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Véronique Gourdon (Traducteur)
EAN : 9782330185565
336 pages
Actes Sud (03/01/2024)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Dans cet essai, le célèbre journaliste et écrivain culinaire Mark Bittman décortique l'histoire de l'alimentation pour en tirer d'édifiantes conclusions sur celle des humains.
La nourriture a tout à voir avec l'impasse où se trouve nos modes de consommation, c'est pourquoi elle peut être la clé pour un avenir plus juste et soutenable.
Cette plongée passionnante mais vertigineuse dans notre histoire nous conduit jusqu’à la période actuelle, où l’agro-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
UN LIVRE UTILE.
C'est un essai très intéressant. J'avais quelques à priori sur l'analyse du fait que l'auteur s'appuie exclusivement sur des chercheurs et auteurs anglosaxons, ce qui pourrait introduire un biais dans son propos, mais c'est un travail fouillé qui n'hésite pas à dénoncer les dérives liées à l'économie de marché. Quelques redites donnent parfois l'impression de revenir en arrière. On aimerait que l'analyse soit moins centrée sur les USA mais il faut reconnaître que bien des dérives sont liées aux pratiques intensives agricoles, à la monoculture et au business de l'industrie agroalimentaire, qui ont initié et essaimé dans le monde un nouveau mode de consommation aux multiples effets délétères.
On remonte loin, au début de l'humanité où l'évolution de l'espèce humaine est directement corrélée à la maîtrise du feu (manger cuit et se protéger change la donne) et l'apprentissage de la culture des céréales et des plantes comestibles. Un chapitre fort intéressant montre que les colonisations de toutes sortes se sont accompagnées d'une monoculture imposée pour l'exportation et l'enrichissement des dominants, avec pour conséquences directes des famines à répétition. Et cela jusqu'à aujourd'hui ! le modèle de l'agriculture américaine s'est construit au fur et à mesure de l'expropriation des autochtones, en cultivant des céréales puis en engraissant des bêtes qui consommaient le surplus de céréales (Cincinnati). Évidemment tout ce business a été organisé de manière démesurée avec comme seul objectif la rentabilité maximum. Outre l'expropriation "légale", c'est l'exploitation de la terre et son appauvrissement avec comme seul remède les engrais ...chimiques. Ce livre très documenté nous relate comment les exploitations agricoles se sont transformées en agro-industrie de monoculture enrichissant les banquiers, les fabricants de matériels agricoles et les producteurs de semences et de produits chimiques et conduisant à la ruine tous les petits cultivateurs. le dustbowl, grande catastrophe écologique que j'avais découvert à travers une bd de qualité (jour de sable de Aimée de Jongh) et les grandes famines qui ont sévit au 20e siècle en Russie (12 millions de morts) et en Chine (40 millions de morts) sont le résultats de politiques gouvernementales aberrantes, visant a casser la petite paysannerie et à instaurer une agriculture d'exportation. Car finalement les grands changements sont souvent imposés par les gouvernements et leurs conséquences néfastes engendrent des remaniements sociétaux importants. Les mesures discriminatoires conçues pour sauver les agriculteurs dans le sud des USA sont directement à l'origine de la plus grande migration interne : entre la fin de la première guerre mondiale et les années 1970, 6 millions d'afro-americains ont dû s'exiler dans les villes industrielles du nord. La Californie n'a du son essor des cultures vivrieres qu'à la main d'oeuvre immigrée et exploitée. La congélation et la mise en conserve des fruits et légumes est une innovation technologique qui permettra à l'industrie alimentaire de se développer en absorbant les surplus de la production intensive.
Une donnée chiffrée m'a sidérée : 50 milliards de hamburgers sont produits aux USA annuellement soit 150 par personne. Un chapitre nous raconte comment les ingrédients de ce produit emblématique sont nés des surplus transformés et industrialisés : la viande hachée, le fromage fondu, le ketchup... La naissance des marques et du marketing a eu pour conséquence une standardisation du régime alimentaire américain. Puis après les progrès relatifs à la conservation des aliments par le froid, c'est le développement des supermarchés qui progressivement a transformé notre relation à l'alimentation. le développement du soja pour l'alimentation animale a permis d'augmenter la consommation de viande et notamment de poulet sous toute ses formes jusqu'aux nuggets!
Des études montrant les effets néfastes sur la santé de produits ultra transformés ont été de longue date minimisées par l'industrie agroalimentaire toute puissante, prête à financer des études scientifiques orientées. La malbouffe regorge de graisses saturées, de sel et de sucre à l'origine de maladies chroniques multiplies. Mais pendant des décennies tout a été fait pour occulter le rôle négatif du sucre pour la santé humaine : le sirop de maïs qui regorge de fructose était une mine d'or pour l'agroalimentaire. le marketing est très habile pour convaincre que le lait maternisé est meilleur que le lait maternel, que les céréales sont bonnes pour la santé des enfants.... "Nous vivons depuis 3 ou 4 générations dans un système alimentaire qui nous tue à petit feu".
L'utilisation des pesticides et du DDT à outrance est à l'origine de maladies chez l'être humain et de destruction environnementale. La promesse d'un usage ciblé grâce aux OGM était encore une erreur. Sauf pour Monsanto qui grâce à ses brevets sur les semences OGM à utiliser sous licence et avec les pesticides indispensables à leur rendement s'est imposé sur le marché. On connaît le roundup vendu avec les semences résistantes à cet herbicide large spectre ...et ses dégâts. Mais il a fallu une longue bataille juridique et politique pour faire interdire ce pesticide et aboutir à une condamnation avec versements d'indemnités aux personnes malades ou décédées d'un cancer directement généré par l'usage de ce produit. Même scénario catastrophique avec les OGM du coton utilisant des bactéries... Résistances donc introduction de nouveaux pesticides... Des néonicotinoïdes, responsables de l'éradication des abeilles!
La dernière partie de l'ouvrage s'intitule résistance. La naissance d'une réflexion écologique (les 4 lois de Commoner) remonte a dès la fin de la seconde guerre mondiale. Les écologistes affirment que les ressources ne sont pas infinies et que la nature est aux commandes, tandis que les capitalistes croient que la nature existe pour être exploitée par les humains. On découvre les précurseurs : Georges Washington Carver (polyculture traditionnelle), Rudolf Steiner (la biodynamique), Albert Howard (cycle de vie croissance et décomposition), Ève Balfour (comparaison entre agricultures bio et conventionnelle sur 3 décennies).
Nous connaissons aujourd'hui les effets néfastes de l'agriculture intensive sur la biodiversité, sa contribution au réchauffement climatique....des conditions qui risquent de mettre en péril l'agriculture et la possibilité être confrontés à des pénuries alimentaires et d'eau. Quant au gâchis alimentaire c'est encore un fléau !
Sur le plan nutritionnel, revenir à des équilibres simples est le chemin le plus sage. Mais les produits chimiques sont partout et pas seulement dans l'alimentation...le cortège des maladies induites est considérable.
La maltraitance animale, et le mot est faible, liée aux conditions extrêmes de l'élevage intensif est légale! Cette cruauté est révoltante. La concentration et les cadences infernales des abattoirs ont transféré sur les salariés cette même violence.
L'absence de réglementation sur les pratiques des gros éleveurs est sidérante. Conséquences sur la pollution de l'eau, de l'air, résistances aux antibiotiques, exposition aux pandémies...."la production animale industrielle est un désastre écologique et moral, presque aussi dégradant pour la humaine qu'il est pour la vie animale".
Bien sûr la main d'oeuvre est exploitée et le recours aux immigrés sous-payés est devenu une nécessité "juteuse"puisque les bons alimentaires qui leur sont versés pour compléter leur misérable salaire sont financés par l'impôt et seront dépensés chez Walmart...la boucle est bouclée !
A la fin de ce livre c'est un sentiment de découragement et de répulsion face à ce système mortifères qui se pare de toutes les lumières scintillantes du marketing pour nous faire avaler toujours plus de malbouffe et d'injustice.
Il existe des pistes d'amélioration, des mouvements favorisant les prises de conscience, de nouvelles pratiques et des choix plus intelligents des consommateurs...mais c'est très peu abordé dans ce livre, qui a force de propos démonstratifs peut décourager plus qu'inviter au changement. L'auteur nous parle d'une démarche "l'agroécologie" qui aborde l'ensemble des problèmes avec des résultats modestes mais qui serviront de tremplin pour un réel changement. Les exemples de changement auraient pu être l'occasion d'un regard plus poussé hors des États-Unis. Mais ce livre reste un document étayé sur ce qui fait que notre alimentation est devenue un produit financier.
Merci aux éditions Actes sud et à Babelio de m'avoir donné la possibilité de lire cet ouvrage très documenté. On y apprend beaucoup sur les liens entre le pouvoir, l'argent et notre nourriture devenue un bien à haut rendement, alors même que les connaissances scientifiques devraient permettre de faire de l'alimentation un facteur de développement équilibré et de bien être sanitaire et social.
"Notre alimentation s'est retournée contre nous, il n'est pas juste de mettre cela sur le compte de choix personnel. le problème vient plutôt de ce qui est cultivé et vendu"


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Une découverte très intéressante grâce à la masse critique Babelio !
Tout d'abord, ne vous laissez pas décourager par cette couverture à l'infographie assez rebutante. L'illustration est bien représentative du livre mais qu'est-ce que c'est que cette mise en page et cette couleur ?! le sujet du livre peut déjà sembler ardu et je trouve que la couverture finit de décourager les hésitants. Pourtant, quel livre intéressant ! Un "Sapiens" version alimentation ! J'ai découvert plein de choses, pas très réjouissantes mais qui me permettent d'appréhender différemment mon alimentation et les conseils nutritifs à la mode, marketing, le plus souvent. Finalement, tout est question de pognon et que de dégâts causés par l'humain... Notre pauvre planète et pauvres de nous également...
Le petit bémol est que, l'auteur étant américain et c'est donc logique, la grosse majorité des éléments explicités concerne les États-Unis et ses pays limitrophes. Ça n'est pas différent en Europe, ceci étant dit (même s'il semble que les produits alimentaires soient parfois un tout petit chouilla plus contrôlés).
À lire donc, en prenant son temps et en alternance avec quelque chose de plus léger, peut-être, histoire de s'instruire sans se forcer ni déprimer. Je m'en vais embrayer avec l'autre livre de l'auteur, "Mangeons responsable". Ça me donnera le sentiment de pouvoir agir à la lumière des éléments appris lors de ma lecture (et de contrôler un petit peu ce que le capitalisme veut m'imposer).
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Un livre riche en informations, on reprend toute l'histoire de l'humanité à travers l'agriculture (qui n'était pas une si bonne idée que ça). L'auteur documente énormément et apporte beaucoup de précisions sans jamais nous ennuyer. On voyage à travers le temps mais aussi dans le monde et franchement c'est passionnant.
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critiques presse (1)
Bibliobs
07 février 2024
Dans son « Histoire aberrante de l’alimentation », le journaliste américain Mark Bittman rappelle que tout est politique dans nos assiettes, même le ketchup !
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
peuples.Mais, alors même que l’agriculture était à l’origine de nombreuses civilisations, façonnant les sociétés, elle nous engageait sur la voie d’un changement irréversible.Il y a cinq mille ans, la civilisation – les gouvernements, les villes, l’archivage, l’écriture, la culture – s’était établie sur tous les continents habitables. Les progrès de l’entretien des sols, l’amélioration du stockage et la sophistication de l’élevage animal ont permis d’augmenter la production et la population humaine comme jamais jusque-là dans l’histoire.Même si cette évolution a été progressive, elle s’est produite assez rapidement à l’échelle de l’humanité. Après deux cent mille ans de chasse et de cueillette, la plupart des individus se sont sédentarisés en quelques milliers d’années. Cela s’est produit très récemment : nous ne cultivons que depuis moins de 5 % de notre existence en tant qu’espèce.Avec l’extension des terres cultivées, davantage de nourriture fut produite, permettant de faire vivre davantage de gens. Et plus la population humaine croît, plus il faut de terres cultivées pour la nourrir. Si, dans un premier temps, l’agriculture était destinée à faciliter la vie des individus, la pratique s’est rapidement transformée en une course pour produire suffisamment de nourriture pour vivre.En réalité, la vie n’était pas beaucoup plus facile. L’exploitation agricole est laborieuse, et sans aucune garantie de résultat. Il y eut d’ailleurs des conséquences inattendues. Et elles furent nombreuses.Il est incontestable que la révolution agricole du Néolithique a eu une importance inestimable dans notre histoire. Mais que ce changement ait été pour le meilleur ou pour le pire… nous en sommes nettement moins sûrs. Certains scientifiques – le plus célèbre d’entre eux étant Jared Diamond, l’auteur de De l’inégalité parmi les sociétés – affirment que c’était “la pire erreur de l’histoire de l’humanité”.Son essai paru en 1987 commence ainsi : “L’adoption de l’agriculture, supposément notre pas le plus décisif vers une vie meilleure, fut par certains aspects une catastrophe dont nous ne nous sommes jamais remis.” De même, Yuval Noah Harari, l’auteur de Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, qualifie la révolution agricole de “plus grande escroquerie de l’histoire”. Ce type de point de vue est désormais assez courant, s’il n’est pas devenu la norme.Il est vrai que l’agriculture a rendu la vie possible pour des milliards d’humains, et pour certains d’entre eux, cette vie a été agréable. Mais elle a également entraîné un un nouveau type de société, qui a engendré l’injustice, la pauvreté, la maladie, l’esclavage et la guerre.
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Que tout ce qui relève de la malbouffe entraîne une dépendance physique n’est peut-être pas le plus grave. Le problème, c’est qu’elle est partout, et que nous sommes constamment incités à la consommer.
Le problème, c’est que tandis qu’elle n’est pas bonne pour nous, elle nous apporte de la satisfaction. Le problème, c’est que le fait de manger est une habitude qu’il est difficile de rompre.
Ces points, du moins, sont incontestables et importants.Alors que les aliments ultratransformés sont devenus moins chers à fabriquer, le coût le plus important est désormais celui du marketing,
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Le tracteur changea tout, il a libéré des millions d’hectares de terres qui étaient autrefois consacrées à nourrir les bêtes de somme. Le nombre de chevaux diminua, passant de 25 millions en 1920 à environ 3 millions en 1960…
L’impact fut profond. Selon l’économiste de l’USDA Willard Cochrane, comme il écrivit en 1958, “la substitution de l’énergie animale par la puissance du tracteur a libéré environ 70 millions d’acres, soit un cinquième de nos terres agricoles, pour la production de cultures destinées à la commercialisation”.
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En fait, le lait n’a jamais été essentiel. Il est riche en protéines, mais la plupart des gens consomment plus de protéines qu’il n’en faut, sans devoir faire d’effort particulier pour cela. Il est également riche en graisses saturées, que nous consommons déjà en trop grande quantité. Qu’il soit néfaste ou bénéfique, le lait est loin d’être un aliment nécessaire, et il est encore moins l’aliment extraordinaire revendiqué par les campagnes marketing.
De plus, la majorité des humains, environ 65 % d’entre eux, sont intolérants au lactose. Le lait provoque des troubles gastro-intestinaux, ou pire encore. (J’étais l’exemple parfait d’un enfant que le lait rendait malade, encouragé, sinon forcé, à boire plusieurs verres…
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Les animaux domestiques étaient souvent trop précieux pour être mangés. En effet, la quantité de viande consommée par personne a sans doute diminué avec l’apparition de l’agriculture car les animaux sauvages se faisaient rares, du moins à proximité des villages. (En réalité, on peut affirmer sans risque d’erreur que la consommation de viande a été très fluctuante tout au long de l’histoire et à travers le monde et que, à de très rares exceptions, on n’en mangeait jusqu’à récemment que de façon occasionnelle.)
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