AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791021056886
304 pages
Tallandier (06/04/2023)
3.44/5   9 notes
Résumé :


DD ou Danielle Darrieux est la plus grande star française de cinéma de son époque. Elle débute sa carrière à 14 ans en 1931 et tourne plus de cent films jusqu’en 2010, avant de mourir centenaire en 2017.

Le 18 mars 1942, la « fiancée de Paris » monte dans un train surnommé « le train de la honte », à destination de Berlin, afin de promouvoir son film Premier Rendez-vous à la demande de la Continental, une société de production français... >Voir plus
Que lire après Voyage à Berlin : Danielle Darrieux amoureuse sous l'OccupationVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Si ce livre a attiré mon attention, c'est parce que ma grand-mère aimait beaucoup Danielle Darrieux. Je l'avais donc déjà repéré avant qu'il ne soit proposé lors de la dernière opération Masse critique (Non-fiction de juin 2023). C'est tout naturellement que je l'ai coché, avec quelques autres propositions, sans grand espoir d'être sélectionnée, puisque je faisais déjà partie des gagnants le mois précédent. Ce fut donc deux surprises coup sur coup : je remporte une nouvelle fois un livre et en plus l'un des deux qui me tenaient le plus à coeur.

Jérôme Bimbenet, historien du cinéma et déjà auteur d'un livre sur Leni Riefenstahl (réalisatrice allemande qui a participé à la propagande du Troisième Reich), se consacre ici, par le biais de la biographie de Danielle Darrieux, à l'histoire du cinéma français sous l'Occupation allemande. À n'en pas douter, il connaît son sujet.

Il choisit de démarrer et de terminer son livre en évoquant le « train de la honte », train à destination de Berlin en 1942 dans lequel sont montés quelques vedettes du cinéma français, dont Danielle Darrieux. Officiellement partie pour la promo de l'un de ses films, c'est en fait un accord qu'elle a passé avec la Continental (société de production française financée par l'Allemagne nazie) : officieusement, elle part rejoindre l'homme qu'elle aime et qu'elle épousera plus tard, ce dernier étant retenu prisonnier là-bas pour avoir eu des propos anti-allemands.

Jérôme Bimbenet éclaircit donc cet événement afin de remettre les choses à leur place. Il précise également que Danielle Darrieux n'a jamais voulu lui accorder de son temps et qu'il a donc dû s'appuyer sur d'autres sources pour étayer ses arguments (sources nombreuses listées en fin d'ouvrage).

Mais il n'est pas uniquement question de ce train dans ce livre biographique. Il est d'abord question de cinéma, et plus particulièrement de cinéma français des années 1930 à l'Occupation allemande. L'auteur est précis et passionné par son sujet, ça se ressent et on ne peut le lui reprocher. Il y a tout un étalage de noms d'acteurs et d'actrices, et de titres de films. C'est là que ça a un peu pêché pour moi, puisque je ne connaissais pas la moitié des gens et films mentionnés (pour ma défense, je suis née presque cinquante ans après la fin de la guerre). Ce fut donc quelque peu ardu ou lourd par moments.

Ce n'est que dans la seconde moitié du livre que le ton devient plus personnel, quand Danielle Darrieux et sa carrière sont davantage mises en avant, tout comme sa vie privée d'ailleurs puisqu'elle ne tournera plus de films de 1942 jusqu'à la fin de la guerre. La lecture se veut plus limpide, plus intéressante aussi (en ce qui me concerne en tout cas).

J'ai quand même été mal à l'aise, parfois même outrée, de constater que l'actrice évoluait dans un monde hors réalité. Totalement insouciant et inconscient de la réalité de la guerre, ça fait la fête, ça se paie des voitures de luxe, ça se pavane devant les caméras, ça part au ski, ça mange et boit plus que de raison. le peuple a faim, les Juifs sont exterminés et pendant ce temps-là, on signe des autographes aux Nazis venus réquisitionner deux chambres de votre villa.

« le monde du spectacle va devoir rendre des comptes sur son attitude durant les quatre ans d'occupation. Il est dorénavant livré à lui-même, face à ses accusateurs, face à la société, face aux Français. Ce monde insouciant et privilégié qui, au mieux, a traversé les années sombres avec des ornières, au pire, s'est donné aux Allemands, doit maintenant renaître sur de nouvelles bases. »

On n'ouvre les yeux et on ne regrette qu'à la fin de la guerre, quand on vous demande de rendre des comptes lors des commissions d'épuration. J'ai eu énormément de mal avec cet aspect-là.

Dans l'ensemble, même si je ne me passionne pas plus que ça pour le cinéma, j'ai apprécié ma lecture dans laquelle j'ai beaucoup appris. Malgré les lourdeurs, cela reste bien écrit, sacrément bien documenté également. le contexte historique est bien expliqué, notamment tout ce qui concerne la collaboration artistique franco-allemande. On cerne la personnalité des uns et des autres facilement, qu'on adhère ou pas.

Reçu et lu dans le cadre de la masse critique Non-fiction, je remercie Nicolas de Babelio pour la sélection et les éditions Tallandier pour l'envoi de cet ouvrage abouti et intéressant.
Commenter  J’apprécie          6511
Voyage à Berlin est consacré à Danielle Darrieux, une actrice que j'ai toujours appréciée. L'ouvrage est écrit par un historien du cinéma.

Le début du livre retrace dans les grandes lignes les premières années de la vie de l'actrice. Danielle Darrieux est née à Bordeaux en 1917. Elle est issue d'un milieu plutôt aisé : son père est ophtalmologue et sa mère chanteuse. Rapidement la famille déménage à Paris. En 1931, Danielle Darrieux, âgée de quatorze ans, tourne dans le bal, son premier film. Jeune femme, elle se marie avec le réalisateur Henri Decoin de vingt-sept ans son aîné. Ce dernier contribuera au lancement de sa carrière. Après un bref passage aux États-Unis où elle ne se plaît pas, l'actrice rompt son contrat et rentre à Paris, accompagnée de son époux. Surnommée DD, elle est désormais une célébrité adulée par les Français.

En parallèle, l'auteur évoque la vie de Porfirio Rubirosa, playboy et diplomate dominicain avec lequel l'actrice va vivre une histoire d'amour pendant la guerre. Tout au long du livre, on en apprend davantage sur cet homme. Marié avec la fille du dictateur Trujillo, il mène une existence oisive (alcool, conquêtes féminines, petits trafics). Il se montre d'ailleurs violent avec sa première épouse. le développement autour de cette personnalité m'a permis d'en savoir plus sur le contexte en République Dominicaine dans l'entre-deux-guerres, ce qui n'était pas inintéressant.

Danielle Darrieux rencontre Rubirosa à Cannes en 1940. Sur la Côte, elle mène une vie insouciante face aux privations imposées par la guerre aux Français: "La Côte d'Azur est ainsi le refuge d'un monde déconnecté de la réalité, replié sur son égo, en représentation perpétuelle, qui oublie que sans le public, qui souffre sous les bombes, il n'existerait pas."(p 69). Bien que l'on ne puisse pas juger sans avoir vécu une situation, cette insouciance face aux souffrances de la population pendant le conflit m'a un peu interpellée.

L'ouvrage comme son titre l'indique se consacre en effet essentiellement sur la période de l'Occupation. Il offre par conséquent une place majeure à l'histoire d'amour de Danielle et de Porfirio ainsi qu'au "train de la honte". En 1942, DD et plusieurs célébrités de l'époque telles que Albert Préjean (qui fut à maintes reprises son partenaire au cinéma), Vivian Romance ou Suzy Delair se rendent en Allemagne et rencontrent Goebbels. le film Premier rendez-vous est présenté à cette occasion. L'actrice accepte de s'y rendre pour pouvoir rejoindre son amant alors en résidence surveillée en Allemagne. Elle épousera Porfirio en 1942. Ils vivront leur histoire avec légèreté et insouciance pendant le reste de la guerre. Ils se sépareront ensuite, Danielle tombera amoureuse de Pierre Louis, puis se mariera avec Georges dit "Midi". Elle quittera les rôles de jeunes filles ingénues pour des rôles plus dramatiques.

Le livre traite également de la période de l'épuration dans le cinéma d'après-guerre. L'auteur évoque le film de Marcel Ophüls intitulé le Chagrin et la Pitié, sorti dans les années 1970. Ce documentaire diffuse notamment les images du départ des acteurs du "train de la honte" en mars 1942: "Les trente secondes du départ des artistes vont avoir un effet dévastateur. le voyage devient alors le symbole de la compromission des artistes avec l'Allemagne nazie."

Voyage à Berlin, Danielle Darrieux sous l'Occupation ne se veut ni dans l'accusation ni dans la justification des choix de l'actrice. Il est dommage qu'elle n'ait pas accepté de rencontrer l'auteur, cela aurait apporté plus de force au récit. J'ai initialement eu un peu de mal à entrer dans cette lecture. Mais rapidement, je me suis laissée portée par l'histoire et j'ai appris beaucoup de choses. J'aurais aimé que quelques images soient présentes en pages centrales (notamment les images d'archives du voyage à Berlin parues dans la presse), cela aurait apporté un petit plus, et permis aussi de visualiser les visages des autres personnalités évoquées dans le livre. Mais dans l'ensemble un ouvrage intéressant et de qualité pour ceux qui s'intéressent au cinéma et à la période de l'Occupation.

Merci aux éditions Tallandier et à l'équipe Babelio.
Commenter  J’apprécie          90
DD. Plus d'une centaines de films, huit décennies passées devant les caméras, la plus grande star française de cinéma de son époque.

En 1942, elle emprunte un train pour Berlin aux côtés d'autres vedettes, pour une tournée de 12 jours en Allemagne et en Autriche, à l'invitation de Joseph Goebbels, le ministre de la propagande de l'Allemagne nazie.

En réalité, son intention est de rejoindre son fiancé Porfirio Rubirosa, ambassadeur de la République dominicaine interné après des propos anti-allemands. Sur place, elle rencontre Joseph Goebbels pour négocier la libération de son amant en vue de son mariage.
« Ainsi, Danielle Darrieux a obtenu ce qu'elle voulait, la libération de son amoureux. Elle n'a pas hésité pour cela à interférer dans la diplomatie germano-dominicaine, devenant ponctuellement un rouage de l'histoire. La jeune femme frivole et insouciante qui ne « voyait » pas d'uniformes allemands à Paris pouvait donc, quand elle était personnellement concernée, s'engager avec détermination pour parvenir à ses fins ».

L'historien du cinéma Jérôme Bimbenet revient sur cet événement qui a poursuivi l'icône d'Ophüls jusqu'à la fin de sa vie. Un voyage de promotion en Allemagne nazie dont la "fiancée de Paris" ne cessera jamais de justifier les raisons.

Force est de constater après cette lecture que Danielle Darrieux a vécu insouciante dans un monde parallèle durant cette période sombre de l'histoire. L'actrice amoureuse vit totalement en dehors des réalités et des horreurs perpétrées par les nazis comme les autres vedettes de cinéma de l'époque qui l'accompagnaient.
« A aucun moment, personne n'a eu l'idée de s'inquiéter de ce que devenaient les internés de Dachau, dans la banlieue de Munich, un camp dont tout le monde connaissait l'existence puisque son ouverture avait fait la une de la presse en 1933… »

L'historien Jérôme Bimbenet retrace ici le parcours de l'actrice, complexe mais accablant, pendant l'Occupation. Cependant sans jugement. Il relate simplement des faits. Elle n'aura de toute façon jamais été inquiétée contrairement à Arletty même si son statut l'a protégée, qu'elle a bénéficié du luxe et des plaisirs quand la plupart des français souffraient.

Un récit intéressant mais qui reste une biographie, où il est beaucoup question de cinéma et qui ne m'a pas passionnée même si j'y ai appris pas mal de choses. Mais il s'agit tout simplement de mes goûts personnels. Je m'attendais à quelque chose de plus «romancé ».

Merci à Babelio et aux éditions Tallendier pour l'envoi de livre dans le cadre d'une masse critique ..
Commenter  J’apprécie          40
Voilà 300 pages sur un sujet extrêmement mince et des personnages particulièrement falots ! Il s'avère rapidement que tous ses artistes et leurs comparses ont une conscience politique proche du néant, vivent dans un monde parallèle, refusant obstinément de voir l'état de la France occupée et son lot de détresses - à l'exception de quelques uns, tel Fernand Ledoux. du reste, l'auteur le dit à plusieurs reprises et n'excuse pas l'inconscience coupable de Danielle Darrieux. Mais nous sommes bien loin de la formidable fresque de Félicité Herzog dans "Une brève libération", qui expose toute l'infâmie d'une haute bourgeoisie compromise jusqu'à la moëlle avec l'occupant et Vichy.
Ce qui ajoute au caractère insipide de l'ouvrage c'est la médiocrité des personnages. Alors pour remplir les pages, on s'étend sur la jeunesse de Danielle Darrieux, ses amours et celui qui est le prétexte à son voyage à Berlin : un certain Porfirio Rubirosa, un playboy répugnant dont on nous conte aussi longuement la vie - sans que cela ait de grands rapports avec la question du "Train de la honte". En fait, le vrai problème est que nul n'est attachant dans ce livre, tout le monde est médiocre. Danielle Darrieux, ce n'est certes par Ingrid Bergman ! et ses amours sont à des années lumières de celles que la Suédoise vécut avec le formidable Robert Capa. Ou bien s'il fallait proposer une autre comparaison : quel cruel contraste avec les inoubliables ouvrages qui content les amours volcaniques et bouleversants entre Consuelo et Antoine de Saint-Exupéry ! Une actrice peu inoubliable, un séducteur de bas étage, ça ne fait pas un livre de chevet...
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
LeMonde
13 juin 2023
Ce qui frappe dans ce récit cap­tivant est la cécité de l’actrice, semblable à celle de ses compagnons de voyage. Si certains partaient à reculons, tous s’efforçaient de garder les yeux grands fermés.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Danielle semble flotter dans une sorte d'euphorie où l'exode lui apparaît comme une aventure excitante, totalement inconsciente de ce qui se joue autour d'elle, flattée d'être reconnue par les soldats allemands. Elle avait rejoint une résidence familiale comme bon nombre de riches parisiens privilégiés pour lesquels les dangers étaient limités.

[...]

Après la débâcle, le Tout-Paris du spectacle s'était réfugié sur la Côte d'Azur, l'une des enclaves protégées de la zone libre. Le couple Decoin n'y possède pas de propriété et loge à Cannes, au Grand Hôtel, « paquebot de croisière immobilisé par la guerre », qui appartient au père d'un jeune comédien plein d'ambitions et d'avenir, Louis Jourdan. Ils y mènent une vie agréable avec une insouciance qui dénote avec l'anxiété et les privations endurées par les populations de la zone occupée. Ils semblent n'en avoir pas vraiment conscience, tout comme ceux qui se cloitrent dans leurs résidences secondaires ou bronzent sur les plages. La vie mondaine et insouciante des artistes s'est déplacée de Paris à Cannes et la Croisette était devenue le centre de l'élégance de la zone libre.
Commenter  J’apprécie          255
Danielle se souviendra de ce temps, si loin des bombardements, des privations et des épreuves que traversent les français :
On s'en foutait. On allait chez le coiffeur, tout le temps on était dans l'insouciance totale, on était ce qu'on appelle dans la zone libre, comme on était très jeunes,très jolies et des stars en vogue on se foutait éperdument de tout ce qui se passait là haut. P71
Commenter  J’apprécie          80

Video de Jérôme Bimbenet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Bimbenet
Etienne Bimbenet vous présente son ouvrage Nature et Humanité : le problème anthropologique dans l'oeuvre de Merleau-Ponty aux éditions Vrin.
autres livres classés : seconde guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (21) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..