Apprécie cette critique, «
Et ne cherche pas à savoir » pourquoi. Sinon, je laisserai Lucy faire…
Lucy, Lucy dépêche-toi, on vit,
On ne meurt qu'une fois...
Et on n'a le temps de rien,
Que c'est déjà la fin mais...
Il n'y a pas de mais. Lorsque l'on fait appel à Lucy, ce n'est jamais bon pour votre matricule. Vous avez passé un marché avec le diable il y a 5, 10 ou 20 ans et Lucy vient vous chercher pour vous indiquer la sortie. Direction Lucifer dans un sac poubelle. Il faut dire aussi que vous en avez bien profité durant ces années, mon petit veinard (ou ma petite veinarde) !
Revenons à notre affaire du moment et à
Marc Behm, mais je vous ai à l'oeil (ou surtout au clic) jusqu'à la fin de la critique. Renonçant à son contrat, Walter Gôsta s'avère être le type recherché par Lucy, et celui-ci se planque a priori dans une cabane sur une ile. Entre temps, un tueur en série, « le Piqueur », est en train de terroriser la population en assassinant de jolies femmes à coups de pic à glace en pleine poitrine. A la morgue, jubilant en voyant arriver un onzième cadavre encore tout chaud, le Docteur Hegel est ravi de pouvoir de nouveau assouvir ses besoins primaires. Pas de bol, la superbe femme morte, Fifi, s'avère être un homme cette fois-ci ! Quelle consternation pour ce pauvre médecin marié à Véronique…
Véronique Hegel, parlons-en ! Cette chère dame (riche voulais-je dire) cause régulièrement avec sa mère au cimetière et ressasse cette aventure de jeunesse avec Nan.
Nan Corey est une flic qui, évidemment, recherche activement le piqueur, vous savez le tueur en série.
Enfin, pour terminer, Bess, une amie de Nan, avec l'aide de Buzz, un junkie, subtilisent Ken (pas comme le copain de Barbie mais comme Kenneth, l'acteur). Ken s'avère être Fifi, le cadavre du transsexuel dans la morgue.
Ouf, j'ai terminé de brosser le tableau des multiples personnages haut en couleur de ce roman : une tueuse pro Lucy, le fuyard Walter, « le piqueur » tueur en série, Dr Hegel le nécrophile, Véronique qui rime avec Monique (désolé pour les Monique mais lisez vous verrez), la flic Nan et enfin Bess, la voleuse de cadavre.
Vous allez dire, mais pourquoi présenter tous ces personnages au lieu de raconter le début de l'histoire classiquement ? Parce qu'ils sont tous les narrateurs du récit. En effet, «
Et ne cherche pas à savoir » est découpé en chapitres plus ou moins courts et chacun des personnages prend la parole à tour de rôle.
Plus j'ai avancé dans ce roman, plus je me suis attaché à tous ces personnages. Comme vous l'avez peut-être compris, ce livre est de la même veine que « Cul-de-sac » ou encore « Savages » en plus déjanté encore.
Oui, oui, vous avez lu la description des personnages tous aussi dérangés les uns que les autres ! Vous voulez encore d'autres preuves !
Bon, OK. Accrochez-vous. Vous croiserez une femme bibendom enceinte de onze mois qui accouche d'un nouveau-né en pleine rue avec l'aide de Bess, un éléphant très affectueux sorti du zoo, un crocodile « Tibère » qui fait des longueurs dans une piscine privée, des gros rats qui rappliquent au son du trombone … Bref, du délire permanent. Cela me fait penser à un tromboniste suédois de funk Nils Landgren que j'ai écouté à la Défense (d'éléphant) qui a sorti un album avec une pochette aussi barge que le roman de Behm : un pistolet en plastique jaune avec un préservatif rose au bout. Véridique !Désolé, je m'égare, mais j'essaie d'être à la hauteur de l'auteur complètement fêlé. Revenons donc au sujet qui nous interesse.
Le personnage que j'adore se nomme Bess, ou plutôt Catherine de Médicis,
Ninon de Lenclos, ou encore Jeanne la Pucelle. Parfois même A.d'A., pas les locations de voiture, mais Aliènor d'Aquitaine. Bess ment comme elle respire, racontant toujours un récit imaginaire différent dès qu'elle croise quelqu'un.
Elle promène sur son porte-bagage son Ken, ou parfois même son fantôme. Par porte-bagage, entendez banquette de la voiture, camion de déménagement, ou encore brouette…Le vélo a l'air d'être interdit dans cette ville, peut-être depuis les aveux d'Armstrong.
Pour terminer, seul bémol de taille dans ce roman. Et je pèse mes mots… Lorsque l'on lit ce genre de polar dans les transports publics, il est préférable de ne pas laisser certains usagers lire dans votre dos. Disons que
Marc Behm a fait ingurgiter à ses personnages, surtout aux femmes, une dose viagra inimaginable. A mon avis, plusieurs boites d'un coup avant de démarrer le roman. Prudes âmes s'abstenir…
Vous aurez compris, un roman méga déjanté, aux folles courses poursuites, l'humour noir bien cru qui aurait pu être écrit à quatre mains par le loufoque
Westlake assisté du délirant Winslow. Bref un cocktail explosif et jouissif !
Si vous ne voulez pas voir débarquer Lucy chez vous ce soir à minuit, vous savez ce que vous avez à faire. Bon clic…et à bientôt pour un nouveau Behm en 2013.
PS : note de 4.5 pour l'originalité et le délire.
Suite à certains messages de lecteurs irrités, je vous signale que je ne suis pas un fan de P. Obispo mais que je ne connais pas d'autres textes sur Lucie.