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EAN : 9782213701264
72 pages
Fayard (18/05/2016)
4.08/5   12 notes
Résumé :
CHAIRE D’HISTOIRE DES POUVOIRS EN EUROPE OCCIDENTALE, XIIIe-XVIe SIÈCLE

« Nous avons besoin d’histoire car il nous faut du repos. Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d’une conscience – non pas seulement le siège d’une pensée, mais d’une raison pratique, donnant toute latitude d’agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s’y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Texte intégral de la leçon inaugurale prononcée au Collège de France par Patrick Boucheron, le 17 décembre 2015.
Respectant la forme canonique de la leçon, l'historien brosse un tableau synthétique de l'historiographie française. Ce plaidoyer pro domo s'ouvre sur l'effroi et la peur déclenchés par les attentats de Paris pour se conclure par une vibrante définition de l'histoire envisagée comme « une halte pour reposer la conscience » et un « art de la pensée », sans totalement en écarter l'aspect ludique, jouissif voire créatif de sa pratique.
Ainsi, l'auteur invite son lecteur à s'emparer du passé pour réinventer le monde d'aujourd'hui. Cette proposition est aussi audacieuse que le propos limpide et profond.
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Depuis sa fondation en 1530, le Collège de France a pour principale mission d'enseigner, non des savoirs constitués, mais le « savoir en train de se faire » : la recherche scientifique et intellectuelle elle-même. le premier cours d'un nouveau professeur est sa leçon inaugurale. Patrick Boucheron a prononcé sa leçon inaugurale le jeudi 17 décembre 2015. L'ouvrage présenté ici s'intitule « Ce que peut l'histoire« . La problématique est celle-ci : Que peut l'histoire aujourd'hui ? Que doit-elle tenter pour persister et rester fidèle à elle-même ? Il nous présente le sujet de ses leçons au Collège de France avec la chaire d'histoire des pouvoirs en Europe Occidentale, XIIIème – XVIème siècle. Un texte très court mais riche en substance donnant matière à réfléchir. Sa perception de l'histoire est débattue et c'est une bonne chose. Je ne souscris pas à toutes les idées émises ici, mais là encore, l'historien s'engage quitte à déplaire. Je vous cite un passage qui m'a beaucoup plu « (…) la fin de l'histoire, on le sait bien, a fait long feu. Aussi devons nous du même élan revendiquer une histoire sans fin (parce que toujours ouverte à ce qui la déborde et la transporte) et sans finalités. Une histoire que l'on pourrait traverser de part en part, librement, gaiement, visiter en tous ses lieux possibles, désirer comme un corps offert aux caresses, pour ainsi, oui, demeurer en mouvement. » A méditer.
Lien : https://thedude524.com/2018/..
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Leçon inaugurale au Collège de France par un des esprits les plus authentiquement profond de notre époque qui abonde en fausses gloires intellectuelles. Un homme fort aimable qui plus est (je l'ai croisé trois fois) et qui manie une langue limpide loin de tout jargon. Une remarquable réflexion sur le rôle de l'étude historique et son lien indispensable avec le présent
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Leçon inaugurale de l'historien Patrick Boucheron au début de sa chaire au prestigieux Collège de France, fin 2015. Bien sûr, cela reste très général, mais Boucheron pose un peu de son propre accent sur l'histoire européenne du XIIIe au XVIe siècle en environ 30 pages. Ils témoignent d'une compréhension très profonde de la spécificité de la culture européenne, caractérisée par l'acte de séparation. Son plaidoyer pour la combinaison de l'érudition et de l'imagination et d'une vision globale montre une attitude très saine vis-à-vis de l'étude du passé.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons besoin d’histoire, car il nous faut du repos. Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d’une conscience – non pas seulement le siège d’une pensée, mais d’une raison pratique, donnant toute latitude d’agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s’y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s’affaiblir, à se désœuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l’expérience et méprise l’enfance. « Étonner la catastrophe » , disait Victor Hugo, ou avec Walter Benjamin, se mettre à corps perdu en travers de cette catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture.
Voici pourquoi cette histoire n’a, par définition, ni commencement ni fin. Il faut sans se lasser et sans faiblir opposer une fin de non-recevoir à tous ceux qui attendent des historiens qu’ils les rassurent sur leurs certitudes, cultivant sagement le petit lopin des continuités. L’accomplissement du rêve des origines est la fin de l’histoire – elle rejoindrait ainsi ce qu’elle était, ou devait être, depuis ces commencements qui n’ont jamais eu lieu nulle part sinon dans le rêve mortifère d’en stopper le cours.
Car la fin de l’histoire, on le sait bien, a fait long feu. Aussi devons-nous du même élan revendiquer une histoire sans fin – parce que toujours ouverte à ce qui la déborde et la transporte – et sans finalités. Une histoire que l’on pourrait traverser de part en part, librement, gaiement, visiter en tous ses lieux possibles, désirer, comme un corps offert aux caresses, pour ainsi demeurer en mouvement.
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Nous sommes au coeur de la tourmente, car qui ne voit aujourd'hui qu'elle prend deux formes également assourdissantes : celle des bavardages incessants et celle du grand silence apeuré ? Nous ne pourrons les affronter que par une conjuration de patience, de travail, d'amitié, d'invention, de courage - bref une conjuration d'intelligences qui trouve sa forme dans l'ordre des livres dont je veux défendre la cause. Lire, c'est s'exercer à la gratitude. (p. 28)
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Il y a un mois, je suis retourné place de la République. Comme tant d’autres, avec tant d’autres, incrédules et tristes. Le soleil de novembre jetait une clarté presque insolente, scandaleuse dans sa souveraine indifférence à la peine des hommes. Depuis janvier 2015, comme une houle battant la falaise, le temps passait sur le socle de pierres blanches qui fait un piédestal à la statue de Marianne.
Le temps passait, les nuits et les jours, la pluie, le vent, qui délavait les dessins d’enfants, éparpillait les objets, effaçait les slogans, estompant leur colère. Et l’on se disait : c’est cela, un monument, qui brandit haut dans le ciel une mémoire active, vivante, fragile ; ce n’est que cela, une ville, cette manière de rendre le passé habitable et de conjoindre sous nos pas ses fragments épars ; c’est tout cela l’histoire, pourvu qu’elle sache accueillir du même front les lenteurs apaisantes de la durée et la brusquerie des événements.
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Il y a toujours un pléonasme un peu comique à parler du déclin de l'occident puisque son nom ne recouvre rien d'autre que les "pays de la nuit qui vient". (p. 62)
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Qui ne voit aujourd'hui combien sont sinistres les idéologies de la séparation ? Qui ne saisit désormais les effets désastreux d'une vision religieuse du monde où chacun est assigné à une identité définie par essence ? (p. 39)
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Vidéo de Patrick Boucheron
La Bibliothèque universitaire de Paris 8 vous a proposé en avant-première la projection de l’épisode "L’Autochrome - La vie en couleur " issue de la série Faire l’Histoire d’Arte, suivie par une Rencontre-Débat avec Patrick Boucheron et Adrien Genoudet.
Retrouvez cette ressource et sa documentation sur Octaviana (la bibliothèque numérique de l'université Paris 8) : https://octaviana.fr/document/VUN0035_13 .
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