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EAN : 9782715221024
176 pages
Le Mercure de France (14/04/1998)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Nouvelles. Traduites par Ann Flipo Masurel. Bibliothèque russe
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les huit nouvelles de Ivan Bounine qui composent ce recueil ont d’autant plus d’intérêt qu’elles couvrent une longue période de la création littéraire de l’auteur et permettent d’en découvrir la palette. Elles ont été écrites entre 1914 et 1949, dans des lieux différents et se déroulent non seulement en Russie mais aussi en Irlande, en Algérie ou en Espagne.
J’ai aimé leur variété, leur cosmopolitisme et cette ouverture dans le temps et l’espace qui permet de découvrir combien Ivan Bounine se sentait uni aux hommes et à la beauté tragique de la vie sans considération de lieu ou d’origine ; tout en restant bien sûr tourné vers sa regrettée Russie qu’il a été contraint de quitter.

Dans le texte intitulé « La nuit », Bounine allongé dans un fauteuil sur le balcon de sa datcha, s’interroge face à la nuit en citant approximativement des passages de l’Ecclésiaste : « J’ai décidé d’explorer avec ma raison tout ce qui se fait sous le soleil. Mais c’est une pénible tâche que Dieu a donnée aux enfants des hommes pour qu’ils se torturent eux-mêmes… ».
Il fait aussi référence à Tolstoï, au Bouddha et à Mahomet et finit par dire « … combien de vies étrangères et lointaines ai-je vécues en imagination, avec cette impression que j’étais de tous les endroits et de tous les temps ! (…) je ne vis pas seulement de ma vie actuelle mais de toute vie passée, non seulement de ma propre existence mais de celles de milliers d’autres, celles qui me sont contemporaines, et celles qui sont là-bas dans le brouillard des siècles les plus reculés. » p 134

L’écriture de la nouvelle « L’ami inconnu » qui donne son titre au recueil trouve son origine dans la correspondance entre 1901 et 1903 entre Bounine et Natalia Esposito, qui se trouvent actuellement au musée Ivan Tourgueniev de la ville d’Oriol, en Russie.
Cette jeune femme était mariée à un compositeur italien, professeur de musique et chef de l’orchestre symphonique de Dublin. A partir de 1901, elle enverra à l’écrivain des lettres pour lui dire son admiration suite à la lecture de quelques-unes de ces nouvelles.
Bounine écrira « L’ami inconnu » vingt ans après cet échange, en 1923.
Cette nouvelle exprime parfaitement l’ exaltation due à l’imagination que fait naître l’inconnu, exacerbée par l’absence de réponse de l’écrivain destinataire de ces lettres, qui laisse ainsi la porte ouverte à tout un possible et devient l’ami rêvé. C’est aussi une très belle analyse du désir né du partage de l’émotion suscitée en elle par la lecture qui l’a poussée à écrire.
« …j’ai acheté par hasard votre livre et je l’ai lu, sans pouvoir en détacher les yeux, sur la route qui me ramenait vers la villa où nous vivons toute l’année, à cause de ma santé fragile. Sous l’averse et les nuages, la nuit tombait déjà, les fleurs et le feuillage des jardins resplendissaient d’un éclat singulier, le tramway vide roulait rapidement, lançant des étincelles violettes, je lisais sans relâche et je ressentais, pour une raison qui m’échappe, un bonheur presque douloureux. » p 18
Cette lecture prolongée par les lettres a réveillé le passé, la beauté de son enfance lumineuse en Italie, la beauté de la vie tout simplement et la nécessité de dire et d’écrire. Elle le remercie : « Je vous remercie de m’avoir donné la possibilité de vous inventer. » 
p 28

Les huit nouvelles ont leur intérêt. Elles sont à la fois sombres et lumineuses, habitées par des jeunes filles fraîches et naïves, des femmes attachantes qui vont à leur rencontre et croisent parfois des hommes inquiétants… Sans oublier l'écriture de Bounine qui décrit à merveille, dans toutes ses nuances, l'infinie variation d'un paysage unie à celle de l'expression des émotions qu'il fait naître.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le beau temps revenait peu à peu ; on sentait, sur le visage et les mains, la chaleur du soleil encore caché dans le ciel couvert. On entendait le chant des alouettes qu’on ne voyait pas, les nuages gris perle glissaient très haut en survolant la rue parcourue d’un air léger et moite, qui exhalait une odeur de fleurs champêtres, et, dans le jardin des Strakhov, derrière la palissade, murmurait le feuillage gris des trembles.

Et ce jardin sombre, qui conservait l’humidité en profondeur, où les éperviers faisaient leurs nids dans les tilleuls centenaires, où, sous les pins moussus, des bancs verdissaient et pourrissaient, sur lesquels personne ne s’asseyait plus depuis longtemps, semblait à Klacha grandiose et pittoresque. p 50 (Nouvelle intitulée « Klacha » écrite à Rome le 24 mars 1914)
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