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EAN : 9782330075941
208 pages
Actes Sud (10/01/2018)
3.83/5   6 notes
Résumé :
L'histoire d'un scandale national dans un orphelinat après la mort d'un jeune garçon et l'échappée folle d'un duo de Laurel et Hardy moldaves en quête de richesse.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est d'un livre dont le titre suffit amplement à nourrir un mystère tout entier dont nous allons parler dans les lignes qui suivent. Les Enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé chez Actes Sud est le dernier livre publié et traduit en France de Savatie Bastovoi, un auteur moldave de langue roumaine qui avait retenu toute l'attention du petit monde littéraire en 2012 avec Les lapins ne meurent pas publié aux éditions Jacqueline Chambon, l'histoire d'une enfance accrochée à un monde communiste idéal et idolâtré qui, pour les « grands », se consume petit à petit. Une fois encore, il est question de l'enfance qui s'éteint dans une Moldavie au crépuscule. C'est lunaire et brumeux. Lettres it be est sorti de la torpeur et vous en dit un peu plus.


# La bande-annonce


Karlic et Serioja s'enfuient de l'orphelinat d'une petite bourgade de Moldavie. L'un, cloué dans un fauteuil, est doté d'une intelligence hors norme et d'une volonté de fer ; l'autre, grand gaillard endurant, est le benêt attendrissant de cet improbable tandem qui escroque les gens qu'il rencontre. Ils vont croiser la route de personnages fantasques, comme Leonea et Valera, eux aussi échappés de l'orphelinat géré d'une manière pour le moins discutable. La direction a en effet pioché sans vergogne dans l'aide humanitaire européenne destinée aux enfants. Et la panique de ces apparatchiks s'accroît lorsque l'un des orphelins est retrouvé mort, le nez et les joues rongés par les rats, faisant les choux gras d'une presse à scandale avide de sang.


Les Enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé est un conte cruel et drolatique, une photographie de la Moldavie postsoviétique révélée par le vitriol de la caricature. Baştovoi y décrit avec brio des scènes du quotidien dont le comique affiché cache la violence des moeurs, la dureté des conditions de vie et surtout la corruption qui vérole la société moldave à tous les niveaux. Une satire sociale implacable, un tableau grinçant de la grande co­médie humaine.


# L'avis de Lettres it be


Avant même d'entrer dans le détail concernant ce roman, quelques mots sur la figure de son auteur. Un homme rare, un conte à lui seul. Savatie Bastovoi est né à Chisinau en Moldavie en 1976. Très jeune, il est enfermé en hôpital psychiatrique. Une expérience difficile à partir de laquelle il tirera Un Valium pour Dieu, un cycle de poésie encore non-traduit en France. Après cela, il rejoint les bancs de la faculté qu'il quittera dès 1998 pour se diriger vers la religion. C'est en 2002 qu'il recevra sa tonsure, acte de renonciation au monde qui efface les péchés antérieurs et vous fait entrer de plein pied dans l'Eglise, pour le consacrer définitivement. Aujourd'hui, Savatie Bastovoi vit au monastère de la Nativité du Christ en République de Moldavie, enseigne l'iconographie au Séminaire de thélogie de Chisinau, dirige une maison d'édition, la maison Cathisma, ainsi qu'une revue de spiritualité orthodoxe. Autant dire que notre homme ne dispose pas du CV de Monsieur Tout-le-monde.


Les Enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé est donc le récit de deux adolescents échappés de justesse d'un orphelinat isolé au fin-fond de la Moldavie. L'un est en fauteuil et doué d'une intelligence solide, l'autre est niais au possible mais gaillard comme un roc. Nos deux garçons vont se liguer pour vivre et survivre dans un pays en proie à divers tourments. D'escroquerie en escroque, de rencontre fantasque en rencontre fantasque, l'histoire tisse sa toile tranquillement, laissant au lecteur la possibilité renouvelée de se perdre en chemin de temps à autre. Parce qu'à cette fuite façon Grand Meaulnes ou Attrape-coeurs vont s'ajouter plusieurs événements, plusieurs tiroirs dans l'histoire visant à donner au roman une toute autre épaisseur (une mort inexpliquée à l'orphelinat, des aides européennes utilisées à tort et à travers etc.)


Difficile de retirer des enseignements d'un tel roman. L'histoire, au demeurant fort sympathique, de deux jeunes en fuite dans la Moldavie d'aujourd'hui a tout pour séduire. Mais les (très) nombreux tiroirs que compte l'histoire suffisent à rendre très vite le tout plutôt brumeux, nuageux. On ne sait plus vraiment sur quel pied danser, on ne parvient plus trop à savoir si l'on est dans un roman de moeurs, un thriller post-URSS, une satire de toute une société etc. Rajoutez à cela une histoire filiale qui arrive comme un cheveu sur la soupe et vous obtiendrez la synthèse idéale de ce dernier roman de Savatie Bastovoi.

La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Ni son titre : Les enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé, qui n'est pas conforme au contenu du livre, ni sa quatrième de couverture, qui résume imparfaitement les cheminements du récit, ne rendent vraiment justice au deuxième livre de Savatie Bastovoi traduit en français. le roman est construit autour d'une petite dizaine de personnages ayant un rapport avec un jeune garçon dont la mort dans un orphelinat ne s'explique pas. Il y a là notamment deux adolescents, l'un handicapé, l'autre pas, qui se sont enfuis dudit orphelinat, le directeur de l'établissement qui pratique allègrement le détournement de l'aide humanitaire, la mère du gamin décédé qui vit en Italie, etc. Tout un petit monde décrit dans une veine picaresque et humoristique qui ne cherche pas à dissimuler une grande noirceur correspondant à l'état des lieux en Moldavie, pays libéré de la férule soviétique et indépendant depuis 1991, et considéré comme le plus pauvre d'Europe avec 1/4 de sa population active qui a tenté sa chance hors de ses frontières. Si la plume truculente et parfois poétique de Savatie Bastovoi l'éloigne un peu de Vladimir Lortchenkov (Des mille et une façons de quitter la Moldavie), les deux écrivains partagent la même vision sinistre et sans doute réaliste de leur pays natal. Bastovoi, lui-même, a une biographie assez pimentée entre son passage par un hôpital psychiatrique dans sa jeunesse et son exercice des "métiers" d'éditeur, d'enseignant, d'écrivain et de ... moine ! Décidément, dans sa vie comme dans son oeuvre, cet homme n'est pas ordinaire.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Les enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé de Savatie Bastovoi est un roman intéressant à plus d'un titre. Inspiré de faits réels qui a fait scandale en Moldavie. Malgré cela, je dois avouer que j'ai aimé les ¾ du livre. Je me suis attachée à certains personnages dont Elenora et Guiseppe. Il y a des touches d'humour certes mais la thématique n'est pas amusante. Il s'agit de maltraitance et d'abus sur mineur dont parle ce livre. de l'abandon, de la situation difficile en Moldavie dont je ne connaissais rien avant ma lecture.Dans la dernière partie, on retrouve de la poésie, des lettres d'une maman et une interpellation de l'auteur concernant les conditions de vie dans son pays.Mais à la dernière page, je voulais plus…Je voulais connaître l'évolution de mes personnages…Connaître un peu plus la Modalvie…Bref, j'espère découvrir un autre roman de Savatie Bastovoi pour me faire une meilleure idée de son style.
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critiques presse (1)
Actualitte
26 janvier 2018
Si on ne retrouve que rarement le petit grain du merveilleux si émouvant et l’ambiguïté si poétique du précédant Les Lapins ne meurent pas, en revanche, refroidie, de respiration plutôt classique, l’écriture de Savatie Baștovoi gagne certainement en lucidité, en acuité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Parce que ces Italiens, ils se marient quand ils sont vieux, pas comme chez nous, et ils vous acceptent même si vous êtes plus vierge. Combien de femmes de chez nous ont quitté leur homme et se sont mariées là-bas ! Je sais pas, elle a dû se marier ; enfin c’est ce que je me dis… Voilà, c’est moi qui lui ai dit quoi faire avec l’enfant. Quand elle était sur le point d’accoucher, je l’ai emmenée dans de la famille que j’ai à Tiraspol. Là-bas, elle a accouché et elle y a passé peut-être deux mois. Mais dans le village j’ai raconté qu’elle s’était mariée avec le docteur et qu’elle avait maintenant un chez-elle. C’est que ce docteur, il était venu bien deux fois chez nous et j’ai bien cru qu’il la prendrait avec lui. C’était trop tard pour faire quelque chose, elle était enceinte jusqu’aux yeux. C’est à Tiraspol que j’ai fait les papiers, que j’ai déclaré que j’étais la mère. J’ai pensé que c’était mieux comme ça, pour qu’elle puisse aller à l’Italie. Quel âge elle pouvait bien avoir ? Vingt-six ans. Puis je suis rentrée au village avec l’enfant. Voilà, vous savez tout…
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Les rues de Moscou sont très larges. Cela laissait amplement le temps à Karlic de faire les poches à sa victime, de lui voler son argent, son téléphone, sa montre, ses bijoux. Les revenus de Karlic devenaient colossaux autant qu’imprévisibles. Son habileté à détrousser les bonnes âmes lui valut une réputation de karmantchik. Cette branche du métier de voleur jouit toujours d’un grand respect dans le monde interlope. On dit que pour être karmantchik il faut avoir le don. Il n’est pas facile de regarder quelqu’un dans les yeux tout en lui vidant les poches. Pour ça, il faut avoir un cœur de pierre ou ne pas en avoir du tout. On pouvait dire de Karlic qu’il n’en avait pas du tout.
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À cette époque, l’alcool industriel faisait de nombreuses victimes, car Gorbatchev avait interdit la boisson. Il était parfaitement clair que le moniteur n’épouserait pas Eleonora. Mais il lui proposa de l’aider à avorter. Les avortements étaient semi-légaux, surtout quand il s’agissait de mineures. Pour plus de sûreté, le moniteur la mena dans un village où une vieille femme opérait depuis la guerre. À l’époque, les jeunes veuves de soldats tombés au combat se faisaient avorter par des vieilles pour sauver leur honneur. Ces babas étaient comme des apôtres de la mort envoyés sur terre par Satan en personne.
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quand les hommes ont faim, froid ou peur, ils ne s’expriment pas avec des mots. Leurs gosiers contiennent des sons comme ceux des bêtes : certaines sont domestiquées, d’autres sont sauvages, marines et, parfois même, souterraines. Si les animaux essayaient de nous parler, ils émettraient sans doute des sons comme ceux des enfants et adolescents de l’orphelinat de L.
Courant en tous sens, ils ont rempli le corridor. Ma première sensation a été qu’ils allaient bondir sur moi pour me lécher, comme font les chiens quand ils revoient leur maître après une longue période de séparation.
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Marina était une prostituée âgée qui claquait son pécule après une déception amoureuse. Il n’y a rien de bizarre à dire que les prostituées peuvent avoir des peines de cœur, se mettre à boire, dépenser tout leur argent et se retrouver à la rue. Ayant à dépenser une fortune considérable, Marina pratiquait son métier de plus en plus rarement, d’abord parce qu’on la demandait moins, ensuite parce qu’elle s’était mise à son tour à vendre des filles. Elle était, comme on dit, une mamochka, et le surnom lui était resté. Pour les mendiants, elle était Mamochka.
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