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EAN : 9782738130907
190 pages
Odile Jacob (07/03/2014)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur

L'humiliation est devenue l'ordinaire des relations internationales.
Rabaisser un État, le mettre sous tutelle, le tenir à l'écart des lieux de
décision, stigmatiser ses dirigeants : autant de pratiques diplomatiques
qui se banalisent. Ainsi se développe une « diplomatie de club », celle du Conseil de sécurité et du G7, tandis que les États émergents Inde, Brésil, Turquie ou les anciennes puissances Russi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Temps des humiliés examine comment l’humiliation structure un système international qui repose désormais moins sur une concurrence entre puissances que sur une rivalité de statuts. L’idée avait déjà été explorée dans le précédent livre de Bertrand Badie : La Diplomatie de connivence (La Découverte, 2011) montrait comment s’était mise en place une « diplomatie de club » réunissant quelques happy few et excluant la masse des sans-grade. Le Temps des humiliés est la suite de La Diplomatie de connivence
.
Dans un monde westphalien d’États égaux en droit et partageant les mêmes valeurs, l’humiliation jouait « un rôle minimal et résiduel ». La guerre se soldait par la défaite du vaincu, pas par son humiliation. La situation évolue au xxe siècle. La fin de la Première Guerre mondiale voit l’humiliation du Reich allemand. La colonisation, suivie d’une décolonisation mal maîtrisée, nourrissent, selon les termes de l’auteur, le « syndrome de Bandung » : la montée de puissances extérieures à l’Occident qui n’en partagent pas les valeurs, l’hétérogénéité grandissante d’un monde jusqu’alors habitué à davantage d’homogénéité.

Bertrand Badie dresse une typologie de quatre humiliations et des réactions qu’elles suscitent. L’humiliation par rabaissement impose au vaincu une brusque dévalorisation de son statut : il s’agit du Reich allemand en 1919 ou la Russie après la chute du Mur. L’humiliation par déni d’égalité ou par relégation infériorise l’Autre en lui refusant le statut auquel il aspire ou en lui enlevant celui qu’il a temporairement conquis : c’est l’antichambre de l’OMC dans laquelle on fait patienter la Chine ou la Russie, c’est l’inégalité structurelle du Traité de non-prolifération opposant cinq États dotés de l’arme nucléaire à tous les autres qui renoncent à l’être, c’est l’exclusion, temporaire ou permanente, de pays comme le Zimbabwe, la Biélorussie ou la Birmanie des enceintes internationales auxquelles ils appartenaient – au risque de développer chez les puissances humiliées une politique souverainiste ou contestataire. L’humiliation par relégation se revendique enfin de considérations morales justifiant le déclenchement d’une « guerre juste » et totale contre un ennemi voué à l’anéantissement : l’Irak de Saddam Hussein, la Libye de Kadhafi, la Syrie de Assad, voire la Corée du Nord de la dynastie des Kim, qui n’ont plus d’autre choix que de mener une politique déviante.

L’humiliation est une clé d’explication de nombreux comportements caractéristiques du monde contemporain. L’accent mis par la Chine communiste à défendre sa souveraineté peut se comprendre par le désir de laver les humiliations subies aux temps des guerres de l’opium, du sac du palais d’Été, du massacre de Nankin... Les rodomontades d’un Vladimir Poutine trouvent en partie leurs causes dans la volonté de refermer la parenthèse humiliante des années 1990 et de la relégation de la Russie au rang de puissance moyenne.

À l’heure de la mondialisation et de l’irruption des sociétés sur la scène internationale, l’approche réaliste, qui réduit le jeu mondial à l’affrontement d’États froids et rationnels, ne suffit plus à rendre compte de l’espace mondial. Sociologue des relations internationales, Bertrand Badie donne aux sentiments la place qu’ils méritent.
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