormoran noir qui allait de la mer à la terre et que, depuis, tous ses contes s’en inspirent.
- Et c’est vrai ?
- Je ne sais pas, Mai’s est-ce vraiment important ? Si les choses sont impossibles, est-ce que ça t’empêche d’y croire pour autant ?
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Notre existence est faite d'adieux. Aux autres, mais aussi à nous même. Nous passons notre vie à abandonner ce que nous sommes et ne seront plus jamais. À dire au revoir aux contours de ce que nous avons été, aux visages qui se trouvent sur notre route, aux ombres qui nous dessinent encore, longtemps après. A quitter celles que l'on laisse derrière nous, comme un manteau d'hiver quand vient l'été, une ancienne peau après la mue. Les premières fois ne sont teintées, toujours, que du goût de celles qui ne reviennent plus.
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Pourquoi dans notre pays occupé par le votre, on aurait voulu imiter les françaises ? Ce qu'on voulait, et je ne le comprends que maintenant, c'était avoir le droit. On voulait au moins essayer, pour peut-être renoncer ensuite, mais essayer, s'habiller comme ce jour-là, retrouver après nos tenues passées, mais ne pas se laisser exhorter par la pudeur et la honte. Et je crois qu'avoir le droit, quelque part, c'est juste avoir le choix.
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Ce qui nous attache à un lieu, ce qu'il l'astreint à devenir le nôtre n'est pas le premier cri -mais ce que l'on rencontre de lui en nous, ce qui est la, enfoui, mais qu'on ne savait pas nommer, et que l'on trouve enfin.
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Je crois que c'est pour cela que l'on cligne des yeux, pour nous offrir le salut très éphémère de ne plus voir : pour feuilletonner notre peine et supporter le prochain épisode.
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