Maurice est médecin... enfin presque.
Il vivote dans son petit appartement, dans lequel il héberge sa veuve de soeur. Maurice a grand coeur... enfin presque.
Ces derniers temps, Maurice fréquente régulièrement, la librairie de la rue Monge. On pourrait alors penser que Maurice est un grand lecteur... pas du tout.
Non, Maurice se la raconte auprès de la libraire, Mme Maze, qui le prend pour un homme d'une valeur supérieure. Maintenant, Maurice s'est mis en tête, notaire à l'appui, de récupérer des biens auprès de l'ex mari de Mme Maze, biens ; que lui, Maurice, estime qu'ils devraient revenir à sa "chère amie" libraire.
_"tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice !"
Maurice, l'ami qui vous veut du bien ?
Sait-il au moins ce qu'il veut Maurice ?... Pour sa soeur ; pour Mme Maze ; pour lui-même...
Maurice...l'homme qui savait.
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Par-dessus - chapeau melon...
Maurice, c'est le looser Bovien par excellence. (mais tous les loosers de l'écurie Bove ne sont-ils pas excellents ?) ... Bah si ! Parole de KiKi !
Cependant, j'ai trouvé celui-ci moins attachant que d'autres perdants (ou perdus) de la family Bove...(le "Victor" de
mes amis ; "Albert" d'
un célibataire ; "Arnold" de
la dernière nuit ; le bon "Charles" héro du pressentiment ; ou Bove lui-même dans
bécon-les-bruyeres)
Attention ! Mettons-nous bien d'accord.... rien avoir avec la qualité de l'histoire, moins attachant, parce que particulièrement chiant, imbuvable (j'applaudis au passage sa soeur pour ne pas s'être balancée par la fenêtre, voir, le balancer lui. Respect Emily ! )
Même lui ne se supporte pas. Et pour cause... Maurice c'est la dualité même, l'ambivalence, la complexité, la redondance, l'angoisse (de la vie comme de la mort) , l'hypocondrie, la honte, l'impertinence (du propos et des actes) , la solitude (dépressive)... je m'arrête là... pauvre Maurice.
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Emmanuel Bove m'a une fois de plus scotché. (bon, je m'y attendais un peu, je commence à le connaître maintenant)
De la belle écriture qui nous rend heureux de nous plonger dans tant de tristesse. Ce n'est pas donné à tout le monde ça !
Car oui, on nage encore dans une eau sale, c'est encore pire que Paris-plage. Et malgré cela, après avoir bu deux ou trois fois la tasse, Bove arrive à nous faire sourire. Oui, même ce lourd de Maurice fait sourire (non ! pas rire ; faut pas pousser Maurice dans les orties)
Et puis, ce talent qu'il a pour nous faire tenir avec trois fois rien. L'action chez l'auteur, est connue pour être plate. Mais on s'en fout, ce n'est pas ce qu'on vient chercher en lisant Bove. Ici par exemple, l'aventure ne se résume qu'à quelques tours à pied dans les rues de Paris, et encore, toujours les mêmes ; et pourtant, il nous tient en haleine à chaque fois (un peu comme
Simenon, mais en plus pesant, plus englué)
Si ça ce n'est pas la marque d'un grand auteur ???
Alors je peux vous dire que si Maurice est
un homme qui savait, moi je suis un "homme" qui sait... qui sait qu'il va bientôt lire : "
Armand" , du grand
Emmanuel Bove... Yes !
_ (p22) il murmura en souriant : "cet homme ! cet homme !" cela lui faisait toujours dresser l'oreille d'être appelé un homme. Et quand il s'appelait lui-même un homme, il éprouvait comme le sentiment de s'être vanté. Il pensa : "cet homme a l'air bien fatigué. On voit qu'il est plongé au milieu des misérables soucis de la vie. Heureusement qu'il n'est pas seul ! Il suffit de regarder autour de soi. Il en existe des milliers comme lui. Tous courent assurer le lendemain."
Tu es trop fort Manu ; tu es trop fort !