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EAN : 9782368481417
80 pages
Tertium (15/03/2014)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Le jeune Armand Jean Du Plessis de Richelieu se plaint de ses furoncles et supplie Dieu de lui offrir la France. Son vœu est vite exaucé, mais même devenu Cardinal sa santé reste fragile et ses accès de peur demeurent excentriques. On le voit osciller entre les injonctions tyranniques de Marie de Médicis et les chuchotements de Monsieur Gardien, personnage fictif qui incarne sa face cachée. Passant par la séduction et la répression, les amusements et le goût des art... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je remercie d'abord Babelio dont cette nouvelle Masse Critique a atteint tous les objectifs : me faire découvrir une nouvelle maison d'édition et un auteur de théâtre historique, et au passage me faire un cadeau :-).

Après Jean-Claude Brisville (Le Souper) et Antoine Rault (Le Système), Isabelle Bournat est le troisième auteur contemporain que je rencontre qui utilise le vivier inépuisable de l'Histoire comme matière première pour ses pièces. Elle me confirme dans mon opinion que le théâtre ne sert pas qu'à amuser ; il est un aussi excellent moyen d'apprendre, ou d'acquérir l'envie d'apprendre, l'Histoire.

Isabelle Bournat balaye ici la carrière d'Armand Jean du Plessis, plus connu comme cardinal de Richelieu, premier des ministres du roi Louis XIII. Quelques scènes suffisent : la confiance que lui accorde Marie de Médicis, mère de Louis, qui favorise son introduction auprès de son fils après l'assassinat de Concini, le conflit entre Marie et Richelieu qui s'ensuivra des années plus tard et le point d'orgue que constitue la Journée des Dupes, l'évocation de la querelle du Cid et les efforts de Richelieu auprès du roi pour pousser ce dernier à donner un dauphin à la France.

L'auteur nous propose une interprétation du personnage tout en dualité, limite bipolaire, qui s'éloigne de l'image du bloc monolithique de ruse et de politique que l'on en retient généralement (à cause d'Alexandre Dumas notamment). Ce bloc, affiché en public, constitue l'un des pôles, le deuxième est une fragilité, un manque de confiance en soi, une frayeur permanente de perdre sa position. Hypocondriaque, sa santé et sa volonté sont fragiles en privé et il a besoin que le père Joseph, son principal confident, le rebooste régulièrement. C'est une vision qui, je l'avoue, a du mal à passer tellement je suis rempli de l'image d'Epinal du personnage. Etait-il réellement si fragile lorsqu'il quittait les projecteurs ?

Isabelle Bournat n'a pas oublié l'humour dans la forme : le parler italianisé et chantant de Marie de Médicis, le mielleux des académiciens courtisans Scudéry et Chapelain (là où on nous montre un Corneille plus résistant vis-à-vis des méthodes de Richelieu qu'il devait être ne réalité), le cardinal amoureux de la musique et qui se met à danser. Mais sa véritable originalité réside dans ce personnage de monsieur Gardien qui joue plusieurs rôles : personnage omniscient, avatar de l'auteur qui peut figer la scène pour raconter le futur, comme une note de bas de page vivante ; conscience de Richelieu, son principal opposant que le cardinal ne cesse d'essayer d'enfermer au plus profond du cachot de son cerveau, opposant non pas sur sa politique mais sur son abandon de ses désirs profonds de tranquillité et de bonheur. Personnage parfois trop envahissant à mon goût, mais qui renforce la vision de l'auteur.

Une pièce que j'aimerais bien voir maintenant que je l'ai lue. Je ne sais pas si cela se fera, mais je lirai certainement d'autres pièces de la collection Théâtre de Poche des éditions Tertium, dont l'objet-livre est très agréable de sobriété.
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La Feuille Volante n° 1106
LA PASSION RICHELIEUIsabelle Bournat – Tertium Éditions.

Il s'agit d'une pièce de théâtre, une comédie historique un peu grinçante.
Le rideau se lève sur un Richelieu pas encore cardinal mais simple évêque de Luçon en disgrâce à Avignon après l'assassinat de Concini Il se plaint amèrement de sa santé, de ses furoncles et s'adresse à Dieu pour lui demander la France, rien que cela ! C'est qu'il n'est pas dénué d'ambition cet Armand Duplessis, face à un jeune roi affaibli, valétudinaire, marié trop tôt, hésitant, même si son destin politique semble quelque peu compromis et sa vie menacée, du moins le croit-il. de la bouche du Père Joseph, « l'éminence grise », il apprend que le roi, qui pourtant ne l'aime guère, compte sur lui pour détourner la reine-mère Marie de Médicis, de son projet d'entrer dans Paris après son exil à Blois et de faire ainsi vaciller la royauté.
Nous voyons un Richelieu sujet aux accès de désespoir, se débattant avec la maladie et la peur du lendemain, alternant avec des périodes d'intenses activités, prêt à se compromettre lui-même plutôt que d'être évincé du pouvoir. En fin diplomate il sera un habile négociateur dans les relations difficiles et tumultueuses entre le roi et sa mère pour finalement, à titre personnel, choisir de servir la couronne. Il est présenté comme un véritable homme d'État, soucieux de la grandeur de son pays, du rayonnement de la France dans l'Europe (déjà) et dans le monde . Il était le protégé de la reine-mère qui l'a fait nommé cardinal mais face aux hésitations du roi, il n'hésitera pas à trahir son ancienne bienfaitrice pour servir la couronne et ainsi devenir le « principal ministre » du roi qui ne peut plus se passer de lui. Lui qui était destiné au métier des armes mais avait dû, pour conserver les bénéfices de l'évêché de Luçon à sa famille, embrasser la carrière religieuse s'emploie, au nom du roi à réduire les protestants, notamment à La Rochelle et à affirmer l'autorité royale à l'intérieur comme à l'extérieur du royaume, à construire le pouvoir absolu, à veiller au prolongement de la dynastie. Son action est des plus paradoxales puisqu'il interdit les duels mais organise les guerres, assoit le pouvoir du roi mais appauvrit le pays.
C'est assez astucieux de la part de l'auteur que d'avoir intégrer dans les personnages M. Gardien qui incarne la conscience de Richelieu, sa face cachée, qui ainsi souligne son côté machiavélique, ses contradictions, sa position entre volonté de durer et d'assurer son pouvoir personnel et celle de se mettre au service de roi et de son pays dans le respect de la religion. Il préparera l'avènement et l'éblouissant règne de Louis XIV
Je remercie Babélio et les éditions Tertium de l'avoir permis de découvrit cette oeuvre et cette auteure.

© Hervé GAUTIER – Janvier 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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« La Passion Richelieu » est une pièce de théâtre en trois actes sur le fameux Cardinal de Richelieu (1585-1642), conseiller de la reine Marie de Médicis puis principal ministre de son fils le roi Louis XIII. Bien que j'aie très peu d'expérience avec le genre théâtral, j'ai véritablement pris plaisir à lire la pièce, dont un exemplaire m'a été offert par l'éditeur dans le cadre du concours « Masse critique » de Babelio. Les scènes (5 ou 6 par acte) sont courtes, bien rythmées, et remplies d'humour. On s'attache vite à ce Richelieu bipolaire et fragile, à l'opposé de l'image du stratège froid et machiavélique laissé à la postérité par Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. En plus du comique de caractère, la pièce a parfois recours au grotesque lorsqu'elle se moque des défauts physiques des personnages (les furoncles du postérieur de Richelieu, le bégaiement de Louis XIII et ses crises d'épilepsie, ou encore l'accent italien très marqué de Marie de Médicis).

Quelques références de base sur cette période de l'histoire française sont toutefois nécessaires au lecteur / spectateur pour véritablement apprécier la pièce. Une dizaine d'années sépare chaque acte, ce qui permet de passer en revue les principaux temps forts de « carrière politique » de Richelieu. Lors du 1er acte, Richelieu a 34 ans et n'a pas encore été nommé cardinal. Il n'est que conseiller de la mère du roi, et redoute alors de subir le même sort que Concino Concini, assassiné en 1627 par les courtisans hostiles à son influence sur Marie de Médicis. Malgré les réticences initiales de Louis XIII à l'encontre du conseiller de sa mère, le roi finit par le recruter comme ministre. Lors de l'acte II, Richelieu se vente déjà de ses réalisations depuis qu'il est au service du roi : la création de l'Académie française, de l'Imprimerie royale… L'acte III, enfin, marque un retournement : c'est désormais Louis XIII qui défend Richelieu contre les critiques de sa mère. Et la pièce de se clore sur l'enthousiasme débordant et prophétique de Richelieu à la naissance du futur Louis XIV : « Mon fils, mon enfant ! Il est le mien, n'est-ce pas ? (…) Il brillera, il dominera (…). Il sera le roi que j'aurais été moi-même si j'en avais eu le titre. » (acte 3, scène 6).
Lien : http://histfict.blog/201
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Pièce de théâtre riche historiquement, d'une incroyable compréhension intime de Richelieu et écrite avec force et style. Grande auteure qui donne à voir un personnage célèbre sous un angle complètement neuf et vrai.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
MONSIEUR GARDIEN:
Il a peur, le pauvre homme! (il regarde Richelieu) Sa carcasse tremble, son cerveau se fendille... Il a vu Concini décapité, découpé et enfourché sur un bâton, son sexe arraché et jeté dans la Seine, et il pressent déjà jusqu'au fond de son squelette qu'un jour de 1793, ce sera son tombeau, le sien, qui sera ouvert sur ordre de la Convention, que ses os seront dispersés et que sa tête servira de balle aux gosses des révolutionnaires rue de la Harpe, il pressent que, deux siècles plus tard, ce seront les enfants du printemps de mai cette fois qui iront à la Sorbonne lacérer son portrait, le portrait du ministre Richelieu!
(Acte I, scène 1)
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Père Joseph: - Vous vouliez vous débarrasser de la Médicis, c'est fait, elle est loin! Vous avez conduit en prison la plupart de vos ennemis, vous avez infiltré d'espions tous les milieux, vous avez condamné à l'exil Madame de Chevreuse puis torturé le comte de Chalais, le duc de Montmorency a été exécuté et même Cinq-Mars qui bénéficiait de tant d'appuis a eu la tête tranchée. Monsieur de Thou aussi... Égorgé pour être plus exact, une vraie boucherie... Alors tout de même, vous exagérez! Vous n'allez pas tuer tout le monde pour votre tranquillité.
(Acte III, scène 5)
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Richelieu (qui commence à danser): - Plus fort, plus fort musiciens! La musique est vraiment l'art le plus haut, au-dessus de tout, absolu! L'esprit et la beauté à l'état pur! (il danse de plus en plus gaiement. S'adressant à monsieur Gardien) Allez, viens... Tu vois, la musique nous réunit. Elle est un souvenir de Dieu en l'homme.
Monsieur Gardien: - Elle est l'homme tout simplement, l'homme quand il se penche sur ce qu'il porte en lui de meilleur.
(Acte III, scène 5)
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Richelieu: - Enfin, Corneille! Croyez-vous que l'on puisse prendre plaisir à pasticher les médiocres? Réjouissez-vous donc que l'on torture ainsi votre Cid! Il faut avoir réussi pour être insulté par ceux qui échouent, et les hommes d'action sont souvent attaqués par les impuissants.
(Acte II, scène 1)
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Les femmes sont des animaux étranges, ne trouvez-vous pas? On croit qu'elles ne sont capables d'aucun mal, parce qu'elles ne le sont d'aucun bien, mais je proteste en ma conscience qu'il n'y a rien qui soit aussi capable de perdre un Etat.
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