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EAN : 9782130559023
93 pages
Presses Universitaires de France (06/12/2006)
3.93/5   7 notes
Résumé :
" Eh bien donc je vais vous parler - toi, écoute mes paroles et retiens-les - je vais te dire quelles sont les deux seules voies de recherche à concevoir : la première - comment il est et ce qu'il n'est pas possible qu'il ne soit pas - est le chemin auquel se fier - car il suit la Vérité - , La seconde, à savoir qu'il n'est pas et que le non-être est nécessaire, cette voie, je te le dis, n'est qu'un sentier où ne se trouve absolument rien à quoi se fier. Car on ne p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Parménide d'Elée est considéré par ses contemporains ou successeurs directs comme l'un des plus grands philosophes, physicien de son temps. On le range dans les présocratiques, les pythagoriciens et les éléates. Il a vécu entre les VIeme et les Veme siècles avant J.-C. en Asie mineure. Une seule oeuvre nous est parvenue, sous forme fragmentaire "De la Nature", rédigée en vers.
Ce sont ces fragments que commentent Jean Beaufret.
Ce dernier est surtout connu pour être le principal défenseur et introducteur de la pensée d'Heidegger en France. Il tisse d'ailleurs des liens entre le poème de Parménide et les thèses de l'auteur allemand qu'il a découvert lors de son passage dans la résistance.
Comme je l'ai dit, la philosophie de Parménide, auquel Platon a consacré un dialogue, est en vers. Des vers parfois tronqués, dans une oeuvreincomplète, écrite il y à plus de 2500 ans. Les interprétations sont donc multiples, celle de Beaufret est séduisante, esthétique, poétique, argumentée. Il y déploie sa connaissance de la philosophie, du grec, des présocratiques. Dans une longue introduction il commente le poème dans
lequel le philosophe grec donne sa vision des sciences, de la sagesse, de la vérité -son problème central- à travers des images, des métaphores, des allusions qui devaient être limpides au Veme s. av. J.-C. mais qui le sont moins aujourd'hui !
Aussi les explications et justifications de Beaufret sont elles très éclairantes, ou du moins donnent un sens nouveau à ces vers qui sans cela demeureraient bien obscurs pour nous.
A l'instar d'un Héraclite commenté par Marcel Conche, Parménide resterait obscur à quiconque ne lit pas le grec dans le texte et possède une solide culture antique des autres présocratiques et du contexte historique dans lequel vécu l'auteur.
Il s'agit bien sûr d'une interprétation, d'une vision, et il y a sans doute autant de Beaufret que de Parménide dans ce livre -il existe d'ailleurs d'autres exégèses du poème grec- mais le traducteur/commentateur a su garder l'âme et la poésie de texte grec.
C'est un livre passionnant, compliqué à lire et qui se mérite mais qui offre tant au lecteur que l'effort en vaut la peine.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
VIII
II n’est plus qu’une voie pour le discours,
c’est que l’être soit; par-là sont des preuves
nombreuses qu’il est inengendré et impérissable,
universel, unique, immobile et sans fin.
[5] Il n’a pas été et ne sera pas; il est maintenant tout entier,
un, continu. Car quelle origine lui chercheras-tu ? D’où et dans
quel sens aurait-il grandi? De ce qui n’est pas? Je ne te permets
ni de dire ni de le penser; car c’est inexprimable et inintelligible
que ce qui est ne soit pas. Quelle nécessité l’eût obligé
[10] plus tôt ou plus tard à naître en commençant de rien?
Il faut qu’il soit tout à fait ou ne soit pas. Et la force de la raison
ne te laissera pas non plus, de ce qui est, faire naître quelque
autre chose. Ainsi ni la genèse ni la destruction
ne lui sont permises par la Justice; elle ne relâchera pas les liens
[15] où elle le tient. [Là-dessus le jugement réside en ceci ] :
Il est ou n’est pas; mais il a été décidé qu’il fallait
abandonner l’une des routes, incompréhensible et sans nom,
comme sans vérité, prendre l’autre, que l’être est véritablement.
Mais comment ce qui est pourrait-il être plus tard? Comment
aurait-il pu devenir?
.
Τὼς γένεσις µὲν ἀπέσϐεσται καὶ ἄπυστος ὄλεθρος.
Οὐδὲ διαιρετόν ἐστιν, ἐπεὶ πᾶν ἐστιν ὁµοῖον·
οὐδὲ τι τῇ µᾶλλον, τό κεν εἴργοι µιν συνέχεσθαι,
οὐδέ τι χειρότερον, πᾶν δ΄ ἔµπλεόν ἐστιν ἐόντος.
[25] Τῷ ξυνεχὲς πᾶν ἐστιν· ἐὸν γὰρ ἐόντι πελάζει.
Αὐτὰρ ἀκίνητον µεγάλων ἐν πείρασι δεσµῶν
ἔστιν ἄναρχον ἄπαυστον, ἐπεὶ γένεσις καὶ ὄλεθρος
τῆλε µάλ΄ ἐπλάχθησαν, ἀπῶσε δὲ πίστις ἀληθής.
Ταὐτόν τ΄ ἐν ταὐτῷ τε µένον καθ΄ ἑαυτό τε κεῖται
[30] χοὔτως ἔµπεδον αὖθι µένει· κρατερὴ γὰρ Ἀνάγκη
VIII
II n’est plus qu’une voie pour le discours,
c’est que l’être soit; par-là sont des preuves
nombreuses qu’il est inengendré et impérissable,
universel, unique, immobile et sans fin.
[5] Il n’a pas été et ne sera pas; il est maintenant tout entier,
un, continu. Car quelle origine lui chercheras-tu ? D’où et dans
quel sens aurait-il grandi? De ce qui n’est pas? Je ne te permets
ni de dire ni de le penser; car c’est inexprimable et inintelligible
que ce qui est ne soit pas. Quelle nécessité l’eût obligé
[10] plus tôt ou plus tard à naître en commençant de rien?
Il faut qu’il soit tout à fait ou ne soit pas. Et la force de la raison
ne te laissera pas non plus, de ce qui est, faire naître quelque
autre chose. Ainsi ni la genèse ni la destruction
ne lui sont permises par la Justice; elle ne relâchera pas les liens
[15] où elle le tient. [Là-dessus le jugement réside en ceci ] :
Il est ou n’est pas; mais il a été décidé qu’il fallait
abandonner l’une des routes, incompréhensible et sans nom,
comme sans vérité, prendre l’autre, que l’être est véritablement.
Mais comment ce qui est pourrait-il être plus tard? Comment
aurait-il pu devenir?
[20] S’il est devenu, il n’est pas, pas plus que s’il doit être un jour.
Ainsi disparaissent la genèse et la mort inexplicables.
II n’est pas non plus divisé, car Il est partout semblable;
nulle part rien ne fait obstacle à sa continuité, soit plus,
soit moins; tout est plein de l’être,
[25] tout est donc continu, et ce qui est touche à ce qui est.
Mais il est immobile dans les bornes de liens inéluctables,
sans commencement, sans fin, puisque la genèse et la
destruction ont été, bannies au loin. Chassées par la certitude de
la vérité. il est le même, restant en même état et subsistant par
lui-même;
[30] tel il reste invariablement; la puissante nécessité le retient et
l’enserre dans les bornes de ses liens. II faut donc que ce qui est
ne soit pas illimité; car rien ne lui manque et alors tout lui
manquerait. Ce qui n’est pas devant tes yeux, contemple-le
pourtant comme sûrement présent à ton esprit. Ce qui est ne
peut être séparé de ce qui est; il ne se dispersera pas eu tous lieux
dans le monde, il ne se réunira pas.]
C’est une même chose, le penser et ce dont est la pensée;
[35] car, en dehors de l’être, en quoi il est énoncé,
tu ne trouveras pas le penser; rien n’est ni ne sera
d’autre outre ce qui est; la destinée l’a enchaîné
pour être universel et immobile; son nom est Tout,
tout ce que les mortels croient être en vérité et qu’ils font
[40] naître et périr, être et ne pas être,
changer de lieu. muer de couleur.
Mais, puisqu’il est parfait sous une limite extrême!
il ressemble à la masse d’une sphère arrondie de tous côtés,
également distante de son centre en tous points.

Ni plus
[45] ni moins ne peut être ici ou là;
car il n’y a point de non-être qui empêche l’être d’arriver
à l’égalité; il n’y a point non plus d’être qui lui donne,
plus ou moins d’être ici ou là, puisqu’il est tout, sans exception.
Ainsi, égal de tous côtés, il est néanmoins dans des limites.
[50] J’arrête ici le discours certain, ce qui se pense
selon la vérité; apprends maintenant les opinions humaines;
écoute le décevant arrangement de mes vers.
- On a constitué pour la connaissance deux formes sous deux
noms; c’est une de trop, et c’est en cela que consiste l’erreur.
[55] On a séparé et opposé les corps, posé les limites
qui les bornent réciproquement; d’une part, le feu éthérien, la
flamme bienfaisante, subtile, légère, partout identique à ellemême, mais différente de la seconde forme; d’autre part, celle-ci,
opposée à la première, nuit obscure, corps dense et lourd.
[60] Je vais t’en exposer tout l’arrangement selon la
vraisemblance, en sorte que rien ne t’échappe de ce que
connaissent les mortels.
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I
Les cavales qui m’emportent au gré de mes désirs,
se sont élancées sur la route fameuse
de la Divinité, qui conduit partout l’homme instruit;
c’est la route que je suis, c’est là que les cavales exercées
[5] entraînent le char qui me porte. Guides de mon voyage,
les vierges, filles du Soleil, ont laissé les demeures de la nuit
et, dans la lumière, écartent les voiles qui couvraient leurs fronts.
Dans les moyeux, l’essieu chauffe et jette son cri strident
sous le double effort des roues qui tournoient
[10] de chaque côté, cédant à l’élan de la course impétueuse.
Voici la porte des chemins du jour et de la nuit,
avec son linteau, son seuil de pierre,
et fermés sur l’éther ses larges battants,
dont la Justice vengeresse tient les clefs pour ouvrir et fermer.
[15] Les nymphes la supplient avec de douces paroles
et savent obtenir que la barre ferrée
soit enlevée sans retard; alors des battants
elles déploient la vaste ouverture
et font tourner en arrière les gonds garnis d’airain
[20] ajustés à clous et à agrafes; enfin par la porte
elles font entrer tout droit les cavales et le char.
La Déesse me reçoit avec bienveillance prend de sa main
ma main droite et m’adresse ces paroles:
« Enfant, qu’accompagnent d’immortelles conductrices,
[25] que tes cavales ont amené dans ma demeure,
sois le bienvenu; ce n’est pas une mauvaise destinée qui t’a
conduit sur cette route éloignée du sentier des hommes;
c’est la loi et la justice. I1 faut que tu apprennes toutes choses,
et le cœur fidèle de la vérité qui s’impose,
[30] et les opinions humaines qui sont en dehors de le vraie
certitude. Quelles qu’elles soient, tu dois les connaître
également, et tout ce dont on juge. Il faut que tu puisses en juger,
passant toutes choses en revue.
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II
Allons, je vais te dire et tu vas entendre
quelles sont les seules voies de recherche ouvertes à
l’intelligence; l’une, que l’être est, que le non-être n’est pas,
chemin de la certitude, qui accompagne la vérité;
[5] l’autre, que 1’être n’est pas: et que le non-être est forcément,
route où je te le dis, tu ne dois aucunement te laisser séduire.
Tu ne peux avoir connaissance de ce qui n’est pas, tu ne peux le
saisir ni l’exprimer;
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X
Tu sauras la nature de l’éther, et dans l’éther
tous les signes et du Soleil arrondi la pure
lumière, ses effets cachés et d’où ils proviennent; tu apprendras
les [œuvres vagabondes de la Lune circulaire,
[5] sa nature; tu connaîtras enfin le ciel étendu tout autour,
tu sauras d’où il s’est formé et comment la nécessité qui le mène
l’a enchaîné pour servir de borne aux astres.. .
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XII
Les plus étroites (couronnes) sont remplies de feu sans mélange;
les suivantes le sont de nuit; puis revient le tour de la flamme.
Au milieu de toutes est la Divinité qui gouverne toutes choses ;
elle préside en tous lieux à l’union des sexes et au douloureux
enfantement.
[5] C’est elle qui pousse la femelle vers le mâle et tout aussi bien
le mâle vers la femelle. . .
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