Suite à ma participation à la Masse Critique d'automne le livre de
Marie Baudry m'a été attribué. Ce n'était pas mon premier choix, mais je l'avais retenu parce qu'Odessa, où se déroule ce roman, est très liée à la culture et à la littérature russe dont je suis férue. Les auteurs des "Douze chaises", Ilf et Petrov, étaient originaires de cette ville et j'apprécie leur humour et leur ironie. Ce n'est pas un hasard si Odessa est jumelée avec Marseille, ces deux villes portuaires cosmopolites, méridionales, très anciennes et si vivantes ont de nombreux points communs.
Je m'attendais donc à retrouver un esprit de liberté et des aventures pittoresques, un ton léger et des personnages hauts en couleur.
Je dois dire que j'ai été déçue. J'ai eu beaucoup de mal à lire et à terminer ce livre. C'est devenu un pensum. Je l'ai fini au dernier moment et ma critique a été écrite in extremis. L'histoire ne manque pas d'intérêt, le rôle de la culture et les démêlés des habitants avec les autorités du pays et l'armée font écho à des thématiques très actuelles. Cependant le style m'a rebutée : les longues phrases aussi tortueuses et labyrinthiques que les ruelles et les catacombes d'Odessa m'ont embrouillée, et le récit m'a souvent paru confus. le héros qui donne son titre au livre,
Ossip Ossipovitch, personnage mystérieux et fantomatique, dont les récits circulent essentiellement oralement, m'a rappelé tous ces écrivains soviétiques persécutés par le régime qui confisquait leurs manuscrits et les textes précieux que de nombreuses personnes apprenaient par coeur ou dont on recopiait des extraits. La littérature, les écrivains, les poètes avaient une importance vitale. Mais
Ossip Ossipovitch est resté pour moi brumeux, et les autres personnages aussi. Peut-être parce qu'ils ne sont jamais décrits, mon imagination les a trouvés fantomatiques. Quand je termine un livre, j'ai souvent l'impression de quitter des amis, des proches, que j'ai appris à connaître au fur et à mesure, que j'aurais aimé rencontrer dans la "vraie vie". Rien de tel avec ce roman, pas d'identification, pas d'attachement, pas d'empathie non plus. [La fin du livre et celle d'
Ossip Ossipovitch m'ont laissée triste et cafardeuse.]
C'est dommage. J'aurais bien voulu aimer ce livre, l'humour odessite et la poésie y affleurent parfois, les idées ne manquent pas, la critique de la guerre et du pouvoir, le châtiment de la nature maltraitée, les militants et leurs tergiversations, l'opposition entre les anciens et les nouveaux. le rôle du kiosque et des statues, si importants pour les Russes, m'a plu.
J'aurais aimé savoir pourquoi l'auteure a choisi Odessa, quels sont ses liens avec cette ville ? Une préface, une postface auraient été bien utiles et peut-être éclairantes.
Sur la forme, quelques tournures étranges m'interrogent, est-ce que la langue maternelle de l'auteure est le français ? Si oui, elle écrit parfois bizarrement. Est-ce que les éditions Alma ont un correcteur/une correctrice ? Il reste des fautes d'orthographe et des constructions de verbes erronées.
Concrètement la couverture du livre est très sobre : le titre, très lisible et le nom de l'auteure en plus petit. Ça a l'air d'être une politique éditoriale. J'avoue que j'aime bien les couvertures illustrées. Un oiseau échassier apparaît sur la couverture et se démultiplie sur les pages de garde, ainsi que sur le marque-page joint au livre (petit bonus apprécié), le site de l'éditeur Alma ne donne pas d'explications sur le choix de ce volatile...
Je termine par les remerciements d'usage à Babelio et à l'éditeur pour l'envoi de ce roman auquel j'ai mis 3 étoiles malgré tout, pour son originalité et son étrangeté mêmes et les promesses qu'il a failli tenir...