AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 5613 notes
Rose vendue par son père à 14 ans, Rose violée, Rose esclave, Rose assassin, Rose internée…
Il fallait bien l'écriture de Franck Bouysse pour raconter l'indicible.
Le ton est juste, la vérité est crue … les mots portent le malheur du début à la fin.
Un roman qu'on ne peut pas oublier.
Commenter  J’apprécie          530
Comme Guylaine a raison! Même après 139 critiques, continuons à défendre ce livre, à le faire aimer, à en montrer toute la beauté douloureuse, la force émotionnelle !

Tout a été écrit, et superbement écrit. Allez voir, entre autres, les ressentis de Kirzy, d'Annette55, de Crossroads, de Marina. Pour convaincre les futurs lecteurs, je n'ajouterai que ceci :

Dès les premières lignes, vous serez emportés par la puissance du style de l'auteur, par ses mots rocailleux, jaillissants, violents et tendres, par la poésie pure de ses évocations.

Et surtout vous ne pourrez résister à Rose. Petite fleur arrachée à sa famille, piétinée par d'ignobles adultes, monnaie d'échange, chair contre terre, sacrifiée. Dévastée dans son corps, dans son ventre. Vivante pourtant, vibrante.

" Les mots, j'ai appris à les aimer tous. Ils sont de la nourriture pour ce qui s'envolera de mon corps quand je serai morte, ma musique à moi. C'est peut-être ce qu'on appelle une âme." Oui, ta belle âme, Rose...

Alors, précipitez-vous dans les médiathèques, les librairies (de préférence indépendantes comme les éditions la manufacture de livres) , et lisez cette oeuvre bouleversante, marquante!

Merci à toi, chère amie, de m'avoir prêté " Né d'aucune femme". Quel beau partage!

Commenter  J’apprécie          5311
Ma grand-mère maternelle est née en 1920 à la Baule, dans un château. Son père était valet et sa mère, bonne. Elle-même, à douze ans, malgré d'excellents résultats scolaires, a commencé à travailler comme domestique. Elle n'a pas été aussi mal traitée que Rose, ici, ou que Céleste dans 'Amours' (L. de Recondo). En revanche, elle devait vouvoyer le fils des maîtres et l'appeler 'Monsieur', alors qu'il n'avait que quatre ans.
'L'eau et l'huile ne se mélangent pas', comme dit un personnage de ce roman.

Bref, l'histoire de Rose imaginée par Franck Bouysse ressemble un peu à la jeunesse de ma grand-mère.
Mais c'est pire ici, bien pire. Sombre, violent, cruel, pervers.
On touche le fond à mi-parcours, puis l'auteur semble vouloir nous laisser un peu de répit.
Et ça repart. Révoltant, triste à pleurer.

L'intrigue change de celles des deux autres romans que j'ai lus ('Grossir le ciel' et 'Plateau'), on n'est pas tout à fait dans du polar rural. Et le style est plus accessible, le vocabulaire plus simple.
Je me suis rendu compte tardivement, en tombant sur un remarquable échange père-fille, que ce que j'aime tant chez cet auteur se faisait trop rare ici - les dialogues entre taiseux, du 'parlons peu mais parlons bien'.
La fin, par contre, ne surprend guère, mais elle a le mérite d'être limpide, cette fois, même s'il faut du temps pour y arriver.
Bouysse semble abonné à...

Décevant, trop de rebondissements prévisibles et de grosses ficelles déjà utilisées.
___

La couverture* est aussi jolie que doublement dérangeante.
Dans un premier temps, on détourne pudiquement le regard, guère habitué à voir une femme allaiter en public.
Si on s'y arrête, on remarque un décalage d'une bande d'image, au milieu. On a beau essayer de recoller les morceaux, ça ne fonctionne pas. On comprend pourquoi, vers la fin du livre...

* inspirée de l'affiche du film 'J'ai toujours rêvé d'être un gangster' (Samuel Benchetrit, 2008) ?
Commenter  J’apprécie          533
Ce qu'il y a de bien avec les romans de Franck Bouysse, c'est qu'ils sont inclassables. Ou plutôt qu'ils ravissent à la fois les amateurs de romans noirs que ceux qui se passionnent pour les histoires de terroir, ceux qui sondent les profondeurs psychologiques comme ceux qui s'intéressent à l'exploration sociologique. Sans oublier les tenants d'un style très travaillé, sensuel mais sans fioritures, classique autant que minéral. Depuis Grossir le ciel en 2014, il n'a cessé d'élargir son cercle de fans. Après Plateau et Glaise voici donc Né d'aucune femme dans lequel la corrézien réussit à se mettre dans la peau de Rose, une enfant à la destinée tragique.
Le roman s'ouvre sur les tractations de son père avec un châtelain. En échange d'une bourse, il s'empare de la fillette de quatorze ans et la met à son service sous la surveillance de sa mère, sorte de Folcoche hallucinée dont l'occupation principale consistera à ne se satisfaire d'aucune tâche accomplie par Rose. Dans une pièce inaccessible du château l'épouse du châtelain est soignée d'une grave maladie.
L'enfant souffre, mais trouve en Edmond un soutien. Après l'avoir mise en garde, il va essayer de la distraire en la faisant grimper sur le cheval dont il s'occupe. Un moment de grâce auquel assiste Onésime, son père venu la reprendre. Après s'être mépris sur les sentiments de son enfant, il sera brutalement éconduit. Sachant toutefois qu'il ne peut rentrer chez lui sans Rose, il va effectuer une nouvelle tentative qui lui sera fatale.
Pour Rose, la descente aux enfers ne fait que commencer. le plan diabolique conçu par le châtelain et sa mère consiste à l'engrosser pour offrir une descendance. Elle n'a pas quinze ans quand elle subit son premier viol. Après une tentative de fuite, elle va vivre quasiment recluse, à la merci des assauts du «maître». Quand le docteur – complice muet de ce scénario diabolique – confirme qu'elle est enceinte, l'objectif est alors de préserver l'enfant.
Parmi les nombreuses trouvailles de Franck Bouysse, il y a celle de confier cette histoire à Gabriel, un prêtre. Dans un asile, il va trouver les carnets de Rose et nous offrir cette histoire, accompagnés des tourments de son âme. Avec lui, nous allons mener l'enquête et essayer de savoir ce qu'est devenue la recluse.
Nous allons entendre autres voix, celles des témoins qui, pour la plupart, assistent sidérés au drame qui se joue et qui détiennent une part de vérité. Qu'est devenue Rose? Qu'est-il advenu de son enfant?
Le puzzle se reconstitue pièce par pièce, avec une tension dramatique qui jamais ne s'étiole, avec des rebondissements et un final à la hauteur de cette splendide quête.
Avec Né d'aucune femme, Franck Bouysse nous offre le plus puissant, le plus noir et le plus abouti des romans de cette rentrée. Je prends le pari que si vous décidez de le lire, vous aurez une peine extrême à le lâcher. Et qu'il vous accompagnera longtemps après l'avoir fini.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          530
Déjà rien que la couverture, tu ne peux guère résister. Si tendre, si émouvant, quoi de plus beau qu'une femme allaitant son bébé.
Puis le titre, là tu commences à t'interroger : aucune femme, comment ça ?
Et puis, un avis d'une dévoileuse, te dis, attention, livre à retenir et pour finir, tiens donc, ce même livre à la GL dont le présentateur dit : ça fait longtemps que je n'ai pas lu un livre de cette trempe (enfin une phrase dans ce goût là) !
Alors ni une ni deux, enfin tu vas savoir qu'est ce qui se cache derrière tant de ? et de !
Et oui, il y a bien des !!!! et encore des ???? car jamais tu ne comprendras pourquoi l'humain est aussi cruel, aussi bête, envers son prochain, son égal. Et aussi pourquoi que l'autre, celui qui se dit amoureux, n'a pas fait plus pour arrêter cette chose immonde ???
Alors il y a donc les !!!! car tu croises malgré tout, un curé Gabriel, ça ne s'invente pas qui prend le taureau par les cornes, et puis cette soeur qui ose rester près de Rose pour l'écouter, lui apporter des cahiers et de l'encre, qui prend du temps pour lire son histoire et prend encore des risques allant prévenir le curé que les preuves se trouvent quelque part cachées.
Il y a encore des instants de bonheur, cette belle jument Artémis, des parenthèses espèrant qu'elles n'en finissent jamais.
Et puis l'ensemble qui nous porte par la si belle plume de l'auteur au coeur du récit, on voudrait tant agir, mais notre impuissance, nous fait rager encore plus.
C'est une histoire coup de poing, émouvante dont on a du mal à en sortir.
A lire
Commenter  J’apprécie          531
Insoutenable.
Les mots, d'ordinaire mes alliés, se sont retournés contre moi. Impossible de lire les sévices infligés à cette fille pauvre, et abandonnée de toute part.
Je me pose une nouvelle fois cette question : est-il besoin d'aller jusque-là pour accrocher, hameçonner le lecteur ? En tout cas, l'auteur a réussi à donner une image du mal à l'état pur. le tortionnaire est d'une cruauté sans faille, un diable entouré de ses sbires, si violent qu'à son contact, l'indécision ne peut que devenir lâcheté.

Cependant, des éléments mystérieux et l'élégance du style me conduisent à renouveler ma lecture incomplète. La famille de la victime et le narrateur, magistralement traités, m'invitent à ouvrir les yeux, à accepter les mots de cette jeune fille devenue femme malgré elle, enfin pas tout à fait... Heureusement, sa désobéissance lui offre une minuscule porte de sortie, une échappatoire inattendue dans la noirceur de son destin.
Par ailleurs, les mots qu'elle dépose peu à peu prennent chair, insufflent une nouvelle vie à ce corps qui ne peut plus lui appartenir, lui donnant une force qui la maintient en vie.

Captivant.
La construction, le dénouement...
Je ne peux que m'incliner devant la plume de l'écrivain, mais il me reste un goût amer, quelque chose de dérangeant, d'un peu trop cru, pour apprécier pleinement ce roman.


Lien : https://partagerlecture.blog..
Commenter  J’apprécie          520
Quel effroyable destin que celui de cette petite Rose.
Vendue par son père à quatorze ans, elle se retrouve la proie d'un maître de forges et de sa mère.
Sans aucun scrupule, ni l'un ni l'autre, ils ont un projet machiavélique dont Rose sera l'objet.

Un très beau roman qui se lit d'une traite. C'est passionnant.
Outre Rose, divers intervenants racontent cette dramatique existence.
A chaque fois que je devais interrompre ma lecture, j'appréciais la lumière, le monde réel, que tout cela ne soit qu'un horrible cauchemar. Mais je n'attendais qu'une chose, me replonger dans les ténèbres de la vie de Rose.

Je ne connaissais pas du tout Frank Bouysse. Mais son écriture m'a impressionnée et je vais vite découvrir ses autres livres.
J'ai eu presque le même sentiment d'osmose avec l'histoire que quand j'ai lu « le garçon » de Marcus Malte, et ça, ce sont des moments rares de lecture.
Commenter  J’apprécie          510
Le père Gabriel est appelé pour bénir le corps d'une femme décédée à l'asile. Il va retrouver les cahiers qu'elle a rédigés et remonter le cours de sa terrible vie. Elle s'appelait Rose, elle était l'aînée de quatre filles d'un couple de paysans misérables. Pour faire entrer un peu d'argent dans son foyer, à 14 ans son père l'a vendue au maître des Forges.
« J'ai compris plus tard qu'ils étaient en train de marchander, et que c'était pas simple d'arriver à un accord, vu que personne voulait lâcher le morceau. Je le savais pas encore, mais le morceau en question, c'était moi. »
Alors commence l'horreur…
J'ai vraiment été emporté par ce livre à la fois beau et cruel. Beau par la qualité de la plume de Franck Bouysse qui utilise d'une manière magistrale les mots pour décrire l'insoutenable, pour exprimer toutes les émotions. le portrait inoubliable et bouleversant d'une femme réduite au rôle d'esclave, un récit qui vous prend aux tripes, heureusement porté par l'écriture lumineuse de l'auteur. Un roman choral où tour à tour, Rose, Onésime son père, « Elle » sa mère, Edmond le palefrenier et l'Enfant nous plonge dans ce drame qui ne vous quitte pas une seule minute tant l'intensité est grande.
J'ai ressenti beaucoup d'émotions tout au long de cette lecture. Quel plaisir de lire un roman si bien écrit.






Commenter  J’apprécie          510
Un conte cruel et humaniste. Avec ce roman, Franck Bouysse revisite le conte classique en y apportant une facture plus réaliste. On sait que Barbe Bleue est un assassin sanguinaire mais jamais Charles Perrault nous en décrit les forfaits. Franck Bouysse ne s'en prive pas, lui, sans jamais tomber dans le voyeurisme ou le gore. Il se joue de nos terreurs d'enfants, de nos peurs ancestrales, de toutes ses angoisses que nous avons accumulées quand la lumière s'éteignait, que le noir s'installait et que nous nous inventions des crimes et des monstres, sans jamais parvenir à nous endormir. Tous les acteurs et les décors du conte sont présents dans ce roman : la forêt, l'ogre, la belle-mère, le chien, le cheval, le palefrenier, la jeune femme innocente et maltraitée (à l'image de Blanche-Neige ou de Cendrillon), la forge, le poison, le château. Un conte intemporel car les repères historiques sont rares (le fusil et le journal), ce qui empêche de dater précisément le récit, mais permet de lui donner sa dimension universelle. Une prouesse. Il y a quelque chose de férocement médiéval dans ce livre, une atmosphère qui m'a rappelé – en plus grave et moins déjanté – le film de Paul Verhoeven « la chair et le sang ». Ce roman vous prend aux tripes. On ne le lâche pas. Tout comme on hésite à pousser la porte grinçante, craignant l'indicible, on tourne les pages avec une appréhension mêlée d'excitation qui fait de nous un lecteur avide et coupable. Un très bon moment de lecture donc, peut-être gâché par quelques facilités d'écriture. Franck Bouysse file des métaphores qui ne sont pas toujours très fines : le désir de l'héroïne qui naît en allant chercher des carottes au potager ou en montant un cheval ; le nom même de cette héroïne, Rose, un peu trop évident au milieu du fumier. Des détails, au regard de la qualité de l'intrigue dont je ne vous dirai rien pour que le plaisir et la surprise restent intacts.
Commenter  J’apprécie          492
Que de subtilités émotionnelles dans cette histoire ! En quatrième de couverture, Franck Bouysse est qualifié de «sculpteur hors pair de la langue » et je reconnais que ma lecture a été ponctuée d'étonnements liés à l'avancée, tout à fait inattendue de l'intrigue, et de plaisir à savourer la langue utilisée par l'auteur. Ah ! Cette phrase : « Toute ma vie j'ai failli être un homme » ! Tout est dit dans ces quelques mots ! Ces regrets et la lâcheté de l'être humain qui entraînent tant de drames. Mais aussi cette animalité qui prime chez d'autres, qui écarte un individu du paradigme social attendu de tout homme dit civilisé.
Ici les personnages sont des figures d'orfèvre. Nous sommes dans la campagne des Landes, probablement vers le début du XXe siècle. Un curé est appelé pour procéder à l'enterrement d'une indigente ; une femme enfermée dans un asile dont on ne souhaite même pas révéler le prénom. Cachés sous son jupon, le Père Gabriel va découvrir des journaux intimes…
Une histoire va alors se dérouler sous les yeux du lecteur ; tantôt narrée par une jeune fille prénommée Rose, par le palefrenier, Edmond, par le père de Rose, Onésime, sa mère, et Gabriel lui-même. Et c'est un récit bien souvent cruel qui va mener à une histoire de vie dramatique mais oh combien, on le sait bien, réel. le personnage de Rose va prendre toute sa splendeur. D'abord jeune fille destinée à devenir domestique dans une grande maison, l'avenir que ses maîtres lui promettent sera nimbé de toujours plus de noirceur.

Rose n'est pas un personnage que l'on oubliera du jour au lendemain.
Rose est une femme de papier certes, mais de papier cartonné.
Rose vous touchera, vous retournera les tripes.
Commenter  J’apprécie          491





Lecteurs (10989) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2883 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}