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EAN : 9782709670692
336 pages
J.-C. Lattès (18/01/2023)
4/5   17 notes
Résumé :
Née en Cornouailles, Jane est accusée de vol et déportée aux Amériques en 1684. Cette boiteuse sert durant sept ans dans une plantation. Elle apprend à lire dans la Bible, où elle découvre un verset qui promet une descendance puissante à une boiteuse affligée. Elle ?
Deux siècles plus loin, c’est Johann qui, au pays des hommes fiers, part à la recherche des gorilles. Il découvre un secret qui le relie à une dynastie de boiteux. Des boiteux qui traversent les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Attirée par la superbe couverture, focus sur le tableau d'un de mes artistes préférés, « La vie et la mort » de Gustave Klimt, séduite par le beau billet de Marie-Caroline (@mcd30) que je remercie, je ressors charmée par la singularité de cette auteure suisso-gabonaise. J'ai aimé me laisser envelopper par la musicalité des phrases, par cette langue qui porte en elle autant de poésie que de douleurs, par ces histoires familiales surprenantes qui s'entrelacent, qui flirtent avec le fantastique, avec pour toile de fond l'Amérique coloniale et le Gabon, pays des hommes fiers.

*
Née en Cornouailles en 1667, royaume des fées, des elfes et des sorcières, la naissance de Jane est nimbée de mystère et de magie. C'est son histoire que nous raconte Bessora.

Sa mère, une adolescente, accusée d'avoir été engrossée par le diable et bannie du village, accouche d'une petite fille, seule, près d'une rivière bordée de narcisses. Avant de mourir, elle tresse un berceau dans lequel elle y dépose son enfant ainsi qu'un Narcisse. Puis, dans un dernier effort, elle confie le couffin devenu barque à la rivière.
Découverte et adoptée par Abigaïl, une jeune célibataire sans enfants, elle prénomme le bébé Jane.

Les années passent. Devenue adolescente, Jane la boiteuse, sera accusée de vol, bannie d'Angleterre et déportée aux Amériques pour y être vendue à un planteur pour une durée de sept ans.

« Au fil des jours, nous soignâmes nos plantules, notre complicité grandissait. Mon ennemie intérieure, la rotule était toujours déterminée à retourner en Cornouailles. Mes genoux se disloquaient de temps à autre : mes facultés d'adaptation à la servitude et au nouveau monde les révulsaient. Si seulement ils avaient pu infléchir la course du bateau, contrecarrer l'océan ! »

Là, va se poursuivre son étrange destin, la liant à Johann, qui, deux siècles plus tard, part en Afrique à la recherche des gorilles pour en tuer un. Il faudra attendre les dernières pages du récit pour comprendre ce qui les unit.

*
La voix de Jane nous entraîne dans un récit qui trouve ses racines dans L Histoire mais se lit comme un conte. Elle peut être autant porteuse, conteuse, ensorceleuse, voyageuse, rêveuse que songeuse, soucieuse, courageuse, audacieuse, râpeuse.
Avec elle, on prend conscience d'un monde imperceptible qui affleure celui des esprits, celui aussi de ce Narcisse aux étranges pouvoirs : il s'étiole et se ranime, s'éteint ou s'illumine, répand un parfum putride ou entêtant, suivant l'humeur et l'état d'esprit de Jane.

« le narcisse couché dans la bible, au coeur Du Livre des prophètes, en était le trésor endormi. La fleur était sèche, mais en même temps si vivace. Desséchée tel un Hottentot empaillé, elle n'en était pas moins irriguée d'un fluide vivifiant : ses couleurs, intactes, bavaient encore sur les versets qu'elle soulignait.
Qui avait fait de cette bible un linceul ?
Depuis des siècles, la fleur déteignait sur les paroles divines. Et sa fraîcheur affirmait tout à la fois que le temps n'existait pas. »

En marchant dans les pas de Jane et de ses descendants, on s'imprègne d'une ambiance poétique et onirique. Bessora emporte le lecteur sur la ligne du temps, brassant lentement passé, présent et futur. Plus on avance dans le récit et plus les souvenirs et les rêves se mélangent à la réalité, plus le temps bâtit des ponts entre les époques.
Ainsi, les destins se croisent, se lient, s'emboîtent, se confondent, se rejettent ; les époques se superposent, se mélangent, se répondent.

« Frissonnant, Waneta me dit comment on tue ses parents. En naissant. En les oubliant. En les effaçant. »

De cette atmosphère rêveuse, découle cette impression d'odyssée dans le temps, de voyage dans l'espace, de balade poétique parfois accompagnée d'une sensation de vide et de chagrin. La force du récit réside également dans la sensation d'être incorporé dans le monde de l'invisible. La terre et les éléments naturels, le vent, la pluie, le soleil participent également à cette impression d'être littéralement enveloppé, comme s'il existait des passerelles entre le monde des vivants, celui des morts, celui de la Terre et de ses éléments.

*
L'autrice a une très belle écriture, élégante, mélancolique et introspective, on ressent immédiatement son amour des mots.
Avec ce roman qui marie Histoire et réalisme magique, Bessora montre une plume douce d'une
grande délicatesse quand elle parle du deuil et des sentiments, mais également puissante quand elle montre la pire facette de la nature humaine dans la traite des esclaves, l'injustice, l'exclusion.
L'auteure nous offre également une belle réflexion sur l'amour et la culpabilité, l'esclavage et la dignité, l'exil et la recherche de racines, le sens de la vie et la liberté.

« J'étais fascinée, quand même, par ma faculté à comprendre ces théories de la liberté et de l'accumulation. La vraie liberté, compris-je, c'était le pouvoir d'exploiter toute chose et toute personne en dehors de soi. »

Entre ces pages, on croise des femmes fortes, fragiles, douces, blessées, muettes ou boiteuses. On partage leurs secrets et leurs peurs, leurs espoirs et leurs désillusions, leurs regrets et leurs renoncements.

*
Pour finir, je me suis coulée dans un monde nimbé de magie où les temporalités s'entremêlent, où la vie et la mort défient la raison. J'ai été captivée par la magie du récit, par sa sensorialité, par son rythme lent et progressivement décousu.
Un roman à l'atmosphère mystérieuse, à la fois douce et violente, lumineuse et sombre, poétique et tragique.
Une autrice à découvrir.
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Une histoire drôle, poétique et tragique. Une très belle couverture avec La vie et la mort de Gustav Klimt.
Quel parcours pour une jeune irlandaise de seize ans !
Jane Molly Wesh va devenir esclave pendant quelques années pour couvrir les frais de sa traversée de l'Atlantique. Ainsi en était-il pour les condamnés à l'exil ainsi que les plus pauvres. Mais bien qu'elle soit blanche, elle n'en est pas moins une femme et à ce titre subira les assauts de son maître comme les esclaves noires.
Quelques années plus tard, en Afrique, un jeune européen tue des gorilles.
Avec beaucoup de talent, Bessora relie deux continents, le passé et le présent, l'histoire de la lignée de Jane. Vous, les ancêtres s'adresse à tous les amoureux de réalisme magique.
Bessora porte un regard différent sur l'esclavage et le racisme, nous sortons des sentiers battus.
J'ai bien l'intention de lire d'autres romans de l'auteure.
Merci aux éditions JC Lattès
#Vouslesancêtres #NetGalleyFrance
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1684, Cornouailles, au sud de l'Angleterre.
Jane, orpheline née au bord d'une rivière par une jeune fille qui l'abandonne, est recueillie par une femme qui l'élève comme sa fille. Jane a un handicap, elle est boiteuse. Elle est pourtant embauchée pour travailler dans une ferme. Alors qu'elle se rend dans un bourg voisin, elle est injustement accusée de vol. Elle est jugée et condamnée à la déportation en Amérique pour quelques années. Elle y est vendue à un planteur. Ce n'est encore qu'une toute jeune fille. En cette terre lointaine, elle ne connaît personne. Elle doit se protéger, ne pas devenir une victime des hommes et poursuivre son chemin jusqu'à gagner sa liberté.

D'esclave blanche à épouse puis mère, c'est toute l'histoire de l'exil d'une jeune anglaise et des années qui suivent que “Vous, les ancêtres” explore à travers L Histoire.

Ce nouveau roman de Bessora est un portrait de femme et une fresque familiale que l'autrice nous raconte en très peu de pages.

Grâce à son héroïne, nous traversons les mers jusqu'en terre d'Amérique ou un nouveau monde en pleine expansion est à découvrir. de l'esclavage aux champs de tabac, à la délivrance et au parcours d'une femme sur plusieurs décennies, nous parcourons ainsi les époques et les mentalités.

Jane est une jeune femme de caractère, pleine de courage et d'ambition que nous apprenons à connaître et à aimer au fil des chapitres qui défilent à grande vitesse. Mais, un mystère l'entoure depuis sa naissance et on se laisse bercer par cette ambiance.

J'ai adoré découvrir le Maryland des années 1700, l'origine de son nom, l'installation des colons, le travail de la terre, la place de la femme.

Abordant l'esclavage, l'exil, le deuil et la liberté, la religion et les croyances, ce livre est à la fois un roman historique, un récit d'aventure et une saga familiale.

J'ai adoré encore une fois la plume de Bessora et j'ai passé un excellent moment de lecture.

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Elle a à peine six jours quand son couffin végétal dérive sur les bords du fleuve et qu'une femme, Abigail la recueille comme son propre enfant. C'est en Cornouailles que naît Jane, cette enfant boiteuse, d'une mère qui se meurt après lui avoir donné la vie.
Jane, à seize ans, est recrutée par un Lord et va être à tord, accusée de vol. Bannie d'Angleterre, elle est exilée en Amérique comme esclave pendant une période de sept ans.
Vous les ancêtres, est l'histoire d'une enfant devenue femme trop jeune, d'une amitié entre deux jeunes filles, Jane et Sarah, liées sous le toit d'un seul maître . Jusqu'au jour où les liens sont rompus.
Comment vivre sa nouvelle liberté quand on a rien et en plus quand on est boiteuse ?

Cette plume de Bessora vibre d'une puissance inouïe nous dépeignant entre réalisme et mystère le destin d'une femme hors norme, et les origines de cet homme, une siècle plus loin, Johann hanté par sa bisaïeule dont il s'est fait la promesse de tuer.
#Vouslesancêtres #NetGalleyFrance


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BESSORA – VOUS,LES ANCËTRES – 2023

Je ne suis pas sûr que vous survivrez éthiquement et moralement à cette histoires d'ancêtres du futur, “Nos ancêtres, les Vénusiens ou les Martiens”, ici simplement les Noirs d'Afrique Noire d'aujourd'hui vus comme les ancêtres des esclaves ou anciennement esclaves noirs d'Amérique, du Maryland précisément. Les racines sont dans les fleurs des arbres à fleur, dans les frondaisons fleuries de quelque rouge flamboyant ou jaune rooibos. Les Roots des esclaves noirs d'Amérique sont dans les Africains d'aujourd'hui. Mais cela n'est qu'un détail et les “roots” ne sont qu'une production cinématographique ou télévisuelle de plus. Nelson Mandela est l'ancêtre de Sally Hemings et de son fils, esclave comme elle même qu'il est le rejeton, rejeté vraiment, de Thomas Jefferson dont il ne porte pas le nom et qui en a fait son esclave de maison à la Maison Blanche où il sert les repas à son “père” le président et ses relations blanches. Les noirs mangent à la cuisine, y compris le rejeton présidentiel.

Qu'on prenne la Mary du Maryland, dans un sens ou dans un autre, on n'a que des situations tordues. Mary II (1662-1694), la Reine de l'Angleterre de la Glorieuse Révolution, 1688, et de la Bill of Rights, 1689, règne sur un état, le Maryland, où la majorité de la population est noire et n'a aucun habeas corpus, quoi qu'en dise ou puisse en dire Bessora, il est vrai sur des blancs.

Dans les années 1630, la colonie de St. Mary's City a été fondée. Très vite, les premiers esclaves africains ont été importés [comme des marchandises, du matériel ou du bétail] dans la province du Maryland en 1642 afin de développer l'économie d'une manière similaire à celle de la Virginie, le tabac étant la culture de base, à forte intensité de main-d'oeuvre. En 1755, environ 40 % de la population du Maryland était composée d'Afro-Américains, pour la plupart réduits en esclavage. En 1790, la population totale était de 319 728 personnes, dont environ 150 000 esclaves.

Et de toute façon l'autre Mary que les Américains voient derrière ce Maryland, c'est la concubine du Saint Esprit qui a pris corps un soir dans le Temple de Jérusalem où Mary tissait le voile, l'un des nombreux voiles de Salomé et de sa danse, qui a pris corps disais-je sous la forme d'un des prêtres de ce Temple qui avait eu tout à coup et soudainement une envie urgente qu'il satisfit sur la première enfant venue, enfin pas tout à) fait enfant car elle avait plus de treize ans, même si ce plus n'était qu'un à peine treize ans.

Dans ce contexte de production d'enfants, parfois devenus Messies et fils de quelque Dieu, on ne sera pas surpris que la plantation des esclaves concernés soit une ferme laitière qui fait son beurre, j'entends du fric, avec le lait de ces esclaves que l'on traie tous les jours et qui donnent du lait de façon permanente à condition qu'on les traite comme des vaches et qu'on fasse en sorte qu'elles soient enceintes tous les dix-huit mois, non pas pour permettre la survie de l'espèce ou de la communauté, mais pour permettre la continuation du profit du planteur éleveur d'esclaves femelles qu'il fait monter par tous les blancs possibles et qui vendra le lait à prix d'or, et les enfants après quatre ou cinq ans à prix d'uranium. L'or est tellement désuet et périmé quand on parle d'esclavage. Tintin en a fait de l'or noir, désignant justement ainsi les esclaves de ce commerce, côté Océan Indien et Mer Rouge. Alors parlons d'uranium noir qui a en plus de sa valeur une influence irradiante qui s'ajoute à la profondeur mentale de tous les irradiés blancs, pas des noirs qui n'ont pas de mental, profond ou pas profond, simplement pas de mental du tout.

Reprenons à zéro après ce délire.

L'histoire commence à la fin du 17ème siècle au Maryland, en fait en Cornouailles, mais ce n'est qu'une racine nostalgique qui n'est pas la vraie racine de l'histoire. Fille laitière d'une ferme de Cornouailles, elle sera déportée au Maryland pour sept ans d'esclavage bien mérité – elle le dit elle-même – car elle a renversé le pot de lait qu'elle ramenait à la ferme. Pauvre …

Perrette, sur sa tête ayant un Pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue elle allait à grands pas,
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.

Adieu Cornouailles, Angleterre, Grande Bretagne et Royaume Uni. L'esclavage n'est qu'un plus où on ne peut pas tomber plus bas. Et sept ans c'est rien quand on en a même pas treize, peut-être seulement dix ou onze, l'âge normal de mariage des filles en Angleterre en ce temps-là comme dans les colonies d'ailleurs dont le Maryland n'est qu'un exemple exotique.

Et notre Perrette se retrouve fille de plantation, c'est-à-dire esclave corvéable, taillable et baisable à merci. Plantation laitière qui nourrit une étable de femmes noires et quelques esclaves à durée limitée blanches venues d'Angleterre par décision de justice. Elles doivent être enceintes tous les dix-huit mois pour qu'elles produisent du lait de façon continue. Notez que quand elles sont enceintes les soumettre à des rapports sexuels est un gaspillage monumental puisqu'elles ne peuvent pas le devenir davantage et qu'en plus cela risque de provoquer des complications comme fausses-couches et traumatismes multiples chez le bébé, s'il naît. Oh ! combien ils savent tout cela nos planteurs et leurs personnel blanc.

Tant qu'on parle de cette situation épineuse qui vous monte l'épine en obélisque en plein centre de la place de la concorde, on suit la ligne du temps normal. Mais quand l'esclavage s'arrête, pour notre cornouaillaise après sept ans et quelques prolongations, on quitte la ligne normale du temps et on essaie de retrouver les ancêtres de ces esclaves noires, et on les retrouve donc en Afrique où les esclaves noires ont leurs racines. Merci, seigneur, Merci mon Dieu, Merci Petit Jésus. Et tout pourra peut-être finir bien avec quelques millions de mort en cours de route, mais les survivants seront « heureux d'être et peureux de paraître, et ils paniqueront devant la perspective inéluctable de disparaître qu'ils diaboliseront ». Mais tout cela n'est valable que pour les noirs, même s'ils n'ont qu'une seule goutte de sang noir. Qu'en est-il alors des blancs, les descendants des planteurs ou esclavagistes qui n'ont pas la moindre goutte de sang noir ? Et c'est alors qu'ils s'imaginent que leurs ancêtres sont les Européens, du moins tant qu'ils restent sans la moindre goutte de sang « coloré » et depuis 1917 ou à peu près ils ont décidé, ces descendants d'esclavagistes, que l'Europe était leur terrain de football américain, leur terrain de jeu, leur cour de récréation, et qu'on se le dise bien entre les deux oreilles, nous n'enverrons pas de militaires mais vous aurez tout le matériel possible même si vous ne savez pas trop vous en servir. Qu'importe le coût pourvu qu'on ait la guerre. C'est là la différence d'avec les noirs. Ce sont les noirs d'Afrique qui aujourd'hui s'installent aux USA, deviennent même Président s'ils ont eu la chance de naître d'un parent américain et sur le sol américain.

Pervers je vous dis, et Bessora nous perd dans les dédales d'une généalogie mentale qui n'en finit pas de nous tirailler, de tirailleur indigène en tirailleur sénégalais, jusqu'aux limites extrême d'un irréalisme qui nous prend à la gorge et nous prend la tête et nous fait nous demander, mais à quoi bon de savoir, pourquoi il y avait dans un cimetière bordelais une enterrée noire du treizième siècle momifiée par le calcaire et que j'ai vue, sans toucher, au moins deux fois quand j'étais gamin et qui a disparue depuis un certain temps, et j'ai vérifié lors de ma dernière visite. Alors nous avons tous du sang noir, au moins une goutte, nous les natifs authentiques de cette bonne ville de Bordeaux, et que dire des esclaves qui sont passés à Bordeaux dans les maisons du commerce triangulaire du quai des Chartrons entre la Halle au tabac aujourd'hui devenu centrer culturel et le quai de Bacalan du port à la morue (Bacalan en Occitan et Bacalhau en Portugais) qui détenait les esclaves, ou quelques esclaves dans les arrières de certaines maisons, comme le 95, et qui devaient en vendre quelques uns ou quelques unes pour devenir les bonnes de quelques maisons de la bourgeoisie du bouchon. Nous avons tous des ancêtres africains, et alors !?

Je dois dire que je me suis un peu perdu dans les souvenirs d'Afrique et mes amis africains, comme Pierre Ngeyitala de Kinshasa que j'ai aimé comme un frère, un frère noir, comme moi j'étais le frère blanc de ce nouvel ordre religieux racial, un ordre mental et spirituel qui refuse d'être daltonien, « color blind » qu'ils disent les blancs américains qui ne veulent pas voir la couleur des gens : nous sommes tous les mêmes saperlipopette, éliminons les différences de couleur, de toutes les couleurs, mêmes toutes celles de l'arc en ciel. le problème est de savoir comment on peut le faire : le lance-flamme comme Mussolini en Éthiopie, les fours crématoires comme Hitler en Pologne at en Allemagne, une bonne guerre tribale comme au Congo ou au Rwanda ? Il a fallu deux guerres mondiales en Europe pour éliminer les minorités allemandes en Pologne. Imaginez combien de guerres mondiales il faudra pour éliminer tous les gens de couleur. Tous les gens de couleur ? Même les japonais et les Sud-Coréens ? Ou faire comme H.G. Wells et faire une seule exception pour les juifs car ils acceptent de se marier avec des non-juifs, comme ma grand-mère paternelle. Comme vous y allez, éliminer tous les gens de couleur ! C'est que de parler des ancêtres nous mène peut-être un peu trop loin. Comme il était plus simple de vivre dans une caverne dans le Paléolithique Même si partis d'Afrique Noire, ces Homo Sapiens dit Anciens Européens avaient déjà largement perdu leur mélanine le long de leur route de migration qui n'était pas une Trail of Tears, mais une route d'espoir, l'espoir de coloniser des territoires nouveaux, de les défricher et de les purger de tous les parasites inférieurs, des terres suffisamment giboyeuses pour permettre la survie pendant longtemps de ce peuple blanc élu pour purifier le cosmos. La preuve : nous sommes encore là, même si nos ancêtres sont tous africains.

Dr. Jacques COULARDEAU

Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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critiques presse (1)
LeMonde
31 janvier 2023
Hanté par la question de ­l’héritage, Vous, les ancêtres, le nouveau roman de Bessora, s’ouvre curieusement par le récit d’un bébé de 6 jours sans attache aucune. « Je suis une chose qui n’a pas de nom », constate, équanime, la narratrice nouveau-née, naviguant sur un fleuve tel Moïse, son couffin tapissé de narcisses.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
J'ai six jours quand, pour la première fois, Abigail entend mon cri. Elle abandonne sa cueillette, retrousse ses jupes pour courir à l'endroit d'où vient le hurlement, court à perdre haleine en direction du tumulte et, enfin, en découvre la source : un nourrisson planté au cœur d'un énorme couffin, du moins ce qu'il en reste. Arrivée par le fleuve, cette poubelle navigable rassemble une loutre, un oisillon mort, des restes de langes végétaux, une pâte de selles mêlées d'urine, l'enfant et une fleur puante, qui se love dans son cou.
Le premier transport d'Abigail est de dégoût.
Je suis une chose qui n'a pas de nom.
Ma mère a treize ou quatorze ans le jour de sa mort et de ma naissance. Boutonneuse, les cheveux rouges, les yeux jaunes, elle ne m'a pas voulue. J'ai germé à son corps défendant.

(Incipit)
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Prise de vertiges, ma mère s'active quand même, à cueillir des fleurs par poignées, à me frotter avec pour me laver. Ignorant quoi faire, elle scrute le narcisse penché sur moi comme s'il avait des réponses,ou pouvait contenir les attentions maternelles qu'elle ne peut pas me donner. Sa tendresse est baîllonnée. Elle avise le caillou sur lequel elle s'est appuyée, assez gros pour m'écraser la tête. Le plus simple, pense-t-elle avec effroi. Le ciel aussi s'horrifie. Ses nuages noircissent, une pluie brève s'abat sur la fleur qu'elle jurerait entendre murmurer : renonce au meurtre de l'enfant.
Je vivrai, c'est la sentence finale.
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Non, merci, elles ne descendront pas fêter la naissance du Christ. Non, inutile de leur monter quelque chose, elles n'ont pas faim. Déconcerté, James se retire avec l'impression bizarre que tout se modifie autour de lui. C'est bien la même cheminée, les mêmes personnes, la même maison... Mais quelque chose est en train de changer. Est-ce son regard ? Ses yeux qui ne voient plus la même façon ? Son nez qui ne sent plus pareil ? Ou alors, le monde change ? Jamais en tout cas il n'avait soupçonné l'affliction qu'il vient de voir. Elle avait une drôle d'odeur, elle puait la terre, l'herbe mouillée et le liquide amniotique. Il n'a plus faim.
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L'Europe était très agée et malade de ses guerres. On s'y massacrait à longueur de temps pour des histoires de terres, de royaumes, de successions. Des promesses de gloire qui n'étaient jamais tenues. On voulait quand même y croire. Alors on ne se laissait jamais le temps d'en guérir, les plaies ne se refermaient pas. Si ce n'était les guerres, c'était les maladies. Alors on se referait une jeunesse et une santé dans de nouveaux mondes : Nouvelle-Angleterre, Nouvelle-France, Nouvelle-Suède, Nouvelle-Hollande, Nouvelle-Écosse.
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Au fil des jours, nous soignâmes nos plantules, notre complicité grandissait. Mon ennemie intérieure , la rotule était toujours déterminée à retourner en Cornouailles. Mes genou se disloquaient de temps à autre : mes facultés d'adaptation à la servitude et au nouveau monde les révulsaient. Si seulement ils avaient pu infléchir la course du bâteau,, contrecarrer l'océan !
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