Oui, un petit livre où l'on retrouve les thèmes et les préoccupations habituelles de Christian Bobin, et la magie - en sa désarmante simplicité - pour le dire !
L'un de mes auteurs - poètes - préférés ; je nage dans un registre de sensibilité qui est le mien... Mais parfois, à force .... , je ne sais plus si j'aime, l'effet de surprise étant parti, les thèmes étant bien évidemment récurant, effet parfois de "ressassement", etc...
Malgré toutes ces réticences, je suis sorti vraiment éblouis à la fin de ce petit livre, par la profondeur, la vérité, la concision de pensée de Christian Bobin... Car enfin, on se demande parfois comment ses livres nous touchent si profondément; quels sont, derrière, l'élan et la pensée et le désir qui poussent un homme à écrire de telles choses; quelle force intérieure et quelle vision sur le monde sous-tendent cette écriture apparemment légère et portant percutante, grave même, et ne cachant jamais le drame de ce monde et en même temps les merveilles qui y habitent, qui s'y vivent ! Quel est le secret de cet émerveillement entretenu, de cette ferveur ?
Et bien nous trouvons la (les) réponse (s) dans ce petit opuscule où Christian Bobin nous livre vraiment sa pensée, ses réflexions.
Et d'y souscrire - pour ma part - complètement !
Commenter  J’apprécie         190
Les instants de contemplation sont des instants de grand répit pour le monde, car c’est dans ces instants-là que le réel n’a plus peur d’arriver à nous.
…C’est comme un bois qui serait tellement fin que, si on essayait de l’affiner un peu plus, on casserait son fil et on le briserait. C’est peut-être ça d’ailleurs la vertu de la poésie, tendre le langage au maximum. Mais il y a un moment où chacun est obligé de comprendre d’une autre manière que par la compréhension analytique. Il faut peut-être comprendre par l’arrière de la tête, ou par ses yeux, ou par l’enfant qu’on était. Mais surtout ne pas comprendre par l’adulte qu’on se croit tenu d’être.
J'essaye de recueillir des choses très pauvres, apparemment inutiles, et de les porter dans le langage. Parce que je crois qu'on souffre d'un langage qui est de plus en plus réduit, de plus en plus fonctionnel. Nous avons rendu le monde étranger à nous-mêmes, et peut-être que ce qu'on appelle la poésie, c'est juste de réhabiter ce monde et l'apprivoiser à nouveau. (p. 2)
Il y a quelque chose de la suave tyrannie des techniques
Il y a quelque chose de la suave tyrannie des techniques
qui commence à être défaite dans un instant de contemplation pure
qui ne demande rien, qui ne cherche rien, même pas une page d’écriture.
La plupart du temps, je regarde, je ne note pas, je n’écris pas.
La contemplation est ce qui menace le plus,
et de manière très drôle, la technique hyperpuissante.
Et pour une raison très simple,
c’est que les techniques nous facilitent la vie apparemment.
Mais c’est un dogme d’aujourd’hui qu’on ait la vie facilitée.
Qui a dit que la vie devait être facile et pratique ?
Je ne pense pas que la nature connaisse la solitude terrible dans laquelle nous pouvons nous trouver. Je suis parfois soufflé par la conversation incessante du pré qui fait face à la fenêtre devant laquelle j'écris.
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic
Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ?
Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire –
Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche
Son par Adrien Vicherat
Direction technique par Guillaume Parra
Captation par Claire Jarlan
+ Lire la suite