Pour une nouvelle écologie des temps sociaux
Les politiques d'attaque contre les systèmes de retraite sont généralisées. Cependant les réponses apportées dépendent largement de l'histoire de ses systèmes, des constructions socio-politiques et institutionnelles qui diffèrent, voir divergent, selon les pays.
Il ne saurait y avoir une réponse, un modèle, abstrait des rapports sociaux réels de leurs histoires et des formes d'institutionnalisation permises par les luttes antérieures.
De ce point de vue, ce livre, qui nous vient du Québec, permet de souligner à la fois les convergences et les divergences dans les réponses pour construire un droit à un retraite décente.
Je n'aborde que certains points, sans chercher à présenter en détail l'histoire de la construction et du fonctionnement des retraites au Québec.
Dans son introduction,
Normand Baillargeon parle des contributions « qui, conjointement, poursuivent trois objectifs : aider ses lectrices et lecteurs à mieux comprendre la question des retraites ; les outiller afin de leur permettre de prendre une plus juste mesure des propositions mises de l'avant par le gouvernement ; comprendre qu'il existe des solutions autres que ces dernières aux défis auxquels nous faisons collectivement face sur la question des retraites, des solutions crédibles, économiquement viables, socialement plus équitables et qu'il est possible de mettre en place immédiatement », des politiques néolibérales « Ces politiques bien connues, qui mêlent notamment conservatisme fiscal, ouverture et libéralisation des marchés ainsi que traitement préférentiel des entreprises, ont eu des effets bien documentés sur le monde du travail et sur une certaine incarnation de l'idée de coopération sociale et de bien commun ». Il rappelle que les mesures gouvernementales sont « dans une très importante mesure, idéologiques », propose de « niveler vers le haut avec les régimes publics », parle d'« assaut contre le bien commun »
Les régimes publics ne sont que peu développés, « ne versent même pas assez de revenus pour se hisser au-dessus du seuil de pauvreté ». Les débats entre répartition et capitalisation ne peuvent donc avoir la même portée qu'en France. Ce qui est par contre largement détaillé ce sont les différences entre régimes à prestations déterminées et régimes à cotisations déterminés, (différentes analyses montrent la supériorité des premiers tant en terme de coûts, de rendement que de risques), les régimes complémentaires et leurs formes. Les propositions valorisent des solutions collectives.
Ces régimes sont aussi mis en relation avec la division sexuée du travail, la montée du travail atypique, travail temporaire, travail autonome, les programmes conservateurs qui prônent « l'individualisme obligatoire comme finalité politique », les liens entre retraite et statut de salarié-e, la contestation des employeurs « vis à vis des régimes à prestations déterminées »…
La retraite est elle-même interrogée, « liberté par la sortie de la subordination économique envers un employeur ». Je signale aussi l'analyse des travailleuses et travailleurs autonomes, forme particulière de relation à l'emploi.
« Un système de retraite qui ne fonctionne pas pour la majorité des travailleurs et travailleuses est un système qui ne fonctionne pas »
J'indique que certains arguments avancés, ici, ne sont pas abordés : la hausse de la productivité du travail et son partage en regard du temps de travail, la différence entre espérance de vie et espérance de vie en bonne santé…
D'autres éléments me paraissent très discutables : l'utilisation de la notion d'assurance sociale, la caractérisation des régimes européens comme corporatistes « les droits étant associés au statut de la classe sociale et économique », la notion de « fonds patrimonial »…
Un livre pour sortir du nombril de l'hexagone, comprendre les réponses différentes pour élargir le droit et les ressources des retraité-e-s.
Il y a nécessité à des débats trans-nationaux sur ce sujet, pourquoi se priver de recherche de solutions dépassant le strict cadre national ?
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