Drôle de petit roman, choisi pour la couverture qui laissait présager un truc sur la société du contrôle, des pass, décriés par nos bonnes âmes locales.
Erreur, on suit les tergiversations sentimentalo-professionnelles d'un jeune diplômé embrigadé presque malgré lui dans un stage dans une ville, Shanghai, qui lui inspire des sensations contradictoires. Entre fascination et répulsion, entre nostalgie et futurisme, il traverse cette histoire, son histoire, presque comme un spectateur. le ton est léger, le héros et sa meuf pas très sympathiques, pas plus que les personnages secondaires. Bref, on fait comme le personnage principal avec sa vi(ll)e, on survole le texte sans s'y attacher vraiment.
Je ne comprend toujours pas l'illustration de la couverture qui ne me semble n'avoir aucun rapport avec le texte.
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Un bouquin tentaculaire, aux appendices qui touchent comme au hasard des coins aléatoires de la conscience (curiosité culturelle et professionnelle, excitation, humanisme ou antipathie, surtout de l'antipathie en fait). Un livre à l'image de son personnage principal donc, c'est à dire Shanghai, objet et sujet et cadre de l'intrigue, qui éclipse le narrateur et tous les habitants. le livre nous la présente sous sa forme de métropole de l'urban sprawl, du changement constant et du maintenant dans tout ce qu'il a de destructeur : en résulte une ambiance lourde mais vertigineuse, déshumanisée et grise comme ces immeubles de fer que l'on retrouve à toutes les échelles et qui constituent les organes de cette ville surpeuplée où règne la solitude. En somme, un livre-tableau efficace, intéressant, et dont on ressort secoué.
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J'avais déjà beaucoup aimé son premier roman, je trouve celui-ci encore plus drôle, fin, profond. On est complètement embarqué dans les aventures de cet antihéros perdu dans une ville tentaculaire en changement permanent, d'un stage dans une entreprise d'urbaniste au dernier étage d'une jungle de buildings jusqu'à un buffet Mongol orgiaque et dégénéré, absolument jouissif. Et cette écriture, ces descriptions... Quel talent pour un auteur aussi jeune!
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Jusque-là, j’avais cru être intégré à la ville, évoluer avec elle, mais elle était plus rapide que moi. Plus elle changeait (plus elle me trahissait ?) et plus les souvenirs que j’en avais s’estompaient, de même que les souvenirs d’Adèle qui, je ne pouvais pas le croire, s’était un jour trouvée à Shanghai elle aussi. Aurait-elle même reconnu Shanghai en y revenant aujourd’hui ? Elle l’aurait détesté plus encore, tandis que je n’arrivais plus à me faire un avis.
Je lui ai demandé si elle venait de Shanghai. Elle a dit qu’elle y était née mais qu’en réalité personne n’était vraiment né ici. Que c’était impossible, comme l’histoire du même fleuve dans lequel on ne pouvait jamais se baigner deux fois, et d’ailleurs Shanghai était construite sur des tourbières instables, à l’embouchure du Styx.