Ceux qui, comme moi, ont aimé The African queen, de John Houston, apprécieront peut-être cette sympathique bande dessinée signée de Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie. On y retrouve en effet l'épisode du Graf von Götzen (rebaptisé le Empress Luisa , dans le film de Huston), la canonnière allemande qui, jusqu'en 1916, permit aux Allemands d'affirmer leur domination sur le lac Tanganyika. La BD raconte (de manière plutôt fantaisiste) comment le navire fut coulé par les forces belges.
Au-delà de l'aspect historique, l'intérêt du livre réside dans la rencontre de deux hommes, l'un blanc (le lieutenant Mercier), l'autre noir (Madame Linvingstone), et dans la découverte par le premier des méfaits de la colonisation. Celui-ci finit aussi par apprendre que pour les autochtones (on est au Congo belge), les frontières tracées par les colonisateurs n'ont aucun sens, et la guerre qui les oppose pas davantage : « Je me demande juste quel effet ça peut faire aux indigènes quand ils apprennent que le grand-père de notre roi, celui à qui on doit le nom de cette ville [Albertville], était un allemand ou que le Kaiser est le petit fils de la reine Victoria. » s'interroge ainsi Mercier.
Mais la découverte de l'autre n'est pas unilatérale, comme le montre une scène amusante où l'on voit des villageois africains se demander si la peau de l'homme blanc n'a pas été grattée comme celle d'un cochon, ou s'il ne lui en manque pas une couche.
Le livre se lit plutôt bien, même si plusieurs scènes, dont la dernière, laissent une petite impression de déjà vu. Par ailleurs, les dessins de Baruti sont beaux, mais parfois un peu sombres : il est vrai qu'un bon tiers de l'histoire se passe de nuit.
Reste la question du titre : je n'en dirai rien sinon qu'il a un rapport avec le célèbre explorateur.
Une dernière chose : le Graf von Götzen a été renfloué et navigue toujours, cent ans après, sur le lac Tanganyika. Il s'appelle aujourd'hui le Liemba, et c'est l'un des plus vieux bateaux du monde encore en activité.
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Barly Baruti revient chez l’éditeur grenoblois avec ce one-shot magnifiquement illustré en couleurs directes, à l’aquarelle.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Une histoire intégrale pleine de sensibilité qui a l'avantage de commémorer à sa manière le centenaire de la première guerre, d'être préfacée par Jean Auquier, directeur général du Centre belge de la bande dessinée et d'être complétée par un sympathique cahier d'études, à posséder urgemment dans sa bibliothèque.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Le scénariste Christophe Cassiau-Haurie distille judicieusement, au fil de l'eau, des informations qui vont permettre au lecteur, tour à tour, de découvrir toute la personnalité de ce jeune africain hors norme et de partager l’amitié naissante entre deux êtres que tout oppose. Le dessin soigné du dessinateur Barly Baruti, rehaussé par des couleurs directes du plus bel effet, renforcent cette histoire singulière.
Lire la critique sur le site : Auracan
Tout ce beau monde va se foutre dessus... Pour que les patrons des usines de Charleroi et de la Ruhr puissent se gaver de caviar sans penser aux nègres morts au fin fond de l'Afrique.
- Ce n'est pas par haine des allemands ou par amour immodéré de la Belgique qu'ils vous ont aidé. C'est juste pour ne pas être mêlés à cette histoire.
- Quelle histoire ?
- La guerre. Ici, cette guerre c'est comme la frontière sur le lac, c'est affaire de blancs. Et les affaires de blancs, vous savez, c'est jamais très bon pour les noirs. (p.61)
La guerre. Ici, cette guerre c’est comme la frontière sur le lac, c’est une affaire de blancs. Et les affaires de blancs, vous savez, c’est jamais très bons pour les noirs.
La seule chose que je sais, c'est que nous, occidentaux, ne savons rien du tout de ces pays-là. (p.103)
En Afrique noire, la curiosité est considérée comme une contestation.
Paris: 1er salon des auteurs africains de BD