1 / chuchotements d'une tour en feu
au début
au commencement
du poème
nous sommes à nouveau
comme toujours
à la fin des temps
…
l'esprit m'a pénétré
non par méditation mais par sensations
ni par vision mais par dévoilement
j'arrive d'un pays noir et maudit
mais suis-je vraiment ici ?
car aller et venir ne font qu'une trace
et le vrai départ c'est rester sur place...
p.9-10
1 / chuchotements d'une tour en feu
asile
il y avait des insectes dans vos barbes
une gluance cernait les pépins souples de vos yeux
les faibles fils de bave tissaient vos langues rouges
les rires rentrés et taquineries étaient pires que les aboiements
grands prêtres des préjugés
plus vous nous poursuiviez loin plus vous deveniez brutaux
retour irréfléchi vers un comportement primitif
farfouillant en commun pour une pseudo-amnésie
sous la boue est enterrée l'idée-dieu des porcs…
p.11
lettre à ma dame
…
j'ai entendu le marteau sur le cercueil
frappé comme le battement d'aile
du hibou démantelé
capté par la lumière
et au déjeuner la plaisanterie court
que le tremblement gris dans mon bac en plastique
était de la cervelle de lune bouillie
mais tu vis
pendue au et clair
enfouie dans le ciel pur
et pendant que je pensais
tu brillais
p.15
Bruno Doucey lit un texte de Breyten Breytenbach, extrait du recueil "La main qui chante" ! Traduit de l'afrikaans par Georges-Marie Lory et paru en octobre 2020.