Mamie s'est fait la malle

Jacques-Nazaire le Kermorvan, dit Merlin, vit avec ses parents, Gustave, écrivain et Sidonie, cantatrice, et ses petites soeurs, Abigaïlle et Fiorella. Sa grand-mère, Esmeralda Briserante, vit depuis peu chez eux en raison d'un début de démence,c'est une personne excentrique, elle était magicienne, elle a élevé ses trois filles seule dès lors que son mari l'a quittée pour sa meilleure amie, Paloma. Elle doit partir dans une résidence pour personnes âgées, les Cèdres bleus, dirigée par la mère d'une camarade de collège de Merlin, Mme Doutretombe et sa fille, Bérénice. Avec la complicité de sa cousine Alice, Merlin décide de permettre à sa grand-mère de fuguer pour se réfugier dans sa résidence secondaire à Pornic-sur-mer ; Alice et Merlin emmènent aussi Abi et Fiorella mais aussi Boris Koulibiak, le gardien des Cèdres bleus.

Après avoir passé son enfance en Afrique, en Côte d'Ivoire et au Sénégal, Gaël Bordet est d'abord devenu sociologue, s'intéressant plus précisément aux questions relatives au partage de l'eau dans le bassin du Jourdain, puis s'orientant vers la sociologie du théâtre. Il se consacre désormais à l'écriture de fiction.

Son premier roman, le Cas Rubis C. (Petits contes à régler, tome 1), paru en 2011 chez Bayard (collection Millézime), revisite les contes de Perrault : le Cyclone, un organisme secret, envoie une équipe de jeunes agents dans les Royaumes de Perrault afin qu'ils enquêtent sur l'ensorcellement du Chaperon rouge, alias Rubis C. Ce livre est lauréat du Prix NRP de littérature jeunesse 2011. Son deuxième roman, L'Affaire Sherlock H., (Petits contes à régler, tome 2), paru en 2013 chez Bayard, met en scène Sherlock Holmes, lancé sur les traces de son propre meurtrier en compagnie des jeunes agents du Cyclone chargés de lui venir en aide. En septembre 2018, Gaël Bordet figure parmi les douze lauréats du concours de nouvelles Émergences, organisé par la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse afin de mettre en lumière des écrivains en voie de professionnalisation. Sa nouvelle, Mamie s'est fait la malle, est sélectionnée avec onze autres textes.
En 2021, Gaël Bordet publie chez Milan son troisième roman, Fureur Moustache, une parodie burlesque sur le totalitarisme. Il publie aussi chez Hélium, Djoliba, la vengeance aux masques d'ivoire, un enquête policière dans l'empire du Mali au 14ème siècle. Il vient de publier chez Voce Verso dans la collection Ginkgo L'Hippopo d'Hippo.

Voici à nouveau une fugue de grand-mère de son établissement pour personnes âgées ! Il ne se passe guère de mois sans un nouveau titre sur le sujet en littérature pour la jeunesse.

Gaël Bordet nous emmène dans la fuite rocambolesque d'une vieille dame, magicienne, avec ses petits-enfants et le videur de sa résidence. Il n'est pas question de vraisemblance romanesque, les aventures sont burlesques, les personnages baroques. En revanche, Gaël Bordet ancre l'histoire dans un port de Loire-Atlantique à Pornic-sur-mer et décrit les lieux. Les situations cocasses s'enchaînent et Gaël Bordet alterne entre une langue simple pour l'action et un langage soutenu avec énormément de vocabulaire pour les dialogues. Comme le souligne le héros, sa soeur parle comme un livre ! Les références datent du siècle dernier. Il n'y a guère d'originalité dans cette aventure, nous pourrions penser à un humour burlesque à la David Walliams mais même cet humour enchaîne des gags peu convaincants.

Cette aventure familiale qui met en scène une grand-mère magicienne perdant un peu la tête et réalisant des tours charmants mais imprévisibles, et ses petits-enfants hauts en couleur, un majordome de film d'horreur mais plus gentil tu meurs, une jeune écolo incollable sur les sauvages, un étrange apiculteur, est un bijou de finesse, de tendresse et d'humour.

Le titre et la couverture nous ont fait penser à une histoire marrante et rocambolesque. En fait, elle est pleine de fantaisie et de rebondissement, mais aussi assez profonde. Mon fils de 10 ans a bien apprécié en histoire du soir en lecture à voix haute. Moi aussi j'ai aimé. Cela défend le droit à l'originalité, à la marginalité, ainsi que la nature et la famille. Les personnages sont originaux et attachants (mention spéciale à Boris!).