Quelle image avez-vous de la Légion étrangère ? Une unité applaudie lorsqu'elle défile au pas lent sur les Champs Elysées ? Une bande de mercenaires prêts à en découdre à toute occasion ?
Au-delà du rejet que chacun peut nourrir pour tout ce qui incarne la chose militaire, il y a dans les rangs de pareille unité, un phénomène à observer. Elle constitue un creuset où se fondent toutes les nationalités, toutes les races, toutes les religions autour d'un idéal commun. C'est le seul exemple au monde où des rivaux peuvent se retrouver et servir la même cause.
Dans cet ouvrage qu'il lui consacre sur la guerre d'Indochine, Paul Bonnecarrère nous ouvre aux valeurs qui gouvernent son action au cours d'une page d'histoire qui, si elle n'a pas été glorieuse pour notre pays, l'a été pour ces hommes. Il nous dit comment, eux qui n'étaient pas français par le sang reçu, le sont devenus par le sang versé.
POUR CELLES ET CEUX QUE CELA INTERESSE : GUERRE D'INDOCHINE-SCENES DE GUERRE (1946-1950).
Ce livre paru en 1968 décrit les engagements et les combats menés par la Légion Etrangère en Indochine, essentiellement au Tonkin et en Annam entre 1946 et 1950. A cette époque, le recrutement provient de façon importante des camps de prisonniers allemands remplis de soldats très aguerris, d'individus désireux de faire oublier un passé particulier, de gamins perdus, coupés de tout, soldats adolescents d'infortune, ultime rempart de sable dressé par l'Allemagne nazie contre l'inéluctable défaite...
Le recrutement permet de refaire des contingents, d'installer très vite une présence française et de tenter une reconquête. Il y va de toutes sortes de raisons dont la condition des civils largement exposés à une mise à mort.
Après une amorce de "reprise en main", la situation se dégradera pour finir par un désastre militaire français (6000 soldats prisonniers ou tués entre Cao-Bang et Lang-Son sur la Route Coloniale 4).
Ce récit contient les témoignages de légionnaires ayant vécu cette période. Les combats, extrêmement violents, cruels, implacablement féroces racontent la montée en puissance du Viet-Minh face à un corps militaire qui ne recule pas, se bat sans céder, mobilise avec mordant ses combattants indifférents à la mort, va jusqu'au bout des ordres et de de sa mission.
Les souvenirs ramènent à la vie notamment les postes étalés le long de la R.C4, subissant les assauts répétés nord-vietnamiens aussi durement entraînés, par leur formation et leur aguerrissement, que les "képis blancs" des 2ème, 3ème Régiments d'Infanterie et du Bataillon Etranger Parachutiste, le déminage des voies en donnant à intervalles réguliers des coups de masse sur les rails, au risque de se faire sauter avec la mine, le train blindé "La Rafale" qui protège le Sud-Annam, le "commando de chasse" Mattei qui faillit, après une course poursuite totalement épuisante, capturer à la fin des années 1940 Hô-Chi-Minh et Vô-Nguyen-Giap, les opérations combinées Dinassaut-Infanterie et la destruction des colonnes Charton et Lepage à Coc-Xa (1954).
Les limites de ce type d'ouvrage sont classiques car, par essence, des témoignages, pour aussi précieux qu'ils soient, ne permettent pas de saisir dans leur ample globalité les tenants et aboutissants à un moment donné. L'intérêt est évident : la parole du survivant contient de précieuses indications sur la situation, la perception, le vécu, l'ambiance, "le décor" dans lequel se joue l'horrible tragédie.
La Guerre d'Indochine reste un parent pauvre de l'histoire militaire française. Assez peu de livres, très peu d'analyses notamment sociales, économiques..Un oubli issu d'un inintérêt absolu (La LE perdra plus de 11000 hommes)...Les sources nord-vietnamiennes restent inaccessibles. Peut-être les historiens anglo-saxons ont-ils plus traité ce conflit. Ceci reste à démontrer.
En tout cas un ouvrage qui a sa place.
La geste de la Légion associée à la plume du conteur.
La Légion Étrangère française. Faut il encore la présenter ?
La Légion Étrangère et la légende légionnaire. de 1831 en Algérie jusqu'à l'Afghanistan aujourd'hui, la Légion fut de tous les combats de la France.
La Légion a construit sa légende à l'entrainement, au combat et dans ses dégagements. La cravate verte et le képi blanc en ont vu de toutes les couleurs.
Il fallait, à cet unité d'élite, un conteur d'élite. Elle l'a trouvé sous la plume de Paul Bonnecarrère qui a livré, avec son "Par le sang versé", un livre d'anthologie à la gloire de la Légion en Indochine. Il est utile de rappeler que 309 officiers, 1.082 sous-officiers et 9.092 légionnaires sont morts durant la guerre d'Indochine.
Paul Bonnecarrère les fait revivre de la plus belle des manières de la Cochinchine au Tonkin en passant par l'Annam.
Et: "Qui sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense n'est pas cet étranger devenu fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé".
Tout est dit !
More Majorum !
Par le sang versé de Paul Bonnecarrère à la Libraie Académique Perrin (2007).
Quelle claque ! le livre raconte l'histoire de la Légion Étrangère en Indochine. Plus exactement, il est une collection d'anecdotes savoureuses sur ce corps d'armée légendaire.
J'ai franchement ri pour plusieurs chapitres ; j'ai été réellement ému pour d'autres. Je n'ai en tout cas pas été indifférent.
Je me suis bien sûr demandé assez souvent quelle était la part de légende dans ces histoires, présentées comme vraies. Finalement qu'importe ! le plaisir de la lecture reste.
Quant à la plume de Paul Bonnecarrère, elle est à l'image de la Légion : vive, précise, limpide.
Quel plaisir de lecture !
Je suis actuellement en train de relire "Par le sang versé" de Paul Bonnecarrère.
Je n'avais pas lors de ma première lecture, il y a quelques années fini de lire cet ouvrage que je qualifie de majeur sur la Légion étrangère en Indochine; pour en avoir fait cadeau à un ami, ancien légionnaire, avant d'avoir fini le livre.
Paul Bonnecarrère, nous dépeint ici une Légion étrangère, étrangère par ses rites, ses us et ses coutumes à nous simples civils (surtout comme moi qui n'avons pas servi sous les drapeaux puisque né en 1979).
La lecture est fluide et on y trouve un peu la même profondeur que dans la 317ème section de Pierre Schoendoerffer. La même poésie même si ici on est strictement dans un récit narratif ou l'on découvre un monde. le monde de la guerre [d'Indochine en l'occurrence]. Un monde fait d'une étoffe à l'image de celle de Tom Wolfe: "l'étoffe des héros". Héros légionnaires anonymes tombés au champs d'honneur ou blessés, versant leur sang "étranger" pour une nation qu'il veulent servir jusqu'au don ultime qu'est le don de la vie. Se battant pour une cause qui peut leur sembler étrangère mais qu'il épouse par sens du devoir à accomplir. Gagner la guerre même si ils ne sont au regard du gouvernement de l'époque et des hautes instances que "du pain pour des canards" pour reprendre les mots de ce capitaine dans le film "Dien Bien Phu".
"Par le sang versé" se lit comme une succession d'anecdotes vraies ou peut être un peu romancées mais toujours avec un soucis d'authenticité. Cette dernière étant le meilleur moyen de rendre hommage à ces Hommes qui se sont battus à plusieurs milliers de kilomètres de la France. Ces hommes qui ont versé leur sang et celui de l'adversaire qui les nargue par une guerre faite d'escarmouche et de guérilla usant les nerfs mais pas le courage des légionnaires.
On y découvre aussi l'absurdité, parfois, du haut commandement en contre poids de la fidélité des hommes pour leur gradés et leur officiers.
"Par le sang versé" est d'une lecture plaisante qui mérite amplement sa note et à laquelle j'ajoute mes 5 étoiles méritées [même si je ne suis pas général].
J'invite quiconque désire découvrir cette arme, à lire ce livre qui raisonne et résonne de vérité sur les enjeux de cette guerre qui aura couté la mort à des milliers ou plutôt achevée à des dizaines de milliers de combattant de tous régiments. Et qui coutera par la suite 58 000 noms américains lors du conflit qui suivra la guerre d'Indochine, bourbier français comme le fut la guerre d'Algérie et qui se nomme: la guerre du Viet Nam.
Aussi même si la littérature de guerre n'est pas votre "tasse de thé", je ne peux m'empêcher tout de même à vous inviter à essayer, au moins essayer de lire ce que la Légion a fait pour cette guerre et donc pour la France.
L'écriture est belle, simple et épurée à l'image de ces hommes souvent silencieux et qui pour beaucoup parlent peu des conflits qu'ils ont du mené à l'étranger pour les intérêts français. Les récits - car le livre se composent de plusieurs récits indépendant - sont captivants et hautement intelligibles même pour le profane militaire comme moi qui jalouse, je l'avoue, de ne pas appartenir à ce corps d'élite ou chaque légionnaire est le frère de chaque légionnaire. "Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait".
Alors si vous n'êtes pas de ceux qui vous arrêtez dans les cimetières face aux stèles et aux croix militaires quelques instants pour rendre hommage au hommes mort au combat essentiellement pour notre liberté, lisez au moins ce livre pour changer d'avis et décider de prendre le temps d'honorer les militaires défunts dans la grande guerre, dans la seconde ou lors des conflits d'indépendance que furent la guerre d'Indochine et sa fin tragique à Dien Bien Phu ou d'Algérie, close par les accords d'Evian. en n'oubliant pas qu'à ce moment même des hommes et des femmes se battent dans des conflits asymétriques fait de guérilla, d'attentats suicide et d'IED aveugles pour notre liberté et pour la liberté de nos frère français musulmans qui ne sont pas ces mêmes individus puisqu'il faut absolument ne pas tomber dans le piège obscure de l'amalgame facile, gratuit et mal pensé, en n'oubliant pas notre devise, la même que celle des légionnaires: Liberté, égalité, fraternité qui est égale pour eux à "Legio patria nostra".
Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu