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EAN : 9780143174165
Penguin Canada (30/11/-1)
4.24/5   628 notes
Résumé :
Traduction : Michel Lederer
Au XVIIe siècle, dans les espaces sauvages du Canada, les voix d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron et d’une captive iroquoise tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures. Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance. Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour chasser ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (130) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 628 notes
C'est une oeuvre remarquable que Dans le grand cercle du monde. J'ai acheté ce livre sans en connaître l'histoire, à cause de tous les commentaires élogieux que j'en ai entendus. Joseph Boyden nous propose une visite dans le passé, au XVIIe siècle pour être exact. À cette époque, les Français commençaient à s'installer dans la vallée du Saint-Laurent alors que les Iroquois et les Hurons-Wendats étaient perpétuellement en guerre. Une situation trouble que l'arrivée des Blancs a exacerbée… Un des intérêts de ce roman est que l'auteur donne leur voix à tous les partis impliqués. Trois narrations. Trois points de vue différents. Donc, pas de parti pris !

D'abord, il y a Christophe, le jeune Français, un missionnaire, un jésuite, envoyé auprès des « sauvages » afin d'essayer de les convertir à la foi chrétienne, aussi pour consolider des liens d'amitiés (mais surtout de maintenir des liens commerciaux, un monopole sur le commerce des fourrures). Il est surnommé Corbeau à cause de sa robe noire, peu pratique, la risée des autochtones.

Ensuite il y a Oiseau, chef d'un village huron, membre de la puissante confédération Wendat, attaché aux traditions ancestrales de son peuple. Contrairement à ce que beaucoup croient, pas tous les Amérindiens vivaient dans des tentes au milieu des bois. Les Hurons étaient sédentaires, s'établissaient dans des villages de plusieurs milliers d'âmes, subvenaient à leurs besoins d'abord via l'agriculture (les trois soeurs : maïs, courge & haricot) puis ensuite grâce au troc avec d'autres peuples. Oiseau voit d'un mauvais oeil l'arrivée du jésuite (outre le fait que les contacts avec les Blancs étaient suivis de maladies, il sent que leurs valeurs et leur religion sont bousculés) mais l'estime tout de même essentielle dans sa lutte contre les Iroquois.

Puis il y a Chute-de-Neige, de la nation iroquoise. le roman s'ouvre avec sa capture par un groupe de Hurons menés par Oiseau et auquel participe Christophe. Sa famille vient d'être exécutée sous ses yeux on la ramène pour compenser la mort de la famille de Oiseau, dont elle deviendra la fille adoptive. D'abord hostile, elle finira par accepter sa nouvelle famille. À travers ce personnage, on découvrira que les deux peuples ne sont pas si différents l'un de l'autre.

Chaque chapitre, qui met en scène alternativement ces trois personnages, est court. Et le rythme est rapide. Ainsi, malgré les 600 pages du bouquin, on en remarque à peine l'épaisseur car l'histoire ne contient pas de longueurs. Il n'y a pas de passages que je juge superflu. Un seul regret : ne pas avoir le point de vue direct de Petite Oie. Il s'agit de la guérisseuse du village, une sorte de chamane aux pouvoirs multiples. Ce n'est pas une Huronne mais plutôt une Algonquienne de la tribue nomade des Montagnais qui a décidé recemment d'unir sa destinée à celle de ce grand peuple. D'où l'intérêt de son point de vue, original mais surtout plus objectif parmi tous ces Hurons et Iroquois en guerre.

Parce que c'est de guerre qu'il s'agit. Oui, l'arrivée des Français et des Anglais a exacerbé les tensions, mais le conflit existait depuis des générations. Il y a quelque chose de très tragique dans cette histoire. La fin d'une nation, d'une civilisation, est un événement troublant. Car les personnages sont témoins de tout ça, ils le voient venir et commencer à se produire. En tant que lecteur, on ne peut que se sentir interpelé par leur frustration, leur tristesse de voir leur culture s'éteindre avec eux. Certains ont peut-être moins aimé les scènes de torture, assez explicites vers la fin, mais c'était ça, aussi, le monde amérindien. Il ne fallait pas montrer que son côté polissé, dans le genre « communions avec les esprits de la forêt ».

Donc, le ton employé par l'auteur était très juste et ses choix littéraires, judicieux. de plus, Joseph Boyden a une plume très évocatrice. Il a su faire ressortir le tragique de cette situation sans tomber dans le mélodramatique, les moments héroïques sans tomber dans le patriotique et le parti pris. En fait, il a su respecter les points de vue de tous les côtés, sans jugement. du moins, c'est ce qu'il m'a semblé. Tout est arrivé parce que cela devait arriver, c'était dans l'ordre des choses. Bref, j'ai vraiment hâte de lire les autres romans de cet auteur de talent.
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« Ce qui est arrivé dans le passé ne peut pas demeurer dans le passé, tout comme le futur se situe toujours à un souffle devant. »

De Joseph Boyden, j'ai eu récemment un immense coup de coeur pour « le chemin des âmes » dont j'ai aimé l'écriture ciselée, profondément humaine et l'histoire qui se noue autour de trois magnifiques personnages sous fond de guerre des tranchées. C'est avec mon petit cercle d'ami.es que j'ai eu le plaisir de repartir sur les traces de cet auteur canadien talentueux qui revendique des origines amérindiennes. Je les en remercie.

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce récit, je dois bien avouer que, au fur et à mesure des pages, cette histoire m'a captivée, ses personnages m'ont autant fascinée que je me suis attachée à eux. Et c'est avec peine que je les ai quittés.

*
Avec « Dans le grand cercle du monde », une porte s'ouvre sur les territoires sauvages des Hurons et des Iroquois au milieu du XVIIème siècle, à l'époque coloniale française et anglaise.

« Avant l'arrivée des Corbeaux, nous avions la magie, l'orenda. Nous n'en avions jamais douté avant que leurs serres n'agrippent pour la première fois nos branches et que leurs becs ne picorent pour la première fois notre terre. »

Dès le tout début du récit, le lecteur assiste à une scène d'une grande violence où une jeune Iroquoise, Chute-de-Neige, assiste impuissante, au massacre de sa famille par un groupe de chasseurs Hurons. Epargnée mais captive, elle est adoptée par le chef guerrier Oiseau en remplacement de sa famille assassinée par les Iroquois.
Un prisonnier, Christophe, rebaptisé Corbeau par les Hurons, fait partie du groupe de Hurons au moment de l'attaque. C'est un missionnaire jésuite français venu vivre parmi eux pour les convertir au catholicisme.

Depuis de nombreuses générations, les deux tribus amérindiennes se livrent à une guerre intestine mais l'enlèvement de cette enfant va raviver leur profonde mésentente et leur haine réciproque. Deux grandes puissances européennes se mêlent au conflit, chacune prenant partie pour un camp, avec pour dessein insidieux de s'établir au Canada et s'approprier les terres des Indiens.

A travers les récits croisés de Chute-de-Neige, Oiseau et Corbeau, le roman raconte comment l'afflux des explorateurs européens et les attaques incessantes des Iroquois entre autres, vont concourir au déclin du peuple Huron et à la dispersion de ses survivants.

*
Ainsi, se dessinent et s'entrelacent trois brins narratifs qui, au fil des chapitres, donnent la parole à tour de rôle à un des trois narrateurs. Chaque point de vue est parfaitement et solidement étayé, rendant chaque voix parfaitement reconnaissable et d'une intimité touchante.

J'ai trouvé cette mise en scène astucieuse car la multiplication des angles de vue enrichit fortement notre vision de ce monde plein de contrastes. En effet, en nous plongeant dans ce nouveau monde, l'auteur donne vie à une époque et un lieu : on est en plein dans la conquête de l'Amérique du Nord et l'évangélisation des peuples autochtones, mais également dans les conflits entre les peuples indiens qui veulent s'arroger le commerce lucratif des fourrures avec les Blancs.

Le récit est porté par la sauvagerie et la convoitise des hommes, mais heureusement, l'auteur ne s'arrête pas là. Ainsi, on entre aussi dans leur communauté. Les descriptions de la vie quotidienne des Hurons, de leur mode de vie basé sur la culture des « trois soeurs » (le maïs, la courge et le haricot), de leurs croyances et de leurs coutumes, de leurs rites funéraires et de leur sensibilité au monde des esprits, sont minutieusement décrites.

« En matière d'esprit, ces Sauvages croient qu'il existe en nous tous une force vitale similaire, pourrait-on dire, à ce que nous, catholiques, croyons être l'âme. Cette force vitale, ils l'appellent l'orenda. C'est le côté fascinant. le côté épouvantable, c'est que ces pauvres créatures égarées croient que non seulement les êtres humains, mais aussi les animaux, les arbres, les étendues d'eau et jusqu'aux pierres possèdent une orenda. »

Joseph Boyden sait faire revivre la férocité de leurs pratiques rituelles, et en particulier les "caresses" que chaque camp prodiguait à leurs prisonniers durant de longues journées. Ces passages ne sont pas faciles à lire, les descriptions de ces scènes de torture étant crues, implacables, d'autant plus déroutantes qu'elles sont respectueuses de l'adversaire et vécues dans une joie festive pour les vainqueurs, mais qu'elles sont aussi vécues par les prisonniers comme une épreuve faisant appel à leur bravoure, leur force mentale, leur fierté et leur honneur.
A ce propos, Christophe formule une remarque très juste, faisant le parallèle entre les rituels de torture des « Sauvages » et les actes de l'Eglise catholique, les méthodes de torture de l'Inquisition.

*
Pourtant, au milieu de la brutalité des hommes et de la nature, un éclat parvient néanmoins à s'infiltrer grâce à des personnages attachants, touchants.
J'ai été particulièrement sensible à la justesse de la caractérisation des personnages, autant principaux que secondaires. En prenant la parole chacun à leur tour, les trois narrateurs se dévoilent au fil de leurs pensées. Ils se révèlent d'autant plus nuancés que les traits de leur personnalité évoluent au cours de leur vie. du coup, si j'ai eu au départ de la compassion pour la jeune fille et du mépris pour les deux hommes, mes sentiments ont très vite évolué et changé à l'égard d'Oiseau, plus lentement en ce qui concerne Corbeau sachant combien la conquête de l'Amérique du Nord, l'évangélisation et l'introduction de maladies venues du Vieux Continent avaient été meurtrières. Au final, il révèle une personnalité plus complexe et plus surprenante qu'il n'y paraissait au départ.

« Quand nous les avons autorisés à vivre parmi nous, nous ne savions pas qu'ils étaient pires que des mauvaises herbes. Et maintenant qu'ils se sont enroulés autour de nous, ils ne nous lâcheront plus. »

Le point de vue développé par Christophe est particulièrement intéressant sur la façon dont les catholiques lancés à la quête de l'âme indienne, se sont immiscés dans la vie des peuples autochtones, apprenant leur langue, leurs traditions et leurs rites, ébranlant les fondements de leur culture, les détournant progressivement de leur spiritualité et de leur mode de vie pour embrasser leur foi. Il est de loin le personnage le plus abouti, même si j'ai aussi aimé la profondeur des émotions de Oiseau.

« Ces Sauvages sont puérils et entêtés. Ils vivent dans le péché, dans le monde coupable de l'idolâtrie, et sans l'ombre d'un doute sous l'emprise de Satan, ce qui rend d'autant plus importante ma mission. »

*
Un autre aspect du roman m'a énormément séduit, c'est le style de l'auteur.
C'est un livre à l'écriture réaliste, riche, sensible et sombre, féroce et crue. L'histoire habilement racontée est fascinante, mais accompagnée d'images saisissantes de réalisme, de scènes dures et sanglantes qui m'ont emportée autant que bouleversée.
Les mots de l'auteur nous entraînent dans l'intime, ils sondent les profondeurs de l'être et les vérités cachées. Ils disent la peur et la vulnérabilité, le courage et le sacrifice, l'amour et le deuil, la colère et la haine, la ferveur religieuse et l'étroitesse d'esprit dans un monde tumultueux où les cultures et les peuples entrent en collision. J'ai été émue par la puissance des émotions, ébranlée par la barbarie des hommes.

*
Une fois de plus, malgré sa brutalité, Joseph Boyden m'a emportée dans son univers par le souffle romanesque de son récit, par la force de ses personnages pleinement incarnés. Il a saisi une époque captivante, un monde fascinant en pleine mutation, des personnages aux prises avec les mouvements de l'Histoire.
Et même si j'ai préféré « le chemin des âmes », je ressors ravie de cette lecture. Les dernières pages sont poignantes.
A découvrir.
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J'ai découvert l'an dernier Joseph Boyden avec le chemin des âmes, coup de coeur absolu. Il n'est jamais simple dans ce cas de lire un autre livre de l'auteur, et cela a été le cas pour celui-ci. Les souvenirs de l'autre étaient encore très présents dans ma mémoire, même si ma lecture date de plus de huit mois. Et la comparaison n'était pas en faveur de celui-ci.
Il m'a donc fallu un peu de temps pour entrer dans ce roman et oublier Xavier, Elijah et Niska.

L'histoire se situe au Canada, au XVIIe siècle. Les Français commencent à s'établir dans ce nouveau monde, et y apportent maladies, alcoolisme, armes à feu et religion, la leur bien sûr. Que des choses positives, n'est-ce-pas !

Ce sont les Jésuites, qui vont prêcher pour la religion en partant vivre au sein de tribus pour essayer de les convertir à la foi catholique, complètement hermétiques au mode de vie des indiens, à leur communion avec la nature, à la richesse de leurs croyances. C'est toujours la même histoire qui se répète quand un peuple qui se croit civilisé, entreprend de coloniser une terre en méprisant les habitants indigènes, en voulant absolument les convertir à leur mode de vie, sous prétexte qu'il est supérieur à leurs yeux.

Certes, tout n'est pas rose dans ces contrées avant l'arrivée des Français. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, et les différentes tribus indiennes ne vivent pas en paix. Les guerres entre eux reviennent régulièrement à coups d'escarmouches et de captures, les captifs étant ensuite soumis à de douloureuses tortures dont j'aurais préféré que l'auteur évite les longues descriptions. Mais, ces indiens partagent quand même une vision du monde, un code de conduite que les Français vont s'acharner à détruire, tout en attisant les haines ancestrales pour leur profit.

Tout cela, l'auteur l'aborde par un récit choral qui fait s'exprimer tout à tour trois personnages, enrichissant ainsi la présentation des faits, par les visions différentes de ceux-ci.
Avec par ordre d'apparition, Christophe jeune jésuite, en mauvaise posture dans ces premiers chapitres, fait prisonnier par une tribu d'indiens Hurons, qui l'admettra finalement dans son village, surnommé le Corbeau en raison de sa soutane noire.
Puis, Oiseau, le chef de ce petit détachement de Jurons, dont la famille a été décimée par les Iroquois et qui depuis se venge en organisant des raids meurtriers contre des petits groups d'Iroquois.
Et enfin, Chute-de-Neige, jeune fille iroquoise capturée par Oiseau après l'extermination de sa famille par Oiseau et ses hommes. Elle deviendra la fille adoptive d'Oiseau, et mettra du temps à accepter cette nouvelle filiation.

A travers les récits croisés de ces trois principaux personnages et l'évocation d'un certain nombre d'autres, en particulier des femmes indiennes des Hurons dont l'aide sera très utile à Chute-de-Neige, l'auteur aborde la vie dans ces contrées, à cette époque de transition. Les Européens sont arrivés, mais sont encore minoritaires. Cependant leur présence va déjà avoir un impact très négatif sur les indiens. Et cela, en premier lieu par les maladies, qu'ils vont leur transmettre et qui vont décimer les populations indiennes, brisant l'équilibre entre les tribus.

J'ai beaucoup aimé la description de la vie des indiens (si l'on excepte les tortures dont j'ai déjà parlé), leur rapport à la nature, leurs rites, leurs rêves, leur attachement à leurs traditions. C'est une civilisation que je trouve infiniment riche et dont il ne reste malheureusement pas grand-chose aujourd'hui, tant elle a été détruite par les nouveaux arrivés, ces hommes blancs.
L'auteur dans ces pages raconte le début de ce déclin, que les indiens perçoivent et contre lequel ils ne peuvent se défendre.
Un roman moins immédiatement prenant, émouvant, superbe que le chemin des âmes, mais qui aura su finalement me captiver.
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Trois voix s'élèvent dans les immenses espaces canadiens. le XVIIe siècle est déjà entamé, quand des jésuites français essaient de convertir des Indiens. le jeune père Christophe, qui croyant bien faire en imposant ses croyances en prosélyte convaincu, trouve sur son chemin le chef Huron, Oiseau, et sa prisonnière iroquoise, Chutes-de-Neige, des ennemis de toujours.

Les Hurons ont décidé de garder le père Christophe qu'ils nomment ironiquement le Corbeau à cause de sa soutane. Oiseau est chargé de le protéger. Bien que critique et condescendant, le Corbeau en apprenant la langue des Indiens s'intègre peu à peu. il va même jusqu'à admirer les rites funéraires de ceux qu'il appelle les Sauvages, et dont il se désole d'en convertir si peu. A l'arrivée de la tribu en Nouvelle France, Oiseau rencontre le gouverneur, Samuel Champlain, qui lui propose d'unir leurs forces pour résister aux Hollandais et aux Anglais qui ont armé les Iroquois. En fait, c'est une manoeuvre pour s'allier ceux qui contrôlent le commerce dans les territoires sauvages.

Car qui gagnera la bataille du commerce gagnera la guerre. Dans cette lutte, les pères jésuites servent de lien avec les Français, ils sont tolérés dans la tribu pour cette seule raison. Après des combats épouvantables contre les Iroquois, et des tortures terribles auxquelles il assiste avec deux autres pères, le Corbeau continue son travail de conversion auprès des Hurons. Il prêche et répond à leurs questions auxquelles il n'a pas toujours de réponses. Ses convictions religieuses ne vacillent jamais, il résiste à tout, même à la sensualité des femmes de la tribu, surtout à celle de Chutes-de-Neige, maintenant résolue à rester avec les Hurons.

Un livre magnifique qui nous transporte dans le monde très codifié des Indiens. On découvre leurs us et leurs coutumes, leurs croyances et les rapports des tribus entre elles. Des rapports tendus entre les Hurons et les Iroquois, exacerbés par les Européens qui, venus pour des raisons mercantiles et pour imposer leurs croyances, ont apporté des maladies dévastatrices. Un monde qui peut se révéler impitoyable (les scènes de tortures sont insoutenables) mais aussi plein d'humanité.
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Un roman qui nous plonge au cœur du XVIIe siècle parmi les Sauvages qui peuplent le Canada, à travers les voix de Christophe, le jésuite français, d'Oiseau le chef de guerre huron, et de Chute-de- Neige, la jeune fille iroquoise.

Nous découvrons le mode de vie, les croyances et les traditions des tribus indiennes, qui évoluent dans un monde à la fois ténébreux et paradisiaque.

La nature, les animaux et les hommes font partie d'un même univers. Leurs esprits sont mêlés. Un peuple libre et généreux, à l'écoute de leurs enfants. C'est le côté paradisiaque.

L'autre penchant de ces hommes est leur art de faire la guerre et de se livrer à des cérémonies de torture insoutenables, à des guerres du deuil qu'on peine à comprendre. Nous sombrons alors dans les ténèbres.

Face à eux, les hommes velus venus d'au-delà de l'Océan, s'accaparent de leurs richesses et de leurs savoirs. Ils sont accompagnés des « Corbeaux », ces prêtres qui piétinent leurs croyances pour les contraindre au christianisme. Sont-ils plus civilisés ?

Deux cultures qui s'affrontent et s'observent. Ils s'admirent parfois mais sans jamais vraiment se comprendre ou se faire confiance. Le choc des cultures et des croyances est trop intense.

Un récit riche et poétique qui nous immerge dans un monde splendide, si on met de côté la rivalité des hommes.

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critiques presse (7)
Telerama
04 novembre 2015
C'est violent, lyrique, très beau, admirablement servi par le grand traducteur qu'est Michel Lederer.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
26 septembre 2014
Joseph BOYDEN, lui-même descendant des Nations Premières trouve les mots justes pour écrire les sentiments humains et la redoutable froideur guerrière dans un seul chant où se mêlent chant de vie et chant de mort.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
21 juillet 2014
Signé Joseph Boyden, l'un des maîtres du roman canadien, le livre tient de Rousseau pour l'évocation des états innocents de l'humanité autant que de Sergio Leone pour la mise en scène d'aventures sur grand écran.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
15 juillet 2014
Joseph Boyden raconte la lutte fratricide contre les Iroquois.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Joseph Boyden signe une ambitieuse fresque qui confronte trois mondes. Où Jésuites, Hurons et Iroquois vont évoluer au-delà des préjugés.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Joseph Boyden signe une ambitieuse fresque qui confronte trois mondes. Où Jésuites, Hurons et Iroquois vont évoluer au-delà des préjugés.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
16 avril 2014
Joseph Boyden signe une véritable descente aux enfers, une plongée au coeur des ténèbres. Impitoyable.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
« Ces gens font preuve d’une imagination fertile dans le domaine des tortures, dis-je à Gabriel. Aussi fertile et peut-être même plus que celle de n'importe quel inquisiteur. »[…]
« Ils ne laissent rien au hasard. Tout est soigneusement réglé. C’est l’une de leurs cérémonies les plus importantes.
- Mais pourquoi ? Pourquoi tiennent-ils à infliger tant de souffrances à un être humain ?
— Pourquoi l'Inquisition espagnole a-t-elle fait ce qu'elle a fait ? je réplique. Pourquoi notre propre Église condamne-t-elle les sorcières au bûcher ? Pourquoi les croisés ont-ils punis les Maures avec tant de raffinement ? » […]
« Certes, il est facile de dire que nous punissons ceux qui sont une abomination aux yeux de Dieu, reprends-je. Or, il ne s’agit pas seulement de cela, ne pensez-vous pas ? Je crois que nous autorisons et pardonnons la torture dans la mesure où elle nous aide à exorciser la peur de la mort que nous éprouvons tous. Torturer quelqu’un, c’est dominer la mort, s’en rendre maître, ne serait-ce que pour un bref instant. »
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Toute la nuit, je vole, en quête d’une lueur de vie. J’aperçois parfois des animaux qui chassent dans les ténèbres, des loups qui cernent une biche pleine, des chouettes qui décrivent des cercles pour fondre sur les mulots qui s’aventurent hors de leurs terriers, des lynx aux yeux jaunes qui, sur leurs coussinets, s’approchent en silence pour bondir sur les lièvres. Je plane au-dessus de la blancheur de la mer intérieure, et quand je regarde en bas, mes yeux percent la couche de glace et je vois les grands poissons qui évoluent lentement dans l’eau glaciale, des bancs entiers, leur faim atténuée par le besoin de continuer à bouger, si bien que les petits poissons, leur future nourriture une fois le printemps revenu, sont obligés de nager au milieu d’eux.
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Alors que le soleil est encore loin de se coucher, des dizaines de Hurons en grande tenue sont déjà là, le visage peint en rouge, bleu et ocre jaune, les hommes avec leurs cheveux huilés fièrement dressés, les femmes avec leurs longues nattes. Tous portent leurs plus belles peaux de cerf décorées d’ouvrages de perles. Il est indéniable, Seigneur, que les gens de ce peuple sont beaux, plus beaux que tous ceux que j’ai jamais vus. Les hommes feraient honte à nos plus brillants athlètes, et les femmes au corps souple et plantureux sont capables de rivaliser avec n’importe quelle altesse européenne.
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[Lors d’une assemblée des jésuites tentant de convertir des indiens]
Christophe (dit le corbeau) :
-Il n’y a qu’un oki assez puissant pour te protéger, et c’est le Grand Génie [Dieu], réponds-je. Si tu demandes encore quoi que ce soit à un oki, sache-le. Par contre, si tu demandes l’aide du Grand Génie, il ne te fera jamais de mal.
-Mais j’ai essayé ! s’écrie Dalila avec feu. J’ai demandé à ton Grand Génie que mon mari survive à la maladie, mais il est quand même mort. » Elle gémit longuement, et toute tremblante, se tord les mains. Quelle comédienne, elle fait !
Elle lève les yeux. « Alors je ne vois pas en quoi ton grand oki pourrait être utile. »
A côté de moi, Gabriel soupire. Je sais quelle question il aimerait lui poser : « Dans ce cas, pourquoi es-tu venue ici ? » Il l’a déjà fait, et la réponse de Dalila a provoqué l’hilarité : « Parce que je m’ennuyais. »
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- Notre monde n’est pas le même que le tien. Les animaux de la forêt ne se donnent à nous que s'ils jugent bon de le faire.
- Tu prétends donc que les animaux sont capables de raison ? Qu’ils ont une conscience ?
- Je dis que les humains sont les seuls dans ce monde à avoir besoin de tout ce qu’Il contient. Or, ce monde ne contient rien qui ait besoin de nous pour survivre.
Nous ne sommes pas les maîtres de la terre. Nous en sommes les serviteurs.
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Vidéo de Joseph Boyden
Joseph Boyden Craig Davidson à la librairie Millepages pour le festival America le 13 mai 2016
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