Une fois n'est pas coutume, j'ai eu envie de lire l'adaptation au théâtre avant de lire le roman et c'est comme une mise en bouche au restaurant, c'est bon et c'est en plus !
Paru en 1842, «
Les Âmes mortes » est un classique de
Nikolaï Gogol qui a inspiré de nombreux auteurs, dont
Dostoïevski ou
Soljenitsyne, mais aussi
Mikhaïl Boulgakov qui a créé cette pièce en 1931 à Moscou (après avoir écrit plusieurs versions). Il semblerait que l'auteur du roman «
le Maitre et Marguerite » considérait
Gogol comme un maître, ce qui n'est pas rien.
«
Les Âmes mortes », rappelons-le, est l'histoire d'un homme ordinaire mais astucieux nommé Tchitchikov, qui a trouvé un moyen de gagner de l'argent. Dans la Russie des années 1820, il va se livrer à un commerce sordide mais bien juteux : Tchitchikov rachète des « âmes mortes », c'est-à-dire des serfs décédés mais non encore enregistrés comme tels par l'administration, pour les hypothéquer et en retirer bien plus d'argent qu'ils n'en valent en réalité.
Tchitchikov va déployer ses talents pour convaincre des propriétaires terriens ou terriennes, de tempéraments très différents (affables, véreux, cupides…) de lui céder leurs serfs morts. Mais il va se faire prendre la main dans le sac.
J'ai bien aimé la façon dont
Boulgakov adapte
Gogol au théâtre, en l'axant sur le comique avec une galerie de portraits dont la trivialité est vraiment drôle. Et puis, l'essentiel est que l'auteur semble nous dire que le pire n'est pas que les âmes vivantes marchandent celles des morts mais qu'elles se révèlent bien souvent corrompues, surtout quand elles ont le pouvoir comme le colonel, le commissaire ou le procureur.
Reste à lire l'original qui, si j'ai bien compris, est bien plus cauchemardesque.