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EAN : 9782330080815
112 pages
Actes Sud (03/05/2017)
2.85/5   10 notes
Résumé :
Le vieil Abraham écoule la fin de stock de sa vie dans le grand blanc d'Alzheimer, entre les murs d'une paisible et gentiment sinistre maison de retraite sise au coeur des pâturages de Normandie. Son fils, le narrateur, et son petit-fils lui rendent visite. Pas sûr qu'il les reconnaisse. Ni que ce ne soit pas la dernière fois. Ni que cela change quelque chose au vertigineux vide de son existence. Mais, au moins, il est «d'accord».
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La Feuille Volante n° 1166
D'accordDenis Beneich Actes Sud.

Que reste-t-il de ce court roman, pris au hasard sur les rayonnages de la bibliothèque, après l'avoir refermé ? Une sorte de récit en deux temps dont l'un est consacré à la mémoire d'une famille dont le père ne semble pas faire autre chose que de s'intéresser aux courses de chevaux depuis une chambre qu'il ne quitte jamais et qui terrorise sa famille, la mère qui fait ce qu'elle peut pour recevoir sa parentèle au cours indéterminables déjeuners de famille et le narrateur qui se débat avec ses exercices de grammaire et qui n'aime rien tant que de se faire offrir des livres, ce qui a peut-être fait naître chez lui cette irrésistible envie d'écrire. le deuxième temps de ce roman est consacré à ce même père, pensionnaire d'une maison de retraire d'où, d'évidence, il ne sortira que dans un cercueil. le narrateur accompagné de son fils Vlad vient rendre visite à cet homme que la maladie d'Alzheimer a rendu imperméable à tout. Ainsi le narrateur va-t-il décrire par le menu non seulement l'intérieur de cet établissement, ceux qui le peuplent, soignants et surtout pensionnaires, la visite faite à ce père qui s'avance inexorablement vers la mort, perdant petit à petit toutes ses facultés et n'ayant plus qu'une existence végétative et des mots désarticulés, un vocabulaire bien souvent limité au mot « d'accord » prononcé à contre-temps.
Bizarrement le narrateur reste en retrait, se contentant de relater ce qu'il voit, de faire appel à ses souvenirs. Il laisse faire Vlad qui prend en quelques sorte la direction des opérations de visite et parle, un peu dans le vide, à son grand-père. Il y a un semblant d'échange entre eux un peu comme si, à travers cette économie de paroles, on sautait une génération dans le domaine du dialogue. Il n'y a pratiquement aucun échange avec le narrateur, un peu comme une permanence des choses de leur vie commune empreinte de silences depuis le début.
Ces descriptions n'ont rien d'extraordinaire puisqu'elles correspondent à ceux de nos parents qui ont été accueillis en maison de retraite parce que maintenant les choses sont ainsi chez nous. Imperceptiblement, on se dit que, quand notre tour viendra, la médecine aura fait des progrès pour nous épargner cela ou bien alors nous serons morts avant, mais là, rien n'est sûr ! le problème traité par ce roman est bien entendu celui de la vieillesse, de la solitude, des dernières années de vie, de la maladie qui annihile tout ce qu'on a été auparavant et aussi celui de l'impossible dialogue entre parents et enfants. Ici, on semble choisir, à travers sans doute un plus grand attachement, des relations plus soutenues entre grand-père et petit-fils. Je ne suis pas sûr qu'il y ait là une connivence réelle, peut-être une affection plus grande envers quelqu'un de sa famille promis à une mort prochaine.

J'en étais là de ma lecture, estimant les pages qui restaient, quand l'épilogue s'annonça, un peu poétique et très étonnant, où l'inconscience le dispute à la complicité, ce qui donne au récit l'allure d'une fable et ce qui me fait dire que, malgré mon avis un peu quelconque voire négatif du début, je ne regrette pas d'avoir ouvert ce roman.

© Hervé GAUTIER – Août 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Un roman très court que l'on n'oublie pas. le silence, la mémoire qui s'effiloche, une rencontre entre trois générations d'hommes qui essayent désespérément de communiquer. C'est Vlad, le plus jeune qui se révèle le plus capable de renouer les fils de ce tissu usé. Tous auraient voulu éviter de se retrouver dans cette maison de vieillards perdus, mais cette visite apparaît pourtant essentielle.
À la nuit tombée, une rencontre mystérieuse avec une vieille femme espiègle et désespérée conclut cette journée banale et triste comme une fin de vie.
Un texte plein de poésie, des mots justes pour décrire la vie qui s'en va.
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Très belle lecture qui montre le cheminement intérieur de trois hommes, trois générations qui tente de maintenir un lien d'amour au crépuscule de la vie du plus âgé.
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Le narrateur rend visite à son père, devenu un vieil homme sans mémoire et sans souvenir. Il emmène son fils, tout en se reprochant de lui infliger cette sortie.

Trois générations d'hommes vont se retrouver dans un espace confiné, ne sachant pas comment communiquer. le narrateur se retrouvant démuni et perplexe, c'est Vlad qui va prendre les choses en main et s'occuper de son grand-père, lui parlant et le guidant doucement.

Les souvenirs d'enfance du narrateur se mêlent au présent. Il se rappelle de ce père tyrannique, jouant obsessionnellement aux courses, maltraitant sa famille en permanence. L'enfant faisait tout pour plaire à son père, sans jamais y parvenir. Et le voilà maintenant devant ce vieillard avec qui il ne peut rien partager et pas seulement à cause de la maladie.

C'est un court roman, qui soulève cependant de nombreux questionnements sur la transmission paternelle, la vieillesse, la maladie, les non-dits. le regard que porte le narrateur sur la vieillesse est assez cruel, compensé par un certain humour et une sensibilité qui affleure à chaque page.

La visite se clot sur un évènement inattendu, qui scelle une complicité nouvelle entre le narrateur et son fils, laissant présager une meilleure relation qu'avec la génération précédente.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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critiques presse (1)
LaCroix
04 août 2017
Les adieux d’un fils à un père qui a tout oublié. Un roman lucide et délicat sur la filiation.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Curieusement, depuis notre départ de Paris, cette visite à mon père n'avait cessé de m'apparaître de plus en plus facultative. Simple prétexte pour passer quelques heures en compagnie de Vlad ou geste dérisoire d'une indulgence trouble, même pas coupable ? Les deux, sûrement, entre faiblesse et mansuétude, pitié et action généreuse. Car enfin, qu'allions-nous trouver une fois à Vierville-sur-Mer, dans cette maison de retraite où je l'avais fait placer quelques mois auparavant, à la suite des premières et foudroyantes atteintes de la maladie d'Alzheimer ? Le souvenir d'un homme qui, pour lui-même, n'en avait presque plus aucun ?".
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secrètement agités de pensées fuyantes, d'interrogations suspendues, de voix qui semblaient se taire dans toutes les langues du monde, nous n'osions nous regarder les uns les autres de peur de briser l'harmonie nouvelle de cet intraduisible psaume.
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Ce vieil Abraham qui avait désormais l'âme jetée dans un corps où ne subsistaient plus que des abîmes sans rivages.
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Après tout, qu'importe où l'on vit, puisqu'il faut mourir.
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mais que devient une ombre quand le soleil se couche ?
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