Petit préambule: je n'ai absolument pas lu le roman dont est adaptée cette bd, et je ne peux donc pas être déçue d'une comparaison que je ne peux pas faire ^^ Ce sera forcément une trahison puisque tout ne peut pas être traité de la même manière, et pour ma part j'aime autant ça: ça en fait deux oeuvres bien distinctes malgré le lien qui les unit, avec chacune leur intérêt propre; on n'a pas l'impression de lire deux fois la même chose ( et je dirais le même chose des reprises de chanson, ou d'une adaptation de manga en DA...).
Bref! La couverture interpelle avec Bruno Daix, le personnage principal, en gros plan, avec si vous regardez bien, dans la prunelle de ses yeux, le véritable ennemi auquel il devra faire face avec l'aide de ses amis, Pol Nazaire, journaliste et catcheur, Kou-Hsien, une jeune linguiste chinoise, et Driss, son supérieur à l'armée.
Ca commence plutôt calmement, en posant l'univers d'anticipation - grâce au petit téléphone volant, le bras cybernétisé de Pol, l'aéro-taxi, la mer rouge, les hologrammes, le vocabulaire "polyparcours" etc. - et en expliquant la menace puis vers la vingtième page, tout s'accélère! Et on a droit en quelques minutes à un véritable cataclysme digne d'un film catastrophe hollywoodien.
Ensuite , on entame la seconde partie, celle de la guerre, où les compétences "subaqua" du héros serviront.
Alors les dessins sont très chouettes, avec de grandes cases qui permettent de profiter des panoramas, j'aime bien la colorisation, les certaines ambiances fluorescentes, la narration est efficace, le scénario bien construit... D'où me vient donc ce sentiment de série B, bonne mais loin d'être indispensable? Peut-être des personnages... le héros est jeune et beau gosse ( même si je déteste son look de footballeur-hipster!), la linguiste qu'il rencontre est aussi jeune et mignonne comme par hasard, son pote noir fait le faire-valoir idéal avec muscles et humour, et Driss (dont j'adore par contre la trogne, très Robert Dalban des Tontons flingueurs!) est sans doute le supérieur dont tout troufion rêverait, compétent, sérieux mais chaleureux.
Bref des stéréotypes de blockbuster américain ( à part Driss qui fait donc plutôt échappé de vieux film français)... Pas mauvais en soi mais trop calibrés, ils manquent de ce petit supplément d'âme (cet indéfinissable charme ^^) qui fait qu'on s'attache aux héros d'une aventure
Les autres défauts:
- un petit côté "united colors of benetton": le blanc, le noir, le berbère, la chinoise... ça part d'une bonne intention de montrer un monde au racisme éradiqué, mais du coup le monde devient hyper binaire: l'union sacrée des humains contre les méchants qui cherchent à les exterminer. de nouveau, on retrouve un caractère très hollywoodien.
- le truc qui m'énerve un peu : à la toute fin, Kou-Hsien dit "je veux vous aider, vous aurez besoin d'une linguiste pour traduire la langue de l'ennemi" et Bruno qui lui répond "oui, bon, on va voir ce qu'on va faire pour vous mon petit. " Mon petit. Mon. Petit... MON PETIT?!! Mais qu'est-ce que c'est que cette espère de condescendance à deux francs? Quelque chose que je pardonne à un grand blond musclé de BD de science-fiction des années 70, Luc Orient pour ne pas le nommer, je ne le pardonne pas à un grand blond musclé de BD de science-fiction des années 2010, ou plutôt à leurs auteurs. Justement l'action prend place dans le futur, pas dans une société dont ils seraient obligés de traduire le machisme à travers le langage des personnages. Je pense qu'ils ont largement adapté le roman original donc même si le dialogue se trouvait texto chez
Wul, ils auraient pu se permettre de le modifier pour éliminer ce "mon petit"...
Bon, mis à part ça, la BD reste très sympathique à lire, produit calibré certes mais qui procure un bon moment de divertissement, et dont on a envie de lire la suite.