Paris. Suite à une convocation notariale, Jean-Baptiste Poulain découvre que, tout comme cinq autres personnes, il est l'héritier d'un certain Umberto Leone. Peu disposé à accepter une partie de la fortune de cet illustre inconnu sans essayer d'en comprendre les motivations, il se rend au domicile du bienfaiteur. Au milieu d'étranges objets et de notes, la gouvernante du défunt lui apprend que Leone était obnubilé par l'Egypte les dix dernières années de sa vie. Intrigué par l'immense secret que semble renfermer la pyramide de Khéops et par les circonstances étranges du décès de ce mystérieux donateur, Poulain embarque pour le Caire. La chasse aux secrets peut débuter !
Après avoir visité la région natale de
Fabien Vehlmann (
Les cinq conteurs de Bagdad, Des Lendemains sans Nuage, Dieu qui pue Dieu qui pète, Green Manor, Seuls) le Marquis d'Anaon livre une aventure un peu plus légère, au sein d'un décor bien plus exotique. Malgré le changement de cadre, le lecteur est une nouvelle fois happé par l'atmosphère et devient vite désireux de découvrir les mystères que cache cet endroit. Sur ce plan, les richesses de la civilisation égyptienne et les bas-fonds du Caire n'ont rien à envier aux croyances populaires hexagonales. Nourri par une ambiance envoutante, ce récit parfaitement maîtrisé fait monter le suspens crescendo. Au fil des pages, le lecteur découvre les autres protagonistes et les secrets qu'ils dissimulent. L'intrigue, construite autour des motifs de ce généreux mécène et du trésor enfui dans la chambre de Khéops, est finalement assez simple, mais extrêmement efficace.
La narration et le développement psychologique des protagonistes sont toujours aussi limpides. le personnage central demeure très attachant et a fortement évolué depuis le début de la saga. Riche de l'expérience de ses précédentes enquêtes, il se détache peu à peu de son statut de « héros malgré lui » et s'affirme de plus en plus dans son rôle d'enquêteur. Si la présence d'une séduisante esclave ajoute un brin de légèreté à l'histoire, l'auteur en profite également pour dresser un portrait peu chatoyant de l'aristocratie française émigrée sur les bords du Nil. A l'inverse de Jean-Baptiste Poulain, cette caste de notables imbus, qui accumulent les excès, finit par dégager un sentiment d'antipathie profonde.
Graphiquement,
Matthieu Bonhomme (Messire Guillaume, le voyage d'Esteban) délaisse les décors enneigés pour le soleil africain. le style caractéristique de ce dessinateur ayant reçu l'Alph-Art du premier album d'Angoulême en 2003 pour
l'Âge de raison continue de faire mouche, surtout au niveau des ambiances que Delf parvient encore à magnifier à l'aide d'une colorisation très appropriée. Notons également, qu'à l'occasion de la sortie de ce cinquième opus, une nouvelle maquette des quatre précédents albums est proposée par les éditions Dargaud, avec des couvertures redessinées pour l'occasion.
Une série qui se situe indéniablement au sommet de la grande pyramide du neuvième Art.
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