Tahar Ben Jelloun nous tisse un roman en couches d'étoffes à la fois très opposées et finalement très semblables, touchant à l'humain. Qu'il se pense pur, faible, solide, puissant, il n'est jamais que le jouet de forces qui le dépasse. Des forces auxquelles notre foi donne vie et pouvoir. Tout est tissu de mensonges, rien n'est vrai, et pourtant tout ça domine, tout ça entraîne, tout ça... détruit. Puisqu'il s'agit malheureusement toujours de cela : détruire et mourir : cette fin attendue, inévitable et ultime. Alors faire ça en beauté, dans le stupre, l'excès, sombrer dans un érotisme thanatophore, aller contre le chemin balisé, sortir du lot, effrayer. Ou être déjà mort.
En fait, ces légendes que raconte
Ben Jelloun me rendent malade, tout comme n'importe quelles légendes à vrai dire. N'importe quelle coutume aussi, tout ça tient à la peur, peur de conséquences, ou stigmatisation immédiate comme pour cette Zina, pourtant passionnant personnage.
Je n'aime pas le folklore, d'où qu'il soit.
Ce livre est un tissu, de ce qui trouble, fait peur, fascine, fait ou donne envie de crever.
La fin du livre fait part belle à
Salman Rushdie, symbole s'il en est d'une cible de toute une gigantesque hypocrisie mortifère.