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EAN : 9781246925678
84 pages
Nabu Press (27/09/2011)
3.92/5   6 notes
Résumé :
EXTRAIT :

Oedipe croyait bien l’avoir vaincu, le monstre immortel ! vaincu à jamais ! et, pour sa victoire, les Thébains stupides l’avaient fait roi et quasi-Dieu, ce divinateur aux pieds gonflés, cet aveugle terrible, parricide et incestueux sans le savoir !
Depuis près de trente siècles, l’esprit humain tette ce symbole, le plus complet que l’antiquité grecque ait laissé. Dans son irrémédiable déval des plateaux lumineux de l’Éden et dans le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Léon Bloy se fait le biographe de Joris-Karl Huysmans et il présente l'auteur avant et après sa conversion religieuse. « Ayant été son apôtre, hélas ! ayant travaillé et souffert assez longtemps pour qu'il devint un chrétien, l'excessive médiocrité de sa nature exigeât que je fusse payé aussitôt de la plus affreuse ingratitude et que je contemplasse en lui le plus extraordinaire avortement de la grâce. » (p. 9)

Avant sa conversion, Huysmans était l'auteur chéri du critique Léon Bloy. Avec À rebours, l'auteur rompait enfin avec les odieux naturalistes et le « crapuleux Zola » (p. 22) Il exprimait une spiritualité qui faisait écho à celle de Léon Bloy qui ne tarissait pas d'éloges sur cet auteur atypique, unique et spectaculaire. « Huysmans tasse des idées dans un seul mot et commande à un infini de sensations de tenir dans la pelure étriquée d'une langue despotiquement pliée aux dernières exigences de la plus irréductible concision. » (p. 23) Dithyrambique ? Oui, et d'autant plus élogieux avec l'auteur qu'il est impitoyable avec les lecteurs qu'il considère sans aménité, incapables qu'ils sont de comprendre le somptueux talent de Huysmans. Rares sont ceux qui sont dignes de son estime : « seulement les âmes contemporainement matelassées d'une épaisse toison de bêtise impénétrable à n'importe quelle balistique de l'Art. » (p. 30)

Mais quand Joris-Karl Huysmans publie Là-bas, il s'attire les foudres de Léon Bloy : « le nouveau livre de Huysmans est la plus monstrueusement futile des rapsodies contemporaines. Je ne crois pas que l'incirconcision littéraire ait encore affiché un aussi furieux dévergondage d'informations anarchiques. » (p. 58) C'en est fini des éloges et hommages, Huysmans représente désormais tout ce que le critique abhorre. Et il se focalise sur l'adverbe que l'auteur utilisait tant dans ses titres et ses textes. « le dynamomètre de son esprit, c'est la locution adverbiale ». (p. 72) Pour le critique qui se sent trahi, Huysmans n'est plus qu'un grammairien outrancièrement converti, un chrétien illuminé.

Léon Bloy porte la critique littéraire à un niveau exceptionnel : il connaît son sujet, qu'il l'aime ou le haïsse. L'admiration la plus vive laisse place au mépris le plus profond après la conversion et la prétendue trahison de Huysmans. Cet opuscule est riche en informations sur l'oeuvre de l'auteur, mais c'est avant tout un superbe exemple de critique littéraire telle que j'aimerais en lire davantage.
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Bloy se paie la tête de son ancien ami, Huysmans. L'ouvrage se présente en deux temps. Tout d'abord Bloy encense, que dis-je encense ! porte aux nues A Rebours, puis dans un second temps, amené d'une façon très perfide, puisqu'il dit, en substance : "à la lecture du début de votre ouvrage Là-bas je m'apprêtais à vous féliciter, mais la fin est une ignominie", il le descend en flammes. La revirement de Bloy (emprunt d'une assez grosse mauvaise foi, puisque les livres qu'il encensait deviennent soudainement médiocres) semble justifié par la déception qu'il a ressentie à la lecture de Là-bas. On comprend, entre les lignes du style amphigourique de Bloy, que celui-ci aurait fourni a Huysmans le matériel nécessaire à la rédaction de ce livre, et que le résultat final lui a déplu au plus haut point. Pourquoi? Probablement parce qu'il espérait mieux. Selon ses mots, il aurait préféré que Huysmans rédige un Là-haut plutôt qu'un Là-bas. Il espérait sans doute aussi une conversion totale de Huysmans qui n'est venue que plus tard. Je suis curieux de savoir ce qu'il a pensé de En route, l'ouvrage dans lequel Huysmans explique son séjour dans la Trappe. Peut-être ne l'a-t-il pas lu, trop déçu qu'il était par Là-bas.

Sur un autre registre cette amitié-admiration qui se transforme de façon soudaine en une haine absolue assaisonnée de noms d'oiseaux, avec une disqualification systématique de l'oeuvre qu'on avait autrefois adorée me fait beaucoup penser à la relation entre Nietzsche et Wagner (cf. le cas Wagner).
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La forme littéraire de Huysmans rappelle ces invraisemblables orchidées de l’Inde qui font si profondément rêver son des Esseintes, plantes monstrueuses aux exfoliations inattendues, aux inconcevables floraisons, ayant une manière de vie organique quasi animale, des attitudes obscènes ou des couleurs menaçantes, quelque chose comme des appétits, des instincts, presque une volonté.
C’est effrayant de force contenue, de violence refoulée, de vitalité mystérieuse. Huysmans tasse des idées dans un seul mot et commande à un infini de sensations de tenir dans la pelure étriquée d’une langue despotiquement pliée par lui aux dernières exigences de la plus irréductible concision. Son expression, toujours armée et jetant le défi, ne supporte jamais de contrainte, pas même celle de sa mère l’Image, qu’elle outrage à la moindre velléité de tyrannie et qu’elle traîne continuellement, par les cheveux ou par les pieds, dans l’escalier vermoulu de la Syntaxe épouvantée.
Après cela, qu’importe la multitude des contradictions ou des erreurs qui tapissent, à la manière d’anormales végétations, le fond d’un livre où se déverse, comme dans la nappe d’un golfe maudit, tout l’azur de l’immense ciel ?

page 19
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Un jour Émile Zola, dont l’esprit graisseux n’est huilé que pour glisser sur les surfaces, s’avisa de peindre Huysmans.
Le fantômatique « Souvarine » de Germinal est le portrait physique, ressemblant à faire peur, de ce virtuose de fascination. Mais ce n’est qu’un portait physique, le seul dont Émile Zola soit capable.

page 60
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Cela pourrait encore avoir une certaine grandeur infernale, si l'audace d'une idée précise ne manquait pas essentiellement et, surtout, si on ne sentait pas, à chaque instant, l'impersonnalité d'un pauvre homme qui tient à placer tous ses documents.
Et quelle averse effroyable de ces prétendues informations ramassées partout depuis des années ! Songez que ce livre a la prétention de nous renseigner sur le symbolisme des cloches, sur le Moyen Age, sur l'histoire du Maréchal de Rais, sur la médecine, la pharmacie, le sadisme, le vampirisme, le spiritisme, l'astrologie, la théurgie, la magie, incubât, le succubat, l'envoûtement et la liturgie enfin sur la messe noire, sur le sacrifice de Melchissédec, sur l'Antéchrist et le Paraclet !
Tout cela sans préjudice d'aperçus intermédiaires sur le naturalisme, la peinture, l'argent, les femmes, les prêtres, la cuisine, la théologie et, en général, sur tout ce qui peut être l'objet de l'entendement humain.
Il n'y manque absolument que ce que j'ai dit, un concept qui appartienne en propre à l'auteur, une idée personnelle et ombilicale qui nous éclaire sur la genèse métaphysique de cette broussailleuse compilation, en nous dévoilant le souci du compilateur. On a lu près de cinq cents pages sans que rien se soit débrouillé.
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Une occasion superbe de baver se présente inopinément. Que la multitude des visqueux soit dans l’allégresse ! Le nouveau livre de Huysmans, En Rade, vient de paraître.
Cet artiste fut beaucoup traîné dans les ordures et conspué royalement dès son début. On se souvient encore de l’ouragan de salive et du compissement procellaire de toutes les presses à l’apparition de Marthe et des Sœurs Vatard. Les traditionnelles archives du bégueulisme et de la pudicité sociale dont la critique des journaux est l’immaculée chambellane furent, en ces temps-là, vidées de leurs trésors, et la besogne de vitupérer ce romancier fut si copieuse, que la clef des sacrées chancelleries de l’indignation, qui se vert-de-grisait auparavant dans les dos des fonctionnaires fut jetée au rancart. Ce fut un débordement fluvial d’humeurs pudibondes, une éruption de pus moral, une évacuation exanthémateuse des fluides blanchâtres de la vertu !

Page 23
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L’aquatique pureté du feuilleton se sentit menacée jusque dans sa colle la plus intime par ce moraliste indépendant qui ne craignait pas de retrousser les âmes et de visiter les cœurs au spéculum de la plus imperturbable analyse.
Et puis, Huysmans avait le malheur d’être un écrivain, il avait cette inéligible tare qui doit être unanimement réprouvée par l’opinion de toutes les obédiences de la muflerie publique, en attendant qu’une juste loi la flétrisse enfin de quelque infamante peine.
Nul n’est censé ignorer, d’ailleurs, que tout écrivain véritable est radicalement inapte à la production d’une congruente philosophie. Critique d’art, psychologie, sciences morales ou naturelles, tout est interdit à cet empêtré d’azur.

page 24
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Videos de Léon Bloy (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léon Bloy
http://le-semaphore.blogspot.fr/2015/.... Le 29 novembre 2015 - pour l'émission “Les Racines du ciel” (diffusée tous les dimanches sur France Culture) -, Leili Anvar s'entretenait avec François Angelier, producteur de “Mauvais genres” à France Culture, chroniqueur au Monde, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels on peut citer le “Dictionnaire Jules Verne” (Pygmalion, 2006) et le “Dictionnaire des voyageurs et explorateurs occidentaux” (Pygmalion, 2011). Il vient de publier “Bloy ou la fureur du juste” (Points, 2015), essai dans lequel il revient sur la trajectoire de Léon Bloy, qui ne cessa, entre la défaite de 1870 et la Première Guerre mondiale, de clamer la gloire du Christ pauvre et de harceler sans trêve la médiocrité convenue de la société bourgeoise, ses élites et sa culture. Catholique absolu, disciple de Barbey d'Aurevilly, frère spirituel d'Hello et de Huysmans, dévot de la Notre-Dame en larmes apparue à La Salette, hanté par la Fin des temps et l'avènement de l'Esprit saint, Léon Bloy, écrivain et pamphlétaire, théologien de l'histoire, fut un paria des Lettres, un « mystique de la douleur » et le plus furieux invocateur de la justice au coeur d'une époque dont il dénonça la misère sociale, l'hypocrisie bien-pensante et l'antisémitisme. Bloy ou le feu roulant de la charité, une voix plus que présente - nécessaire. Photographie : François Angelier - Photo : C. Abramowitz / Radio France. François Angelier est aussi l'auteur de l'essai intitulé “Léon devant les canons” qui introduit “Dans les ténèbres”, livre écrit par Léon Bloy au soir de sa vie et réédité par Jérôme Millon éditeur.
Invité : François Angelier, producteur de l’émission « Mauvais Genres » à France Culture, spécialiste de littérature populaire
Thèmes : Idées| Religion| Leili Anvar| Catholicisme| Mystique| Douleur| Littérature| François Angelier| Léon Bloy
Source : France Culture
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