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Philippe Sabathé (Traducteur)Aline Weill (Traducteur)
EAN : 9782070412969
477 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.25/5   59 notes
Résumé :
Pays sioux, hiver 1740. En revenant d'une expédition de chasse, Whirlwind est surpris par la détonation d'un fusil, d'un fer sacré. Le calme revenu, il cherche une explication au coup de feu et découvre le corps inanimé d'un Blanc. N'écoutant que sa conscience, Whirlwind ramène le blessé. Il s'agit d'un Français qui connaît bien la langue et les coutumes des Sioux de l'Est pour avoir séjourné parmi eux. Il se conduit de manière amicale et courtoise; pourtant sa prés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Oh ! Grand Esprit, aide-moi à toujours dire la vérité tranquillement, à écouter avec un esprit ouvert quand les autres parlent, et à me souvenir de la paix qui peut se trouver dans le silence ».

Cette parole de sagesse s'applique parfaitement au roman de Joseph MarshalI III, indien Lakota contemporain qui écrit remarquablement l'histoire de son peuple, la nation sioux.

L'hiver du fer sacré se déroule en 1740. Bruneaux, aventurier cupide, fait ami-ami avec un compatriote, Gaston de la Vérendrye, lui tire une balle dans le corps, vole ses fourrures et disparaît. Lors d'une chasse, Whirlwind, chef de la tribu Wolf Tail trouve le blessé, agonisant. Plutôt que de passer son chemin ou de l'achever, il le ramène dans son tipi et le soigne. le Français parle le lakota pour avoir séjourné deux ans dans une de leur tribu. le meurtrier assassine également une vieille femme indienne et emmène sa petite-fille, promise au fils du chef.

Les Blancs sont encore rares dans les plaines en ce temps-là mais les Indiens savent qu'ils détiennent un pouvoir qui semble plus puissant que leurs arcs, leurs lances et leur courage et qu'ils nomment le "fer sacré". Les Sages du Conseil, qui ont été chassés de leur territoire par une tribu voisine possédant des fusils, savent que les temps changent, que la force destructrice qui les a poussés vers les plaines, revient comme un mauvais rêve et qu'il va falloir faire face.

Tandis que Whirlwind part sur les traces de Bruneaux, il se souvient que son grand-père lui a enseigné que le chasseur vit pour chasser et nourrir son peuple et que le guerrier n'est pas élevé pour faire la guerre mais pour la mettre en échec. Malgré la fièvre guerrière qui l'anime, il décide d'écouter son coeur. Son cheval est abattu par Bruneaux qui croit avoir tué le cavalier. Chaque halte est mise à profit pour soigner son corps blessé, utiliser ses ressources manuelles, renforcer son esprit intérieur et en chasser la haine, et pour se souvenir des événements importants de sa vie : son premier arc, sa première chasse au bison, sa première sortie guerrière, l'acquisition de son nom, la rencontre avec sa femme, sa désignation comme chef.

« Lorsque tu es dans le doute, reste calme et attends. Lorsque le doute aura disparu, alors va de l'avant avec courage. Tant que la brume t'enveloppera, attends. Attends jusqu'à ce que le soleil pénètre à travers la brume et la dissipe, car c'est ce qu'il fera. Ensuite, agis avec courage ». C'est la trame du livre.

Parallèlement à cette traque, la tribu s'installe dans son campement d'hiver où le père de Whirlwind assure l'intérim en attendant son retour. Il explique aux enfants, toujours par l'exemple, combien l'arrivée du cheval a été une amélioration considérable dans la vie nomade de ses grands-parents mais que l'animal ne leur a donné ni adresse au tir à l'arc, ni courage d‘être un chasseur ou un guerrier. Qu'il en sera de même pour le fer sacré.

L'année indienne se compte en lunes aux noms plus évocateurs les uns que les autres : La-Lune-du-Retour-Des-Oies, La-Lune-Où-Mûrissent-Les-Cerises, La-Lune-Des-Feuilles-Qui-Tombent, La-Lune-De-La-Neige-Aveuglante, ... Chaque année, une chronique clôture les treize lunes. le titre en est choisi en fonction de l'événement le plus marquant pour la tribu et les idéogrammes sont alors peints sur la peau de wapiti qui rejoindra ensuite les archives. En cet hiver 1740, l'arrivée de l'homme blessé par balle et la mort de la vieille guérisseuse ont la même origine, le fusil. Ce sera donc la chronique de "l'hiver du fer sacré". C'est aussi le pressentiment d'un avenir menacé pour ce peuple libre et fier qui ne peut nier l'arrivée du « progrès » et des choses nouvelles apportées par les Blancs. le pouvoir du guerrier naît et croît dans son coeur. C'est là que se livrera le combat contre le fer sacré. Pour certains, ce sera facile, pour d'autres ce sera le combat de toute une vie.

Ce livre est autant d'aventure que de sagesse. Il ne s'agit nullement de l'Indien, il est beau, l'Indien, il est gentil, saupoudré de quelques phrases à haute moralité. C'est une histoire bien charpentée qui n'élude pas les dissensions et les fractures au sein de la tribu, qui évoque un cheminement intérieur profond, qui est en communion permanente avec la nature et qui dégage tout du long une grande dignité. Jusqu'à la dernière page, la chasse à l'homme sera d'endurance et de bravoure, de rencontres suspectes et de retrouvailles singulières.

Lecture passionnante pour tous ceux qui vibrent au contact du peuple amérindien. Encore une fois un grand merci à CrazyEndymion qui me permet d'ajouter une pièce de choix à ma collection indienne.




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Winter of the Holy Iron
Traduction : Aline Weill & Philippe Sabathé

ISBN : 9782070412969

Si vous n'aimez que les romans nerveux, qui débordent d'action et évitent de se poser des questions, passez au large de cet "Hiver du Fer Sacré" car il ne pourra au mieux que vous ennuyer, au pire que vous endormir. C'est pourtant, pour qui sait lui tendre l'oreille avec une patience et une attention suffisantes, un beau, un envoûtant roman sur la Nature et l'évolution inévitable qu'elle est appelée à subir lorsque l'homme s'en mêle. La Nature dont nous parlons ici, c'est le pays sioux en 1740 et l'évolution est introduite par les hommes - les Blancs - porteurs d'une arme nouvelle, le fusil qui, pour l'instant, n'a qu'un coup et que l'on doit recharger à chaque nouveau tir.

Les Sioux ont rebaptisé cette arme des Blancs le "fer sacré" et la considèrent certains avec envie, d'autres avec méfiance mais tous avec appréhension. Que, tel Bear Heart l'Insatisfait, ils soient avides de posséder ce long bâton de métal et de bois qui rend la chasse plus facile, ou que, comme Whirlwind, le chef de guerre de la petite tribu ici mise en scène, ils l'envisagent avec réserve, conscients que cette facilité apparente dissimule une corruption insidieuse de l'idée même de la chasse et du combat, les Sioux Dakota, qui sont les héros de ce récit et furent les ancêtres de l'auteur, savent tous que l'arrivée du fusil parmi eux va changer non seulement leur propre existence mais encore celle de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Les Anciens, les plus sages, prennent même conscience que cette mutation affectera également les Blancs, ces éternels apprentis-sorciers qui, dans leur quête effrénée d'on ne sait trop quoi, font preuve d'un authentique génie lorsqu'il est question de perfectionner la plus modeste des armes.

Dans ce récit que l'on peut à bon droit qualifier d'écologique tant la Nature - une Nature que nous ne connaîtrons plus, hélas ! ni les uns, ni les autres - y est présente et honorée, se développe une réflexion humaniste sur le devenir de notre espèce et sur cette malédiction qui semble la suivre depuis la nuit des temps : le désir de puissance qui la conduit à améliorer sans cesse ses techniques de "chasse." L'auteur amérindien souligne que, si les responsables en sont une poignée d'hommes animés par un esprit combatif plus poussé que la moyenne - et ceci qu'ils soient blancs ou pas - il devient vite impossible aux gens plus raisonnables et moins assoiffés de domination de ne pas suivre les premiers dans la brèche qu'ils viennent d'ouvrir au flanc de l'évolution humaine. Si les Sioux Dakota, en dépit de la réticence de certains d'entre eux, répugnent un premier temps à acheter des "fers sacrés" aux Blancs des comptoirs anglais et français, ils finiront par les adopter, ne serait-ce que pour se défendre de ceux qui, parmi leurs ennemis, s'en serviront pour tenter de les asservir. Peu importe si, pour la Tradition, l'arme ne fait pas le chasseur et si l'art de survivre dans une Nature souvent hostile n'implique pas à tout prix d'agresser et de piétiner autrui, peu importe s'il reste plus noble d'affronter un ours en un corps à corps classique où l'homme, muni de son seul couteau, n'aura pas fatalement le dessus, peu importe si le "fer sacré", avec sa bouche qui tonne de manière si bizarre et son inertie primitive de métal, paraît bel et bien acquérir très vite une âme qui lui est propre, une âme maligne et sanglante qui ne conçoit que la violence comme raison d'être : inexorablement, Whirlwind et ses frères seront emportés par l'immense vague des armes à feu comme ils seront peu à peu submergés par l'agressivité triomphante des colons.

C'est cependant sans amertume que "L'Hiver du Fer Sacré" dresse ce constat. Pour Joseph Marshall III et les siens, pour ceux aussi qui prennent le temps de réfléchir à la condition humaine, cette victoire de la violence sophistiquée n'est pas inéluctable : tôt ou tard, la Nature reprendra ses droits et peut-être, qui sait ? les hommes seront-ils alors devenus plus sages.

Un récit lent, foisonnant, somptueux, poétique, doublé d'une réflexion troublante sur tout ce que peut représenter une arme à feu - à lire, sans faute. ;o)
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Un magnifique roman d'aventures, où tous les êtres peuvent être humains, sages, et bons, ou sanguinaires, bêtes et mauvais, qu'ils soient "l'homme blanc" ou "l'indien".

L'unité ressentie par les indiens avec la nature est magnifiquement décrite. On sent que l'auteur aime cet esprit "de l'intérieur", car il nous embarque dans son histoire sans aucun problème, malgré pas mal de répétitions, on a même plaisir à les re-entendre (bon oui on les relit, si vous voulez, lol).
J'avoue que j'aime beaucoup la formulation "Le Grand Mystère". Je ne connais pas tellement, au final, la cosmogonie et la spiritualité des Amérindiens. Je pense que l'auteur est proche de la vérité de sa tribu d'origine, et c'est bougrement attirant.

Même si leur vie n'est pas tant enjolivée que cela dans ce roman. Il y a beaucoup de décès, que ce soit par la guerre entre tribus, par accident, par meurtre, bien que les Indiens semblent avoir davantage le respect de la vie que les "hommes blancs".
Et tout ce qui est dit à propos du "fer sacré" (le fusil) est d'une extrême justesse. A l'époque, là où "l'ennemi" était armé d'un arc, le pouvoir du fusil rendait courageux les lâches et les idiots.
ça n'a pas changé, hein... Voire c'est de pire en pire... Vive le progrès !

Mais ce livre est magnifique à lire, vraiment.
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C'est un roman que j'ai beaucoup aimé, dans la même veine un peu romantique que Danse avec les loups. Joseph Marshall III est un écrivain Sioux Brulé. il a choisi d'entraîner son lecteur en 1740 en pays Sioux, à l'époque des premiers contacts entre Indiens et blancs.

En ramenant un homme blanc blessé à son campement, le guerrier Whirlwind ne se doute pas qu'il va déclencher une série d'événements plus ou moins dramatiques et troubler la paix de son village. L'auteur nous offre une vision romantique et idyllique des temps où les Sioux vivaient en paix et en harmonie avec la terre. L'arrivée des blancs et du "fer sacré", le fusil, va tout changer.

Joseph Marshall III a très bien su se mettre à la place de son personnage principal, exprimant ses doutes et ses craintes, ses interrogations aussi. L'homme blanc est un nouvel élément à prendre en compte dans la vie quotidienne des Sioux. Il apporte de mauvaises choses, la violence gratuite, la cupidité mais d'autres aussi, susceptibles d'améliorer le quotidien de la tribu.

Whirlwind et les siens ne peuvent mesurer les conséquences de l'intrusion de l'homme blanc dans leur monde, mais ils peuvent en tirer quelques leçons, notamment à propos du fusil.

Une phrase en particulier résume bien la pensée de l'écrivain, et la mienne par la même occasion : "l'homme blanc exhibe sa faiblesse : il tient son pouvoir d'un objet et non d'une connaissance", alors que l'homme rouge tire parti de ses connaissances et de sa complicité avec la nature.

Une fois le roman terminé, on garde l'impression d'avoir perdu le paradis sur terre, et cela amène forcément des réflexions sur ce qu'est réellement le monde "civilisé" et l'utilité réelle du progrès, qu'il soit technique ou scientifique.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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« Même les malheurs ont un but. Si tu ne te laisses pas abattre par un évènement douloureux, celui-ci peut atteindre son but en te rendant plus fort »

« La connaissance est la meilleure arme du guerrier. »

« On ôtait la vie que parce qu'on n'avait pas d'autre moyen de survivre. »

« le chasseur vit pour chasser, et non pur tuer. Seulement pour nourrir son peuple. Et le guerrier n'est pas élevé pour faire la guerre, mais pour la mettre en échec. »

Paradoxalement, pour arriver à ressentir l'avidité de lecture qui fait tant de bien, il faut savoir se donner du temps, et donner du temps à ses multiples personnages. C'est ainsi que l'on peut ainsi percevoir toute la richesse de ce livre tant dans l'écriture de qualité que dans la beauté de cette histoire aux accents crépusculaires pour ces peuples dont je ne connaissais rien, et qu'au fil de mes lectures j'apprends à aimer et à saisir la finesse.

Nous sommes en pays Sioux ; de la Verendry, l'homme blanc sans aucune intentions belliqueuses à l'égard des populations qu'il respecte, provoque bien malgré lui interrogations et défiance parce qu'un autre homme blanc, Bruneaux, cupide et mauvais en a décidé autrement.

Ce roman est le récit d'une aventure humaine, d'une chasse à l'homme au centre de laquelle un étrange objet prend une dimension à la fois symbolique et dramatique. L'arme à feu, et son étrange pouvoir sur l'homme…..

Ce qui frappe, c'est le sens aigu qu'ont les Sioux de la nature. Ils sont à l'affut du moindre signe animal, ou végétal. L'eau et les rivières occupent une place prépondérante, tout comme le feu et la terre. L'observation minutieuse de la nature leur set à chaque instant pour appréhender une atmosphère, et la présence humaine. L'écriture de Joseph Marshall avec ses descriptions précises permet au lecteur une immersion totale au milieu de ce peuple attachant, et, attaché à son code de l'honneur à ses valeurs, et à son bon sens plein de sagesse que l'Homme blanc (dans sa globalité) a ignoré pour s'imposer au fil du temps.

Les Sioux avaient bien conscience de leur fragilité face à l'homme blanc qui de par sa présence en masse peut, et s'avèrera un grand prédateur.

Ce livre est pour moi une belle découverte qui me ramènera sans aucun doute vers cet auteur et vers les Sioux.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La détonation résonna avec fracas dans l’étroite vallée d’un ruisseau qui se jetait dans la White Earth River. Et lorsque l’écho s’évanouit, un jeune cerf à queue blanche tressaillit, puis tomba inanimé. Sa vie s’écoula sans un bruit, teintant de rouge le lit de feuilles mortes. Une soixantaine de pas plus haut, un visage barbu, bruni par le soleil, souriait de satisfaction au-dessous de la fumée blanche qui planait dans l’air. L’homme se leva bruyamment et se dirigea vers le bas de la pente pour aller ramasser le cerf abattu.
Ses pas lourds éparpillèrent les feuilles mortes, emplissant la vallée étroite de leur bruit sourd. Dans toute la nature alentour — au fond d’un ravin, au creux d’un bosquet, au bord d’une prairie, à la surface des marais ou sur les branches des arbres — ceux qui se déplaçaient à quatre pattes ou volaient à travers les airs entendirent cet intrus tapageur. Et les brises transportèrent une odeur étrange et pesante, aussi importune que ses bruits. Tout ceux qui la flairèrent ou qui entendirent son pas rude s’enfuirent ou se précipitèrent au fond d’un terrier, coururent se faufiler dans un fourré, ou grimpèrent se mettre à l’abri entre ciel et terre.
La vallée venait d’assister à l’arrivée d’un nouveau bipède. Un homme qui ne respectait pas le cycle de la nature. Un homme qui ne comprenait pas — ou se moquait éperdument — qu’il y eût une harmonie dans la vie des choses de la terre. Un étranger qui ne voyait ni la beauté ni la vitalité de l’animal qu’il venait de tuer. Un homme qui se souciait seulement du fait qu’il avait à présent trouvé à se nourrir.
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[...] ... Walks High [= le fils de Whirlwind] baissa les yeux vers les flammes grandissantes.

- "Mon père, lui, [ne veut pas du fer sacré.]

- A mon avis, [dit De La Vérendrye, le Blanc recueilli et soigné par Whirlwind] le jour viendra bientôt où les hommes de ton peuple seront nombreux à posséder des fers sacrés. Ils les obtiendront aisément contre quelques fourrures. Alors, la chasse deviendra plus facile. Vous n'aurez plus autant d'efforts à faire pour vous approcher à portée de flèche d'un cerf ou d'un élan. Et vos ennemis se tiendront à distance s'ils savent que vous avez des guerriers armés de fers sacrés.

- C'est vrai. Mais en plus de son efficacité, le fer sacré a quelque chose de particulier. Il possède un autre type de pouvoir, un pouvoir qui vient de la peur qu'il inspire.

- C'est seulement une arme. Un objet usuel.

- Oui, bien sûr. Et quand je te regarde le manier et l'utiliser, je vois bien qu'il ne possède pas de vie propre. C'est seulement ... une chose. Mais j'ai aussi constaté un changement en toi depuis que tu le portes. Sans lui, tu étais différent. Sans défense. Impuissant. En ce qui me concerne, je suis un vrai chasseur, et je me suis toujours servi d'un arc pour abattre les animaux. Dire que je suis un vrai chasseur signifie que j'ai conscience d'avoir à mériter la vie que je prends. Notre façon de chasser m'aide à en être digne. Mais si la chasse devient facile, alors peut-être, je commencerai à me croire en possession d'un pouvoir que je ne possède pas réellement. Voilà pourquoi mon père n'aime pas le fer sacré, et je le comprends."

De La Vérendrye acquiesça d'un signe de tête. "Tu as raison," admit-il, un peu honteux. "Lorsque vous avez pris Bruneaux [Blanc en fuite qui a tué une vieille femme de la tribu et qui est responsable de la blessure de De La Vérendrye] au piège sur cette crête, je ne pouvais rien faire d'autre que vous observer. Je me sentais passif parce que je n'étais pas armé d'un fer sacré. A présent, c'est différent. Quand j'aperçois des cerfs, je les regarde d'un autre oeil." Il haussa les épaules. "Peut-être est-ce parce que je sais que je peux les tuer, si j'en ai envie."

Walks High hocha énergiquement la tête. "Je pense que mon père perçoit quelque chose au sujet du fer sacré que les autres ne voient pas. Et ne veulent pas voir.

- Je crois que ton père est dans le vrai," répondit De La Vérendrye. "J'ai vu des hommes doux et craintifs devenir bruyants et tapageurs quand ils avaient un fer sacré dans les mains. ... [...]
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Tu dois comprendre que la dignité est plus importante que tous les honneurs que tu peux acquérir. Que la sagesse et la connaissance sont les meilleures armes que tu puisses emporter à la chasse, au combat, et tout au long de ton voyage sur cette terre.

p. 278
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L'homme se leva bruyamment et se dirigea vers le bas de la pente pour aller ramasser le cerf abattu.
Ses pas lourds éparpillèrent les feuilles mortes, emplissant la vallée étroite de leur bruit sourd. Dans toute la nature alentour – au fond d'un ravin, au creux d'un bosquet, au bord d'une prairie, à la surface des marais ou sur les branches des arbres – ceux qui se déplaçaient à quatre pattes ou volaient à travers les airs entendirent cet intrus tapageur. Et les brises transportèrent une odeur étrange et pesante, aussi importune que ses bruits. Tous ceux qui la flairèrent ou qui entendirent son pas rude s'enfuirent ou se précipitèrent au fond d'un terrier, coururent se faufiler dans un fourré, ou grimpèrent se mettre à l'abri entre ciel et terre.
La vallée venait d'assister à l'arrivée d'un nouveau bipède. Un homme qui ne respectait pas le cycle de la nature. Un homme qui ne comprenait pas – ou se moquait éperdument – qu'il y eût une harmonie dans la vie des choses de la terre. Un étranger qui ne voyait ni la beauté ni la vitalité de l'animal qu'il venait de tuer. Un homme qui se souciait seulement du fait qu'il avait à présent trouvé à se nourrir.
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Dire que je suis un vrai chasseur signifie que j'ai conscience d'avoir à mériter la vie que je prends. Notre façon de chasser m'aide à en être digne. Mais si la chasse devient facile, alors peut-être, je commencerai à me croire en possession d'un pouvoir que je ne possède pas réellement. Voilà pourquoi mon père n'aime pas le fer sacré, et je le comprends.

p. 334
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